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 Pour une Panda

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Ven 18 Déc 2015, 18:44

Les Béluas. Raeden n'avait pas réellement eu l'occasion de connaître cette race avant d'en faire partie. Il savait qu'ils existaient et qu'ils étaient des hommes-animaux, liés à Phoebe, liés à la Lune. Mais sa science de ce peuple s'arrêtait plus ou moins là. Il n'avait jamais eu besoin d'en savoir plus et il n'avait pas cherché non plus à développer ses acquis sur ce sujet. Maintenant qu'il pouvait et surtout, qu'il devait, il n'était plus temps. Les dernières catastrophes qui avaient secoués le monde avaient fait exploser la stabilité du peuple du Rocher au Clair de Lune. Il savait qu'il y avait une Reine, mais elle semblait actuellement incapable de tout gérer. Chaque instinct animal prenait de plus en plus le dessus sur la partie « humanoïde ». Les bagarres et affrontements territoriales explosaient de toute part tandis que la folie s'emparaient des Fils et des Filles de la Lune. Tous avaient perdu quelque chose, mais au lieu de se soutenir mutuellement, ça faisait ressortir leur mauvais côté, les scissions entre clans, entre espèces, qui ne pensaient plus qu'à survivre par elle même, au dépend des autres, quelques soient la manière. En cette période troublée, le peuple Bélua n'existait tout simplement plus.

Les Carnivores, les plus forts, ceux qui étaient censés protéger et venir en aide aux plus faibles, les autres qui ne savaient pas se défendre, profitaient de la situation, au contraire, pour asseoir leur pouvoir, s'accaparer les ressources, terroriser les autres et faire ce qui leur plaisait. Et inévitablement, cela engendrait des affrontements entre les têtes de la chaîne alimentaire. Chacun se la jouait plus dominant que l'autre, plus provocateur, plus agressif. Les tensions grimpaient, s’enchevêtraient les unes dans les autres, jusqu'à donner de l'électricité dans l'air, où une simple flamme permettrait de tout faire exploser. C'était la peur, l'amertume et la colère qui poussaient tous ses gens dans leur retranchement, faisant ressortir leur mauvais côté et au lieu d'essayer de trouver une solution, d'écouter la voix de la raison, quelle qu'elle soit, ils s'enfonçaient. Ils étaient en train de finir de détruire les Béluas, aussi bien, voire encore mieux que si c'était les Alfars qui l'avaient fait eux même. Ils finissaient de fissurer les bases du peuple, la faible stabilité qui restait. Tous, ou presque, à leur manière, détruisaient les vestiges des Béluas.

La cité de Dhitys avait été détruite. Les villages environnants avaient été saccagés, ravagés. Tout un chacun essayait de vivre ensemble mais personne ne s'y retrouvait. Les gens de la ville n'arrivait pas à se faire aux conditions de vie extérieurs tandis que ceux qui avaient toujours vécu ainsi supportaient de moins en moins, voire pas du tout, que les autres empiètent sur leur plate bande, sur leur manière de vivre. Il n'était jamais aisé de réunir des gens aux modes de vie différents dans un même lieu, encore moins un peuple aussi proche de ses instincts animal. Le chaos et le désordre n'avaient pas seulement atteint physiquement tous ces gens. Ils avaient fait des dégâts bien plus en profondeur, ravageant et dégradant les esprits, rongeant les mentalités aussi bien qu'un acide le ferait de la peau. Tout le monde était devenu un scorpion, piquant l'autre au moindre prétexte, sans réelles raisons, même si cela signifiait signer son propre arrêt de mort, à plus ou moins long terme, au sens propre comme au sens figuré. Le respect semblait s'être éteint en même temps que le grand nombre de vie qui avaient été prises ici.

Voir ce qui était en train d'arriver à son nouveau peuple faisait grimper la colère chez Raeden. Il aurait voulu pouvoir prendre chaque personne par la peau du coup et leur donner une ou deux baffes, surtout aux plus bornés, pour leur remettre les idées en place et leur faire comprendre qu'il n'était plus temps de se laisser aller et déborder par tous ses sentiments confus. C'était peut être, et même certainement, une méthode un peu vindicative et expéditive, mais généralement, elle avait le mérite de marcher. Cependant, au vu de la situation et de la conjecture actuelle, l'homme-ours ne pouvait pas s'octroyer le loisir de faire cela. Il y aurait eu beaucoup trop de monde à remettre à sa place et faire usage de la violence pour se faire respecter, ça serait revenu à jouer au même jeu que ceux qui profitaient des conditions pour asseoir leur pouvoir, le tout à grand coup d'excès et d'agressivité. Et puis, il n'était pas un grand fervent de la violence. Il ne rechignait pas à un affrontement quand celui ci se présentait à lui, mais il savait quand il fallait agir autrement. Réfléchir, trouver des solutions … quand on en avait le temps.

Malheureusement, le temps, c'était ce qui manquait en ce moment, au peuple bélua, pour tout mettre à plat et reprendre des bases saines. Tout s'entassait, s’enchevêtrait, pourrissant, jusqu'à donner quelque chose de nauséabond où ils en venaient à se déchirer littéralement. Chacun faisait des traités avec d'autres, pour se faire des alliés, pour devenir plus puissants, avoir plus d'impact et gagner. Et il y avait ce nouveau conflit qui était en train d'éclater. Une jeune fille avait disparu. Une Panda. Personne n'avait entendu parlé d'elle depuis quelques jours. Les Ours avaient pris partie d'elle. Après tout, elle et son clan faisaient parti de la même famille, les Ursidés et il fallait ainsi se soutenir. Les plantigrades s'étaient donc ainsi mis en tête que tout ceci était la faute des Hyènes. En même temps, ces dernières ne faisaient rien pour contredire cela. Elles avaient mauvaises réputations, celles de piller sans vergogne, de s'accaparer la moindre nourriture qui passait sous leur nez et surtout, il y avait des rumeurs qui courraient sur elle. Des murmures qui soufflaient qu'elles n'hésitaient pas à manger leur propre congénère. Pas du même clan, mais d'autres hommes-animaux. Des herbivores, des sans défense qui ne faisaient pas le poids face à eux.

Les Renards avaient d'ailleurs décidé eux aussi de se mêler à la fête en apportant leur soutien aux charognards. Pourquoi ? Personne ne le savait mais certainement qu'il avait été négocier de la nourriture ou un bout de territoire. C'était les monnaies d'échange du moment. Ca, les vivres, les affaires nécessaires pour contrer les intempéries et un toit sur la tête. Les produits de luxe n'étaient plus les mêmes. A quoi cela servait-il d'avoir des couverts en argent si on n'avait rien à manger pour l'utiliser ? Quoiqu'il en soit, Raeden, qui était venu donner un coup de main à tous ses pauvres et moins pauvres gens, sentait que cette situation allait encore dégénérer et finir en bagarre et en bain de sang. Il y en avait déjà eu assez comme cela dernièrement et si le Forgeron pouvait l'éviter, il le ferait assurément. Il n'aimait pas non plus les gens de la trempe des Hyènes qui profitaient du malheur pour gagner en pouvoir. Il ne savait pas comment cela était avant que tout ceci n'arrive, mais en tout cas, il était certain de ne pas se faire d'ami parmi eux. De toute façon, même s'il voulait retrouver cette fille Panda tout autant que les Ours, il risquait de se retrouver quand même un peu seul. Après tout, il était un bélua-monstre, un transformé ! Et surtout, il possédait la double nationalité vampire, sa fille était la Reine de cette race que les Fils et Filles de la Nuit considéraient avec mépris. Rien en soit qui aiderait beaucoup.

La première chose a faire, c'était de retrouver cette jeune femme. La dernière fois qu'elle avait été aperçu, c'était quand elle était partie au point d'eau pour retirer un peu de ce précieux liquide. Sa disparition n'avait pas été remarquée de suite, la Panda n'ayant plus de famille proche. C'était donc seulement le lendemain matin qu'on avait commencé à se poser des questions. Personne ne l'avait vu et l'on avait retrouvé que son récipient à la rivière. Le terrain était tellement humide à cet endroit là et il y avait tant de passage qu'il était impossible de dire à qui appartenait telle trace. Il aurait été bien d'essayer de discuter avec les deux parties pour calmer un peu les choses et que tout le monde parte ainsi à la recherche de l'enfant, mais c'était peine perdue, les Ours, comme les Hyènes et les Renards étant tous aussi butés les uns que les autres. Il fallait donc ramener la disparue au plus tout, ou au moins, apporter des preuves de ce qui lui était réellement arrivé. Quelque chose disait à l'Ours polaire que personne n'avait vraiment cherché du côté de la rivière, pour essayer de retrouver par où était partie la Panda. D'accord, visuellement, les traces étaient inutilisables, mais ils étaient des hommes animaux ! Leurs yeux n'étaient pas leur seul atout, loin de là. C'est la plupart des animaux, c'était quand même l'odorat et l'ouïe qui primaient !

Se transformant donc en ours blanc, Raeden décida donc de suivre la trace olfactive de la jeune femme. Il commença par aller à l'endroit où elle vivait, à renifler ses affaires, pour s'imprégner le plus possible de son odeur. Après cela, il se rendit au point d'eau. Ca allait être la partie la plus compliquée. Il y avait tellement d'effluves, de personnes qui étaient passés par là et la trace de la jeune femme n'était pas des plus récentes. Il dut tourner plusieurs fois, faire des aller-retour, éliminer une à une les senteurs que son nez percevait. Il perdait ainsi un temps précieux, mais il n'avait pas vraiment le choix malheureusement. Il fallait faire les choses bien ou ne pas les faire du tout, et la dernière option n'en était pas une. Finalement, ses narines captèrent une note, tenue mais quand même présente, qui semblait s'éloigner de la civilisation, entre les rochers, vers les zones plus sauvages. Plus il la suivait, plus la fragrance devenait nette, débarrassée des autres émanations. Il y avait toujours celles de la nature sauvage, mais elles étaient beaucoup moins agressives qu'un attroupement de béluas. Et c'était tant mieux, parce que ça facilitait la recherche du plantigrade. Il n'y avait aucune senteur de hyène cependant, dans les parages. Les Ours et les Pandas se seraient-ils trompés sur les responsables ? Y avait-il seulement un coupable dans cette histoire ? Plus l'Enfant de Phoebe et plus il se forgeait une certitude : la disparition de la jeune femme n'était pas la faute de quelqu'un d'autre.

Si c'était réellement le cas, ça mettrait fin directement à cet affrontement en préparation. Et Raeden prendrait plaisir à leur passer à tous un sacré savon pour avoir préféré se chamailler au lieu de partir tous ensemble à la recherche de la Panda. Mais pour cela, il fallait qu'il la retrouve. Il savait qu'il n'en était plus très loin. Il le sentait, dans ses tripes, dans son instinct. Prenant une pause un instant, il tendit ses sens, aux aguets, pour saisir la moindre information. Là ! Un gémissement ? N'était-ce pas plutôt le bruit du vent dans une branche morte ? Quoique cela soit, c'était dans la direction où l'odeur de la jeune femme menait. Se remettant en action, l'ours polaire reprit son chemin. Il y était presque. Il y était tellement qu'il faillit lui aussi ne pas voir la crevasse et tomber dedans, où il aurait rejoint la Panda. Plantant ses griffes dans le sol et basculant tout son poids vers l'arrière, il réussit à éviter la catastrophe. La jeune femme était coincée en bas. Au vu de la position d'une de ses jambes, celle-ci devait être fracturée, peut être en plusieurs points. Elle avait aussi eu un coup du la tête, une petite blessure.

Le Forgeron reprit forme humaine et se pencha un peu plus pour observer. En faisant attention, il pensait être capable de pouvoir descendre, avec ses ailes déployés. Ainsi, il pourrait soigner la blessée et la ramener parmi les siens.


N'ayez crainte. Je vais vous sortir de là. Je m'appelle Raeden.

Il ne savait pas si elle était réellement consciente. En tout cas, elle était en piteuse état, entre sa chute et les jours qu'elle avait passé ici, dans le froid, aux intempéries, sans nourriture. C'est avec le plus de douceur possible que l'homme-ours vint se poser à côté d'elle. Avant de la bouger, il devait d'abord la soigner. Cela ne serait pas une partie de plaisir, mais au moins, après cela, il n'y aurait plus de risque. Lentement, il apposa ses mains sur les différentes plaies. Son contact sembla sortir de sa torpeur la jeune femme qui sursauta.

Chut .. ça va aller.

Il lui sourit et finit son travail. Maintenant, elle pouvait être bouger et ramener. En la prenant parcimonieusement, Raeden s'éleva dans les airs et atterrit en plein milieu d'un début d'affrontement entre les Ours et les Hyènes. Il arrivait pile au bon moment.

CA SUFFIT!!!

Il était venu le temps de remettre les pendules à l'heure.

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