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 La Dynastie des Cauchemars

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Mar 31 Déc 2019, 13:35






9. C'est le vent inconnu qui emporte au seuil des cieux.

Le Fou des Dieux





L’Ère de la Conciliation, île maudite

Extraits de Prométhée, Louise Ackermann
Frappe encor, Jupiter, accable-moi, mutile
L'ennemi terrassé que tu sais impuissant !
Écraser n'est pas vaincre, et ta foudre inutile
S'éteindra dans mon sang.

Voyant la résistance tout aussi folle qu'inutile qu'on lui faisait, le dieu s'irrite du haut de sa suprématie sur les êtres mortels. Nous nous remettons vaguement des efforts arrachés pour survivre à la chose qui ronge le corps de roi, mais son esprit est désormais hors d'atteinte du mien, perdu et enfermé dans des volutes de démence. Voyant notre relation réduite à néant, je m'exile brusquement dans mon propre royaume, faignant d'ignorer le chaos indescriptible qui va bientôt secouer l'île maudite. Que faire ? Le sors s'acharne sur nous comme un ouragan, sans que nous ayons mérité une telle malédiction. Que le roi survive à la folie ou choisisse de lui ouvrir ses bras pour toujours, son Esprit brisé volera bientôt en éclat. Voilà de nombreuses années que Gideon, le Roi des Parasites pourrait-on dire, l'attaque et le grignote, morceau après morceau. Nidalu se fiche bien du résultat de l'Emprise. L'un comme l'autre sont tout aussi déments, alors peu lui importe finalement, l'Esprit qui gagnera ce combat pour occuper le corps du roi.

Avant d'avoir dompté l'héroïque pensée
Qui fait du vieux Titan un révolté divin ;
C'est elle qui te brave, et ta rage insensée
N'a cloué sur ces monts qu'un simulacre vain.
Tes coups n'auront porté que sur un peu d'argile ;
Libre dans les liens de cette chair fragile,
L'âme de Prométhée échappe à ta fureur.
Sous l'ongle du vautour qui sans fin me dévore,
Un invisible amour fait palpiter encore
Les lambeaux de mon cœur.

Les Ætheri, qui sans les mortels pour prier ne seraient que des coquilles vidées de leurs pouvoirs, tiennent toujours à agrandir le cercle de leurs initiés. Avoir tout un peuple à sa merci, c'est alléchant et d'ailleurs irrésistible pour celui qui aime jouer avec la raison et la logique comme de simples bulles de savons qui éclatent et s'évaporent dans l'air détraqué. Nidalu est son nom, comme le soufflent tous les totems meurtriers que ses doigts ont éveillé à la vie pour éliminer ceux qui osent lui résister. L'apocalypse recouvre de son ombre toute l'île.

Ce n'était point assez de mon propre martyre ;
Ces flancs ouverts, ce sein qu'un bras divin déchire
Est rempli de pitié pour d'autres malheureux.
Je les vois engager une lutte éternelle ;
L'image horrible est là ; j'ai devant la prunelle
La vision des maux qui vont fondre sur eux.
Ce spectacle navrant m'obsède et m'exaspère.
Supplice intolérable et toujours renaissant,
Mon vrai, mon seul vautour, c'est la pensée amère
Que rien n'arrachera ces germes de misére
Que ta haine a semés dans leur chair et leur sang.

Impuissant, Devaraj assiste au Chaos. Ne supportant pas le mal qui est fait à son peuple, il s'empare d'une hache, sort du Palais et l’abat sur le premier Chaman à portée de main. Combien il en tua sur son chemin macabre, nous ne saurons jamais. Des centaines, qu'il tire des griffes de Nidalu pour les donner à Ezechyel et les envoyer dans un monde qu'il sait être plus sécuritaire. Quelque part, si l'on regarde d'un angle particulier le prisme complexe de cette décision absolument Folle, on y discerne uniquement une grande Sagesse. Beaucoup suivent alors son exemple et c'est un auto-génocide qui se met en branle, le mouvement suicidaire d'un peuple qui préfère sombrer plutôt que de disparaître dans les affres de la démence, au bon vouloir d'un Æther capricieux et malsain. Quel choix ! Nous, les Esprits, assistons effarés à la disparition de nos alliés les plus chers.

Lorsqu'un Æther dépasse les bornes, ou plutôt lorsqu'il empiète sur le territoire des autres, il existe souvent un de ses semblables pour le ramener à l'ordre. Ezechyel, un des Dieux fondateurs, ne supporte pas de se voir arraché les âmes de ce peuple. Les image gravées dans les souvenirs parlent d'elles-même. Je préfère ne pas me demander pourquoi il apparût sous une forme autant chaotique qu'effrayante pour remettre de l'ordre. Mes yeux se promènent sur les visages impassibles de mes spectateurs et je continue de parler, une certaine lassitude dans la voix. Ces événements sont encore récents et douloureux pour tous ces témoins.

Qu'est devenu Nidalu ? A quoi peut bien ressembler un combat entre divins ? Que ressent-on lorsque notre corps est enlevé dans le ciel par une griffe de la taille d'une maison et que l'on subit le regard inquisiteur de l'Æther de la Mort ? C'est à Devaraj qu'il faut le demander.

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Mar 31 Déc 2019, 14:28






9. C'est le vent inconnu qui emporte au seuil des cieux.

Le Combat





L’Ère de la Conciliation, île maudite


« Qui n'avouera pas qu'il y a plus de fous que de sages, et que, dans le sage même, il y a plus de folie que de sagesse ? Personne n'a jamais cueilli le fruit du bonheur sur l'arbre de l'injustice. »
Jean-Étienne-Judith Forestier

Existe-il une seule ou une infinités de vérités ? Devaraj trouva la sienne, ce jour où il parla à Ragnar alors qu'il se voyait mourir. Une partie de lui est bien morte, emportant avec elle innocence, naïveté, optimisme, espoir et bonne volonté, telle un torrent de boue déchaîné par les orages de sa vie. Celui qui aujourd'hui vit et respire dans son corps est un mutant, un survivant à la mémoire mutilée. Il évolue dans une grande illusion de sa fabrication, oscillant comme un équilibriste entre le besoin de supprimer ses sentiments tumultueux pour embrasser la parfaite neutralité ; l'envie de vengeance et la rancœur humaine ; le besoin de pardonner et d'aller de l'avant ; la nécessité de garder la Foi. Peut-être s'oublie-t-il lui-même à force de mensonges acérés, de déni, de trous de mémoires.

L'Amour finit toujours mal. Nous classons les dieux des Amours dans la catégorie bénéfique mais je les vois plutôt comme des monstres cachés dans des petits enfants innocents. Un matin, Devaraj se lève et jette machinalement un œil sur le miroir magique qui le relie à son ex-femme. Depuis la fuite de Lilith, il ne peut s'empêcher de l'espionner jalousement à travers la glace, comme si son regard lui permettait encore de l'enchaîner à lui. Quand il la voit à travers le verre écarter les cuisses pour son propre père, son sang se solidifie dans un froid glacial et ses doigts s'ouvre pour laisser l'artéfact exploser en mille morceaux sur le sol. De la compassion ou de l'horreur ? Non, simplement une jalousie étouffante qui jaillit littéralement hors de lui et brûle tout le reste. S'il existe une notion qu'il hait plus que tout, c'est la Trahison. Un mot assez large finalement, dans l'esprit d'un Fou, qui jette dans cette case à peu près tout ce qui lui fait mal et le transperce. Ce matin-là, nous l'avons perdu.

Ce n'est qu'une petite goutte de plus dans un sombre océan, me diriez-vous. Parfois, une toute minuscule étincelle peut se transformer en véritable brasier. Il disparaît et personne ne le voit plus pendant de longs jours. Je dis longs car ils sont particulièrement durs à supporter. Les premières heures, je médite simplement sur son regard blanc, ses traits tirés virant au noir et sa peau jaune, et j'espère que les ruines de son Esprit ne vont pas céder devant ce nouveau malheur. Mais bientôt, les Chamans s'agitent car le Volcan de l'Île Maudite projette sur eux une nuée de cendres brûlantes et une forte fumée noirâtre. Le roi est introuvable, la colère des Ætheri qui s’abat sur eux, la fin du Monde disent-ils. Ces personnes ont une facilité à accepter les fatalités horrifiantes, qui me déconcertera toujours. La mer s'agite et bientôt des creux de plusieurs mètres se forment. L'atmosphère devient suffocante et je propose naïvement d'évacuer, mais me heurte à une incompréhension mutuelle. Sans plus d'explications, nous dormons dans la sueur avec l'angoisse au ventre. Devant les lueurs de l'aube, la fumée sortant du Volcan s'intensifie et nous pouvons discerner des jets de lave qui sont crachés au grand air. Je me demande sérieusement où est passé Devaraj, qui devrait être là pour expliquer ces phénomènes à ses sujets, mais c'est une question rhétorique. Un petit coin de mon esprit sait. Le troisième jour, la terre tremble. Alors que le soleil perce le brouillard brûlant, le Volcan explose. Des torrents de lave recouvre forêts, rivières et champs en quelques minutes à peine, avant de se déverser dans des crevasses noires qui ouvrent en deux les montagnes, dont les morceaux sans vie plongent dans la mer déchaînée. Des rochers me passent à travers le corps sans que je réagisse dans mon immatérialité. Je discerne bien vite un étrange schéma dans cette apocalypse de déconstruction. Une sorte de Yin et de Yang qui se complète pour créer de nouvelles terres et qui s'arrête brusquement en nous coupant tous le souffle. Nos oreilles entendent encore le bruit du Chaos et nos rétines voient encore la lave en ébullition ; nous refusons le silence étourdissant qui nous envahit avec brutalité. Où est le Roi ?


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Dim 05 Jan 2020, 16:37






10. Et de son souffle arrache et redonne.

Fin





L’Ère de la Conciliation, île maudite


C''est ici que l'histoire commence.
Pendant que nous survivons au Chaos et que le peuple des Chamans s'endurcit une fois de plus à résister aux catastrophes divines, Devaraj engage un combat fatal contre l’intrus qui le grignote jour et nuit et qui le parasite depuis tant d'années. Cette fois-ci, pas d'Æther pour lui sauver la vie gratuitement, quoique, je ne saurais jamais l'identité de l'aide extérieur qu'il recevra et lui-même semble l'ignorer. Le Chaman frémit. Une énième faille de plus dans son être, petite ou grande, et il s'effondrera mort, incapable de se défendre. Sa conscience disparaîtra dans le néant. Ce jour-là quand l'horreur l'envahit de nouveau à travers le miroir maudit, il sait qu'il va mourir. Il sait aussi que son seul réflexe sera d'arracher aux griffes du destin les lambeaux d'existence qu'il lui reste, avec toute la force et la volonté dont il est capable. C'est ici que l'histoire commence, car, quand nous le voyions revenir après l'apocalypse, ce n'est plus le même homme. Le futur dévoré a mangé son bourreau, le dévoreur est devenu dévoré. Et la victime, elle ? Toujours vivante contre toute logique ; Elle est devenue une véritable anomalie ambulante, comme si le Destin lui-même l'avait rejeté de ses bras. Pertes de mémoires intensives ; Brusques tensions dans cette nouvelle magie incontrôlable. Il nous cache quelque chose, refuse de parler ou de dévoiler un quelconque détail sur la triste fin de Gidéon. C'est ici que Devaraj commence à s'attaquer aux nôtres, les Esprits, même ceux qui ne lui ont rien fait. Cannibale, vampire, dévoreur, les descriptions changent mais le principal est toujours là.

Le Chaman quitte la condition de possédé pour entrer dans celle d'un possesseur addict. Il rejoint les rangs de ses pires ennemis, les Esprits Parasites. Ironique, n'est-ce-pas ? Depuis lors son esprit s'affaire, pèlerinage religieux, regain de foi, nouvelle perte de foi, missions divines qui se succèdent, sacrilèges. Un jour, il veut supprimer tous ses sentiments malsains, cause première de son malheur, l'autre jour il succombe de nouveau à un excès de rage ou d'amour sans raison spécifique. Moi, ultime gardienne de sa mémoire brouillée, essaye de réparer ses frasques et le fracas qu'il provoque sur son chemin sinueux. La nouvelle finit par se répandre parmi les Morts. Imaginez, la perspective de pouvoir être tuer de nouveau après des millénaires d'éternité, ça en secoue plus d'un dans son petit confort habituel. Que pourrais-je y faire ? Quand bien même Devaraj trouverait un moyen de résister à sa faim, il a besoin de dévorer pour continuer à survivre et agrandir encore un peu le moment de répit qu'on lui donne sur cette terre. Quitter un cercle vicieux pour aller se mordre la queue. C'est sans fin et de plus en plus misérable. C'est un peu comme regarder un animal affreusement paniqué qui, enfermé dans une pièce sans sortie, ne cesserait de se cogner aux meubles, puis aux murs, jusqu'à en mourir d'épuisement ou de blessures. Il s’autodétruit à chaque fois un peu plus, mais disons que j'ai l'habitude, depuis ces siècles qui nous séparent de notre première rencontre. Cette fois-ci, ce sera peut-être moi qui lui portera le coup fatal. En attendant ce beau jour, cette histoire est inscrite dans les annales des Morts et elle y restera, dans la poussière de la honte et de l'oubli.


Ma plume se casse sur les derniers mots, formant un pâté d'encre. Ma langue claque, j'étouffe un soupir exaspéré et fixe le petit paquet de parchemins, renonçant à écrire plus. Tout y est de toute façon déjà dit. Je laisse les écrits anonymes. Devrais-je le brûler, le détruire, le lui donner ou le déposer dans une bibliothèque quelconque ? Que mérite-t-il le plus pour ses mauvais choix de vie consécutifs, conscients et volontaires ? Il aura beau gigoter dans tous les sens, il ne retrouvera jamais, ni son innocence, ni sa jeunesse, ni sa foi. Il est comme le spectre de son passé, un fantôme pâle qui erre dans la nuit froide pour fuir les insomnies, un résidu qui parfois retrouve sa vivacité, un monstre qui se fait peur à lui-même. Voilà ce qu'est le Roi des Chamans.

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