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 [LDC Humains] La grande bataille - Event Août

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Dim 09 Aoû 2015, 19:36


Utopia - La grande bataille

[LDC Humains] La grande bataille - Event Août Utopia11


Les démons arrivaient. Sans prévenir personne, des êtres ailés, à la peau noire et aux dents rouges, venait envahir Utopia. Il ne fallait pas qu'ils rentrent en ville cependant, sinon ils allait tout détruire et tuer des civils. Mikaïl avait prit des initiatives un peu plus tôt, évacuant certaines parties de la ville pour les réfugier dans des souterrains, ou encore dans des bâtisses publiques telles que l'Orangeraie. Le Palais était sur le feu du carnage. Madra, responsable de l'armée, avait prit l'initiative d'envoyer un message à travers le monde pour avoir des renforts raciaux rapidement. Le Roi avait conscience de la protection des Anges pour certains petits êtres, mais eux-même, ne se faisaient-ils pas attaquer ? Le but des Démons était de détruire, d'annihiler ces deux races définitivement. Mais cela ne se passerait pas comme ça. Mikaïl ne savait que trop bien tout ce qu'ils avaient enduré, et c'était hors de question de se laisser faire. Lucifer n'était à présent qu'un mauvais souvenir.

Le Souverain, en tenu de combat, se rendit sur la place du marché où se tenait le souk habituelle, aujourd'hui vide et morne. Se tenait en face de lui des dizaines de personnes, des nouveaux arrivants, comme des volontaires, ainsi que des militaires. Tous étaient là pour écouter le discours de leur roi, se faisant galvaniser par ses paroles guerrières “Merci à tous d'avoir répondu à l'appel. Des renforts viendront plus tard, nous prêter main forte. La situation est désastreuse, et nous sommes en guerre. Les Démons ont décidé de nous attaqué, stratégie faisant partit de leur plan diabolique. Seulement aujourd'hui, nous ne sommes plus les êtres faibles et chétifs d'autres fois, se terrant dans des trous comme des lapins ! Nous avons les moyens et la hargne de leur tenir tête ! Nous avons l'envie de faire couler leur sang comme ils ont fait couler le notre. Rendons à nos ancêtre leur gloire passer, montrons leur qu'ils ne se sont pas battu pour rien ! Vous comme moi, devons affronter nos peurs et nos regrets, pour montrer à ces engeances du diable, la meilleure manière de les envoyer au trépas. N'oubliez pas que nous sommes une force, nous sommes unis, nous sommes Humains.” Le temps pressait, il n'avait pas le temps de partir en discours royal de dix minutes. La nuée d'ailés était là, à quelques centaines de mètres dans le ciel, et bientôt, ils seraient sur eux. Madra prit alors la parole “Vous serez dispersés en groupe, autour de la ville, notamment aux portes. Des Anges viendront nous rejoindre rapidement, lorsque nous auront besoin de renforts. Pour le reste, l'armée vous guidera, et il y aura une escouade conséquente de soldats à vos côtés.” La puissante guerrière, imposant le respect à l'accalmie, fit se séparer la foule.

Ainsi, chaque groupe répondit à ses ordres, prenant position, et les civils volontaires suivirent. Pour sa part, elle se tourna vers Mikaïl, lui disant doucement, à l'abris des oreilles “Que comptes-tu faire si les Démons percent nos défenses ?”, “Prier.”

Explications


Bon eh bien c'est la guerre 8D ! Donc chacun va où il veut mais je veux du sang des cris et de la SUEUR !
Bon courage !

N'hésitez pas à me MP si il y a des questions ^^

Gain(s)


900 mots : 1 point de spécialité au choix
+450 mots : 1 point supplémentaire au choix.

Récapitulatif des Gains


Gabish / Lien / 1 agilité - 1 intelligence
Gabish again / Lien / 1 agilité - 1 intelligence - 1 charisme - 1 anti-magie
Alix / Lien / 2 force - 2 anti-magie
Mancinia la motivée / Lien / 1 force - 1 intelligence
Israil (Sherry Shinee) / Lien / 1 charisme - 3 agilité

Ok pour tous
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Dim 09 Aoû 2015, 22:40

Gabriel errait dans les rues d'Utopia comme à son habitude, à l'affut d'informations intéressantes sur les lieux à visiter, les gens à rencontrer, les créatures à éviter ... Il comptait aussi se faire une bonne réserve de flèches, ses aventures au service de Mammon lui avaient appris quelques petites choses, comme le fait qu'il ne fait jamais de mal d'être correctement préparé.
Ainsi, et assez rapidement, il pu se rendre que quelque chose n'allait pas, c'était une première pour lui, la première fois qu'il voyait un soldat dans Utopia. De toute évidence la situation était assez dramatique pour ne pas prendre des gants sur des détails comme "évitons la panique", les choses tournaient assez rapidement en "Les femmes et les enfants suivez-nous, pour les hommes valides, c'est maintenant ou jamais que vous pourrez briller". Sauf que hommes et femmes étaient enrôlés par petits groupes, il faut dire que l'importance du sexe dans une situation de vie ou de mort n'a jamais été une préoccupation primordiale.

Gabriel se sentait électrisé, il avait toujours vécu en reclus au sein de la ville et n'avait aucune affection pour elle, mais la voir ainsi, dans un chaos teinté de peur, il ne pouvait pas réagir, le sang bouillait à ses temps quand il sauta du parapet sur lequel il s'était perché. Il se joignit à l'un des groupes, mené parmi d'autres puis aligné en attente de consignes, ou conseils, ou d'une mort certaine ... La situation ne facilitait vraiment pas la compréhension et la cohue bruyante et frémissante donnait une sensation de troupeau mené par un berger.

Un homme se dressa face à eux, accompagné d'une femme, tous deux portaient une tenue de combat,  et la situation fut ainsi éclairci par un discours patriotique digne ... Des plus grandes apocalypses certainement. Les humains ne se dressaient pas en conquérants, comme à leurs habitude ils n'étaient que des survivants, traqués et massacrés pour la beauté du geste, ou du moins pour des raisons aussi précises que celle-ci.
Plusieurs personnes eurent des frissons, des curieux de passage tentèrent de s'enfuir, mais tout autour d'autres hommes, d'autres femmes se serraient, formant un mur imparable.

L'humanité approchait de son déclin, du moins si elle ne s'unissait pas pour affronter l'ennemi, si ils ne levaient pas la tête avec fierté, regardant droit dans leurs yeux rouges les démons qui approchaient à tire-d'ailes.
Les différents groupes se séparèrent, allant défendre la ville qui les avait accueilli, et leurs rêves d'un avenir plus paisible.

Les murs blancs d'Utopia brillaient d'ors et déjà d'une lueur étrange, sombre, rougeâtre, le soleil se couchait avec lenteur, paisiblement, tandis qu'un nuage noir approchait avec un bruit de plus en plus terrible, le bruit de milliers d'ailes, de griffes, de crocs, de rugissements et une haine viscéral qui accompagnait les assaillants, démoralisant les plus faibles ... Et motivant les plus téméraires qui hurlèrent à l'unisson comme en écho au brouhaha guerrier des hordes démoniaques.

De l'équipement basique fut rapidement prêté aux différentes personnes, Gabriel pu ainsi récupérer des flèches d'une facture bien meilleure que celle qu'il s'était fabriqué ou qu'il avait pu troqué. Des brocards de cuir épais furent aussi distribués, tant pour lutter contre le froid qui menaçait de rapidement se faire ressentir que pour diminuer l'impact d'un éventuel coup de griffe ou d'épée.

Un des commandants inspecta rapidement le rang désormais formé, hurlant quelques consignes de dernières minutes. Gabriel se concentra sur sa part :
"Les archers, sur les murs, dans le pire des cas visez les ailes, les troupes au sol s'occuperont de finir ce qui tombera. Gardez toujours un soldat auprès de vous, il sera votre bouclier et votre épée tant que vous aurez les mains prises."
Plus bas il déclara.
"Et puisse la mort vous être rapide si ils vous atteignent."
La réponse fut sans équivoque, les autres, ainsi que Gabriel, s'écrièrent tous ensemble, d'une voix puissante et confiante.
"Qu'ils essaient !"

Le mur était déjà bondé, une partie du groupe se tenait au bas de ce dernier, de là où il était Gabriel ne pouvait pas voir ce qu'il en était des portes et de la partie extérieure de l'enceinte, mais à vue d'oreilles il était évident que des défenseurs s'y tenaient prêts. Il ne restait plus que quelques instants avant que les premières flèches ne soient décochées, Gabriel n'avait pas le temps, ni la place, de s'installer au niveau du mur, il décida donc d'improviser et de faire ce qu'il faisait le mieux dans cette ville : Escalader et se faufiler pour profiter de l'effet de surprise.
Tant pis pour la protection d'un éventuel soldat, il lui faudrait faire sans ... Et s'assurer de ne pas en avoir besoin.

Les battements d'ailes se firent assourdissants, des volutes de sables tourbillonnaient avec intensité, la ville entière était prise dans une tempête, mais les tempêtes de sable sont rarement aussi mortels et les humains, bien qu'habitués à les affronter n'avaient que peu l'habitude de faire face à une horde enragée de créatures ténébreuses.
Beaucoup hésitèrent, manquèrent leurs coups, mais les soldats étaient là pour épauler, guider et protéger, bien des démons furent jeter au sol, et effectivement achevés, par l'épée ou par la lance, mais toujours de part-en-part.

Gabriel était en haut d'un toit, sa vision était limitée par les bâtiments adjacents mais d'un autre côté il n'était pas non plus au beau milieu d'un terrain découvert, la position était parfaite pour des tirs directs. Il resta un instant les yeux fermés, écoutant les cris guerriers des deux camps, le fracas de l'acier, le bruit de la chair taillée ou broyée. Il resta ainsi immobile, essayant tant bien que mal de se défaire des sons alentours, des mouvements alentours, pour ne se concentrer que sur ce qu'il pouvait atteindre ou ce qui pourrait l'atteindre.

Lorsqu'il rouvrit ses yeux bleus-gris le jeune homme pouvait voir clairement, malgré les flammes, malgré la pénombre, il était déjà habitué à ces lueurs et parfaitement concentré. Il n'entendait que les bruits proches, des pas lourds, des râles. Il ne voyait que les silhouettes massives des êtres ailés, se concentrant plus encore sur ceux qui tentaient d’atterrir, confiant de leurs rapidité, de leurs force et surtout confiant d'avoir passé le plus difficile.
L'arc bandé, le souffle calme, Gabriel se contenta d'indiquer à la flèche sa cible, après un instant, lorsque les genoux de la créature se plièrent à l’atterrissage il décocha, visant le front de la bête... Mais viser n'est pas toucher ...

La flèche était un peu plus lourde que celles de Gabriel et sa trajectoire en fut plus courte, de peu, car elle termina sa course dans la gorge du démon, qui se mit à pointé un doigt accusateur en direction de l'archer, hurlant, ou plutôt essayant d'hurler, avec rage dans un borborythme sanglant.
Une autre flèche était déjà apprêtée et un autre démon en fit réception, cette fois celui-ci y perdit un oeil, mais cette blessure était loin d'être mortelle, le jeune humain en avait conscience, et le temps que le dernier globe oculaire valide de la créature se tourne vers lui il était déjà ailleurs.

La défense était acharnée mais les démons se déversaient comme un flot de goudron, pourtant personne ne reculait, le mur tenait, les maisons brûlaient, mais aucune once de terrain n'était cédée. Des piquiers avaient rejoins les archers, bardant le mur de pointes létales, l'hérissant comme un dernier accueil pour les envahisseurs qui se fracassaient plus que de raison contre la pierre afin d'éviter d'être empalés, tandis que leurs chutes étaient saluées par des cris féroces en provenance des défenseurs aux pieds du mur.

Gabriel se faufilait désormais dans les ruelles, décochant lorsque les moments étaient opportuns, égorgeant lors de rencontres inopportunes. Les démons étaient enragés, aveuglés par une haine féroce. Aucun d'eux ne semblait se soucier de ses camarades, ils étaient là pour tuer, pour massacrer, et certains laissent même tomber leurs armes pour se saisir à pleine mains de leurs adversaires, les broyant, piétinant, mordant ou déchirant au gré d'une colère brûlante.
Au coeur de cette bataille, tandis que les hurlements vindicatifs se mêlaient aux murmures d'agonies, personne ne prêtait attention à la menue silhouette qui passait d'un cadavre à l'autre, se glissa dans les fissures des murs, se hissant sur les toits, retombant prestement sur un démon qui, après la chute, ne se relevait pas, la nuque perforée par un couteau. Des flèches volaient de temps à autres, généralement à courte distance, tant et si bien qu'il était difficile d'en trouver la direction, et personne n'avait réellement le temps de chercher car une lame ou une pique pouvait facilement se loger dans un organe vital tandis que le regard vagabonde.

Gabriel s'approcha lentement du charnier, les démons étaient encore trop nombreux, beaucoup trop nombreux, et les défenseurs allaient plier, si ils ne le faisaient pas déjà. Les bêtes démoniaques étaient désormais dans les rues, plus aucun lieu n'était réellement sûr, les défenseurs étaient pris en tenaille, se battant avec la rage du désespoir, avec patriotisme, peur, ou même une simple envie de survivre. Il était question de renforts, mais quand viendraient-ils ? Depuis combien de temps cette bataille faisait rage ? Le sable était carmin, le soleil ne brillait déjà plus, les gens combattaient à la lueur des flammes, se servant de la destruction de leur demeure, celle d'un voisin ou d'un ami, pour voir, voir les ombres noires qui défilaient, tombaient, tuaient.

Le jeune homme était désormais rabattu dans la mêlée, luttant avec les autres, escaladant ce qu'il pouvait pour avoir une ligne de mire dégagée. Les soldats faisaient un travail remarquable, bloquant le gros des troupes adverses tout en faisant un rempart de leurs corps drapés de cuir et métal.
Les lueurs s'intensifièrent, de plus en plus, tandis que les mourants hurlaient, priaient, pleuraient ... Et se réjouissaient. Quelques anges venaient d'entrer dans l'équation, gardiens de pauvres hères qui rendaient leurs derniers souffle.

Les démons étaient toujours aussi impitoyables, essayant d'avancer, de massacrer. Leur objectif n'était pas tant d'entrer dans la ville que de massacrer, tant qu'il resterait quelqu'un dans la ligne de défense ils s'acharneraient dessus ... Avant de passer à la partie la plus tendre du morceau ...
La dernière flèche de Gabriel fut décochée en vain, il était épuisé, la masse de défenseurs le serrait, le ballotait, reculait avec lenteur, avançait par instants. Il ne s'en rendait pas compte, il ne voyait pas, mais peu à peu il se détachait du groupe, jusqu'à être isolé.

Le jeune homme était désormais dans la pénombre, le regard embué par la sueur qui ne cessait de couler, il avait envie de retirer son brocard, envie de s'allonger, envie d'abandonner. Les lueurs s'éloignaient, tout en gagnant en intensité. Il y avait déjà tant de morts ? Ou était-ce les renforts ?
Gabriel aurait pu le savoir, il aurait pu voir la fin de cette bataille, il aurait pu fièrement rejoindre les autres, et peut-être même être récompensé ? Il s'était battu, il avait été, durant ces instants, un assassin, profitant de l'agitation pour achever, frapper, surprendre, divertir ... Il l'avait été ...

Désormais il était inconscient, un coup sourd, un simple coup, brutal, dénué de pitié et de douceur, un coup unique, précis, parfait, avait suffit à le stopper. Il ne prendrait plus part à cette bataille, il ne pourrait plus aider ses compagnons humains, la suite des événements n'était plus entre ses mains, si elle l'avait déjà été.

"Pas si vite ..." C'était tout ce qu'il avait pu entendre, du moins il voulait s'en persuader tandis qu'il sombrait rapidement dans l'inconscience, oubliant la bataille, la fatigue, la douleur, les lumières, les morts, les cris, les enjeux ... Et le nom qui venait d'être prononcé. Le sien ? Gabriel ... Ce n'était pas lui, ça ne pouvait pas être lui, il avait dû mal entendre, ça ne pouvait en être autrement ...


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Dim 09 Aoû 2015, 23:08


Je regardais la cité s’embraser de colère à la portée de cette chose destructrice volante qui m’était totalement inconnue. Leur existence ne s’était jusque-là présentée que sous forme de légende et de conte d’enfant que je racontais tard dans la nuit à mes enfants.  Ana, ma femme, en profitait souvent pour me disputer à ce sujet, comme quoi il fallait éviter de les effrayer avant de s’endormir. J’écoutais qu’à moitié car je savais que mes filles, aussi petites soient-elles, étaient fortes de caractère et la peur pourtant instruite dans ces histoires ne faisaient qu’agrandir leur soif d’aventure et de conquête. Aujourd’hui, je regrettais la plupart de ces histoires à dormir debout, j’aurai préféré les conter à mes enfants plutôt que de les vivre réellement. Mon roi nous remerciait de rester, mais je ne pensais qu’à ma femme et à mes filles égarées loin de moi. Je quittais le groupe pour rentrer chez moi, alerté par la crainte de les perdre.

La peur coulait dans mon sang qui s’agglutinait dans l’aorte, mon cœur battait à en rompre la cage thoracique. J’étais un homme bâtisseur, ma force employée n’était là qu’à seul but de nourrir ma famille et non pas de protéger une ville contre des envahisseurs. Je ne me souvenais que trop bien des événements d’antan, quand les hommes morts marchaient à nos côtés et voulaient nous déguster. C’est d’ailleurs à ce moment de ma vie que je rencontrais ma femme avec qui je me suis marié il y a quelques années de cela. Ma famille était mon tout, mon bijou. Je courrais dans une des rues étroites menant à notre appartenant : celui-ci n’était pas au rez-de-chaussée, mais au sous-sol et on profitait chaque jour du lever et du coucher de soleil dans l’horizon lointain du Désert. Je déverrouillais prestement la porte et pénétrais notre salle à vivre avec une peur sans nom. La porte se referma lourdement derrière moi, à cause d’un coup de vent provenant d’une petite fenêtre laissée ouverte quand mes filles rentraient. Elles étaient d’ailleurs là et me sautèrent dans les bras. Je les accueillis avec soulagement, un poids disparut en même temps qu’elles m’embrassaient joyeusement les joues. L’heure n’était toutefois pas à la rigolade et je me pressais pour aller les cacher. « Gwenaëlle, Kyril, vous allez rester sagement dans votre chambre en attendant que j’aille chercher votre mère, d’accord ? Je ne veux pas vous voir sortir dehors… Sinon fessées pour chacune de vous cul nu. Vous m’avez compris ? » - «  Que se passe-t-il papa ? » J’embrassai son front. « Vous restez ici, je ne vous ai pas entendu dire oui ? » Elles acquiescèrent non sans éprouver une certaine incompréhension.

Je quittai la chambre et m’en allais quand j’entendis un cri. Je pris mes précautions. Ana avait soigneusement rangé le couteau légué par son protecteur car elle estimait ne pas en avoir besoin. Jugeant utile de retrouver l’arme, je me précipitais vers le cagibi où on rangeait nos viandes salées. Je poussais quelques vieux jambonneaux quand j’en sortis une hache qui me faisait penser à celle d’un bucheron. Me rappelant son origine, je ne pus me demander qu’est-ce que le protecteur d’Ana pensait en lui offrant une telle arme. Je la pris près de l’acier en effectuant quelques mouvements du bras pour me réchauffer le muscle. Je lançais un dernier regard vers la porte close de la chambre de mes filles quand je me mis à courir en dehors de l’appartement. Je remontai les marches quand j’accueillis ma femme et tous ses fruits dans les bras. Elle tomba lourdement, pressée elle aussi par le conflit. Quand elle vit qui j’étais, elle m’embrassa le front et les lèvres. « Dieu du ciel, tu es là. Que comptes-tu faire Gabriel ? Que fais-tu avec une hache ? Celle de mon protecteur en plus ? » - « J’allais te chercher… Les filles sont en sécurité dans leur chambre et toi tu vas les rejoindre de ce pas ! » Je lui laissai le passage sans lui donner le temps de ramasser les victuailles. Elle se tint contre moi. « Je ne sais pas où tu vas et … Tu n’iras pas. » - « Ecoute… Vous êtes maintenant réunies et moi, j’ai un Roi qui demande de l’aide. » - « Mais, tu n’es qu’un bâtisseur ! » Elle ne blessa pas ma fierté contre toute attente.

Je l’embrassai une dernière fois avant de rejoindre l’un des groupes mené par une femme aux nombreuses cicatrices et d’un ancien boucher devenu soldat. Je le connaissais car ma femme venait lui acheter son jambon, le meilleur de la région disait-il à chaque fois. « Vifrouge ! Mon vieil ami, tu marches à nos côtés aujourd’hui ? » Si il portait la tenue des soldats du roi, son visage était resté rouge comme le soleil et son ventre aussi gros qu’Ana enceinte. « Ils t’ont cueilli pour tes qualités d’esprit ou de boucher ? » plaisantai-je. Les nuages noirs de ces monstres s’avançaient, sans doute au même rythme que nous. « Haha, pour les deux, vieux cochon ! » J’avais entendu que son commerce avait fermé, ce pourquoi sa femme l’avait ensuite obligé à choisir la voie de l’armée du Roi Kennedy. Nous rejoignîmes une sortie de la ville en passant par les caravansérails regroupés autour de cette porte. Les hôtes et habitants avaient déjà déserté les lieux pour se cacher derrière les remparts gigantesques de la ville. « Bientôt, ils piqueront vers nous comme des moustiques. Notre force les obligera à descendre, personne ne peut voler aussi longtemps jusqu’à Utopia. » Une marée au loin, brisée par l’illusion de la chaleur du soleil sur le Désert, s’avançait en-dessous de cette ombre grandissante à nos Portes. « Là-bas, qu’est-ce ? » Un des membres du groupe sorti de sa besace une Longue vue et cria aux deux chefs du groupe : « Il y en a à terre ! Il y en a à terre ! » La femme demanda à voir et vit. Sa face blêmit malgré la chaleur jusqu’à ce qu’une autre escouade nous parvienne. « Non, ils ne sont pas au sol, que dans les airs. » intervint un garde très sûr de lui. « Le Désert est un miroir pour ceux qui l’ignorent encore. » tonna la femme aux cicatrices. Nous étions heureusement plus nombreux qu’au début. Ils allèrent devant nous, je pense que nous étions simplement là au cas où ces barbares seraient trop nombreux. Je lançais un regard un mon vieux copain et en profitais pour lui dire « Quand je serai dans l’Au-de-là, j’espère que tu viendras me cuisiner un bon goulaj comme je les aime. » - « Tu me prends pour ta femme ? » Je haussai les épaules avec un grand sourire. « C’est ce que j’aurai aimé lui dire. »

La bataille éclata quand les volatiles descendirent en pique vers nous. L’escouade s’était formée devant nous et on nous avait donné l’ordre de garder la porte fermée. L’horreur du spectacle me dégoûta de ces créatures abondantes. J’eus l’intime conviction que ma hache allait goûter le sang d’un de ces enfants du Diable car bientôt, je la levai pour protéger l’ancien boucher. Le cri de la créature quand son aile fut réduite à la décapitation me remplit d’une sûreté que nul ici ne put égaler. Je courus hache levée vers un autre volatile quand un de ses congénères s’abattit lourdement sur moi. Je percevais dans son regard l’envie assassine de nous détruire jusqu’au dernier quand la femme aux nombreuses cicatrices usa de sa lance pour percer le cœur du démon. Je me relevais en poussant le cadavre sur le côté et je me mis à gronder quand l’une de ces bestioles attaqua un garde. Plusieurs coups de hache s’abattirent sur le crâne noir du monstre. Un liquide d’une texture peu habituelle en sortit. Je me hâtai de reprendre la course contre la montre car ma force alimentée par l’adrénaline du combat allait tôt ou tard s’estomper. Sans l’aide et la présence des autres citoyens d’Utopia, soldats ou civils, je me serai fait tuer à plusieurs reprises car ma garde peu expérimentée alors me desservait plus qu’autre chose. Je finis toutefois dans un sale état et toutes mes cicatrices ne furent pas l’œuvre d’un de ces démons. Je dus remercier mon ancien boucher pour l’entaille dans le dos et un autre homme pour le mal de crâne épouvantable acquis après un assommant coup porté à la tête. Quand je repris mes esprits, je fus heureux d’imaginer la tête de mes filles une fois rentré à la maison.



Mots = 1 432

Gabriel Vifrouge
Gains : 1 pt Agilité, 1 pt Intelligence, 1 pt Charisme, 1 pt Anti-magie

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2292
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Jeu 13 Aoû 2015, 12:12

Ciel-Ouvert était un peu à cran ces temps-ci, et surtout horriblement ennuyeux. Depuis le début des conflits, les Marcheurs étaient indécis quant au protocole à suivre : certains suggérèrent de monter des expéditions un peu partout, afin d'en venir en aide aux agressés, d'autres préféraient conserver leurs ressources en vue d'assurer leur survie tout le long des évènements. Quelques uns proposèrent de faire des prisonnières ondines pour faire pression, mais cette solution s'avéra désuète de jour en jour, au fur et à mesure qu'on glanait de nouvelles informations. Et au final, les Guides demeurèrent formel : cette catastrophe n'avait rien à faire avec les soucis de la Marche Terne tant qu'elle ne se sera pas étendue jusqu'à l'Edelweiss. Et de ce qu'on savait, les ondines se contentaient de massacrer les terrestres et les alfars en faisaient de même avec leurs statues… Bref, pas de prisonniers à libérer. Toutefois, la liberté de chacun était en péril si l'invasion se prolonge, on autorisa alors quelques expéditions pour ravitailler le front, histoire de s'assurer que les défenseurs de la paix règlent ce problème mondial une bonne fois pour toute. Pas question de laisser les frontières s'écrouler par dizaines pour satisfaire l'égo de certaines couronnes.

Dans le lot, comme dit plus haut, Alix trouva cette situation ennuyeuse. En tant que petite de huit ans, elle fut naturellement enfermée dans ses appartements à Vigilante, là où dormait également Prune, mais celle-ci était à Mégido ces temps-ci. Et avec Anita pas encore rentrée du Cœur bleu, Galick qui est parti avec Thémis régler un peu le bordel, Léto et son papounet toujours pas rentrés du Port… Elle s'ennuyait et s'inquiétait. Elle voulait aussi participer, se battre. Quand même, elle était bientôt adolescente, et donc bientôt adulte ! Ce n'était pas rien ! Mais elle n'avait pas encore sa propre arme… Son papa et le berserker lui avaient assurés qu'elle finira bien en avoir une lorsqu'elle sera capable de la soulever, pour l'heure elle devait se contenter de son épée en bois. Il n'y avait rien d'excitant à balancer la lame enfantine dans le vent, éloignée de tous, alors que l'extérieur grouillait de possibilités en ces temps de guerre. Elle s'imaginait souvent parée d'une armure, à la tête de cent hommes, aux premières lignes afin de mener une charge héroïque contre les envahisseurs. L'humaine soupira et balança son jouet sur le lit ; ce n'était possible que dans les contes qu'elle pourrait être une grande guerrière. Elle s'accouda à la fenêtre, une vue imprenable sur le quartier Ode s'offrit, où chaque Marcheur ne lambinait pas sur l'effort de guerre… Ce n'était pas juste, elle aussi était une Marcheuse.

Discrète comme un serpent, la petite brune s'extirpa du château pour aller au quartier Aria, personne ne faisait attention à elle car presque tout le monde ignorait son existence. Là-bas, Alix trouva l'une des expéditions de la journée. En écoutant leur conversation, les Marcheurs, au nombre de trois, étaient des humains – ce qui était relativement rare pour être souligné – et comptaient passer par Utopia. Oberon lui avait parfois parlé de la cité des humains mais elle n'y était jamais allée. Ils vont rentrer à Ciel-Ouvert après, alors il n'y a rien de mal ! Se convainquit-elle, de toute sa naïveté d'enfant. Elle se glissa donc aisément entre les cargaisons et resta cachée tout le long du voyage, se servant dans la nourriture pour subvenir à ses propres besoins. Elle dut faire des efforts incommensurables pour ne pas se faire griller, surtout à partir du moment où ils franchirent la frontière du Désert, un changement climatique trop brutal pour qu'elle le supporte. Petiote se battit donc très longuement contre sa propre faiblesse et l'attente, jusqu'à que le chariot s'immobilise. Elle jeta un coup d'œil et découvrit un tout nouvel environnement, ainsi qu'une assemblée. Ses yeux métallisés papillotèrent à la fois sur l'intérieur de la cité humaine et sur le souverain en armure qui prenait la parole. Le Roi ! S'émerveilla-t-elle, peinant à croire qu'on la comptait parmi des volontaires prêts à défendre la ville. Apparemment, des démons comptaient les attaquer, c'était l'occasion ou jamais de prouver qu'elle était forte, indépendante et surtout plus une enfant !

" Il fait trop chaud ! Finit-elle par se plaindre, à moitié étouffée, en sortant d'un coup de sa cachette, comme un paquet surprise qui venait de s'ouvrir. Les Marcheurs se retournèrent, surpris, et écarquillèrent devant le spectacle que leur offrait la petite humaine.
- Qu'est-ce que tu fais dans notre chariot toi ?! Fous le camp ! Lui somma l'un d'entre eux, convaincu qu'elle n'était qu'une voleuse.
- Attends un peu… " Un autre sembla la reconnaître, mais elle avait pris ses jambes à son cou bien avant qu'il puisse s'assurer de quoique ce soit.

Son écharpe rouge vola au gré du vent lors de sa course, Petiote ne savait pas trop où elle allait, mais loin des Marcheurs pour le moment semblait être une bonne idée. Les autres humains ne faisaient soit pas attention à elle, soit pensaient à un mirage tellement son passage semblait improbable ; les esprits étaient de toute manière exclusivement focalisée sur l'attaque à venir. Et le pire dans tout ça, c'est qu'Alix s'était malgré elle décidée à sortir d'Utopia. Elle fatigua bien vite avec cette chaleur et cette fuite, ses petits pieds s'arrêtèrent alors entre deux cargaisons d'armes, avec une vue imprenable sur le champ de bataille : les démons se rapprochaient petit à petit et les humains étaient prêts à les recevoir.

Insouciante du danger et de l'horreur de la scène, Alix vit l'occasion d'assister à une bataille en vrai, comme dans les livres ! La petite ne pouvait rater ça pour rien au monde. Elle déambula derrière des barricades, des piles de caisses et de tentes, pour trouver un meilleur angle de vue sur le terrain. Elle repéra alors une tour d'archer, exactement ce qu'il lui fallait : en hauteur, elle ne pourra absolument rien rater. Toujours aussi courageusement stupide, ou stupidement courageuse, Petiote monta à l'échelle, l'effort lui demanda plus d'énergie qu'elle ne le pensait, et de temps également. Mais au moins, elle arriva jusqu'en haut et ne fit même pas attention à l'archer posté, son attention était toute offerte à la bataille. La distance l'empêchait d'avoir de gros détails sur les démembrements, le flot de sang, mais les hommes et femmes n'en tombaient pas moins, et les cris étaient audibles à des kilomètres à la ronde. Alix était indécise face à ce spectacle, c'était moins épique que ce qu'elle aurait cru… Alors qu'elle commençait peu à peu à découvrir la réalité des choses, l'archer se rendit compte de son intrusion.

" Q-Qu'est-ce que t— ? " Grave erreur : les démons volaient comme des nuées de rapaces, cette simple seconde d'inattention fut fatale pour l'humain qui se fit emporter par l'une des incarnations de l'Enfer.

L'action se déroula si vite qu'Alix en perdit l'équilibre et chuta. Heureusement, il n'y avait que du sable en-dessous, elle fut donc assez bien réceptionnée. Après avoir toussoté quelques secondes pour faire expatrier les grains de sa bouche, elle se releva et fit face au cadavre de l'archer. Il avait de multitudes lacérations sur tout le corps, son armure était percée, son expression caractérisait l'horreur dans toute sa grandeur, et puis le sang un peu partout fut la cerise sur le gâteau ; l'une des plaies laissait entrevoir très légèrement sur ses entrailles. Petiote resserra son écharpe sur sa bouche et son nez, l'odeur n'était clairement pas agréable. C'est donc ça un mort… Elle fixa une bonne minute le macchabé, imaginant son père à sa place, qui a dû finir dans le même état par le passé…

Puis elle remarqua, face à elle, un démon. Il était très petit pour un monstre, il devait avoir quoi, treize ans ? Un enfant-soldat en gros. Les ailes noires, les crocs rouges et le regard perçant n'en restaient pas moins fidèles aux livres : effrayants. Les yeux de l'humaine s'attardèrent alors sur le fourreau d'une dague de l'archer ; une goutte de sueur perla son front à cette perspective. Elle ne se pencha pas moins, sous l'influence de la panique, pour attraper le manche et retirer la lame. En se redressant, Alix remarqua à peine le sourire macabre du démon qu'il s'était déjà rué sur elle en planant en sa direction, l'arme au poing. Elle l'évita de justesse en se jetant par terre. L'humaine se releva et, une fois de plus, dut pivoter pour éviter la charge. La troisième fois, c'était son trébuchement dans le sable qui lui sauva la vie. Le démon semblait vouloir s'amuser avec sa proie, Petiote n'était pas à son avantage dans le sable, elle peinait à se battre et garder l'équilibre. C'est uniquement grâce à son éclair de génie qu'elle put tirer parti de la situation : au moment même où son adversaire chargea une nouvelle fois, elle se positionna sur le cadavre de l'archer, là il fut plus facile de poster ses pieds et elle tenta donc d'imiter l'une des attaques de Galick pour contre-attaquer. Ce n'est qu'avec la surprise que le démon fut touché par la dague, la blessure était suffisamment profonde pour le faire fuir, sa main libre tentant de ralentir l'hémorragie. Le mouvement avait, en fin de compte, également fait perdre l'équilibre à Alix qui s'écroula dans le sable. Elle resta là, allongée, le visage face au mort. Elle s'était sentie très courageuse, mais elle n'en avait pas moins eu une peur bleue ! Des bruits de pas la firent se redresser rapidement, les doigts resserrés sur la dague, le danger la guettait à présent dans cette étendue ensablée, les combats n'étaient plus une fantaisie pour elle. Fort heureusement, ce n'étaient que les Marcheurs de tout à l'heure qui apparurent ; ils en avaient terminés ici, même si la bataille continuait à côté, ce n'était pas la leur, ils n'avaient fait que d'offrir du ravitaillement aux humains et c'était suffisant. L'un d'entre eux l'aida à se relever, les autres fixèrent le cadavre de l'archer.

" Pauvre petite, tu n'aurais pas dû assister à tout ça…
- J'ai vu pire. Une petite pause s'ensuivit, tandis qu'elle remettait son écharpe sur la moitié inférieure de son visage. Comme le fantôme de mon père. Ils restèrent alors un instant silencieux, Alix déposa la dague sur le cadavre, en guise d'hommage ; même à son âge, elle était déjà si proche des morts. Vous pouvez me ramener à la maison ?
- Bien sûr, tu pourras te vanter d'avoir tué un démon. " Plus loin, le cadavre de l'enfant démon était criblé de lames, achevé par la main des Marcheurs ; une proie facile grâce aux efforts de Petiote. On lui fit croire assez aisément que c'était la blessure qu'elle lui avait infligé qui eut raison de lui ; ils préféraient encore la bercer d'illusions et admirer son sourire plutôt que de la confronter davantage aux horreurs de la vie.


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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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Mancinia Leenhardt
Lun 07 Sep 2015, 23:37

Mancinia avait mit des semaines à revenir chez elle et, surtout, à cause de son détour imprévu par le Temple de Drejtësi, elle avait perdu plusieurs heures à errer dans le Désert. La nuit n'avait pas égratigné sa motivation et lorsque les premiers rayons réchauffèrent l'atmosphère, un sentiment de quiétude s'empara de son être. Au diable sa fatigue, elle n'existait que dans sa tête. L'Humaine serrait délicatement sa lance dans sa main, palpant les gravures argentés qui agrémentaient la hampe de cette dernière. Un ouvrage magnifique, un cadeau de l'Aether, qui semblait avoir confiance en sa personne. Souriante, elle ne faisait plus attention à la fatigue qui s'abattait sur ses épaules et Kamiya lui servait de guet pour voir les dangers aux alentours. Rien ne pouvait échapper à sa vue perçante et cela lui permettait de penser à autre chose. Cela faisait un moment que la jeune femme ne s'était pas sentie aussi sereine. Elle s'était réfugiée dans une certaine morosité après les derniers événements qu'elle avait traversés, mais quoi de plus normal ? Tout tremblait, tout semblait en proie à la folie, le monde paraissait partir en vrille. Quelle époque ne vivait-elle pas, mais n'avait-elle pas l'habitude ? Les Humains étaient tellement plus malins pour survivre comparés à d'autres races, ce serait sans doute eux qui s'en sortiraient le mieux.

S'aidant de sa lance pour avancer, elle vit qu'il ne lui restait plus qu'à gravir un monticule de sable avant d'être au plus près de sa ville et de la voir dans son ensemble. Mancinia espérait vaguement que les murailles ne s'étaient pas effondrées, ce serait une véritable catastrophe au vus des rumeurs qu'elle avait entendu avant de s'égarer. Et de ce qu'elle avait vu. Depuis le temps que les tensions s'échauffaient entre les peuples, surtout ceux à la rivalité ancestrale, la guerre revenait finalement, apportant avec elle ses promesses de jours sombres. Si la jeune femme avait côtoyé la violence, le sang et la mort, la guerre représentait pour elle un tout autre visage. Elle apportait son lot de ruelles teintes de rouge, de viols ou de pillages de villages et de villes conquises, la peur constante de s'endormir pour ne jamais se réveiller, des milliers de bâtiments détruits par les flammes et des hommes devenant des monstres sans remords. Un frisson lui parcourut l'échine. Des Statues qui marchent au nom des Alfars ! Rien que d'imaginer ces choses aux abords d'Utopia lui faisait dresser les cheveux sur la tête. Elle en avait vue une et c'était une de trop. Comment pouvait-on mettre au monde des aberrations pareilles ? Et que dire des Masques d'Or ? Abominables. Rien d'autres ne lui venait à l'esprit. La magie pouvait être magnifique, mais elle était tout autant maléfique.

Souvent, elle avait regretté de ne pas savoir la maniée et de vivre en paix, mais au fond d'elle-même, être une Humaine qui détruisait ce mal la ravissait...Kamiya se redressa sur son crâne, essayant de ne point blessé son cuir chevelu et pris son envol pour s'assurer que tout allait bien aux alentours. Il dû rester une minute dans les airs avant de redescendre vers elle dans des battements d'ailes furieux. Coassant, cette demande était muette pour lui dire de presser le pas, car quelque chose n'allait pas. Parvenant au sommet du monticule, elle comprit. Il y avait de larges colonnes de fumées noires qui s'élevaient dans le ciel à travers la ville entière. Comme elle le craignait, Utopia n'avait pas été épargnée par les récents événements et des incendies avaient sûrement éclatés. Les sols sablonneux faisaient preuve d'instabilité soudaine en cas de secousse et, désormais, ils vibraient durant plusieurs minutes et plusieurs fois dans la même heure. Elle essayait d'aller aussi vite que ses pas le lui permettaient jusqu'aux portes de la ville, se pressant avec un cerveau qui craignait ce qu'il verrait. Utopia fourmillait d'une intense activité, alors que les Officiers répartissaient leurs hommes en braillant des ordres à peine audible par-dessus le vacarme assourdissant que produisaient des dizaines de bottes de civils. Sans doute évacuaient-ils des endroits peu sécurisés ?

Une vision horrible que de voir cela à nouveau. Le coeur serré, Mancinia courait pour atteindre sa maison et se mit à tambouriner sur la porte avant d'exploser le battant à coup de pied. L'endroit était désert, vidé de toute chaleur et délesté de quelques objets importants. Sa mère n'était pas là. Connaissant ses relations, ils étaient venus la chercher pour l'emmener dans un lieu sûr. Une chance. Regardant autour d'elle se qui se tramait, l'Humaine se dit qu'elle irait bien aider à endiguer les incendies, mais Kamiya refusait qu'elle aille dans des endroits aussi dangereux et l'incitait plutôt à prendre la fuite. Elle lui pointa le bout de sa lance sous le bec en lui disant qu'elle en avait un peu marre de détaler sous prétexte d'un risque de brûlure, avant de se mettre à galoper, suivie de compagnon qui demeurait silencieux, avec un air bougon. Arrivant à une intersection, elle se heurta à une personne vêtue d'une armure, ce choc lui fit affreusement mal à l'épaule, mais ce n'était rien en comparaison du soldat qui perdit l'équilibre et s'étala face contre terre, sous les rires gras de certains autres. Mancinia restait muette de stupéfaction en constatant que ce simple heurt eut envoyé un homme entraîné baladé dans le sable.

Eh, toi, là ! l'interpella quelqu'un. Oui, toi, la femme ! Qu'est-ce que tu fous ?! Ne reste pas dans le passage à m'abîmer le peu de recrues qu'on trouve !
Je viens seulement de revenir en ville ! expliqua-t-elle en aidant l'homme à se relever. Que se passe-t-il exactement pour que vous mobilisiez autant d'hommes ?

Celui qui l'avait hélé l'observait, décontenancé de sa réponse. Il était grand, bien bâti, vêtu d'un casque où dépassaient deux petites tresses noires et un regard ambré qui lui lançait des éclairs, sa cape était d'un noir de jais et son armure était plus sombre qu'à l'ordinaire. Lui ne s'effondrerait pas pour un coup mal placé et serait capable de lui arracher la jugulaire avec les dents si elle tentait quoi que ce soit. Cet inconnu avait envie de lui dire des choses peu agréables, cela se voyait, mais il parvint à se contenir.

Tu... ! Bon, le Roi à besoin de toute les personnes valides et qui savent utiliser leurs dix doigts pour repousser ces chers Démons. Ils seront sur nous dans les Aetheri savent quand. Voilà tout ce que tu dois savoir ! Tu sais utiliser un arc ?
Non.
Humph, soupira-t-il. Tu sais faire quoi, alors ?
J'ai ça.

Mancinia lui montra sa lance qu'elle tenait en biais devant elle, les hommes et femmes qui l'entouraient ne purent cacher leur émerveillement. L'homme, qui devait le nommé de la troupe, eut un air satisfait.

Sache que tu dépends désormais de l'armée et que même si c'est provisoire, tu dois suivre les commandements de tes supérieurs, compris ?
Compris.
Bien. Une troupe est composée de trois archers et de deux à trois fantassins qui défendent leurs côtés. C'est peu, mais on ne sait faire mieux. Vu qu'on manque de conscrits, tu viens avec nous.

Approuvant cette nomination d'un signe de tête, Mancinia fût enrôlée sans plus de cérémonie au sein de cette formation disparate et on lui octroya une cotte de maille légère qu'elle mit par-dessus ses vêtements - et c'était un peu serré au niveau de la poitrine - ainsi qu'un casque. De quoi lui permettre de prolonger son espérance de vie de plusieurs minutes, c'est ça ? Et ils se remirent en route, dans le silence. Même les bruits ambiants devinrent plus ténus à ses oreilles tant la tension qui régnait était colossale. Kamiya vint virevolter près d'elle, sans souffler mot, fusillant du regard quiconque observait sa maîtresse de travers. Ainsi, on venait s'en prendre à eux, à nouveau ? Les Démons assiègent les autres dans le malheur ? Et bien, l'Humaine espérait que leur Volcan leur exploserait à nouveau dans la face. Certes, elle n'avait connu les Démons que dans les légendes, sa route n'en avait jamais croisés aucun. Et c'était tant mieux, car soit elle serait esclave, soit morte. Se battre était la seule solution, car ils ne pouvaient pas négocier avec des bêtes féroces. S'ils voulaient résoudre cela sans la moindre violence, c'était très simple ; il suffirait de laisser les portes ouvertes. En échange, ils s'empareraient de tout. Tuant les hommes, violant les femmes, réduisant les enfants en esclavage. Voilà ce que voulait dire la guerre, maintenant, elle allait le mettre en pratique.

Les archers, avec moi sur les toits ! dit le Sergent. Évitez de vous mettre sur la muraille, où ils vous choperont aussi sec ! Allez, tas de feignasses ! Ces Démons veulent la guerre ? Nous allons leur montrer ce que vaux désormais notre armée ! Utopia tiendra coûte que coûte !

Mancinia ne savait pas pourquoi, mais elle commençait à l'aimer ce supérieur hiérarchique dont elle ne connaissait pas le nom. Criant leur motivation en levant leurs armes, ils se mirent en place sur les toits de la ville. Attendant la venue de leurs adversaires. Le premier système de défense de la ville est sa place géographique. La cité est au coeur du Désert et les seuls chemins qui conduisent à la Capitale des Humains passent par de longues heures sur le sable chaud ou glacial. La visibilité permet de voir les ennemis venir de très loin. La muraille ceinture toute la ville leur permet de voir venir les attaques terrestres, mais malheureusement pour eux, les Démons savent venir par la voie des airs. A contrario, la génération des défenses antimagiques de la ville les empêcheraient de se servir de leur magie. Les chances étaient divisées en deux. L'Humaine soupira en observant les entours, elle était dans une troupe de six personnes, quatre hommes et une femme l'accompagnait, chacun des lanciers à une extrémité du toit, observant les alentours tandis que les archers scrutaient le ciel. Pour certains, ce serait leur première bataille, voire leur première expérience du combat. Certains trépignaient d'impatience, d'autres de peur. Le Chef se contentait de leur répondre qu'ils devaient faire de leur mieux, car ils avaient encore du mal à comprendre ce qu'ils leur arrivaient dessus. Il était sur le toit d'en face, à un saut de leur position, mais il restait muet et laissait ses hommes discuter entre eux. Qui sait si cela ne serait pas leur dernière conversation ?

Nous avons été traités comme des moins que rien bien trop longtemps.
Notre Roi nous a donné des armes, il est l'heure de nous en servir !
Notre devoir est de survivre, dit Mancinia. Morts, nous ne servirions plus à rien. Évitez de vouloir faire les sauveurs, cela ne marche pas et vous mourriez bêtement.

Et elle savait de quoi elle parlait, vu l'échec lamentable dont l'Humaine avait fait preuve dans la Forêt des Murmures avec ces deux enfants. Comment allaient-ils depuis qu'elle les avait quittés ? Sans doute en train de s'amuser à décimer une armée...

C'est notre vie, non ? demanda un autre.
Rompre une formation, c'est tuer vos compagnons.
Hey ! Toi, la nouvelle ! Arrête de parler comme si tu savais de quoi tu parlais !
Tu es à Utopia depuis longtemps ?
...Deux ans.
En ce qui me concerne, cela va faire une décennie. J'ai suivis les formations de bases...Et vous ?

Un silence lourd suivit sa question. Elle avait un peu ruinée l'ambiance, mais ils se devaient de rester sérieux ; ils n'étaient pas là pour parler de leurs futurs achats. Même si ses paroles leur avait mit un coup au moral, tant pis pour leur irréalisme sur la situation. C'était des Démons qu'ils allaient affronter, des Démons assoiffés de sang ! Mancinia n'avait pas l'intention de mourir ici, mais elle savait avoir plus de chance que certains d'entre eux. Au bout d'une dizaine de minutes dans le silence et dans l'ombre des toits, quelqu'un désigna le ciel d'une main tremblante et la jeune femme relava son regard vers le ciel ; une nuée. Une véritable nuée noire. Voilà, les Démons étaient sur eux, impossible de se tromper là-dessus. Des monstres hideux avec une face de rats ! Pouah.

Attaque ennemie !
Archers, ripostez ! ordonna le Sergent. Envoyez un message au Palais pour dire que l'ennemi est apparu !
Je commence à douter de notre p*tain de plan.

Cette remarque n'était adressée qu'à Kamiya, qui coassa pour approuver cette dernière. En avait-il seulement un ? Non. Seulement défendre leurs positions, défendre la ville et défendre les plus faibles d'entre eux. En voilà une noble mission que de périr au combat ! Si tu ne veux pas mourir ici, Mancinia, alors bat-toi ! Si la guerre était détestable, ne penser qu'à fuir n'était pas la solution ; elle finirait par tout perdre. Elle se redressa sur ses genoux, saisissant sa lance à deux mains, prête à les recevoir comme il se doit. Une troupe de Démons fondirent sur eux dès qu'ils distinguèrent d'où venaient les flèches, saisissant l'un des archers pour l'emmener dans les airs avant de le relâcher. Bien trop haut pour qu'il puisse y survivre. Ces visions d'horreurs disloquées, apparaissant sous ses paupières lui fit avaler difficilement sa salive et elle se retrouva vite démunie face à l'un d'entre eux. Elle ne devait sa survie qu'à deux autres lames qui venait de le transpercer par derrière pour le désorienter, tandis que sa lance lui transperçait la gorge pour l'achever. En équipe, ils étaient plus forts. Et c'était bien la différence avec des êtres qui ne pensaient qu'à eux. Les attaques se succédèrent, les soldats n'ayant pas le loisir de pleurer les pertes. L'atmosphère était lourde, tous ressentait la pression qui minait leur moral dès qu'un des leurs périssait et que dix démons remplaçaient celui abattu.

Ils...Ils ont brisés les défenses ! hoqueta quelqu'un. Fuyez, fuyez !
Hey, revenez, bande de lâches !

Cette oppressante sensation de mort s'abat sur le corps de Mancinia, lui gèle les muscles et fait trembler ses membres. Qui sait si elle n'était pas la suivante sur la liste ? Est-ce qu'ils allaient tous mourir et être privés de leur avenir ? Elle aussi, elle crevait de peur. Qui voulait s'illustrer maintenant ? Son Chef, lui, combattait vaillamment, bon nombre d'adversaire périssait sous sa lame ; à croire que la guerre était son élément. Sa troupe avait été décimée et elle se battait seule dans le coin, parfois aider de l'un ou de l'autre qui passait par là. Certains abandonnèrent leur position et détalèrent, laissant parfois un camarade en péril. Seuls les Démons restaient plus ou moins unis, ne voulant pas perturber la superbe ambiance qu'il avait créée au sein de la Capitale des Humains. Mancinia ne voulait pas tomber et fit tout pour se défendre, défendre sa position, défendre ses compagnons qui croyaient en leur victoire. Et dire qu'elle n'avait eut que deux Démons par coup de chance ! Se retournant pour voir qui avait besoin de quoi, la jeune femme vit un homme sur le point de se faire embrocher et ne prit pas le temps à la réflexion. Elle s'élança, sautant sur le toit voisin en hurlant ;

pour les humains ! [1]

Sa vue était obstruée, gênée du sable qui se soulève, les ténèbres qui tombent et les fumées qui régnaient dans l'atmosphère, son nez était incommodé par des relents putrides qui s'élevaient dans les airs. Sa fatigue est contrée par l'adrénaline qui s'emparait de son coeur sans cesse et elle eut le réflexe le plus idiot du monde ; foncer dans le tas et ce, pour se prendre un mur. Constatant face à quoi elle se trouvait, elle se retourna pour voir le Démon qui avait délaissé sa proie pour se concentrer sur l'espèce de demeurée qui avait fait cela. Voilà ce qui transparaissait sous le regard de son Chef qui hallucinait de voir tant de bêtise, mais Mancinia était écrasée par l'ombre de sa silhouette colossale qui lui faisait face.

On est dos au mur, l'héroïne ?
Je vais m'occuper de toi ! sourit-elle.

Levant sa lance à la hauteur de ses épaules, elle chargea sur son adversaire qui essaya de la repousser avec son épée, mais à leur stupéfaction commune, l'Humaine le désarma sans cérémonie. Il avait l'air de se reposer plus sur sa magie que sur ses talents de bretteur. Il avait dû avoir son Sergent part effet de surprise. Mancinia ne réfléchit pas plus loin et abattit le talon de sa lame, aiguisé, dans la jambe du Démon qui poussa un cri d'énervement en levant sa lame, mais Kamiya vint lui coasser dans l'oreille pour le désarçonner tandis qu'elle lui collait son pied dans la face. Le faisant tomber à la renverse. Le Sergent abattit alors sa lame rageusement sur le crâne de son opposant, alors qu'il se tortillait au sol, mettant un terme aux insultes qu'il laissait. Posant son pied sur le torse de la créature de cauchemar qui venait de rendre son dernier souffle, tirant brusquement sa lame de se visage méconnaissable. Puis, ce dernier se tourna vers elle tandis qu'ils reprenaient leur respiration. Il secoua la tête.

T'es vraiment imprévisible comme femme, toi !
C'est dans mon tempérament.

Sa manière de le dire, aussi naturellement, fit cligner des yeux à son interlocuteur. Encore un peu et il croirait avoir à faire à une arriérée mentale.

Ton action était stupide et tu aurais sans doute été tuée dans d'autres circonstances !
Il n'y a que le résultat qui compte, non ?
...Ouais, soupira-t-il. Merci, heu...Je ne connais pas ton nom.
Mancinia. Mancinia Leenhardt et voici Kamiya, mon partenaire.
Mancinia l'Imprévisible ? Hum. Ça claque comme surnom.
Et toi, l'Inconnu Noir, ça te va ?
Ah. Je m'appelle Shapûr. Si ont survit à ce délire...Je te paie un verre.
Hey ! rit-elle. Tâche de ne pas l'oublier !

Mancinia le savait, elle avait une chance incroyable d'être en vie. Cette petite conversation anodine lui avait redonner le sourire, mais pour peu de temps ; des bruissements d'ailes convergeaient sur leur position, venant de toutes les directions. Cette situation était vraiment dangereuse car, à eux deux, ils risquaient forts de ne pas s'en sortir s'ils devaient tomber sur une troupe de Démons déterminé à les tailler en pièces. Une sourde panique s'emparait de la jeune femme, sa main tremblait en tenant son arme et Shapûr dû le voir, puisqu'il posa sa main sur son épaule pour l'apaiser. Cette fois-ci, il n'était plus Sergent et elle n'était plus une Enrôlée. Ils étaient camarades de survie.

Replions-nous, dit-il. Nous ne pouvons plus tenir cette partie de la ville.

Seuls des cris démoniaques lui répondirent, mais Mancinia s'élançait derrière l'homme qui lui ouvrait la voie. Ils descendirent de la toiture et se mirent à courir, se repérant à l'instinct, reconnaissant les rues anodines. Dans son ensemble, Utopia était leur maison. Ce terrain leur était connu. Tous les soldats étaient agiles, mais elle devait reconnaître que Shapûr était d'un autre niveau que le sien, puisqu'il saisit son avant-bras pour la faire courir plus vite. Des sagaies s'écrasaient non loin d'eux, qui couraient pour leur vie. Elles se fichaient dans les murs, les toits, se plantaient sur leurs talons, là où ils se trouvaient quelques instants auparavant. Miraculeusement, ils tombèrent sur des alliés et savourèrent leur chance, mais leur sourire de satisfaction s'estompa rapidement lorsqu'un Démon ficha sa lance dans le ventre de l'un de ces soldats. Mancinia fût poussée sur le côté par Shapûr qui s'abattit sur elle, l'écrasant de tout son poids. Cela lui coupa le souffle. Elle eut la vue obstruée durant une minute, mais cela suffit à renverser la situation. Shapûr se redressa en lançant une dague qu'il portait à la ceinture et qui se ficha dans l'oeil d'un des soldats. L'Humaine s'aida de sa lance pour se redresser à son tour, tentant de reprendre son souffle avant de se lancer à l'assaut d'autres Démons.

Après plusieurs minutes d'échanges - où elle ne saurait même plus décrire ses actions tant tout cela se passait à une vitesse hallucinante - Mancinia se rendit compte que cette escarmouche était terminée. Et ils avaient gagnés. Un sang noir d'encre tâchait l'acier splendide de sa lance se mit à dégouliner, poisseux, dans le sable de la ville. Ce qu'elle avait sous les yeux n'était pas beau à voir. Autour de Shapûr, une compagnie achevait leur sinistre mission, qui consistait à nettoyer leur belle rue de toute menace qui oserait y poser le pied. La besogne n'était ni heureuse ni glorieuse, mais ils l'accomplissaient. C'était leur devoir de soldats. S'ils encaissaient ses premiers assauts, les signes étaient évidents ; leurs effectifs ne suffiraient pas à assurer convenablement la défense de toute la ville. Les Démons descendaient en masse et ravageaient tout sur leur passage en se dirigeant vers le Palais. Cependant, cette forteresse ne tomberait jamais entre une horde mal organisée. Du moins, l'espéraient-ils.

Il faut s'occuper de nos morts, dit Shapûr. Si vous n'êtes pas blessé, venez avec moi. Nous allons rentrer faire notre rapport. On pourrait avoir besoin de nous ailleurs.

Il se devait d'agir vite et demanda aux soldats à proximité de sonner la retraite. Ils n'allaient pas abandonner le combat, mais se regrouper pour récupérer leurs forces. La nuit était tombée. Shapûr croisa le regard de Mancinia.

Tu viens avec nous, l'Imprévisible.

L'intéressée ramenait sa lame contre son épaule, contenant sa fatigue et faisait en sorte de maîtriser sa colère qu'elle destinait aux Démons. On sentait son envie de vengeance dans son regard et il n'était pas question pour elle d'en rester là ;

Je vous suis. pour nous ! [2]


3 600 mots

Gains = 1 Point de Force + 1 Point d'Intelligence pour Mancinia. Merci nastae

[1] Pour les Humains
[2] Pour Nous


[LDC Humains] La grande bataille - Event Août Chriss10
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Jeu 10 Sep 2015, 01:37


[ La grande bataille ]

La violence est humaine, mais beaucoup assouvissent ces désirs barbares de manière plus récurrente et plus vicieuse que ne le permettent les morales. Ceux qui s'y prêtent, qui se damnent à ce faire, sont des parjures, de ceux qu'on rejette et qu'on haït pour leurs méfaits. Les démons les premiers, et les hommes viennent ensuite. Ils peuvent s'avérer tout aussi cruels et perfides. Ils n'ont pas de limites, pourvu que la survie soit monnaie sûre et qu'il y ait récompense à la clé. Les morales ne sont qu'une apparence ou alors on s'y accroche de trop. L'on se sacrifie, l'on donne tout ce qui en son pouvoir pour faire aboutir les mœurs ou les faire régner, quitte à risquer sa peau. Les deux camps n'ont de cesse de se confronter, car jamais n'arrivent à un commun accord. Et des vies sont en jeu, et des vies se perdent pour faire tarir ces affrontements. Mais jamais ils ne cessent, et ils ne cesseront. L'équilibre du monde compte sur cette divergence.

[LDC Humains] La grande bataille - Event Août Hiko

« Merci jeune homme. Vous avez le nez pour les affaires »
Souriant et faisant tinter sur la paume du vieillard un denier de plus que la somme exigée, l'homme fit demi-tour pour s'engouffrer parmi la foule négligente du marché. Le marchand oscillait encore de la main que l'orisha se perdait déjà dans un horizon torve et bondé.
« Et que la chance vous accompagne » avait-il hurlé ultérieurement, car les temps étaient sombres, et l'anarchie risquait de s'en prendre aux pauvres qui n'avaient jamais rien demandé.
Des paroles pleines de sens, pleines d'un avertissement bienveillant que l'homme ne put comprendre dans leur intégralité. Elles lui étaient pourtant bien dirigées. Il était sot et simplet. Il s'était coupé du monde, n'ayant où se réfugier. Il était venu chercher l'improbable dans le désert qui l'avait vu grandir, et y trouva un trésor, un coeur pour l'accueillir comme une poche à remplir. La prospérité lui avait sourit, et qui était-il pour ignorer ce geste ? Nouant quelques affinités par son dur labeur, il avait comblé ce que ses origines ne lui permettaient pas, et son charme n'y ajouta que bon nombre de prétendantes au succès qu'il avait connu. Or, ici, il n'était qu'un.

Muni de quelques bagages plutôt lourds à porter, il déambulait entre les diverses rangées qui se formaient parmi la horde de passants. Un parmi tant d'autres. Faisant irruption dans l'auberge, il salua quelques braves qu'il côtoyait depuis quelques lunes avant de faire chemin et s'immiscer dans le fin escalier qui menait à l'étage.
« Isra'il ? »
La large porte de bois s'ouvrit dans un fracas pour laisser entrevoir le petit corps reposant sur le lit.
« Tu ne t'es toujours pas levé ? »
« Plus que tu ne le crois »
« Que veux-tu dire ? »
« J'ai pu assister à un sacré remue-ménage entre l'aubergiste et une de ses danseuses. Visiblement, elles ont toutes payé le prix fort, aucune n'est restée. Je l'ai vu placardé d'autres affiches d'un air renfrogné qui voulait tout dire »
Il plia le fameux papier qu'il tripotait jusque là entre ses doigts, vraisemblablement plus intéressé qu'il ne portait à croire.
« En ce qui te concerne, j'ai remarqué que tu avais été très matinal »
« Le marché ne saurait être plus dur que lors des heures de pointe. Il faut à tout prix les éviter »
« Tu t'es fait à la vie par ici à ce que je vois.. Tu es un peu marchand au fond, donc cela ne me surprend pas. Mais tu dois savoir que ta place n'est pas.. »
« Ma place est où bon me semble » cracha l'être hâlé visiblement heurté.
Le rejet de l'humain était difficile à gérer de son côté. Cette tendre affection qu'il lui adressait, ces mots doux, ce toucher affectueux qu'il voulait qu'on lui rende, mais qui se portait toujours aux abonnés absents. Il grimaça, se tournant vers la fenêtre donnant sur la large allée qu'il venait de traverser. L'auberge était bien choisie, et contrairement à ce qu'on aurait espéré, elle n'était point aussi miteuse.
« La raison de mon petit.. tour en ville, n'était pas que pour faire les commissions »
Is l'avait déduit rien qu'à la mine sombre qu'il affichait à peine en sortant.
« Tu avais des affaires personnelles à.. ? »
« Je t'ai trouvé un logement. Une petite habitation de l'autre côté de la ville. Le quartier est suffisamment bien gardé pour que tu puisses y résider sans crainte »
« Je refuse Zess »
« Tu l'adorerais pourtant, et elle n'est rien du luxe dont tu as tant horreur »
Utopia était un rêve, le paradis. C'était l'aboutissement de mois de dur labeur et disputes répétées. C'était l'étreinte d'une douce lueur, mais aussi la ténébreuse emprise qui le rattachait à la misère, une pauvreté dont il n'était pas si aisé de se défaire. C'était l'éloignement d'une famille qui avait veillé sur sa croissance, mais pour le prestige que l'adolescent leur procurait.
« N'insiste pas.. »
Il était 'élu', il était le bienfaiteur qu'ils admiraient. Et en quelque sorte, qu'ils l'accueillissent sans préavis, n'était que la logique conséquence du discours d'épopée qu'avait tenu Zess à leur sortie de la tour du savoir. Il avait su capter les esprits, et leur vendre la tendre vérité dont ils s'étaient épris à force. C'était de loin suffisant pour qu'une famille de bonne descendance le prenne en charge, et l'influence évidente du jeune homme avait fait que ce soit la sienne. Pourtant, les choses s'étaient vites gâtées, et ils n'en avaient que pour sauver les apparences.
« Je ne cherches pas à vivre dans la luxure que cette famille veut m'offrir. Plutôt pourrir dans la misère que de compter sur l'argent et héritage qu'ils pourraient bien m'octroyer »
« Ce n'est pas ainsi que tu couperas les ponts. Tu ne fais qu'agir de manière puérile et te jeter sur un bûcher dont tu ne sortiras jamais seul »
L'autre tourna la tête, conscient des reproches qu'on lui adressait et du rôle qu'il y jouait de toute évidence.
« Je me forge ma propre vie. J'existerai à travers le travail que je fournis et de la manière qui est la plus à même de me convenir. Je ne suis pas fait pour profiter d'autrui ni pour mentir comme vous faites. Je suis plus sale que tu ne le penses »
Mais au fond, c'était peut-être lui qu'il cherchait à convaincre par cette soudaine éloquence et belles paroles. Peut-être n'était-ce que lui et sa conscience le réel problème, l'éternel affrontement entre ce qu'offre la réalité et ce que l'on espère de cette dernière. Tandis que Zess avait quitté la chambre dans une rage folle, irrépressible, Isra'il s'était perdu dans un sommeil qui se voulait réparateur mais qui ne faisait qu'alourdir ses doutes.

¡

« Isra'il »
Le petit être ouvrit ses paupières encore lasses des heures qu'elles avaient passées closes.
« Lève toi ! Vite ! »
Les dernières nuits passées en ville lui avaient appris à quel point cette dernière pouvait être bruyante. Toutefois, elle se montrait d'une agressivité toute particulière cette fois. Il redressa son corps bercé par Morphée qu'on accueillit dans une étreinte presque trop étroite.
« Nous sommes attaqués.. Nous n'avons pas de temps à perdre. Ils pourraient arriver à tout moment »
« Qui donc ? »
L'étreinte était forcée, mais ses bras trop candides pour qu'il puisse croire à la mise en scène. Il le fit se lever avec précaution, et l'accompagna jusqu'à la porte. Se hâtant, il mit une lame à son fourreau, une autre dans une sacoche que tenait Is' incrédule. Ils dévalisèrent les escaliers sans une seconde pensée pour découvrir les rues presque désertes. Les étalages n'avaient personne à leur comptoir malgré le soleil à son zénith, et tous les gaillards soûls semblaient eux aussi avoir trouvé mieux à faire que se pavaner au coeur des rues piétonnes. L'homme tenait une main, tandis que l'autre restait en garde.
« J'aurais dû m'en rendre compte plus vite.. Et venir te chercher à temps »
« Mais.. en quoi est-ce ta faute ? »
Ils couraient à en perdre haleine, et l'humain n'avait jamais vu sur ce visage hâlé plus folle expression, plus vives émotions que ce jour là.  
« Je n'ai pas voulu prendre au sérieux les avertissements qu'on m'avait adressé. Quand j'ai réalisé la menace qui pesait sur nous, il était presque trop tard. Je me demande si l'on peut encore te faire évacuer.. On va d'abord rejoindre le roi et le petit groupe qui l'accompagne. On sera plus en sécurité qu'isolés de cette manière »
Il réfléchissait vite, et n'hésitait pas à se baser sur ses expériences pour monter une courte stratégie. Elle n'avait rien de folichon, mais devait leur permettre de rester en vie. Elle n'avait pour but que de protéger l'androgyne le temps que le danger s'efface. Il paniquait, mais ses mains étaient d'une froideur caverneuse. Elles seraient moites s'il laissait déverser toute sa panique sur les petits doigts frêles du mâle, mais même cela, il se refusait de le faire. Ils courraient, inspiraient fort et à s'en déchirer les poumons. Leur vie était en jeu.
« Les voilà ! Tais toi, et écoute. Tout ira bien »
Manière de se rassurer.

« N'oubliez pas que nous sommes une force, nous sommes unis, nous sommes Humains. »
Il lui prit de nouveau la main, comme pour le sentir proche. Le discours achevé, chacun s'attelait à la mission qu'on leur avait confiée. Tous tenaient à coeur à la protection de la cité et à l'avènement d'une nouvelle ère pour le peuple faible qu'ils avaient toujours été et que d'autres avaient toujours préféré considérer ainsi. Comme des êtres inférieurs. En somme.
« Dirigeons-nous vers les portes ! Là-bas, on rejoindra des renforts, et tu y seras plus en sécurité que nulle part ailleurs »
C'était sa priorité et Is' ne pouvait lui en vouloir pour cela.

La course s'éternisa pendant quelques minutes, avant qu'ils ne fassent un mauvais pas. Pris en tenaille par un petit groupe de démons, ils étaient pris au piège. Impossible à dire s'ils les suivaient déjà, ou si le karma avait arrangé cette rencontre inopinée pour barrer la route des uns, et mener à bien les convoitises des autres. Le combat engagé, Zess prit les devants pour faire front aux détestables, tandis qu'Isra'il se cachait dans son dos. Leurs mains étaient toujours étroitement liées, et il n'eusse été pour cet homme, l'humain sut que sa vie se serait achevée. Or, il avait déjà côtoyé la mort. La faucheuse semblait tenir à cette petite âme qui habitait son corps, celle qu'on y avait implanté sans que nul ne sache comment. Tout de sa création était un mystère, inclus pour lui-même. Il n'entendait que le crissement des lames et les fers qui se croisent. Du sang coulait des plaies, et les rires agrémentaient, qu'ils soient vainqueurs ou perdants.
Un homme hurla de derrière un tonneau, transit de peur, et l'un des ténébreux ne se fit pas prier pour le prendre par la gorge et dévier son attention de la petite bande qu'ils avaient coincée. Brandissant le poignard qu'il gardait, il vint l'écraser, le plonger dans son flanc pour l'y remuer tant que la douleur serait palpable. Il s'assura de son trépas, avant de s'éloigner du corps. Zess fit de son corps un écran protecteur, et para l'attaque qu'on lui avait dirigé. Un seul restait debout, et ce ne fut qu'une affaire de quelques instants pour le voir crouler dans ces marres de sang.
Isra'il tremblait, de son acte et de ses gestes. De l'impassibilité dont il fit preuve, ou du sang-froid qui succéda à la terrible réalité ? Il n'avait de scrupules, et il comprit ce qui l'avait forgé. Il vit sa faiblesse de ses propres yeux, et comment survivre sans la détenir. Il fallait compter sur autrui, mais pas à l'aveuglette. Il se forgeait une philosophie sur des mentalités de ce genre, et il ne fut pas exagéré de dire que cette expérience fut la première d'une longue succession.
L'attaque faisait rage, mais l'on commençait à les sentir faiblir. Quelques autres démons succédèrent aux premiers, mais le carnage fut de courte durée. Les portes étaient de plus en plus proches, et ils n'en avaient que faire de sauver le peuple. Les anges, ces gardiens qui devaient de tout temps garder les êtres faibles qu'ils étaient, virent périr leurs protégés, et les humains se virent perdre des leurs sans les ailes blanches pour secourir leur âme en peine. Peut-être étaient-ils faibles, mais en temps de guerre, en ce cas, on l'était tous. Il n'y avait pas, parmi la plèbe, un seul qui fut digne d'exploits, et dans la haute, on se contentait de simples attributs et trophées de victoires. Les règles étaient les mêmes pourtant, mais il était plus facile d'influencer le jeu d'en haut que des marais les plus profonds dans lesquels on patauge sans arrêt. Isra'il regarda le ciel. Comme ils étaient petits.. et pourtant si aigres et avides.

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[LDC Humains] La grande bataille - Event Août

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