Voyager, marcher, demander son chemin, c'était ce qui faisait que j'aimais tant l'aventure. On ne savais jamais vraiment ou on allait mais on s'y rendait malgré tout. Seul mon instinct me guidait, parfois au moment endroit je devais bien l'avouer, mais il y avait des jours ou je pouvais compter sur lui. J'avais quitté la demeure familial, pour vivre de grandes choses, pour réaliser de grandes choses. J'étais motivée par un sentiment de d'altruisme. J'avais ce besoin permanent de me sentir utile. Si j'étais libre, si j'étais née avec ce cadeau, si je le méritais, les autres aussi. Si mon but paraissait dérisoire, ou idiot, il en était autrement. Il me fallait me faire un nom, ce nom me servirait entre autre à défendre les causes justes, tel que la liberté, l'égalité ... On ne pouvait prétendre être tous égaux si certains d'entre nous étaient asservis, emprisonnés, n'ayant que pour seul rôle celui d'être un esclave au service de son maître. Mais quel maître ? Nous étions les seuls à pouvoir décider de notre sort. Je voulais montrer cela au monde entier. Seulement si je voulais parvenir à atteindre le sommet, il fallait agir et non pas trop réfléchir. Voilà comment je m'étais retrouvée face à ce phare. La jeune nomade que j'étais, c'était retrouvée sur les terres du continent dévasté pour pouvoir s'entraîner dans cette jungle qui se faisait appelé, Naga, ou j'y avais fais la connaissance de la jeune Iris, une élémentale de la nature. Nous avions passé quelques temps ensemble, elle était à la recherche d'une fée … je ne me souvenais plus exactement des détails, mais l'entraînement que j'avais tant recherché et bien … je l'avais trouvé. Une fois cette quête accomplie, nous nous étions quitté, partant chacune de notre côté, pour continuer notre périple. Depuis ce jour je n'avais pas quitté le continent, je m'étais au contraire plus aventurée dans les terres. Dés mon arrivée mon regard fut attiré par quelque chose. En effet, sur presque chaque mur de la ville et des alentours, on pouvait trouver une affiche. Il était question de la disparition d'un jeune garçon. Ce ne fut pas la somme d'argent proposé par la mère de l'enfant qui m'attira en premier lieu mais plutôt le fait que son petit avait disparu. Il semblait avoir été enlevé et emmené dans un phare abandonné. Pour m'y rendre je dus prendre une nouvelle fois le bateau. Je dus marcher quelques temps avant de trouver le lieu en question, un phare immense se dressait devant moi. La nature avait reprit ses droits et envahissait l'endroit. Ronces, feuilles en tout genre, branches grimpaient, s'enlaçaient le long du bâtiment.  La pierre était noircie peut être par le temps ou alors par autre chose ? Je ne serais le dire. Je levais la tête pour découvrir en son sommet une forte lumière servant sûrement à guider les bateaux dans la nuit noir. Car évidemment depuis le moment ou j'avais lu l'annonce et celui ou je me retrouvais face à cet édifice, le soleil avait eu largement le temps de se coucher. J'aurais pu attendre une nuit de plus, et commencer mes recherches en plein jour, seulement je ne voulais pas faire attendre la femme plus longtemps. Cette pauvre femme, et mère devait se faire un sang d'encre pour son fils, autant lui ramener le plus vite possible. Et puis l'obscurité ne me faisait pas peur, ni les bâtisses particulièrement bizarre, comme pouvait l'être ce phare. Moi qui le croyait à l'abandon … je m'étais bien trompée, car qui s'occupait de cette lumière ? Peut être était-ce celui qui avait enlevé l'enfant ?

Il me fallait à présent trouver un moyen de pénétrer. Je ne vis pas l'entrée tout de suite. Je crus d'abord pouvoir escalader un des murs du phare, seulement à peine avais-je fait quelques pas dans sa direction que les ronces se mirent à bouger de leur plein gré comme si elles défendaient les lieux. Génial. Je fis le tour du monument afin de trouver une porte cachée ou quelque chose dans le même genre. Mais je ne trouva rien. Le ciel était sombre, les étoiles brillantes, la lune n'était pas pleine mais il y avait suffisamment de luminosité pour voir ou j'allais. Je ne pouvais donc pas louper un porte secrète. Il me fallait réfléchir, comment avaient-ils pu pénétrer en ces lieux ? Je me mis à faire les cents pas … je finis même par m'approcher du rivage. La mer était agitée, les vagues venaient se fracasser contre les roches dans un bruit assourdissant et là comme caché par la nature déchaînée, se tenait une grotte. A quelques mètres en dessous de moi, et qui à en juger par sa position ne laissait aucun doute quand à sa destination. Je n'étais pas particulièrement mauvaise nageuse, mais je doutais de pouvoir résister bien longtemps aux déchaînement de l'eau. Si je ne venais pas m'écraser sur les rochers, je serais sans nul doute emportée par le courant et j'irais me perdre au milieu de cette immensité. Je jetais un nouveau regard vers le phare. Je ne pouvais pas abandonné, pas alors que j'avais déjà fait tout ce chemin. Il me fallait trouver une solution. Je me reculais du bord, pour me diriger vers le phare. Je pris une profonde respiration, et me mit à courir le plus vite possible vers l'eau. Je plongeais dans la mer agitée. Je n'aimais pas réfléchir, je préférais agir quitte à en payer le prix par la suite. Je luttais du mieux que je pouvais contre le courant, je restais en profondeur m'accrochant aux rochers pour m'avancer dans la grotte. Je fus dure, et laborieux mais je parvins à quitter l'eau sans trop d’égratignures. Il devait exister un autre moyen d'entrer mais je n'avais pas envie de cogiter plus longtemps, j'aimais agir et tout de suite. Une fois sur la terre ferme, à quelques mètres de moi se tenait une porte, menant sûrement dans l'enceinte du phare. L'eau dégouliné de mon corps, des gouttes vinrent s'écraser sur le sol en un flop relativement désagréablement. Je me retournais vers l'entrée de la grotte et me rendit compte qu'il m'aurait juste fallut attendre un peu, une marée aurait fait son apparition et j'aurais pu pénétrer ici sans avoir à me mouiller et craindre pour ma vie.

« Bravo, Cassiopée ... »

J'essorai ma robe du mieux que je pus, et m'avançait jusqu'à la porte, que j'ouvris dans un crissement désagréable. Même si tout semblait porter à croire que la bâtiment était abandonné il y avait des signes qui ne trompaient pas. Une fois la porte passée, je dus montée une petite série de marche avant de me retrouver dans une pièce circulaire. Il n'y avait personne, pas un bruit, l'endroit était sale, remplis de poussières, de toiles d'araignées ici et là et au fond de la salle se trouvait un nouvel escalier. Alors que je continuais mon chemin, sans plus prêter attention à ce qui m'entourait, quelque chose attira mon attention. Enfin quelqu'un plutôt. Se dressais devant moi, un fantôme. Puis deux, puis trois, et ainsi de suite jusqu'à remplir la pièce.

« Et mer** …  Hey les gars, on va pas se taper dessus, si ? Ah ben si ...»

Alors que j'étais concentrée sur mes assaillants, une ombre attira mon œil par dessus mon épaule. Un autre adversaire ?

Ce que j'avais d'abord cru être un nouvel assaillant, ne l'était heureusement pour moi, pas du tout. Une jeune femme pas plus vieille que moi à en juger par son physique, une belle chevelure et flûte à la main vint se tenir rapidement à mes côtés. Ses paroles eurent l'effet escompter et s'en même avoir à réfléchir plus longtemps, je me bouchais les oreilles du mieux que je pus. Je ne savais pas qui elle était, ni pourquoi elle m'aidait, cependant je pouvais aisément en déduire qu'elle n'était pas habituée à ses lieux, ni à ses occupants. Je ne sus combien de temps je restais ainsi à observer la jeune femme puis les fantômes, quelques secondes, quelques minutes, occupée à essayer d'obstruer mes oreilles afin de ne percevoir qu'une infime partie de sa mélodie, qui devait avoir pour but de neutraliser les êtres autour de nous. Seulement cette attaque n'eut pas l'effet souhaitait, je lançais un regard appuyé à ma nouvelle camarade, cherchant son approbation ou un signe rapportant de la situation. J'attendis de la voir quitter sa flûte pour retirer mes mains et pouvoir à nouveau me servir de mon audition. Car dans un combat, peut importe lequel, il était primordial de se servir de tous ses sens, la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher … bon d'accord je ne voyais pas comment mon goût pourrais me servir dans un moment comme celui ci … mais on ne pouvait pas prévoir ce qui risquait de nous arriver, il me serait peut être forcé de l'utiliser.

Je laissais pendre mes mains le long de mon corps, fis craquer mes doigts et tout doucement je saisis les deux lames dans ma petite sacoche accrochée à ma taille. Elle était faite de tissus, et avait pris l'eau, il me fallut un peu plus longtemps que d'habitude pour sortir mes armes, mouillées elles aussi. Comme dans tout à l'heure dans la grotte, je pouvais entendre le clapotis des gouttes d'eau sur le sol. Il n'y avait pas grand bruit en cet instant si ce n'est que nos respirations et le bruit étrange des spectres qui nous entouraient. Je fis tourner les lames dans mes mains comme pour m'échauffer, et m'adressait à la demoiselle sans pour autant quitter des yeux nos adversaires. Ils ne bougeaient pas, mais je pouvais sentir l'air crépiter, la pièce se remplir d'une chaleur particulièrement accablante et surtout j'avais l'impression qu'il ne s'agissait que du calme avant la tempête. « Vous savez vous battre ? Je vais tenter quelque chose, et si vous pouviez couvrir mes arrières … au cas ou … se serait top. » J'attendis quelques secondes sans bouger, nous nous observions à tour de rôle, enfin … nos assaillants n'avaient pas l'air préoccupé plus que ça par notre présence … j'avais comme l'impression que nous n'étions pas grand chose à leurs yeux. Ils ne nous regardaient pas, pas comme je le faisais en tout cas, ils ne semblaient ni inquiet, ni en colère … Je devais me faire des idées … Je pris une grande respiration, serrais les manches de mes couteaux et dans un mouvement que j'espérais fluide et rapide m'élançais vers les fantômes. En de très rares occasions il m'arrivait de réfléchir … ce n'était pas toujours une bonne idée, mais parfois cela amené à de bonnes choses. Je n'avais pas attaqué à n'importe quel moment. Depuis que j'étais arrivée dans cette salle, j'avais pu observer que par moment l'obscurité se faisait plus forte, les nuages devaient sans aucun doute cacher la lune. J'avais donc supposé pouvoir me servir de mes yeux, de ma capacité à voir dans le noir pour les attaquer. Ce que j'avais malheureusement mis de côté était le fait que ma partenaire n'était peut être pas dans les mêmes dispositions que moi. « Mer** » fut la seule chose qui me vint à l'esprit.

Je ne pouvais pas m'arrêter en plein chemin, je ne pouvais pas rebrousser chemin, l'élan que j'avais pris m'amena à traverser complètement un des fantômes. Cette unique seconde ou mon corps ne fit qu'un avec celui de l'homme irréel, m'arracha un frisson d'effroi … je faillis perdre l'équilibre mais je parvins à me rattraper de justesse grâce à l'épée qu'un des esprits avaient tenté de faire tomber sur la femme aux cheveux roux. Je me retournais et constatais que j'étais à présent accolée au mur. Je pris de nouveau mon élan, et lançais un de mes couteaux puis l'autre, respectivement dans la jambe droite et le ventre de deux hommes. Seulement alors que je retrouvais ma position d'origine en quelques pas, quel ne fut pas ma surprise d'entendre le bruit du métal contre la pierre et non des hurlements de douleurs. Je n'avais pas touché mes adversaires … cela ne pouvait pas être possible … je ne m'estimais pas être une combattante hors pair, mais j'étais pourtant certaine de faire mouche. Je me rapprochais de ma partenaire. Je commençais vraiment à croire que nous n'allions pas nous en sortir. Je me saisis de ma chaîne, prête à en découdre. Les quelques mots qui sortirent de ma bouche, eurent un effet bizarre sur moi … ce n'était pas ma voix. Je savais que je parlais mais je ne reconnaissais pas le son de ma voix. « J'étais pourtant sûre de les avoir touché ... » Je regardais alentour, et finit par voir plusieurs spectres répéter en boucle ma réplique. Les mâchoires de certains tombèrent au sol, sans aucune raison, d'autres perdaient leurs membres un à un … un spectacle des plus macabres se jouait devant nous.  Bras, jambes, œils, les fantômes ne disaient rien, ne criaient pas, aucunes émotions ne passaient par leur visage pourtant ils perdaient peu à peu de leur corps. Alors que j'étais hypnotisée par une telle scène, et je ne devais pas être la seule, un cri d'horreur, de souffrance se fit entendre. Les fantômes hurlèrent à l'unisson, ils avaient repris leur forme d'avant et hurler à m'en crever les tympans. Je ne pus rien faire d'autre que boucher mes oreilles, le son était horrible, insoutenable, et malgré tout mes efforts je ne parvenais pas à y échapper ! Cela dura une minute, une longue et interminable minute. Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais accroupie sur le sol, je pouvais sentir un liquide chaud couler le long de mes oreilles. Je rapportais mes mains devant mes yeux, mais il n'y avait rien. Pas de liquide, pas de sang ? … Je levais les yeux vers ces êtres paranormales qui nous foncèrent dessus sans un bruit, sans un mot. Avais-je rêvé tout ceci ? Avaient-ils vraiment crier ? Je ne savais plus … ce que je savais en tout cas, c'était que dans cette position je ne nous serais pas d'une grande utilité. Mais avant même d'avoir pu me relever, ils étaient sur nous, et nous traversèrent de part en part … je me préparais alors à hurler, à crier de douleur … mais rien ne vint. Quoi ? Rien ?