Lilith soupira. Il n'y avait rien ici. Dire qu'elle avait dû laisser un Déchu de la luxure l'approcher d'un peu trop près pour avoir l'information. L'Ange s'était attendue à un palais aussi clinquant que le personnage qui l'aurait habité et, au lieu de cela, elle se retrouvait dans une maison au style épuré. La jeune femme s'assit un moment sur le lit, avant de s'étendre dessus. Elle soupira de nouveau. A vrai dire elle se sentait abandonnée. Depuis qu'elle avait fermé son cœur à l'Orishala, elle souffrait de ce que l'on appelait solitude, une sensation qu'elle n'avait jamais rencontré auparavant. Le fait qu'il en aime une autre par la suite l'avait blessé, mais puisqu'elle l'aimait encore au moment où elle l'avait appris, elle s'était simplement dit que le principal, au fond, c'était qu'il trouve le bonheur. A présent, elle ne ressentait qu'une douce amitié à son égard et seuls hantaient son cœur les souvenirs de leurs rencontres qu'elle garderaient précieusement, dans son jardin secret. Néanmoins, parfois, elle doutait de sa propre force, de sa capacité à supporter sur ses épaules frêles le poids de la quête qu'elle avait décidé de mener. Un moment, elle se remémora les paroles du Déchu à qui elle avait parlé quelques temps plus tôt. « Vous êtes très belle... ». « Si vous n'existiez pas, j'aurai prié les Ætheri de vous inventer... ». Celui-ci y était allé un peu fort à vrai dire mais cela la fit sourire. Ce n'était que des paroles vaines de sens d'un homme qui ne souhaitait que rouler lourdement sur son corps. Elle en avait conscience et, à vrai dire, elle ne se sentait ni spéciale, ni supérieure à une autre femme. Lilith pensait que, peut-être, un jour, un homme pourrait l'aimer pour ce qu'elle était. Celui-là devrait s'accrocher car elle avait conscience d'être légèrement compliquée. Elle ne voulait ni richesse ni admiration, elle ne voulait aucune parole, de celles que l'on sert à toutes les femmes que l'on rencontre. Seuls lui importaient les actes.

Inspirant profondément, son esprit revint sur l'instant présent. Soit le Déchu de la Luxure lui avait menti, soit ce roi était quelqu'un de particulièrement intéressant. Vivre si simplement était étonnant. C'était d'ailleurs ce qui l'avait fait s'enfuir loin de Cocoon : l'Orishala vivait dans un palais, entouré d'individus, entouré de richesses. Il n'était pas pour elle, même si elle l'avait aimé sincèrement pour l'homme qu'il était. Leurs modes de vie étaient trop différents et lui voulait toujours plus, plus de femmes, plus de tout. « Eerah Von Dreth. ». Le nom était pourtant pompeux. Elle ne l'avait jamais vu à vrai dire et puisqu'elle ne faisait jamais attention aux rumeurs qui circulaient, n'avait aucune idée du roi qu'il pouvait être. Si cela se trouvait, tout ceci n'était qu'une facette et dans des sous-sols secrets se cachait une véritable fortune qu'il se gardait bien de montrer à son peuple. Lilith ne prétendait pas connaître les Hommes, elle ne prétendait pas non plus être dans leur tête et, vraisemblablement, elle souhaitait simplement aider ceux qui en avaient besoin. Un Souverain pouvait tout avoir, il lui suffisait de claquer des doigts. Alors, elle s'était dit que voler le Dædalus n'aurait pas été un crime. Elle aurait simplement pris deux trois objets de valeurs qu'elle aurait revendu plus tard afin d'obtenir de l'argent. Et là encore, elle ne l'aurait pas gardé et s'en serait servi pour acheter de quoi nourrir ceux qui criaient famines, de quoi instruire les orphelins, de quoi construire des infrastructures pour accueillir toujours plus de sans abris.

La jeune femme finit par se redresser. La maison était silencieuse et elle en déduisit qu'il n'y avait personne. Avec autant de discrétion que possible, elle passa doucement près des murs, les effleurant de ses doigts. Les portes coulissantes lui plaisaient. Peut-être devrait-elle penser à installer le même système à Libertas ? Finalement, elle fouilla dans quelques meubles, ne trouvant rien de particulier. Il y avait quelques vêtements mais tous étaient simples et sans aucune valeur. L'Ange murmura : « Je ne sais pas qui tu es, Eerah Von Dreth, mais tu me sembles bien angélique pour un Déchu... ». Elle sourit avant que son regard ne se porte sur une boite. Elle se dirigea vers cette dernière puis enleva le couvercle. « Un luxurieux romantique ? ». Elle ne savait que penser sur cet homme. Peut-être que son vice était de se travestir ? Elle n'en savait rien mais la robe était la seule chose qu'elle pourrait vendre à bon prix. C'était peu mais cela suffirait sans doute à payer quelques repas chauds. Elle replaça le couvercle lentement avant de prendre la boîte. Ce roi était très étrange, elle n'arrêtait pas de le penser. Personne ne surveillait cet endroit. L'Ange aurait bien laissé un mot mais, à vrai dire, elle craignait que l'habitant du lieu ne rentre chez lui. Elle fila donc sans demander son reste.