- Aller Zéphiel, s'il te plaît ! On sera tranquille après…

Le tiregan regardait avec supplication l'ange qui ne voulait pas céder depuis une journée maintenant. Nériona, il n'en n'avait pas particulièrement de bons souvenirs. Ca avait été douloureux, il avait eu sa première envie de meurtre direct mais s'était refréné à temps et avait finalement trouvé de la tristesse à tuer ce monstre. En y repensant, il en frémissait encore. D'ailleurs, il lui devait la vie ce jour là, si son bateau n'était pas venu pour faire quelques recherches, leur départ aurait pu être plus difficile.

- Nicholas, je ne t'ai jamais raconté tout ce que j'ai vécu là bas mais c'est non. Je n'y retournerais pas, et surtout pas juste pour un trésor. 
- C'est pas juste pour un trésor, c'est pour un trésor légendaire, gardé par de vils pirates qui ne font que semé la terreur autour d'eux. Tu ne les laisserais pas me faire du mal quand même hein ?
- Comme si tu ne savais pas te défendre tout seul…

Nicholas fit mine de bouder, l'ange lui tourna le dos et après quelques très courtes secondes, les deux hommes se mirent à rire ouvertement. Ils approchaient doucement du port au fil de leur conversation et quand Zéphiel le remarqua, il était déjà trop tard.
Lançant un regard désapprobateur à son compagnon et ami, le blond posa ses yeux sur le navire qui les emmènerait à Nériona.

- Tu m'apprendras à voler correctement. Comme ça, en cas de danger.
- Tu ne pourras probablement pas. Il y a des humains en voyages. C'est ta magie qui fait tes ailes, tu n'es ni un ange ni un démon, ni même un Fae.
- Alors, je resterais ton bras armé.
- Nicholas…

L'ange aurait voulu ajouter autre chose mais il ne su quoi dire d'autre. Rien que de croiser le regard bleu glacé de son ami lui avait suffit à comprendre la détermination sans faille de celui-ci à le suivre, le protéger et lui offrir sa vie comme un bouclier le temps de trouver une solution. Ils étaient ainsi, l'ombre et la lumière.

- Je ne te laisserais jamais mourir au combat.
- Je te fais confiance.

La main de l'ange se posa sur l'épaule de son compagnon alors qu'ils avançaient vers le navire. Le fait d'y être, il ne pouvait plus reculer, ils iraient à Nériona, ils iraient à la recherche de ce fameux trésor, ils éviteraient les pirates et rentrerais paisiblement. Peut-être même pourrait-ils faire des rencontres sympathique sur la traversé en mer.
Le ciel, contrairement à ce jour là, était d'un bleu parfait, et rien ne laissé présager qu'une tempête pourrait avoir lieu avant d'accoster sur l'île.

Nicholas remarqua un attroupement un peu plus conséquent et décida de mettre dans l'embarras son ange et peut-être de leur trouver un compagnon de route pour la chasse au trésor. Il le poussa dès qu'une personne passa près d'eux.
Zéphiel trébucha, surpris, les yeux ronds. Il se rattrapa tant bien que mal et amortit la descente par la magie du vent, laissant les deux bousculés en équilibre.

- Excusez-moi…

S'empressa de dire Zéphiel tout en relevant ses yeux sur la personne qu'il avait bousculé.

- Toujours aussi maladroit, hein, Zéphiel.

Se moqua gentiment Nicholas, les bras croisés sur le torse, observant la scène avec une pointe d'amusement. Il avait décelé quelque chose d'intéressant dans cette personne, quelque chose qu'il aimait et détestait tout autant. La puissance et l'interdiction de magie. Une humaine.
Néanmoins il fut surpris. Si lui, Tiregan, était incapable de sentir son essence de magie à ses côtés, l'ange lui avait pu user de son vent sans problème, passant outre la barrière. Cela voulait-il dire qu'il était plus puissant que l'humaine, ou que les anges avaient une sorte de passe-droit ?

- Nicholas… Excusez-nous encore… Enfin, vous aussi, vous allez sur Nériona ?

Il ne pu s'empêcher de lui poser la question, le regard vert et protecteur planté dans ses yeux. Ils se trouvaient tous à côtés du bateau près pour l'embarquement alors, la question avait été plus que naturelle. Son vent avait fini de les aider à rester debout et à se redresser convenablement. Quand il l'avait percuté, il n'avait posé que faiblement une main sur le bras de la jeune femme pour retenir un choc qui aurait pu être plus violant si Nicholas avait usé de toute sa force. Une chance qu'il n'avait voulu que joué un peu.
Le brun et le blond jetèrent un œil vers le bateau, il fallait se dépêcher d'embarquer pour ne pas louper le départ.

Mancinia n'était pas au mieux de sa forme. Elle était même à peine remise de ses mésaventures navales près de Bouton d'Or. Après avoir repris le contrôle du Meermin, Shon avait reconduit tout le monde vers les terres Réprouvées où il avait été accueilli en véritable héro par les siens. Son ami avait voulu faire comprendre que la mort de Montferrat était uniquement de son fait, ses supérieurs souhaitaient que ce soit à lui que les honneurs reviennent. Même en la remerciant de son aide, les Réprouvés n'aimaient guère être redevable à une Humaine. Bah. Peu lui importait la reconnaissance des Réprouvés ! Elle avait sauvé la vie de nombreuses personnes, dont cet Ange, Érina. Mancinia la trouvait vraiment nunuche, comme si son esprit était resté coincer à l'enfance et que son corps avait grandi. Sa naïveté avait touché l'Humaine, mais elle ne lui avait pas fait ses adieux. Une fois que l'armée l'eu interrogé et délivrer, la jeune femme avait repris la route sans demander son reste. Kamiya l'avait ensuite rattrapée, séparés qu'ils avaient été lorsqu'elle avait été capturé. Son corbeau était partit en reconnaissance pour chercher la nourriture, mais à son retour, sa maîtresse avait disparue et il avait attendu. Attendu longtemps. Et il s'était promis de ne plus quitter son épaule lorsque les lieux se prêteraient à la capture.

C'était ce genre de chose qui la faisait sourire ces derniers jours. Depuis sa rencontre avec Raphaël et dès l'instant où elle avait souhaité s'ouvrir au monde, l'Humaine avait été attaqué et retenue captive de nombreuse fois. Chez Maître Dâ, dans la cave d'Earudien, bord du Meermin et toutes ces mésaventures de ces dernières semaines. Mancinia avait vécu plus d'aventures, désagréables ou non, que ces dix dernières années sous la protection des murs d'Utopia. Quoique cette dernière affirmation restait encore discutable. Une douleur lancinante parcourut ses bras, ses blessures aux poignets étaient à peine guéries, rappel douloureux de ce que lui avait fait Bodin. Serrant les dents, elle se souvenait comment ce porc l'avait malmenée. Et qu'il lui avait été plaisant de mettre un terme à son existence. Kamiya serra ses serres dans son épaule, il sentait le moindre changement d'émotions chez sa maîtresse et il savait, plus que quiconque, ce qui pouvait en résulter. Si sa colère prenait le dessus, elle ne serait plus capable de réfléchir correctement et ferait des erreurs. Dans sa situation actuelle, une erreur pourrait lui coûter cher. Ou à son adversaire, puisqu'elle n'était plus la petite chose tremblante d'il y a quelques mois. Elle en avait assez de se faire marcher sur les pieds par des créatures magiques imbues d'elles-mêmes...

Certes, elles n'étaient pas toutes ainsi, mais certaines races étaient de vrais fléaux. Il faudrait vraiment qu'elles comprennent que faire le mal n'était qu'une solution de facilité, mais comment ? Elle aurait tout le loisir d'y réfléchir à bord du navire qui devait la conduire à Néronia, une escale inévitable pour entamer son voyage à la recherche de cette pierre mystérieuse. Portant une capuche sur sa tête, prenant soin de ne pas être reconnue et veillant à ne pas se mêler aux gens, Mancinia faisait vraiment office d'asociale. C'est seulement qu'elle n'était plus d'humeur à sourire et à s'ouvrir aux autres. L'Humaine était comme le temps ; son esprit était gris de toute joie, son humeur était un orage sur le point d'éclater. Un seul faut pas et...Kamiya pris son envol sous l'impact. Et voilà que Mancinia était, à nouveau, dans les bras d'un parfait inconnu. Encore un homme, pour ne pas changer. Ils avaient vraiment de sales habitudes. Quand ils n'étaient pas en train de la tripoter ou d'essayer de la tuer, ces messieurs s'amusaient à la bousculer dans tous les sens. Bien sûr, il l'avait aimablement rattrapé en lui présentant ses excuses, mais elle était en train de le fixer d'un regard neutre, sans émotions. Blasé. Sans qu'elle n'ait soufflé mot, un autre homme s'avança en riant à leur rencontre, nommant son assaillant Zéphiel.

Mancinia ne répondit pas, tandis que cet espèce d'emplumé la remis sur ses jambes, bien qu'étant aimable et souriant, elle retenait d'avoir été injustement heurté pour une raison qui lui échappait, mais qui faisait rire tout le monde. Kamiya vint se poser sur son épaule, le plumage gonflé sous l'effet du vent.

— C'est lui.
— Ah ouais ?
— Ouais.

Ce corbeau et sa maîtresse n'étaient pas d'excellente humeur. Et ça se voyait. A vrai dire, elle avait surtout envie de sauter à la gorge de celui qui venait de l'emmerder, mais si cet homme avait su la rattraper par magie, il était soit comme Neah et Érina, soit un être plus puissant qu'elle. Conservant ses mèches brunes sous sa capuche, elle essayait de conserver sa logique, mais peu lui importait la puissance supposé d'un adversaire potentiel. Ce Zéphiel nomma son compagnon Nicholas, avant de l'interroger sur sa destination. Elle lui accordait à peine de l'attention. Son visage affichait une expression féroce lorsqu'elle s'avança vers ce dénommé Nicholas pour lui saisir le col et pour enlever le petit sourire que son visage affichait. Fixant droit dans les yeux le malotru, son regard était prêt à l'incendier sur place.

— Qu'est-ce qui te fais rire, toi ? demanda-t-elle. Ça t'amuse de bousculer les gens que tu ne connais pas ? Si tu me refais un coup de ce style, tu n'arriveras pas à Nériona en un seul morceau, c'est compris ?

Ses mains se détachèrent de lui, avant de lui tourner le dos. Elle était impatiente de partir et n'avait nullement l'intention de se lier avec qui que ce soit durant cette traversée qu'elle savait dangereuse. Nériona n'était qu'une étape comme une autre dans la réalisation de sa quête. C'était tout.

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Il ne remarqua qu'un faible scintillement dans ses yeux, comme si l'envie d'apprendre et la joie de vivre n'y existait plus. S'écartant lentement de la jeune femme, l'ange voulait se faire pardonner, mais il ne savait pas comment s'y prendre devant une parfaite inconnu. Ca aurait été ses amis, ils auraient simplement ries, se seraient moqués de Nicholas et auraient charriés Zéphiel. Il en était tout autrement.
Sur un pas décidé, il la vit s'approcher du Tiregan et l'attraper par le col de sa tunique. Ses yeux verts se posèrent sur le volatile qui était venu s'installer sur l'épaule de l'humaine. Il le trouvait fascinant, et son plumage lui donnait l'envie de le toucher. Pourtant il n'en fit rien, écoutant les propos et la voix de celle qu'il avait heurté à cause de son ami. Mais la menace ne lui plu guère et faisant un pas vers eux, les yeux bleus glaces le stoppèrent dans son action avant de se reporter sur la femme.

- Ce qui me fait rire ? Tout simplement de voir que mon ami n'a pas d'équilibre mais qu'il sait toujours aussi bien se rattraper et éviter la pire des catastrophes. Et pour Nériona… nous verrons bien, jolie demoiselle.

Son sourire moqueur ne tarissait pas malgré l'avertissement qu'elle venait de lui donner. Bien au contraire, sa fibre combattante venait gonfler son envie de la provoquer un peu plus pour connaître ce qu'on pouvait ressentir face à l'absence de magie.

- Nicholas, arrête donc de l'ennuyer. Encore une fois, pardon. Mais, si nous voulons partir pour Nériona, nous ferions mieux de monter à bord du bateau, il semble prêt à partir.

Sa voix chaude et douce fit évaporer l'envie de combat du Tiregan, mais, sans s'en rendre compte, sans doute la magie de l'ange y était pour quelque chose. C'était sa façon de l'apaiser, sans qu'il ne soupçonne quoi que se soit, de le rassurer, quand bien même la situation semblait désespéré, et de lui faire prendre le meilleur choix possible, même si ça impliquait quelques sacrifices.

- Si je peux faire quoi que se soit pour nous faire pardonner cet impaire… En revanche, éviter de menacer mes amis, je vous en serez grès.

Sa voix ne changea pas, pourtant, dans ses yeux, si elle le regardait, elle pourrait y lire une volonté à toutes épreuves de protéger cet homme vêtu de noir de la tête aux pieds et dont la peau était aussi pâle qu'un vampire.

Le brun n'avait pas bougé, quant elle l'avait pris par le col, quant elle l'avait relâché et lui avait tourné les talons. Son attention était figée sur ce qu'elle pourrait tenter contre l'ange, et si elle avait le malheur de lever la main sur lui, quitte à tout perdre, quand bien même il ne serait pas de taille, il l'en empêcherait. Ses yeux se posèrent sur le piaf noir à son épaule. Un bien étrange compagnon, et pourtant, si il était comme avait été Neige pour Zéphiel, il savait l'importance qu'il pouvait avoir pour elle.

L'ange fit un petit signe de tête vers Nicholas pour lui demander de monter sur le navire, puis reporta toute son attention sur l'humaine. Elle avait quelque chose en elle qui éveillé son instinct protecteur, son instinct complet d'ange. Il voulait comprendre pourquoi, car lui ne ressentait pas son anti-magie, bien au contraire, son vent était libre de voguer comme jamais.
Inspirant doucement, son sourire se fit doux et éclaira son visage avec tendresse.

- Cette rencontre était peut-être un peu brutal, mais je ne la regrette pas. Il y a quelque chose en vous qui m'intrigue, quelque chose que je voudrais comprendre et qui a éveillé les instincts primaire de mon ami. Rares sont les personnes qui d'un geste ou d'un regard le rende aussi impatient de se battre. Mais pas dans le mauvais sens, bien au contraire.

Peut-être le trouverait-elle trop bavard, toujours était-il que le blond fit quelques pas vers le navire paré à larguer les amarres. Sans savoir que cette jeune femme était une humaine, sans savoir son passé ni son devenir, il voulait au moins l'aider dans le présent, même si elle paraissait forte extérieurement, même si ses paroles avaient été tranchantes envers Nicholas, il ne lui en voulait pas. Après tout, c'est lui qui l'avait provoqué.

- Ha… et vous avez du le comprendre mais, je suis un ange.

Sa tête se pencha doucement sur le côté alors qu'il fit quelques pas à reculons pour la voir un peu. Tout ce qu'il espéra en cet instant, était de voir un jour un sourire sur le visage renfermé de la jeune femme. Elle paraissait belle, de corps, sans doute l'était-elle d'esprit aussi, même si pour le moment, tout ce qu'il percevait était un peu de sauvagerie.

Dans son dos cette fois, qu'elle pu percevoir dépassé et qu'elle pu complètement discerner quant il fut dos à elle, il n'y avait que sa lance et son arc, pas de carquois, pas de flèches. Maintenant qu'il maîtrisait assez son élément de coeur, il n'avait plus besoin de flèche de bois et d'acier. Ses lames de vents seraient sa meilleure arme.
Pour lui, la couleur était le rouge sur ses habits ; un pantalon ample, où trônait une ceinture ornementale avec quelques pierreries bleus bon marché ; des bandes rouges couvraient son torse, de la taille jusqu'à ses pectoraux très minces. Le reste était à nu, ses bras et ses pieds. Il ne se protégeait pas avec une armure, il ne supporterait pas son poids. Il avait essayé trop longtemps en portant l'armure de son père, et même si elle été très légère, elle lui avait valu de s'essouffler trop vite trop souvent.

Il croisa les mains dans son dos, le sourire toujours accroché à ses lèvres, bienveillant.

A peine eu-t-elle tournée les talons que les paroles de cet espèce d'inepte inapte résonnèrent dans son esprit. Il se permettait d'être d'une telle familiarité répugnante, cela lui arracha une nouvelle expression de dégoût, sans que personne ne puisse en être témoin. Néanmoins, alors qu'elle avait choisi de poursuivre son chemin, Mancinia s'arrêta au bout de quelques pas. Et si elle faisait en sorte que son aura soit assez puissante pour annihiler sa magie ? Cela permettrait à Kamiya de lui arracher les yeux et de les emmener au-dessus de l'océan pour permettre aux poissons de les gober. Cela devrait permettre d'arranger au mieux sa sale face de rat, non ? Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres, elle palpa discrètement le manche de Nibelungen, à deux doigts d'en découdre, mais une autre voix masculine vint interrompre ses élans meurtriers. Le dénommé Zéphiel demanda d'abord à son ami Nicholas de cesser de l'importuné avant de s'excuser à nouveau, avant de lui suggérer de monter sur le navire avant son départ. Ce n'était pas comme si c'était son but depuis le départ et, malgré sa morosité qui aurait mieux représenté ce voyage, si un imbécile ne s'était pas senti obligé de lui faire percuter quelqu'un. Relâchant la pression qu'elle exerçait sur son arme, Mancinia relâchait aussi la colère qui lui dominait l'esprit.

N'ayant pas envie de discuter, elle poursuivit son chemin, mais fût inévitablement suivit de ses deux-là. Elle sentait que ce voyage, peu reluisant de base, allait prendre une tournure encore plus épuisante. A n'en point douté, Zéphiel était un Ange. Rien ne pouvait être plus agaçant que ceux-là, dès qu'ils commençaient à parler et à vouloir s'excuser de tout et de rien. Surtout que ce n'était point sa faute. Mancinia s'arrêta en haut du navire suite à sa dernière remarque et se retourna vers lui. Elle, elle se devait d'éviter de menacer les gens ? Pourquoi devrait-elle se privé des menaces quand on la bousculait sans raison ? Quand d'autres races se permettait de les agressés, eux, pour une quelconque différence ? Elle ne disait rien sous ses assauts de morales avant de poursuivre sur sa lancer, son propre silence n'était-il pas une invitation pour lui de faire de même ? Retenant un soupir ou même une expression interloquée. Non, mais...Réveillée les instincts primaires. Était-il stupide de lui dire qu'il la trouvait intéressante et qu'elle l'intriguait ? L'Humaine le giflerait bien pour le ramener à la réalité, mais son regard était honnête, mais quel Ange ne l'était pas ? Il venait lui-même d'admettre sa nature raciale. Mancinia conservait son masque de neutralité absolue, sans qu'un sourire ne vienne éclairer son visage.

— Je vous conseillerai de mieux choisir vos amis. Ils ne se sentiraient pas obligés de vous porter discrédit devant des inconnus qui voudraient peut-être votre peau.

Cette phrase avait un goût amer dans la bouche. Une certaine rancoeur remontait à la surface et s'emparait de son être dès l'instant où elle y avait songé. Mancinia avait elle aussi choisi de faire confiance à Neah et ce dernier avait manqué de la faire tuer. Une erreur impardonnable à ses yeux, surtout si l'on s'engageait à protéger quelqu'un. Certes, ce n'était que sa maladresse qui en était la cause, au fond d'elle-même, elle savait que son Ange avait voulu faire de son mieux, mais on ne s'impliquait pas dans des affaires qu'on ne savait pas gérer. Ou mieux, on le faisait quand on n'avait pas le choix et qu'aucune vie n'est menacée de manière directe par ses propres actions. Avalant difficilement sa salive, Mancinia continuait de lancer un regard glacial à cet Ange, en poursuivant sa phrase.

— ...Et ils ne se sentiraient pas obligés non plus de vous laisser vous excusez à leur place.

Mancinia eu ensuite un regard pour ce Nicholas, le toisant d'un regard méprisant tout en marquant une pause, comme si elle venait de prendre conscience de quelque chose.

— Ou peut-être que tout ceci fait partie de votre petite combine lamentable pour draguer une femme ?
— Je ne serais pas surpris que ce soit l'idée de base.

La voix de Kamiya vint interrompre la conversation. C'est vrai que l'Ange dévisageait son compagnon autant qu'il l'observait elle depuis plusieurs minutes, ce qui devait fortement irrité le corbeau. Ils étaient tous les deux sur la même longueur d'ondes, c'était une de leur caractéristique les plus amusantes. En une décennie côte à côte, ils étaient parvenus à synchroniser leur humeur et leurs craintes. En l'occurrence, les deux amis n'étaient pas de bonne humeur suite à l'invasion brutale de ces deux énergumènes et cela se ressentait dans chaque fibre de leur être. Néanmoins, l'Humaine se sentait ridicule de ne pas savoir quoi faire pour se débarrasser proprement d'eux. Si elle envisageait de grimper dans la hiérarchie de sa Capitale, elle se devait d'être respectueuse avec les Anges, qui étaient leurs plus proches alliés, pour ne pas dire les seuls que possédait sa race. Que devait-elle faire ? S'en aller après lui avoir encore cracher dessus ou bien faire de la résistance en les supportant durant tout le trajet ?

— Eh bien, eh bien, lâcha-t-elle. Ce serait bien désolant qu'un Ange s'en prenne à une Humaine, alors que cette dernière se baladait tranquillement. Je dois dire que cela sera une bonne anecdote à raconter à Utopia.

Mancinia arborait un étrange sourire, qui se voulait amuser, mais en restant plus taquin que sincère. A l'évidence, l'Ange ne la lâcherait pas d'une semelle tant que cette situation n'était pas régler. Autant lui faire comprendre qu'insister serait mal perçu et qu'elle aurait tout le loisir de le raconter à quiconque voudrait bien l'entendre une fois rentrer chez elle.

— Hey, vous autres, là ! Si vous comptez embarquer, c'est maintenant ou restez-là !

Sans un regard, Mancinia lui tourna le dos à nouveau et monta sur le bateau sans l'attendre ou se soucier de lui. Peut-être que si elle le torturait un peu avec ses paroles, elle s'amuserait un peu au cours de son voyage improvisé sur Néronia ? Avec son sourire, inutile de dire que son humeur s'était légèrement améliorée. Kamiya ne dit rien, mais son regard était braqué sur un point invisible droit devant lui ; il savait que cette histoire ne serait pas terminée de sitôt. Et il comptait bien protéger sa maîtresse.

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L'ange ne la quittait pas des yeux alors que le brun commençait à trouver le temps long et la chose ridicule. Visiblement il était mal tombé, lui qui voulait simplement rire un bon coup, le voilà en train de se faire rabrouer par une femme certainement dans son mauvais jour. Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il plaça nonchalamment ses mains derrière sa propre tête et regarda le bateau qui semblait cent fois plus intéressant que ce que pouvait bien raconter la demoiselle et son ange. Peu après, il commença à monter comme le lui conseilla Zéphiel sans plus écouter un traître mot de ce que l'humaine avait à lui dire ou à leur dire. L'ange était assez grand pour se dépêtrer de ce mauvais pas tout seul sans qu'il n'ait besoin d'intervenir. Et même s'il ne le laissait pas remarquer, ses sens étaient aux aguets.

Zéphiel observa la jeune femme se diriger lentement vers le bateau, montant sur la rampe d'accès avant de lui répondre. Mieux choisir ses amis, ils n'en n'avaient pas de plus fidèle qu'eux. Serrant son poing dans le vide pour ne pas laisser libre court à des paroles peut-être trop tranchante, l'ange resta immobile les yeux rivés sur l'humaine.
Oui, il avait envie de la protéger, de la comprendre et plus que tout, de lui faire goûter au bonheur aujourd'hui, mais plus que tout en cet instant là, il voulait lui faire ravaler sa mauvaise humeur et lui expliquer de toutes les manières qu'il serait possible de le dire que Nicholas était un ami fidèle, merveilleux et qui ne le laisserait jamais dans une fâcheuse posture, plus encore si elle résultait de son erreur, du moins au combat.
Il tourna sa langue sept fois dans sa bouche et finalement laissa son sourire reparaître, accroché à ses lèvres comme si ses mots n'avaient aucune importance pour lui.

Le Tiregan se stoppa pour ne pas bousculer une seconde fois Mancinia et supporta son regard méprisant sur lui. Ca lui décrocha juste un petit soupir alors qu'il fit retomber ses bras le long de son corps et détourna les yeux sur l'équipage qui visiblement n'attendait plus qu'eux. Quant à la dernière question suivit de la parole de l'oiseau, Nicholas n'eut pas le temps de lui en toucher un mot que l'ange fut plus vif que lui.

- Vous avez vraiment l'esprit mal placé. J'ai d'autre chose à faire que de m'amuser à draguer tout ce qui bouge, passez moi l'expression. Quant à mes amis, je leur confierais ma vie les yeux fermés, et ils savent qu'ils peuvent en faire de même. Ma force n'est pas basé uniquement sur mes pouvoirs mais sur la confiance que nous avons les uns envers les autres. Et si une mauvaise blague n'est pour vous qu'une insulte alors oui, je suis désolé, désolé qu'il ait voulu plaisanter sans méchanceté et que vous l'ayez ainsi prit.

L'ange fit quelques pas sous le regard étonné mais heureux du tiregan. S'il avait pu un jour oser espérer que l'ange lui démontre d'une manière ou d'une autre qu'il tenait ainsi à lui, il venait d'en profiter pleinement.

Relâchant son poing fermé, il fit quelques pas en avant mais fut stoppé par une nouvelle phrase. Elle affirmait clairement faire partie des humains et venir d'Utopia. Il n'avait jamais eu le loisir de visiter leur ville, mais il se promettait d'y aller un jour.
En revanche, ses mots le tendirent. En quoi s'en prenait-il à elle ? Plaisantait-elle ou était-elle sérieuse ?

Doutant de la chose, Zéphiel lui répondit, retrouvant une voix posée et chaude.

- Je ne crois pas que vous puissiez dire que je m'en prend à vous. Néanmoins, se serait votre parole contre la mienne, et je dois dire que je ne connais personne à Utopia.
- Zéphiel, tu devrais la laisser, finalement cette rencontre n'était pas aussi plaisante qu'elle en avait l'air.

Il observa quelques secondes l'humaine avant de faire un signe à son ange après les mots du marins et monter sur le bateau.
L'ange suivit mais une fois encore en voulait à Nicholas de paraître si froid envers les autres. N'y avait-il qu'avec lui qu'il se permettait de rire et de sourire ? Même avec Orphee il avait cette distance étrange, et pourtant, les deux hommes s'entendaient bien. En quoi lui était-il si spéciale pour qu'il le traite avec tant d'égard.

Lorsque ses pieds foulèrent le bois du navire, un petit frais gonfla les voiles et l'amarre fut levée. Nériona, une fois encore, l'ange l'ignorait pour le moment, mais les dangers qu'il avait croisé lors de sa première visite sur l'île n'était qu'un avant goût des dangers dont elle regorgeait.

Malgré son regard qui trahissait une certaine agitation quant à ses paroles, l'Ange eu le réflexe de réagir comme toute personne de son statut ; il sourit. Ce n'était pas un sourire de benêt ou d'une signe de affligé, mais ce sourire qui mettait un terme à tous les conflits. C'est amusant de voir que Neah, ou même Érina, avaient exactement la même expression en pareils situations. Cela avait le don de la mettre mal à l'aise et l'Humaine eut un sourire nerveux. A croire qu'elle n'était pas faite pour s'entendre avec les Anges, alors qu'ils étaient des alliés naturels des siens. Ou elle ne faisait pas assez d'effort pour comprendre ces êtres bien trop mielleux à son goût. Qu'importe. Mancinia n'était pas d'humeur à essayer, ces derniers temps étaient bien trop rudes avec ses nerfs, alors elle choisit de laissé Zéphiel argumenter sur son esprit décalé et du temps perdu qu'il aurait à sauter sur des femmes passant près de lui - alors que ce n'était pas lui le responsable, mais cet espèce de machin qui l'accompagnait. Et de l'importance de la confiance dans une amitié. En voilà un qui n'avait jamais été trahi de toute sa vie, ou il tiendrait un discours légèrement différent. Avant de s'excuser à nouveau et, devant son mutisme, d'enchaîner sur sa menace inutile et sur le fait qu'il ne connaissait personne à Utopia. Elle tiqua.

— Un Ange qui n'a pas vu Utopia n'a sûrement rien vu en terme d'architecture, dit-elle d'un ton plus calme. C'est sans conteste l'une des plus belles villes du Continent Naturel.

Mancinia, aimer être une Humaine et le revendiquer ? Ce n'était pas du tout son genre Du tout. Après tout, n'avait-elle pas une petite réputation de guerrière parmi les résidents d'Utopia ? Entre ses combats envers les Démons et la protection du patrimoine culturel auquel elle avait participée, aucun ne douterait que sa confiance en ses capacités était au beau fixe, mais elle veillait à ce que la chute ne soit pas trop dure...La jeune femme balaya de la main l'espace libre devant elle.

— Les seules villes qui pourraient surpasser la Capitale des Humains seraient, sans doute, les cités de Cael et d'Avalon. Mais où elles dépendent de la magie pour briller, les Humains ont créé le tout avec leurs mains et de l'ingéniosité qui égalerait n'importe qui.

Son camarade fit une remarque, mais elle fit à peine attention à lui. Mancinia n'était pas présente pour plaire à qui que ce soit et, de nature, les Humains sont des malaimés parce que les autres races les avaient catalogué comme ennemi naturel. La jeune femme ne doutait pas que si Zéphiel était animé de bonnes intentions, ce n'était sans doute pas le cas de celui qui l'accompagnait, qu'elle n'aimait pas et qui lui rendait bien.

— Mon cher Nicholas. Je ne doute pas que parmi toutes les femmes que tu as croisé, je suis de loin la plus intéressante !

Souriante, Mancinia leur tourna le dos et s'engagea dans le navire pour s'éloigner. Cette petite fin de conversation avait été plus agréable que son commencement. Pourtant, son sourire disparu quand un homme doté d'une apparence robuste ne lui saisisse le bras lorsqu'elle passa à côté de lui, assez fort pour l'obligé à s'arrêter. Kamiya eu un regard plus noir que son pelage, mais ne moufta pas avant de savoir ce qu'il en retournait.

— Hop là, une minute toi !
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— T'es une Humaine, pas vrai ?
— Ce doit être écrit sur mon front.
— Que tu en sois fière m'importe pas ! Tu vas gentiment faire demi-tour et retourner dans ton trou à rats !
— ...On est partit, Cap', se risqua l'un des marins.
— Oh, mais elle ira à la nage ! Ça c'est bien nager les Humains dans un désert de sable ! Ha ha ha !

Se gaussant de sa plaisanterie qui ne faisait rire que lui, arrachant quelques sourires de son équipage qui osait à peine l'ouvrir. Soit il craignait cet homme, soit il ne voulait pas défendre une femme Humaine dont l'antimagie était plus que dérangeante. Mancinia resta muette un instant avant d'éclater de rire à son tour, à la stupéfaction générale. C'est alors que dans un geste vif, elle saisit le col de l'homme et de le pencha au-dessus du bastingage qui se trouvait à sa gauche, en direction de l'océan.

— Tu vois cette chose merveilleuse ?
— N'essaie pas de... !

Kamiya quitta son épaule et, d'un tournoiement, n'hésita nullement à enfoncer son bec dans les fesses de celui qui avait malmené sa maîtresse et lorsque le Capitaine fit un sursaut de douleur, Mancinia saisit cette impulsion pour le lâcher par-dessus bord, car déséquilibré, il ne pouvait que tomber.

— Va la contempler de plus près !
— Capt'ain !
— Allez chercher une corde, vite !

Mancinia vit les hommes se hâter vers l'arrière du navire en prenant une corde. A six, ils parvinrent à remonter l'homme qui était trempé et qui tremblait de rage. Le regard noir, il l'observait avec un éclat meurtrier. L'Humaine essayait de ne pas y faire attention. N'avait-elle pas l'habitude ?

— Je suis ici en ayant versé mon dû. Si vous n'êtes pas capables d'être des hommes de paroles, alors votre langue me semble d'une inutilité complète...

Mancinia laissait planer sa menace dans les airs en dévisageant les hommes. Si son coeur battait un peu plus vite que la normale, elle n'avait pas l'intention de laisser intimidée !

— C'est bon...Et reste bien là.

Hochant la tête d'un signe entendu, elle eut le mauvais réflexe de se pencher et de tendre son bras vers l'homme pour l'aider à se redresser. Mais il lui cracha dans la main et se releva par ses propres moyens. A croire que chacune des personnes qu'elle croisait depuis quelques temps mangeait une sorte de singe qui avait l'incroyable faculté de rendre la bêtise communicative. Et ensuite, c'était eux la race inférieure ? En voilà une plaisanterie qu'elle est drôle !

— Tous ces êtres sont disproportionnés, sentent encore pire que d'habitude et ils font des manières..., dit Kamiya.

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Il n'y connaissait rien. Pour une de ces rares fois, il l'avait clairement laissé entendre. Utopia, tout ce qu'il en savait, était ce qu'on avait bien voulu lui dire et ce qu'il avait aperçu cette fois là, ses murs et ce qui en dépassait. Pour le démon, qui ce jour l'avait accompagné pour une épreuve dont il avait eu peur de ne pas en ressortir indemne, ils n'avaient pas franchit les portes de la ville, connaissant parfaitement les sentiments des autres à l'égard des démons, même si le sien ce jour là, ne jurait que pour s'appropriait l'ange.

- Utopia…

Murmura-t-il alors, en réponse à la phrase que prononça Mancinia à ce sujet. Sans doute avait-elle raison, un joyeux d'architecture. Mais ce qui l'intéressait le plus dans cette ville, comme dans toutes les autres, c'était les personnalités qu'il pouvait y rencontrer.
Puis elle fit une comparaison juste. De ce qu'il en savait, Avalon l'avait émerveillé, bien plus que la Citadelle n'avait suscité son intérêt, et pourtant, il ne se sentait chez lui qu'à l'endroit où se trouvait ses amis, quand bien même ils n'avaient pas de toit.

- J'ai foulé le sol d'Avalon, par deux fois mais pas assez longtemps pour dire que je me souvienne parfaitement de ses bâtiments. Ce qui m'avait plu en revanche, c'est la vie à l'intérieur et les rires malgré les problèmes.

Alors qu'ils étaient enfin à bord du navire, il regarda les hommes chercher à la menacer et s'amusa lorsqu'elle les remis à leur place. Oui, elle avait ce quelque chose, comme chacune des femmes qu'il croisait, qui lui permettait de les respecter et lui donner cette envie malgré tout, de venir les protéger. Nicholas vint saisir le poignet de l'ange avant qu'il n'intervienne, écoutant les échanges, observant la réaction de l'humaine avec calme. Elle lui avait dit, malgré ce qu'il avait voulu faire croire, elle était intéressante, et il voulait voir comment elle pouvait s'en tirer.

Nicholas serra les dents, alors que l'homme fut remonter, alors qu'elle tendit la main, il la rejeta d'une manière peu élégante. Devait-il intervenir ?
Il eu juste le temps de se poser la question et de poser sa main sur le fourreau de son katana qu'un vent aiguisé vint découper chaque mèche de cheveux du capitaine du navire encore trempé jusqu'aux os.

Ils avaient mis un ange un peu hors de lui. Le sourire du Tiregan s'étira et un rire s'échappa de sa gorge.

- Tu es bien plus beau comme ça capitaine !

Lança Nicholas en regardant Zéphiel du coin de l'oeil. Il ne montrait pas sa colère, il ne montrait que sa magie qui dansait dans le creux de sa main droite, légère, alors qu'il avançait vers le capitaine maintenant chauve.

- Je ne savais pas que les marins étaient tous des rats d'égouts dépourvus de bonnes manières envers une dame. Maintenant, les cheveux ne sont qu'un avertissement. Vous l'avez chercher les premiers, elle s'est défendue. Si vous retentez quoi que se soit, j'irais plus loin que vos cheveux et vous sentirez le vent sur la moindre parcelle de votre corps.
- Zéphiel !

Fit alors Nicholas d'une voix suffisamment forte pour détourner l'attention de son ami. Sa magie retomba comme elle était venue et il offrit un sourire complice à son compagnon qui lui fit signe de revenir vers lui, ce qu'il ne fit pas.
L'ange n'était pas une personne qu'on pouvait facilement faire sortir de ses gongs, pourtant, c'est ce qu'il venait de se passer. Il aimait bien sa rencontre, aussi houleuse soit-elle, avec Mancinia, et cet individu lui avait manqué de respect sous prétexte qu'elle était humaine.
Sa magie s'intensifia avant qu'un vent violent vienne battre ses cheveux et le faire tourner le visage vers Nériona.

- Une fois encore, la nature ne souhaite pas que j'y mette les pieds.
- Mais cette fois, je serais déjà là.
- Nicholas… veille sur toi pour une fois et fais moi confiance là bas.

Alors qu'il sentait que le vent allait être trop violent pour les voiles, le blond s'approcha de la proue du bateau, passant à côté du capitaine chauve.

- Faites donc attention à ce que votre navire ne chavire pas. Je ne pense pas pouvoir ni même vouloir sauver tout le monde si un malheur devait arriver.

Un ton froid, comme il ne lui arrivait jamais d'avoir et il continua sa route sans prendre la peine d'écouter le capitaine, observant juste la nature se mettre en branle.

Mancinia n'était pas sans approuver les dires de son compagnon aux ailes noires. Malgré son aspect et les légendes de mauvais augures qu'il véhiculait, son corbeau était, au contraire, un excellent conseiller. Selon les périodes. Bien que son petit coup de sang se termine sans encombre et l'avait bien détendue, elle commit une erreur de débutante : l'Humaine tourna le dos à des adversaires hostiles. Ce n'était pas par confiance en ses capacités, seulement qu'elle n'y faisait pas plus attention que cela. C'est un vent particulièrement étrange qui la fit s'arrêter. Elle ressentait une certaine colère dans ce dernier, comme prêt à faire éclater une tempête et elle se souvenait que Neah avait, lui aussi, ce don de commander les vents. Que les Anges ne ressentaient pas les effets de son antimagie dévorante. Se retournant à moitié, elle comprit dans l'instant que l'Ange qu'elle avait allègrement méprisé venait de l'aider à éviter un mauvais coup dans le dos. Et qu'une mèche des cheveux du Capitaine, alors tranché à distance, venait de tomber mollement sur le sol, lui donnant un air encore plus misérable. Elle reconnut immédiatement le rire de Nicholas et elle dû admettre être de son avis. Le tout s'étirant dans un large sourire amusé en se retournant complètement. Même Kamiya coassa avec d'autres passagers qui n'avaient su conserver leur sérieux.

Il fallait à peine songer à la rage que devait ressentir le Capitaine, l'humiliation devant ses passagers et ses hommes d'équipage ne pouvait pas rester sans conséquences. Malmené un tel homme lui vaudrait sans doute quelques mauvaises surprise durant la traversée vers Nériona, mais Mancinia n'avait pas encore oublié ses vieux réflexes d'autrefois. Il serait ardu de lui faire quelque chose, ce dernier avait dû en prendre conscience. Son regard lançait des éclairs successivement envers ceux qui le défiaient. D'abord malmené par une femme dépourvue de pouvoirs, ensuite par un Ange qui ne laissait rien transparaître sur son visage. Peut-être trouvait-il l'idée de la voir se vider de son sang à cause d'un mauvais coup ne l'intéressait guère. Les Anges étaient ainsi faits. Zéphiel assemblait la candeur d'Érina et la bêtise de Neah. Curieux mélange. Son regard ce baissa vers sa main où elle décela la danse du vent. Une menace silencieuse. Ce dernier avait plus de chance qu'elle en manipulant la magie. Elle se devait gagner le respect à la force de ses muscles et ce n'était pas toujours évident, lui était respecter rien que pour ce don acquis à la naissance. L'Humaine n'était pas jalouse, c'était une question d'habitude, mais elle ne comprenait pas en quoi elle était si différente. Ce qui marcha tout aussi bien, ce sont ses menaces et le regard des autres passagers qui eut tôt fait de calmer l'immense tension qui régnait dans les airs.

Mancinia comparait cet Ange bavard à une pie moralisatrice. Un peu comme chaque représentant qu'elle avait croisé en somme : Neah ou Érina s'évertuait à appeler à la prudence et à la non-violence alors qu'ils étaient les premiers à faire des bourdes monumentales. Zéphiel semblait cependant savoir ce qu'il faisait et démontrait ses connaissances d'argumentations plus convaincantes que ses compères. En tout cas, la Pie Bavarde venait bien de lui éviter de se prendre un coup d'épée dans le dos ! Elle prit son mal en patience et s'abstint de tout commentaire. Que faisait-elle là ? Ne devait-elle pas faire preuve de politesse et aller le remercier ? Elle n'en avait pas envie. Lorsque Zéphiel tourna son visage dans sa direction, l'Humaine souriait encore et inclina la tête respectueusement pour l'écarter silencieusement tout en le remerciant. Ce n'était pas son style d'être égoïste et aussi individualiste. Avoir balancé un homme par-dessus bord en profitant de son effet de surprise l'avait tout de même calmé. Elle n'aurait pas cru être aussi violente avec des inconnus. Sans doute son envie de fracasser la tête de tous ces abrutis qui n'aimaient pas les membres de sa race en était pour quelque chose. Mancinia repris sa lance en main et vint près de Zéphiel. Elle n'allait pas bouder tous les Anges qu'elle croisait, n'est-ce pas ?

— Merci de votre intervention, débuta-t-elle. Vous avez certains dons intéressants et un sacré sens esthétique. Vous êtes un coiffeur à la Citadelle Blanche ?

Si sa question demeurait un brin ironique, l'Humaine ne se moquait pas de lui. C'était son moyen à elle de détendre l'ambiance exécrable qui régnait en ces lieux. Son voyage allait s'annoncer mouvementer, mais elle en était conscience avant même de l'avoir entrepris. Observant Zéphiel avec un petit sourire, la jeune femme se moquait éperdument que ses interlocuteurs l'apprécient ou non.

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Alors que Nicholas semblait particulièrement heureux que l'ange ai laissé éclater une partie de la colère qu'il enfouissait toujours trop au fond de lui, mais à la limite du tolérable, il passa une main par dessus l'épaule de ce dernier pour le chambrer un peu, tout en jetant des coups d'oeil amusés vers le capitaine bien tondu.

- Tu devrais te lâcher plus souvent Zéphiel, ça te fais du bien non ? Et puis, tu l'as fait pour la bonne cause, tu as protéger cette rabat-joie.
- Arrête donc de la dénigrer, tu ne la connais pas, si ça se trouve, elle avait de bonne raison de t'envoyer sur les roses comme ça. Elle a peut-être des soucis personnel qui font qu'elle ne peut pas sourire tout le temps.
- Et toi qui en a des montagnes sur les épaules, tu m'explique pourquoi tu as toujours ton sourire bienveillant accroché aux lèvres alors ?
- Parce que… je suis ainsi, je l'ai toujours été, et je ne compte pas changer. J'ai vue, au travers de mes périples solitaire, que le sourire avait tendance à rassurer et encourager les personnes à se dépasser et à se relever. C'est un peu comme une arme contre la détresse, une force que je leur donne, comme à toi et à Orphee.

Pour appuyé ses dires, l'ange laissa un large sourire tendre apparaître sur son visage et le tiregan haussa simplement les épaules. Oui, son ange était fort, la lumière qu'il voulait suivre était éblouissante mais douce.

Alors que l'équipage se remettait au travail, laissant visiblement le capitaine retourner à ses obligations entre autre chose, puisqu'il donnait l'impression de vouloir tuer les deux qui avaient oser le mettre à mal devant son équipage, Nicholas se retourna vers les bruits de pas qui s'approchaient. Il ne connaissait pas encore la démarche de l'humaine, il n'aurait pas pu la reconnaître comme il reconnaîtrait celle de l'ange et du déchu. Il lui faudra du temps pour l'apprendre, mais il ne doutait pas pouvoir y parvenir et si ce n'est pas aujourd'hui, se sera demain.

Zéphiel se tourna une fraction de seconde avant lui, appréciant l'embrun marin et la voix de Mancinia. Il étouffa un rire lorsqu'elle lui demanda s'il était coiffeur mais se ressaisit bien vite en lui répondant d'une voix amusée tout de même.

- Non, pas du tout, c'est juste que je ne sais pas faire souffrir inutilement, et je trouve que c'est une bonne leçon. Au pire les cheveux, ça repousse.
- Entre le bain et la nouvelle coupe, vous avez gâté le capitaine tous les deux.

Nicholas avait pris un timbre de voix plus posé que d'ordinaire, et même s'il n'appréciait toujours pas le caractère de l'humaine, il n'allait pas fâcher Zéphiel contre lui, se serait la pire des choses à faire. Même si l'ange n'était pas rancunier, lorsqu'on arrivait à l'énervé, il n'était pas commode pendant un certain temps, et ça, se serait la pire des situations à supporter pour le brun. Il l'aimait tellement, son petit ange.

Le blond regarda Mancinia doucement puis le corbeau sur son épaule.

- Il semble être un ami particulièrement fidèle.

Fit-il alors en ne quittant pas de ses yeux verts le volatile. Il aimait bien les oiseaux, mais il n'avait pas encore eu l'occasion d'en approcher de si près sans que ceux-ci ne prennent leur envole, de peur. Même lorsqu'il se laissait guider par le vent, en plein vol, il n'arrivait pas à les approcher. L'ange n'était pas assez proche de la nature, pas comme il le voulait.

Nicholas lui tourna les yeux sur la mer qui commençait à montrer d'impressionnantes vagues. Il se souvenait, lorsqu'il était venu sur cette île la première fois, lorsqu'il avait trouvé l'ange et Aube et même le démon, la mer n'avait pas permis à ce que le sauvetage soit facile, comme si l'île elle-même se défendait de tous intrus.
On commençait à entrapercevoir la côte de Nériona se dessiner à l'horizon, et de gros nuages noirs emplis de pluie et chargés d'électricité.

- Zephiel…
- Oui, ça ira ne t'en fais pas. Leur bateau à l'air solide et la nature a l'air moins dangereuse que la première fois.

Baissant son regard sur le bois du bateau, Nicholas croisa les bras. Même si son ami voulait être rassurant, il connaissait les risques d'une mer déchaînée.

- Au pire, tout le monde sait nager ?

Regardant l'humaine, le tiregan se fichait un peu de sa réponse, mais pour Zéphiel, il l'avait demandé, pour le rassurer par rapport à elle. Il savait qu'il s'inquiéterait pour cette femme, comme il s'inquiétait pour chacun d'entre eux, alors il voulait lui montrer qu'il pouvait faire des efforts, mais uniquement pour lui.