Kunsang toussa fortement, alors que ses poumons manquaient cruellement d'air « Bon sang, c'est plus de mon âge ces c*nn*ries... », « Nous sommes enfin sur le continent mystérieux... », « Ouais... » Le sorcier se releva, époussetant sa veste pourpre et tâchée « Nous sommes arrivés à notre objectif une fois que tout est fini. T'es content ? Je me serai contenter de trouver un manoir, et non de partir faire le tour du monde pour essayer de survivre, si j'avais su que cela s'arrêterait un jour. », « Arrête de te plaindre Kunsang. Tu es en vie, contente toi de ça. », « Je suis en vie car la mort n'a pas voulu de moi. » Les deux hommes partirent de la plage calme.

Suite à la mascarade sur Tælora, les deux hommes partirent avec une embarcation de secours qui arriva quelques jours plus tard, dans le but de récupérer les naufragés. En réalité, les deux Sorciers s'étaient alliés à trois hommes fourbes et gaillards, pour liquider la plupart du convoie. Les femmes, les enfants, les hommes... Tout cela faisait trop de bouche à nourrir, et ne faisait que les faire paniquer. Et puis Kunsang était fatigué et énervé, ce qu'il voulait, de base, c'était rester en vie, et non courir dans une marée humaine. Ainsi, le groupe entreprit de jeter les gens dans la jungle, les livrant à eux-mêmes, ainsi qu'aux bêtes sauvages infernales qui les dévorèrent sans en laisser une miette. Les deux sorciers avaient gagné en puissance. Kunsang sortait petit à petit de sa léthargie, faisant en sorte de bien mieux manipuler la noirceur de ses pouvoirs, alors qu'Adgy lui prodiguait un soutient indéfectible.
Comme prévu, le groupe avec lequel ils s'allièrent, se retourna contre eux. Pauvre petits malandrins, surement quelques Humains, ou Réprouvés sans le sou, se firent anéantir comme un pauvre château de cartes mouillées. Le Sorcier avait n'avait peut être pas prévu de se faire attaquer mais il avait prévu de les liquider une fois tout le monde mort. Lorsque le navire arriva, il recueilli les deux restant, s'étonnant de la plage vide de monde. Adgy prit la parole, lui expliquant combien il avait été difficile de s'en sortir... Une mutinerie s'était préparée en silence, et lors de l'opposition des forces, beaucoup de civils vinrent en aide au capitaine. Celui-ci se battit corps et âmes contre ses marins, et beaucoup périrent. Lorsqu'ils passèrent la nuit, le lendemain matin, les corps des victimes n'étaient plus là... Le blond rajouta que le continent était bien plus vivant et mortel que tout ce que l'on avait pensé. Ainsi ils parlèrent des expéditions sorcières et démoniaques, ayant lieu il y avait quelques semaines déjà... En attendant, ils prirent la mer vers le continent mystérieux, dans le but de survivre.

Comme si la vie ne s'acharnait pas assez avec les épaves, les sirènes les attaquèrent. Soubresaut non contenu de la dernière menace avant que tout ne se calme, Kunsang et Adgy furent presque emportés dans un maëlstrom effrayant, bateau y compris.
Les deux hommes, non loin de la rive, nagèrent avec un groupe de rescapés, jusqu'à la plage où ils se dépêchèrent de s'en éloigner, dans le but de survivre. Et le blond cracha de l'eau, fuyant ainsi le rythme cardiaque qui s'accélérait, devant l'exercice intense qu'il venait de subir « Et puis, c'était bien la peine de leur mentir, si j'avais su que tous mourraient... », « On ne pouvait pas savoir... Ca va, ta gorge brûle encore ? », « Ouais... Ca va aller. Il va encore me falloir dix jours pour récupérer, bon sang... » Son partenaire l'aida à se lever « Et pas plus tard que hier, tu m'as parlé de cette magicienne aux gros seins ? Tu tiendras jamais le coup avec un physique chétif comme le tiens mon vieux ! », « Hé, ça va bien oui ?! Franchement, entre nous, les toucher ça me motive... » Kunsang mit ses mains devant lui au niveau de sa poitrine, les doigts écartés, comme s'il soutenait deux pastèques devant lui. Adgy laissa échapper une grimace, commençant à avancer dans la nouvelle lande saine et sauve « Tu en deviens vulgaire, Kunsang. », « C'est toi qui a prononcer ce mot en premier, ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. » Le rattrapant à grandes enjambées, les deux se perdirent ensuite dans la grande plaine.

« Elle est où Sherilyne ? », « Maudite, quelque part dans un des continents. », « Tu es sur que tu as placé une malédiction suffisante sur elle ? La dernière fois tu... », « Ca va, ca va... Je me souviens très bien de la dernière fois, et ma malédiction était déjà suffisante. Elle a juste trouvé la faille, ce n'est pas pareil. Donc devant tout cela : oui, j'ai mis quelque chose de suffisant, peut être un peu trop fort maintenant que j'y pense... », « Si tu l'as drogué elle va mourir. », « Non, non... Je suis au dessus de tout cela. La drogue... C'est pour les petits enfants, c'est bon pour ces Démons de pacotille... », « Hum... Bon, je pense qu'il faudra le construire notre laboratoire, on trouvera rien ici à dire vrai. », « Tu rigoles ? Regarde là-bas, il y a un village. Déjà on va aller dormir, ça fait des heures que nous ne nous sommes pas reposés, et en plus, on en profitera pour leur demander de quoi vivre dans les environs. », « Comme tu le sens... », « Je le sens bien. Et puis je pourrai peut être voir si je ne peux pas déjà recruter des volontaires pour mes expériences. », « Il n'y a aucune qualité ici, c'est tous des paysans, ils mourront dans la foulée si tu les soumets. », « Nous verrons, Adgy, nous verrons... » Les deux Sorciers marchèrent en direction du bourg, donc les cheminées fumaient. La nuit n'était pas encore tombée à travers l'épaisse couche de nuages noirs qui s'en allait, petit à petit. Une fois à l'entrée du bled, Kunsang chercha des yeux l'auberge, scrutant les habitants au passage, évaluant qui serait un bon parti pris ou non.

Pour le coup, c'était un petit hameau bien sommaire : beaucoup de fermes et de demeures familiales. Les toits étaient fait en paille et les murs en chaux et en torchis. Barbare et primitif aux yeux des deux civilisés... Ils étaient éduqués, vivaient dans des maisons ou des manoirs fait en pierre et en bois, décorés et chauffés correctement. Les murs en terre isolaient à peine, et le toit en paille protégeait de tout, sauf du vent. L'intérieur devait être aussi miteux que l'extérieur réellement...
Entrant alors dans l'auberge, le plus grand bâtiment des environs, ils s'assirent à une table. Adgy enleva sa capuche, alors que le blond passait sa main dans ses cheveux, recoiffant involontairement sa mèche par la même occasion. Une serveuse, assez laide, vint prendre leur commande. Par la même occasion, Adgy lui demanda « ...merci. Oh, et permettez moi, nous aimerions un peu connaitre les environs. Connaissez vous l'existence de manoirs ou de bâtisses à vendre ? », « Ou même abandonnés, on prend aussi. », « Euuh... Mwé.... J'crois y a tchi dans l'coin koé, mais si z'aller voér par lé-bé, ch'pense ya s'ki faut. » D'un doigt mollasson elle leur indiqua le sud. Les deux hommes se regardèrent, peu confiant par ses indications invraisemblables, et son accent a couper au couteau « Ca vô ou pas ? », « Euh, oui. Oui merci très bien. », « Pas d'koé m'ssieurs. Hé Michel, deux p'tites chopines pour les n'veaux. » La regardant partir de sa démarche boiteuse, ils l'entrevirent entrer dans la cuisine, et aller embrasser le patron qui revenait vers elle. Dans les grognements qu'ils entendirent, ils purent distinguer des mots se voulant aguicheurs, mais perdant tout leur effet avec un tel parler et une voix aussi ignoble « Tu crois qu'ils ont des enfants ? », « Je n'espère pas. Pauvre gosse. Il y a déjà assez bien de ratés sur cette terre... », « Hé bha... Tout le monde ne peut pas être sorcier que veux-tu... La pitié doit être octroyée à tout le monde mon ami. », « Et c'est toi qui dit ça... Bon, tu en penses quoi de ces informations ? », « J'en pense qu'il va falloir marcher. Réellement, nous n'avons pas le choix si nous voulons trouver de quoi nous abriter et travailler, loin des sorciers. », « Oui et... » La serveuse revint, leur donnant leurs verres en les faisant osciller dangereusement. Adgy la paya et elle les reluqua un moment avant de dire « N'a des piaules si v'souhaitez v'bécoter les z'amoureux. Sommes pas r'gardant sur l'style de couple qu'passe ichi voyez. » Leur souriant d'une bouche édentée, elle fit demi-tour.

« Je ne suis même pas sur de vouloir boire ce truc. », « Partons, et allumons un brasier dans l'âtre. Je doute que quiconque ne les pleure. », « Je ne te le fais pas dire... » Les deux hommes se levèrent, dégageant les lieux. Allant derrière l'auberge, ils allumèrent plusieurs sources inflammables, faisant en sorte que le feu prenne et puisse se rejoindre. Prenant deux chevaux dans l'écurie, sous le couvert des regards, Adgy, contrôlant le feu, fit s'embraser, d'un coup, l'arrière de l'auberge et les deux maisons accolées « On repassera dans quelques jours. Je suis curieux de vois comment ils s'y seront prit pour éteindre tout ça et essayer de survivre comme des vermisseaux... »

« Bon, et celui-ci, t'en pense quoi ? Viens on visite. » Adgy regarda Kunsang descendre de son cheval avec entrain. Il sifflait un petit air guilleret, contre toute attente « Eh bien, tu viens ? », « Tss... Tu sais que nous ne sommes pas en visite de foyer dans le but d'installer nos familles respectives ? », « Oui je le sais, tu n'as pas de famille. », « Toi oui peut être, idiot ? », « Non, mais sérieusement, réfléchis-y deux minutes, tu trouves pas ça excitant de visiter des demeures où nous pourrons faire naitre les plus grandes légendes ? Peut être arriverons-nous à faire vivre des centaines de morts-vivants ? Reproduirons nous le mythe d'Orion, grand sorcier des temps anciens ? », « Tu savais qu'il était magicien, de base ? Comme celle sur qui tu lorgnes. », « Alors déjà, je ne lorgnes sur personne, et puis on peut tous faire des erreurs ! Se tromper est humain. », « Bien vu, c'est pour cela que nous ne le sommes pas, n'est ce pas ? », « Roh, tu joue sur les mots là... » Les deux sorciers poussèrent une grilles qui tomba sur le sol dans un fracas métallique assourdissant « Eh bien... » Kunsang s'essuya les mains l'une à l'autre, enlevant le dépôt de rouille. L'allée n'était pas très longue, mais elle était infesté de ronces et de mauvaises herbes. Lorsqu'ils poussèrent la porte en bois, celle-ci grinça et pire, elle se dégonda. Ils durent la caler contre le mur s'ils ne voulaient pas qu'elle leur tombe dessus « Il est trop vieux ce manoir, tout reconstruire nous prendrait des années... », « Tu l'as vu le manoir de l'autre sorcier dont tu m'avais parlé l'autre jour ? », « Rapidement, je n'y suis pas resté très longtemps. Il est assez éclairé, et son concept est étrange. C'est... Une bâtisse d'accueil. Une chambre d'hôte en somme, tu viens, tu dors, mais t'es chez l'habitant. », « Et... C'est un sorcier ? », « Oui. », « C'est pas possible. T'as du te tromper de numéro, t'as du aller chez le voisin. », « On ira un jour, tu verras par toi même. Avec un peu de chance il aura peut être construit des thermes et des salles de massage pour ses invités. », « Je ne pense pas, s'il fait cela, c'est que derrière, il se sert ou capture ses clients. Tu ne fais pas ce genre de chose par hasard, car t'aime le contact humain. T'es pas d'accord ? », « Je demande à voir... Peut être que tu as raison, mais les clients n'avaient pas franchement l'air traumatisé. » Adgy haussa les épaules, et Kunsang sortit une de ses mains de sa poche « On fait quand même le tour du propriétaire ? » Au bout de ses doigts s'alluma une flamme créant de la lumière « Aller. Nous verrons bien ce que nous pourrons y découvrir... »

Et ce fut l'échec total.
Le premier étage était rempli de pièces, chambres et bureaux confondus, le tout complètement mités. Les meubles étaient tous moisis, et rien n'était plus récupérable. Les fenêtres étaient cassées et pire, le plancher commençait doucement à craqueler. A chaque fois qu'ils posaient leur pied quelque part, le tout menaçait de s'écrouler. Les escaliers, d'ailleurs, cédèrent lorsqu'ils les descendirent. Adgy, jeune et vaillant, fit un bond d'enfer pour éviter le trou se formant sous ses pieds.  Kunsang, vieux et rempli d'arthrose, eut tout juste le réflexe de se rattraper à une planche, se fourrant des échardes dans tous les doigts, avant d'appeler son partenaire. En dessous, il faisait noir et un courant d'air gelé venait doucement lui caresser les chevilles « Remonte moi, je crois qu'il y a des collègues en bas. », « T'as toujours été vieux ? Ce que tu peux être rouillé... », « Arrête de parler et remonte moi ! », « J'arrive... » Adgy attrapa son collègue au niveau des épaules, par tout ses vêtements, et le tira vers le haut. Une fois sur le sol dur, le blond se releva « Bordel, mais depuis quand tu as toute cette force ?! », « Depuis jamais. Je ne suis pas très fort, c'est toi qui n'es pas très lourd. », « Bon, peu importe, il y a des gens en bas, et je pense qu'il y en a beaucoup. De toute façon, je n'aimais pas la couleur. Allons nous en. », « Tout ça pour ça... Il était temps que tu te décide. », « Ah ça va... »

Ne refermant même pas le portail, les deux hommes sortirent de l'enceinte du manoir, remontant sur leurs chevaux. Ne s'étant même pas retourné pendant toute la balade, ils virent, enfin, la fumée qui s'élevait au loin, dans la plaine « Ils n'ont pas réussi à éteindre le feu... ? », « Je ne sais pas, nous pouvons toujours y retourner. Peut être que nous pourrons piller leurs cadavres. Il ne nous reste aucune pièce d'or et si nous désirons retraverser l'Océan, il serait temps de refaire le fond de commerce. », « Exact. J'ai les poches troués moi de toute manière... » Cela ne leur pris qu'une heure de faire le retour, pressant leur monture pour arriver rapidement au village. Comme prévu, le feu avait prit très facilement avec la paille sur les toits, et les gens n'avaient pas assez du puit pour éteindre ce brasier d'enfer qui avait fait beaucoup de blessés, mais malheureusement peu de morts « J'aime bien comment ils courent partout. On dirait des fourmis affolés... », « Bon... Retournons chez nous. Lord doit être furieux... », « Il ne nous connait pas tu sais, et, entre nous, je pense qu'il a d'autres chats à fouetter. Ne te concentre pas trop sur lui. », « Et toi, sens toi un peu plus concerné également. S'il te convoque un jour, tiens toi prêt. », « Oh mais je le suis ! Encore faut-il qu'il daigne bien le faire ce cher Monsieur, vois tu. Il est, pour le moment, trop occuper à étreindre une femme qui désire sa mort depuis qu'il a posé les yeux sur elle. Je te le répète, je doute que nous soyons le premier de ses soucis. », « Je lui fais assez confiance pour penser à tout, surtout en temps et en heure, ne t'inquiète pas. Aller, viens. » Ils mirent en route leurs chevaux, contournant le village en feu. Au loin ils voyaient des tas de corps sur l'allée principales, et des gens continuant de courir partout pour éteindre les flammes. Kunsang détourna rapidement la tête, n'ayant que faire du reste et du nombre de morts.

« Nous ne sommes pas obligé de rentrer... Non ? », « Comment ça ? », « Tælora est libre et a tout le monde, je me trompe ? Rien ne nous empêcherait de nous téléporter là bas, puisqu'en plus nous y avons déjà mis les pieds, non ? », « Je doute de l'accueil des aborigènes. Plus sérieusement, je préfèrerai m'installer en terrain conquis. », « Je te propose quelque chose. On va à Tælora et on voit si l'endroit est sympa et 'sur' pour nous. Si oui, on est en terrain conquis non ? Ou tout comme. Si jamais on voit que ce n'est pas possible, on s'en va. Pourquoi pas après tout ? Notre but n'est pas de construire un cimetière dans les terres d'émeraude hein, on veut juste une cabane un peu grande pour faire des expériences. Si ça rassure les gens, on pourra même mettre du rose sur la façade. », « Tss... Arrête toi un peu. On est là pour être discrets, le plus discrets possibles, et non pour faire comprendre aux gens que nous sommes 'sympas'. Donc plus on sera dissimulé, mieux ce sera. Tu comprends ? », « Ce n'est pas comme si je n'avais pas compris dès le départ. Mais j'aimerai être ailleurs que dans des marais dégoutants, juste pour se planquer. On peut être sorcier et aimer se dorer la pilule ! Tous les sorciers ne sont pas des linges lavés à la soude. », « Hm hm... On en discutera sur le bateau. Pour le moment, regarde qui nous avons derrière. Les paysans prennent les fourches, quelqu'un a du leur dire que c'était nous... », « C'était même évident Adgy, que c'était nous. Ne sois pas si idiot. On les élimines ou on les sème ? », « Je ne sais pas. Je n'ai pas très bien dormi cette nuit, je ne suis pas très en forme. » Kunsang descendit de son cheval qui brouta immédiatement l'herbe grasse de la plaine « Hé bien parfait, comme ça, ça te mettra en jambe non ? » Adgy soupira et descendit à son tour « Bien sur... Te rattraper dans les escaliers m'a amplement suffit, j'aurai préféré éviter cela, m'enfin. Tout le monde a le droit de vouloir mourir. », « Tu es de bonne composition mon ami, c'est un avantage. »