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 # Sciences obscures # [ Solo - End ]

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Dim 15 Mar 2015, 02:14



« Argh.. Ça me fait, décidément, toujours aussi étrange de te regarder.. Même si la façon de parler, l'intonation, le caractère et l'attitude sont exactement identiques, l'apparence.. n'y est pas. » Elle cligna des yeux, comme pour s'assurer que ces derniers ne se jouaient bel et bien pas d'elle. « J'ai l'impression d'avoir affaire à quelqu'un d'autre, tout en côtoyant le petit être androgyne que je trouvais loufoque et attachant.. C'est assez dérangeant si tu veux mon avis » Elle croisa une jambe, laissa les tissus immaculés s'adapter à la nouvelle position de son corps, avant de défaire le mouvement. Coiffant une mèche de cheveux dressés sur le côté, Sherry paraissait confuse, perdue dans ses pensées. Elle engloutit une première gorgée du sirop, un clin d'oeil qu'elle adressa à celle lui faisant face, vraisemblablement toujours stupéfaite, interdite, devant la chimère utopique que Luka était devenu. Elle admira ses boucles définies, son nez dressé, ses formes claires et bien formées, ses traits fins, et cette féminité aveuglante qui d'elle émanait, qui, elle, la submergeait. Ravie de s'être trouvée une des seules au courant du changement, et de l'homme se cachant dans son ombre, elle n'aurait put se dire réellement insatisfaite. Juste.. concernée par le bien-être et l'advenir de cette déesse, bel idylle disparu dans les flots et les méandres de la mémoire.

Elle cligna des yeux une fois de plus, non de trop, lui souriant amicalement. La jeune vampire lui rendait chaque regard, chaque mouvement, comme le ferait un miroir, une représentation si fidèle de l'autre qu'on en viendrait à les confondre. Elles se connaissaient de mieux en mieux, presque jusqu'à lire dans les pensées de l'autre le mal qui l'absorbait ( quoique la tâche s'avérait désormais plus ardue pour la petite rousse, vu la froideur et l'indifférence qui commençaient à prendre place dans le coeur de son amie ). « Il ne me semblait pas que la métamorphose opérée s'était montrée si radicale.. Mon visage reste considérablement le même, bien que ma chevelure se soit allongée, et manifestement éclaircie. Mes formes se voient sous un jour plus.. voluptueux, mais je ne me considère point différente du 'Luka' que tu as pu connaître » Ce n'était en aucun cas un mensonge qu'elle essayait de dresser en réalité. La défaillance d'un reflet, le manque qu'il pouvait causer, l'empêchait de se connaître réellement, de trouver véritable représentation de sa beauté, de s'en rendre fidèlement compte. La réprouvée, cependant, n'était pas si extérieure à ce fait, et connaissait alors la vampire sous toutes ses coutures, que maintenant elle avait à redécouvrir entièrement.

Loin de lui déplaire, les choses devaient être dites, à haute voix, et de manière claire. Cette responsabilité.. lui revenait de droit. « Mais, un tel changement.. était-il nécessaire ? Bien que moindre, il existe - et je suis la première à dire que tu as beaucoup changé, donc n'en doute pas. Je ne peux m'empêcher d'envisager le pire, et de croire qu'un jour tu déverseras tes larmes en croyant avoir mal agit.. Je ne cherche pas à remettre en cause tes sentiments, ni quoique ce soit, loin de moi cette idée Lucrezia.. mais je ne connais pas cet homme pour qui tu as tant donné, et je ne peux – en conséquence – rien affirmer de concret. C'est ludique, mais aussi un acte passionnel et extrême, que je ne suis pas surprise de te voir le perpétrer. Toutefois, il s'agit d'un acte dont les conséquences sont lourdes, et.. » Sherry remarqua l'air étrangement amusé de la vampire, ce petit rictus que dessinaient ses lèvres sur sa frimousse livide, et tout aussi merveilleuse.

Sans vouloir se montrer taquine, voire moqueuse des dires de la belle rousse qui n'avait cesse de s'inquiéter à son sujet, la Haute Vampire ne put s'empêcher de voir, comprendre, à quel point ses actes pouvaient se montrer indéchiffrables du point de vue d'un autre, injustifiés, tandis que pour elle c'était le plus beau miracle de toute son existence. Ce ricanement n'échappa aucunement à son interlocutrice, qui acheva alors sa précédente déposition. « Et.. Je pense que je vais me taire, et en rester là » dit-elle, en reprenant le trempage dans la liqueur douce aux senteurs naturellement enivrantes. Elle n'était point fâchée, boudant simplement à moitié. La vampire ne lui avait conté que très peu, et, même en sachant ne pas être un soucis de confiance, elle s'en trouvait attristée, n'empêche. Lucrezia intervint, à la bonne heure. « Ne soit donc pas en colère.. J'ai bel et bien conscience des enjeux que ce choix représente, et j'ai déjà eu à me frotter, malencontreusement, à quelques obstacles que je ne qualifierais guère d'agréables. Néanmoins, je ne saurais connaître le regret, ni la désillusion, car il este à ce jour mon plus précieux, envers lequel j'assume une indéniable, et intégrale fierté. » Elle sourit tendrement, trempant sa bouche de fraise dans le liquide écarlate dont elle avait elle-même préparé le mélange. Elle en huma les embouts, en attendant la réponse de son amie, et ce jusqu'à remarquer malgré elle qu'elle ne se présenterait jamais.

Voyant, cela dit, que la jeune femme n'était en aucun point contrariée par son comportement, elle se permit de rajouter, cette fois avec une pointe de malice bienveillante. « Mais j'y pense.. Je suis loin d'être la seule à devoir des explications, ma chère. Comment cela se fait-il que ton démon ne t'ait pas accompagné ? L'ange, je comprendrais encore - étant donné qu'il est plutôt casanier et du genre à te protéger tapi dans l'ombre - mais Kai.. J'ai toujours décelé une attitude très tapageuse, et inébranlable chez lui. Il y aurait-il une raison que j'ignore derrière sa disparition ? » La réprouvée ravala sa salive. Cette peste savait toucher les cordes sensibles, s'engager sur une pente raide et un chemin dont elle ne verrait peut-être jamais le bout.. Or, elle ne freinait pas les envies de ses paroles, car la réprouvée était bien quelqu'un avec qui elle pouvait être honnête, car cette sensibilité et cette franchise lui étaient toujours rendues. D'autant plus que cette inquiétude dont avait fait preuve Sherry tantôt, se trouvait maintenant dans les mots de la fleur violine aux traits de femme. « C'est.. compliqué. Les galères de famille comme on les connaît si bien.. Ce n'est pas facile de rester soudés, surtout quand on se trouve être d'engeances antagoniques, et hargneuses les unes envers les autres.. La normalité même en somme » ajouta-t-elle d'une pointe de sarcasme aucunement dédié à la vampire. « Le jour où règnera un calme plat n'est pas encore arrivé » Elle disait cela d'un ton résigné, certes, mais d'un qui se voulait plaisantin, tout en restant accroché à cet infime d'espoir que les choses puissent redevenir comme elles étaient.. Cette lueur défaitiste dans les yeux de la jeune femme fit l'autre abandonner tout combat, toute insistance. Son but n'était pas de blesser sa semblable, mais bien de comprendre pour mieux l'aider. C'était peine perdue, et dans ce sens, elle abandonna, temporairement.

De toute manière, seul le temps pourrait remédier à leurs peines et doutes, aussi bien pour l'une comme pour l'autre.

~

Venom fit irruption dans la pièce. Le froid s'y étant installé, fut alors brisé par son arrivée émancipée, et rompit le voile de malaise qui entourait les deux jeunes femmes. Toutes deux menaient des vies plutôt chahutées dernièrement, pleines de rebondissements et par la même occasion de catastrophes qui semblaient les suivre à la trace. Cette entrevue était censée les sortir de ce quotidien monotone et plutôt gris dans lequel elles s'apprêteraient à sombrer.  Mais visiblement, chacune trop préoccupée par l'autre, et désireuse de fuir ses propres problèmes, avait ravivé des plaies qui méritaient cependant le sommeil. Sherry fut la première à se lever. Elle dit avoir d'autres projets, et salua bien bas la bête restée à l'embrasure de la porte cochère. Il se plia face à elle, dans une sorte de révérence. « Je reviendrai, Lucrezia. Tu m'en diras plus long sur cette histoire la prochaine fois, et je te jure d'en faire de même. Marché conclu ? J'ai quelques recherches à faire sur une supposée copie de moi qui aurait été aperçue non loin d'ici, donc les choses tombent bien. Je te jure, il n'y a pas moyen d'être tranquille.. À bientôt » Et l'embrassant sur la joue, elle vit l'autre acquiescer, lui sourire et faire de même. Elles étaient à l'aise l'une en présence de l'autre, et rien que cette dernière les soulageait, leur permettait d'évacuer un stress trop présent. Quelques minutes plus tard, il ne restait alors d'elle que cette chaise mal rangée, cette tasse vidée de son liquide, et son odeur, légèrement épicée quoique sucrée, emplissant les airs.

Le loup, admirant d'un coin de la scène celle se produisant juste sous ses yeux, vint se placer à côté de la vampire dès que l'amie eut quitté le logis. Les nuages se propageaient sur l'étendue déjà d'un gris sombre qui constituait le ciel, approuvant l'approche d'une tempête indésirable en plein jour. La chambre était illuminée par une dizaine de bougies, et les ombres se faisaient alors matière récurrente dans le tableau ténébreux. Dans ses yeux, on pouvait lire, toutefois, une obscurité plus prononcée, quoique indifférente. L'animal ne dit rien, ne fit rien, n'esquissa aucune demande, mais sa maîtresse voyait bien, et sans méprise, que quelque chose avait l'air de l'ennuyer, voire le perturber. La bête sourit alors, voyant que ses sens restaient d'une acuité impressionnante, toujours à l'affût, à l'écoute de tout et n'importe quoi. « Je ne voulais pas déranger.. » , « Ce n'est pas le cas » , « Ok. Mais.. c'est juste que j'ai été intrigué par quelque chose. Des gardes – sûrement sorciers vu l'odeur  – rodaient en ville en début d'aprem' pour distribuer aux plus costauds étrangers des papiers manuscrits. Tu peux y trouver une description détaillée d'un fugitif qu'ils essaieraient d'capturer. J'pense que ce serait pas idiot d'croire qu'il s'est échappé d'la prison. Elle est proche » La vampire hocha de la tête, comme si elle s'attendait à le voir poursuivre.

Elle soupira, espérant qu'il ne prendrait pas pour cible le village dans lequel ils séjournaient pour la journée, espérant ainsi également éviter une fâcheuse et futile besogne. « Et.. Saurais-tu retrouver sa trace ? Car si tu m'en parles, si tu es venu jusqu'à moi, j'ose croire que ton but n'était pas de simplement me mettre au courant, mais bien m'inciter à quelque autre pratique plus.. périlleuse » Et elle ne saurait pas si bien dire. Lâchant un aboiement de respect, et d'accord envers ses paroles, il lui tendit le parchemin avant de poursuivre. « Ils ont perdu sa trace aux alentours des étendues forestières tout près. Il est dangereux si on en croit c'document, et d'puis l'arrivée de ses traqueurs, une odeur pestilentielle jaillit des forêts. Il attend sûrement la tombée de la nuit pour mieux se déplacer, mais a déjà à son actif des dizaines d'animaux morts ( sauvages ou non ). Il est dément » Il savait beaucoup exiger d'elle, car elle n'avait aucune obligation à venir à bout de sa pétition. Il cherchait simplement à épargner quelques uns de ses semblables, ceux de son espèce, et vivre en société, côtoyer les hommes, semblait avoir rendu ce côté patriotique plus fort que jadis. Se délivrer de ces exhalaisons dérangeantes, n'était qu'un bonus à cette manoeuvre.

La jeune femme, réfléchissant quelques instants, ouvrit les portes d'une des armoires pour en sortir un quelconque accoutrement gracieux, sans perdre de son côté pratique, et l'enfiler dans la foulée. Dressant ses cheveux en un beau chignon, tout en gardant des mèches libres en queue de cheval, elle regarda son compagnon. « Ne t'inquiètes pas, je vais bien te rendre service. C'est le repère principal des sorciers, non ? Raison de plus pour m'y infiltrer, et qui sait fouiller un peu la forteresse, sait-on jamais ce que je pourrais y trouver - sans aucune manœuvre particulièrement dangereuse, ni suspecte, simple mission de reconnaissance. Qu'en dis-tu ? Tu m'accompagnes ? Ou tu fais le timide ? » Elle traversa le seuil de la demeure, d'une démarche gracieuse, seulement quelques pans de sa robe frôlant ses jambes fuselées, délicieuses pour les yeux.

Ses trouvailles risquaient, cela étant, de la surprendre..

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Dim 15 Mar 2015, 02:28


Une boue visqueuse recouvrait ses bottes de cuir rugueux, ses longs jupons ne s'y soustrayant que par l'ombre d'un pli de soie. Ses cheveux se mêlaient aux feuillages voletants, et son corps svelte accompagnait la course du vêtement, du vent qui de ses bras tendus l'embrassait, ne fouettant que son visage. L'herbe se délectait des quelques effluves humides dont la gratifiait la brise, de cette sève par laquelle la rosée du matin la baignait tendrement. Elle s'écrasait alors, à ras le sol, sous les talonnettes de la petite femme, dont la course effrénée s'appropriait l'attention. L'aube déversait enfin ses filons sur l'horizon bleuté, achevant le tableau splendide d'un début de matinée, mais aussi les prémices d'une partie de chasse qui risquait de se conclure sans trop d'accrocs. Deux bêtes sauvages à la poursuite d'une même proie. Rien qu'un jeu d'enfant, deux petiots s'amusant aux dépends d'un 'plat de consistance' qui tentait par les moyens du bord de les fuir, de survivre à leurs sens développés. Le nez aiguisé, l'ouïe à l'affût du moindre mouvement, la bouche dégoulinante n'attendant plus que l'apéritif de ce goûter de premier choix. Des chasseurs aux yeux de lynx, des traqueurs dont il ne pouvait tromper les sens.

« La prison n'est plus très loin. Il faut penser à le saisir. Le mener par le bout du nez c'est bien, mais l'attraper pour de bon, c'est encore mieux » Ses jours étaient comptés.. du moins le croyait-il. La voix de l'animal, perçante, se perdait dans les sinuosités de la forêt pluvieuse, battante. Les yeux du pauvre gaillard fusaient sur tous les obstacles, espérant de tout son être que ses assaillants s'en voient victimes à leur tour. « Pitié !! » s'exclama-t-il dans une première tentative de les raisonner. Sans se retourner il avait crié, s'arrachant la gorge mais n'ayant alors aucunement idée du faciès de ses opposants, de la nature candide de l'un deux, et d'une plus dangereuse de l'autre qui le suivait. Trébuchant une ou deux fois, il vit la distance se réduire, sa peur s'accroitre, ses nerfs lâcher, ses muscles chavirer sous l'effort démesuré, ses pieds s'enfoncer dans les marécages se creusant dessous, sa présence s'effacer... Il perdait tout, se voyant dépouillé petit à petit de toute résistance. « Si c'est de l'argent que vous voulez, je n'en ai pas sur moi ! Mais si vous m'accompagnez jusque.. » Vieille ruse, mensonge trop évident.

Un grognement l'interrompit, un aboiement plus fort qu'un autre l'incita au silence complet, que quelques minutes de course ne purent briser. Plus de suffisance à entretenir l'attention de ses poursuivants, qui de trésors et bricoles ne souhaitaient rien. Ils couraient à folle allure, Venom et la vampire évitant de se fatiguer, tandis qu'ils voyaient la cible lentement leur revenir, se rendre de son propre chef. « Si vous.. désirez du sang ou des cadavres, c'est.. pas grave, j'ai un ami qui pourrait m'en fournir.. à tout moment !! Alors.. » Le loup arriva finalement à son hauteur - visiblement lassé de ses mots, de son discours d'abruti, entrecoupé qui plus est - dans un accès d'adrénaline qu'il provoqua lui-même. S'il ne l'avait pas fait avant, c'est qu'ils avaient les moyens de finir cette course effrontée, autrement que par la force, et quand ils le désireraient. « Ta tête, banane.. On ne voulait que ta tête » Et le faisant passer, pieds et mains liés, par dessus son épaule, il l'emporta, prenant cette fois un chemin bien plus court, que lui indiquait Lucrezia à la tête du groupe. « Comment ça ma tête ?? Lâche moi ! » , « Puisqu'on te dit que ta tête est mise à prix.. Tu es recherché sombre idiot. Alors nous, en bons samaritains, nous sommes venus te capturer pour te ramener là d'où tu viens » , « Me.. ramener là haut ? Vous êtes sérieux ? Non.. NON.. Cette fois je vais mourir pour de bon ! Et pis.. pis, ils vous donneront aucune récompense ! C'est des efforts inutiles ! V'savez que les sorciers.. tiennent jamais leurs promesses non ? » fit l'homme d'un regard pitoyable, les suppliant à travers ce dernier de ne pas restituer ce corps meurtri à ceux qui sauraient comment l'achever, de la manière la plus effroyable qui soit..

Sa contenance témoignait de la possible torture qu'il aurait du endurer sur place, mais ni sa voix oscillante, ni son regard calomnieux ne sauraient faire changer d'avis la fleur aux apparats de femme. Hélas, la miséricorde n'était plus monnaie courante pour les deux amis, et cet homme était pour eux.. plus bas que terre, insignifiant à souhait. Ils allaient par son biais atteindre des objectifs plus grands, d'autres ambitions, et ils n'avaient de scrupules, poissons dans l'eau, à en faire un appât, et espérer échapper aux filets du pêcheur. « Grand bien t'en fasse. Et combien de fois on va devoir te dire qu'on en a rien a fo*tre des récompenses ? Et t'inquiète. On saura en tirer ce qu'on est venus chercher » Il n'y avait pas une once d'agressivité dans sa voix, cette dernière n'ayant jamais - ou très peu - pris le dessus sur la raison de la bête. Son sourire était confiant, mais ni trop, ni pas assez. Juste le stricte nécessaire pour le rendre intimidant.

~

« Mé..mégère !! » s'écria l'homme, arrivé devant l'entrée de la bâtisse réalisant enfin, et à la bonne heure, le sombre destin qui l'attendait de nouveau entre ces murs, et celle à l'y avoir replongé. Les tours s'érigeaient dans le ciel sombre, et les odeurs de musc qu'absorbaient les parois, pour ensuite les recracher dans des émanations aux senteurs plus dangereuses et exotiques, étourdissaient les plus faibles qui oseraient s'en approcher. L'humanité n'était pas faite pour pénétrer cette bulle de malheur et de malfaisance, des territoires où le bien n'avait pas sa place, et où avaient toujours régné, de tout temps en le coeur sorcier, les expériences, les sacrifices, l'intérêt avant toute chose. L'humidité contrôlait la biodiversité des lieux, les marécages bordant la plupart du territoire à leur droite, tandis que de l'autre côté s'étendaient quelques plaines, à la banalité dérisoire. Le décor était parfaitement adapté à ceux qui regorgeaient et occupaient l'espace.

« Qui va là ? Et que puis-je pour vous ? » Les mots étaient inutiles pour le comprendre, et la jeune femme ne le gratifia ainsi que d'un beau sourire. Le bandit, crachait, fort et à tout va, d'infâmes jurons, alors que la poupée le remettait aux 'autorités' compétentes, d'un calme toujours aussi dérangeant. « Veillez messieurs, à ce qu'il ne s'évade plus de vos murs. C'est un bien grossier personnage.. » fit-elle innocemment. L'homme pâlit. Ses yeux s'emplirent de larmes, sa voix de glands qui l'empêchaient de parler. Sa gorge se noua, son sang bouillit, et ne fit qu'un tour. Son estomac, noué lui aussi, aux milliers de papillons se frottant contre les parois, son coeur ne voulant que quitter l'enceinte de sa poitrine.. Il s'en retrouvait submergé par tant de sensations. La nervosité monta en flèche, ses mains se mirent à trembler, et bientôt l'on ne distingua plus dans son regard qu'un énorme désespoir, celui d'un homme condamné aux sept enfers, si ce n'est en plus tous ceux qui voudraient s'en suivre. « Pas de problème m'me. Vous pouvez partir l'esprit tranquille. Un homme vous attend à l'entrée pour vous remercier grassement de vos services. Et TOI ! Avance, on a pas toute la journée » Elle les manipulait, à son bon vouloir, de toute évidence.

Se tournant vers la belle créature, le prisonnier du dimanche tenta de l'agresser, se voyant heurter cependant un mur de muscles, une barrière massive qui gardait - à l'accoutumée - ses bras au ras du corps, mais dont la taille colossale était maintenant des plus criardes. Il le dissuadait du regard, reniait tout conflit, et l'homme perdait en crédibilité, en confiance, et que sais-je d'autre. « Tu vas.. me les payer ! Vipère ! Sans coeur » Les gardes se rapprochèrent. Ils le regardaient de haut, le fusillant du regard, et à croire qu'il ne leur restait plus qu'à lui arracher la langue pour en être satisfaits de leur petite vengeance. Le dissuadant de profaner, à l'égard de cette reine ineffable, des paroles si impropres, si serviles, ils tournèrent leur regard vers elle, obnubilés. L'autre en profitait naturellement pour faire des siennes. « Que tu passes par cette même douleur que.. » Dernier avertissement. Une main avait effleuré son visage avant de s'écraser sur le mur juste derrière. Une petite bête en sortit, complètement écrabouillée, l'air de dire qu'il était certainement le suivant sur la liste s'il n'apaisait pas un peu ses ardeurs..

Faisant abstraction du bougre s'égosillant en criant à tue-tête depuis des heures déjà, Lucrezia lança un sourire à l'un des deux hommes à l'entrée, pénétrant donc dans l'enceinte principale des lieux par une révérence des plus élégantes. « Vas brûler en enfer !! » Et c'en était fini de sa chance, de ses mots, de lui tout entier, un poing venu s'écraser contre son abdomen. La vampire ne vit alors que son corps franchir le seuil des détenus, disparaître derrière le mur taillé dans la pierre, séparant ceux qui gouvernaient, de ceux qui croupissaient sous terre, et qu'elle n'avait pas moyen - même si elle l'avait voulu - de secourir.

~

L'entrée n'était pas des plus sécurisées, certes, mais une fois à l'intérieur elle crut qu'on se l'arrachait du regard, qu'on la scrutait si intensément qu'on parviendrait à déchiffrer, sans mal, ses pensées les plus intimes comme ses véritables aspirations, expliquant à elles seules sa présence inopinée. Cette intensité, insistance, surveillance assez pesante, expliquait sûrement un tel détachement à l'extérieur des murs, la probabilité pour que la sécurité n'ait été qu'exclusivement et temporairement renforcée ( suite à la fuite de cet exécrable personnage ) étant qui plus est, à ne pas exclure.

Lucrezia, par soucis de sûreté et pure méfiance, préféra altérer légèrement son apparence, n'ayant de grâce aucune assurance quant au déroulement optimal de l'entrevue, et préférant ne courir aucun risque. N'ayant pas idée du rang de son hôte, de la place qu'il occupait au sein de la prison, ni même des ténébreux personnages qu'elle recelait en son sein, une sorte de forteresse où le mal siège, et où la prudence est de mise, elle n'osa guère s'y pavaner en digne femme de l'Orishala, souverain dont certaines redoutaient l'influence et la puissance. Sa condition n'avait plus rien de chétif, dérisoire, ou sans valeur. Elle était devenue, à partir du moment où le mot 'femme' fut prononcé, la plus grande faiblesse publique du roi habile, une cible de plus dans un relevé intarissable de noms à rayer, à abattre sans merci.

Prenant des allures d'orine, à la longue chevelure brune ( la sienne ayant perdu en épaisseur ), des yeux noisette, une peau plus agréable au regard comme au touché, elle se débarrassa de cet air de danger qui l'enveloppait, sans ne rien perdre de son charisme, ni de sa prestance qui était dorénavant tout ce par quoi elle s'affirmait. On la fit entrer dans une pièce, adjacente au bureau de l'intendant censé l'accueillir, dans laquelle on la pria d'attendre. Ce ne fut qu'une question de secondes pour qu'un petit rire s'échappe de ses lèvres, assistant à moitié - à travers les fines parois pour être exacte - au sermon que subissaient les gardes ayant laissé échapper, en premier lieu, cette énergumène, et passant, définitivement, un très mauvais quart d'heure. Celui-ci s'éternisa quelques minutes, pour achever son maigre discours sur un, ''Disposez, bande de crapules ! Je n'en ai pas fini avec vous'', avant de prendre ce sourire d'affichage et l'adresser à la belle chétive, réduite en chair, à qui il croyait faire face. Elle ne put opprimer quelques grimaces de dégoût, avant qu'on ne l'abordât et qu'on ne l'invitât dans la chambre, pour la remercier. « Pardonnez, très chère pour mon introduction tardive, et mon retard impardonnable. Qu'il vous sciait de prendre place pour que nous puissions arriver à un commun accord concernant cette.. récompense » Il savait y faire avec les mots, et l'éloquence d'une première rencontre semblait être pour lui monnaie courante, d'autant plus dans ce qui relevait de charmer des jeunes femmes innocentes sur qui il aurait des vues. Lui tendant une main, désirant la sienne pour y déposer un baiser, Lucrezia s'y plia, sans pour autant n'esquisser de mine particulière à ce touché, et elle n'en fit rien non plus une fois celui-ci brisé. Pour expliquer sa basse température, elle ne se priva pas de dire : « L'attente dans ce froid humide, m'a gelé les mains. Sans vouloir être indiscrète, ni faire preuve d'impolitesse, pourriez-vous me servir une tasse de thé, monsieur ? » Elle parlait d'une voix pleine d'innocence, d'une douceur à en revendre, mais qui pour elle était plus maladive qu'autre chose, car elle produisait l'effet voulu décidément. Une fois la tasse entre les mains, l'homme reprit sa maigre présentation. « Mon nom est Flayius Hievslock, enchanté. » Et d'un geste des plus nobles, la jeune femme le salua, avant d'ajouter : « Viktorya pour vous servir »

Le mensonge était tissé. Il fallait juste le mener à bien.

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Dim 15 Mar 2015, 02:28


« ...Et ainsi, voyez-vous, nous pouvons trouver dans l'enceinte de plus en plus de détenus, nous parvenant des quatre coins des Terres du Yin et du Yang. La corruption et la méchanceté depuis l'attaque de ces monstres, se répand comme une traînée de poudre dont la mèche est impossible à éteindre, et que nous sorciers, même dans notre plus bon vouloir, ne pourrions en aucun cas cesser. De ce fait, nous nous contentons de recueillir ici le plus de brigands et hors-la-loi possible, pour d'un côté pallier à notre manque de personnel pour ce qui en est des laboratoires, mais aussi pour que les habitants yinois puissent dormir apaisés, et sans craintes » Comment dire que l'on sentait le mensonge à plein nez.. De ses paroles se dégageaient des air de profit, de cruauté, de barbarie masquée, et dissimulées par ce voile d'innocence qu'il voulait afficher face à cette orine ( adorablement petite à laquelle il croyait s'adresser ) un deuxième sens se dénotait, plus saugrenu, absurde que le précédent. « Nous pourrions même dire que nous dépassons de loin nos effectifs, et cela en deviendrait presque un soucis d'ordre générale » La vampire cligna des yeux, faisant mine de s'y intéresser. « J'ignorais qu'il en était ainsi.. Vous êtes en quelque sorte les protecteurs de ces terres l'on puit dire ! Mais dites moi en plus je vous prie. Est-ce une position très ardue que vous occupez au sein de cette prison, M. Flayius » L'ennui mortel la prenait. Ses paupières s'avéraient lourdes d'un sommeil auquel elle n'était pas en proie normalement, mais auquel les paroles soporifiques de cet homme l'y prêtaient tout de même, à son grand déplaisir. Des sons mâchés, tels que 'Hmm', 'Ah' ou des simples exclamations, furent les seuls à frôler ses lèvres suite à cela, avant de rejoindre le brouhaha auditif qui s'échappait de la bouche du sorcier, mais qu'il ne cesserait pas de débiter pour autant.

Son attention se baladait, conforme à ses envies, subversive à celles des autres, et la belle vaquait alors - tant bien que mal - à ses occupations, ingurgitant langoureusement le breuvage étrangement fin qu'on lui avait servi. Pour un personnage si précaire, et si aisément berné, il fallait croire qu'une lueur d'espoir subsistait. Elle n'était cependant aucunement suffisante pour la faire rester, et elle n'attendait que le bon moment, la perche de trop pour la saisir et en faire son prétexte pour se dégager de ses griffes, de l'emprise qu'il croyait avoir sur elle. Depuis qu'il avait évadé cette petite question concernant le peuple sorcier, leur histoire, leurs agissements, elle ne lui portait plus le moindre intérêt, et ses mots n'étaient devenus alors que des flots liquides, diaphanes et sans couleur, qu'elle buvait dans un premier temps, pour au final les laisser se mourir au fond d'une cascade d'indifférence pure. « Et comment se porte votre peuple après les récents événements ? Vous vous faites toujours aussi discrètes, il est évident, mais j'ose espérer que vous ne rencontrez aucun.. problème » Dans sa voix, on lisait une pointe de malice qu'il avait essayé de cacher.

Tout ce blabla qui avait précédé cette énième question, n'était qu'une toile d'araignée dans laquelle il espérait prendre la jeune femme, une façon de la séduire, mais aussi de la mettre en confiance, espérant par ce biais acquérir d'elle plus que ne sciait son rang, et de toute évidence ses capacités intellectuelles. Il croyait la prendre au piège, mais il était sot de se croire si puissant, si omnipotent. Qu'il abordât le sujet des orines ne convenait, cela dit, pas du tout à la jeune vampire, cette dernière n'ayant à leur sujet que les plus maigres renseignements, et n'ayant aucunement les compétences de tenir un échange crédible. Sans pour autant laisser cette impasse paraître sur sa frimousse pâle, elle fut rassurée d'entendre des gardes brailler, hurler à l'intrus en dehors de la prison. L'homme, à qui cette intervention déplut fortement, se leva de son bureau, priant sa partenaire de l'attendre sagement sur place, le temps de voir et cerner le problème. « C'est une affaire de quelques minutes tout au plus. Et nous pourrons alors reprendre notre conversation, ma belle » Ah ça non. Sans façon.

Dès qu'il eut quitté l'enceinte du bureau, elle en fouilla les quelques tiroirs ( gardant toutefois en mémoire la position de chaque dossier et manuscrit pour ne pas lever plus de soupçons que nécessaire ), cherchant tout document qu'elle pourrait se mettre sous la dent, quelque information dont les vampires ne disposeraient pas déjà. Quelques ouvrages au placard, un maigre coffre aux ressources très pauvres, des bijoux par ci par là ( rien d'autre que de la camelote pour l'aristocrate ) qu'il offrait probablement à toutes ses prétendantes. Hélas, la chance n'était décidément pas de son côte, et elle n'y trouva que quelques débits sur d'anciens achats de la prison ( en matière d'instruments de torture ), un dénombrement de cadavres retrouvé dans leur cellule sans cause de mort apparente ( leur langue bleutée étant le seul moyen distinctif comparés à ceux mourants de fatigue ), ainsi que le bilan d'évacuation des corps, les noms des prisonniers ayant succombé et ne faisant donc plus partie de leurs détenus, et ainsi de suite, des données dont elle avait, en somme, que faire.

L'entendant qui arrivait au loin, de sa démarche quelque peu chancelante - probablement à cause d'une sorte d'accident dont souffrit sa jambe gauche - elle reprit sa place sur le sofa, coiffant de ses phalanges élancées des mèches rebelles, libertines. « Était-ce quelque chose de grave ? De quoi s'en faire ? » , « N'ayez crainte, ma dame, rien dont vous ayez à vous soucier. Juste un petit plaisantin qui s'amusait à roder autour de la prison. Les gardes l'ont déjà pris en filature, ils n'en ont plus pour très longtemps » Acquiesçant, montrant un sourire calme, elle se leva. « Il est donc temps pour moi de prendre congé, mon cher » L'homme s'en trouva abasourdi. « Mes soeurs m'attendent, et je ne saurais leur infliger plus longuement le martyr de mon absence » , « Mais.. Et votre récompense ? Vous n'avez donc pas oublié la raison première de votre venue ici.. » Il s'approcha dangereusement d'elle, essayant de venir caresser une mèche de ses cheveux, une mèche de ces liaisons de perles que l'orisha avait embrassé, adulé la nuit dernière, et qu'elle ne voulait pas voir souillés sous aucun prétexte. Faisant un pas en arrière, elle le regarda d'un air pudique, faisant demi-tour. « Ce n'était pas pour prétendre à une récompense que je l'ai fait, mais si vous cherchez tant que cela à me la remettre.. je vous invite en ma demeure prêt de la Forêt des Murmures. J'attendrai votre venue » Et elle quitta la pièce, s'empressant de disparaître par la téléportation jusque dans une galerie qu'elle avait plus tôt traversé. Comme elle s'y attendait, l'homme chercha à la rattraper, mais fut lourdement déçu de ne plus la trouver en face de son bureau. Elle s'était échappée de justesse, et ce n'était décidément pas une expérience qu'elle chercherait à réitérer..

~

Fouillant les quelques appartements et autres salles aux utilisations diverses ( qu'elle n'essayait pas de distinguer pour la plupart ), elle vit son entrain faiblir, sa passion s'amoindrir. Elle s'était bel et bien déplacée pour rien au final, et l'achèvement quasi toujours futile de toute mission qu'elle voudrait mener à bien, était pour elle un assassinat à sa personne, à cette confiance qu'elle tentait d'acquérir. Se dirigeant vers la sortie, arrivée au bout du deuxième étage et cherchant seulement les escaliers qui lui permettraient de descendre, elle vit une porte, entrouverte, qui suscita son intérêt. Obscure, occulte, insondable, elle y décela une odeur de médicaments forts, d'anesthésiants ( dont seule l'odeur semblerait faire effet ), et à des doses vertigineuses tant ces effluves étaient fortes.

Ayant permis à la lumière du couloir de parvenir dans la chambre et ainsi l'inonder de moitié, elle y découvrit avec confusion une sorte de laboratoire, ou de poste de médecine dont les pratiques n'étaient.. vraisemblablement pas toutes pour le bien général et syndical. Les charognes, putrides, lâchaient leurs gazes, dernier souffle de leur courte vie le temps de se décomposer, et se laisser dévorer par les mites ou les larves croupissant au fond de chaque être de chair et de sang, désireuses de nous engloutir, nous dévorer jusqu'à la moelle. C'était dégoûtant pour certains, et émerveillant pour d'autres que d'assister à ce processus de décomposition, et bien que certains auraient traité cette manifestation de la vie de macabre, psychotique, nombreux étaient les scientifiques - les vrais - à ne pas pouvoir tenir longtemps ce genre de discours.
Pour comprendre la vie, la mort, il fallait des sacrifices, et ces derniers, n'avaient qu'à être heureux, réjouis, d'avoir servi une cause 'humanitaire' à leurs yeux. Vision certes tordue par leurs idéaux déments, mais la jeune femme n'avait, pour autant, aucun jugement de valeur sur lequel se prononcer à leur sujet. Elle n'était pas un ange, et encore moins une sainte. Elle avait pu être candide, ingénue, innocente, naïve, tendre, bien intentionnée, mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'avait pas grandi, dans le feu et dans le sang, et qu'elle n'avait pas comprit l'ampleur que prenait le monde. Le monde, là, hors de ces murs, était pareil : un alliage de corps sans vie, marres de sang, et quelques pauvres âmes errantes que le mal cherche à corrompre. Seul son monde était peint de quelques couleurs plus vives, et elle voulait les protéger. Ça s'arrêtait manifestement là.

Parcourant du regard et du bout des doigts quelques scalpels, des extraits de cadavres dont on avait extirpé les organes - notamment les langes dont la plupart se voyaient teintes d'un bleu étrange - elle se rappela le document dans lequel figurait l'analyse de ces captifs aux décès pas si mystérieux en fin de compte.. C'était en outre juste une façon de plus de se servir des criminels pour les 'bien faits' de la science, ne pas utiliser des êtres considérés comme innocents pour leurs expériences, et faillir ainsi à être appelés des meurtriers, ou encore des êtres immoraux. Ils n'allaient pas à l'encontre de la morale.. ils en avaient tout simplement une autre. Plus.. névrosée, aliénée, et qu'autrui ne saurait comprendre.
Les analysant de plus près, sans prendre de véritables précautions, elle s'imbiba de sang glacial le bout des doigts, avant de les éponger et essuyer d'un bout de linge qui traînait là. Blasée, elle feuilleta quelques rapports scientifiques dont elle ne comprit finalement pas grande chose, avant de les remettre à leur place. Pour Lucrezia, la morale n'était qu'une donnée subjective, tout comme la justice, propre à chacun et dont tout individu porte une définition quelque peu distincte. Elle n'était qui plus est pas une enfant de coeur, et les siennes - en voyant les ténèbres du monde - s'étaient elles aussi assombries. Sans en devenir tortionnaire, elle n'avait cependant aucun problème à tuer.

C'est pourquoi, découvrir ce qui se tramait ici, ne l'avait laissé qu'indifférente, et elle n'esquissa à cet effet qu'un rictus hautain, avant de chercher à quitter la pièce. Un homme, à la barbe mal rasée - datant à première vue de presque une semaine - aux lunettes rondes comme deux soleils, et une chevelure écarlate comme le sang qu'il manipulait, lui barra néanmoins le passage. À sa hauteur, voire largement plus grand, il lui fit signe de rentrer, foncièrement surprit de voir quelqu'un - autre que lui - s'approcher de son laboratoire, lieu que les gens fuient d'habitude. « Ahh ! C'est vous la nouvelle assistante ? Bien bien, vous êtes en avance jeune femme. Et dire que vous ne deviez arriver que dans deux jours. L'ancienne n'est plus.. 'disponible' voyez-vous » Et il ne fallait pas être un génie pour deviner le pourquoi de cette absence.. À moins de n'être né de la dernière pluie, tout être comprendrait ce qui aurait pu être à l'origine de sa 'disparition', d'autant plus que l'homme avait tout d'un assassin, rien qu'à voir ce regard tranchant, et ce maniement exceptionnel des armes, pas que médicales.

Interdite, la jeune femme se laissa rester debout, dans un coin de la pièce, sans dire mot pour l'instant pour ne pas se trahir, et risquer plus gros qu'elle ne pouvait le penser. Et sans qu'elle n'eut finalement le temps de considérer une réponse à cette première affirmation, il lui fit, lui offrant une belle vue sur son dos, tourné vers ses planches à bois et autres outils de césure : « Mais dites moi, avant toute chose, jeune femme.. Pourquoi avoir revêtit une autre apparence si vous étiez venue ici pour travailler à mon service ? Je doute que ce soit pour vous rendre plus attrayante.. Votre dossier n'avait en aucun cas mentionné de tels penchants à votre sujet. Vous n'êtes pas qui vous prétendez être. Il est sûr. Ou me suis-je trompé ? » La surprise représentait la défaite, et la vampire - pas du tout mauvaise perdante - n'aimait cependant pas s'avouer vaincue, et ne pouvait se résoudre à se laisser dompter par un homme tel que lui. Prenant alors ses airs de Haute Vampire, sa chevelure violine, son regard perçant, sa peau livide comme celle d'un mort, elle vit son regard, tourné vers elle, s'illuminer face à cette vision.

Elle savait que sa 'beauté' n'était en aucun cas la source de ce regard pétillant, presque comme celui d'un enfant, mais bien un d'admiration d'un scientifique envers un tout nouveau sujet d'étude qui pourrait s'avérer intéressant. « Chacun ses propres moeurs et visées cher docteur. Qu'est-ce qui vous dit, qui vous assure que je ne suis point là pour m'enquérir de vos recherches ? Qui sait.. même les financer, vous qui n'avez pas l'air d'être tant apprécié que ça ici.. Je n'ai fait que choisir la carte de la discrétion, vous ne serez pas celui à m'en vouloir, j'y conçois. Je ne suis certes point votre assistante, mais mon intérêt pour vous pratiques pourrait bien s'avérer réel » Contre une poutre de pierre, les bras croisés, ils se fixèrent dans le blanc des yeux pendant quelques secondes, avant que l'atmosphère ne se détende, pour prendre des airs plus sages, plus aptes aux discussions. Elle ne risquait pas d'être si déçue du voyage finalement..

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Dim 15 Mar 2015, 02:28


L'extase de l'homme ne semblait avoir de frontières, et l'on aurait pu sérieusement songer à celles de sa pensée, de ses ambitions périlleuses, nourries par cet amour de la science et de ces découvertes à perpétuellement renouveler. « Est-ce vrai ?? » s'écria l'homme d'une manière terriblement enjouée qu'on ne lui attribuerait pas, les yeux pétillants, les mains désireuses de passer à la pratique, plutôt que d'en rester à de vagues explications sans intérêt. La vampire n'avait pas froid aux yeux, et de ce fait, il n'avait de crainte à lui faire part de toute la monstruosité de ses recherches. Non pas qu'ils les ait considéré inhumaines comme beaucoup semblaient le prétendre ; non pas qu'il lui eut semblé dépasser les bornes de quelque traité qu'on eut établit quand aux recherches sur les corps des défunts ; non pas qu'il eut songé à cesser ses activités illicites, sibyllines, bien qu'on eut voulu l'y pousser, voire l'y contraindre par la force d'une persuasion à laquelle il n'aurait pu, de sa seule force et influence, se soustraire. Il était bien heureux d'avoir, de tout temps, trouvé plus ingénieux et perverti que lui, plus fanatique et prétentieux dans ce qui revenait à la domination de ces terres par la découverte d'une substance qui tous saurait contrôler. « Voulez-vous en savoir plus ? Que je vous révèle l'incandescente nature de ma thèèèse, de ce que j'essaie de prouver au monde depuis des années sans que jamais l'on ne me prête d'oreille attentive ! J'approche du buut ! » Un savant fou, c'est tout ce qu'on aurait pu tirer de lui, et de ses syllabes à rallonge sur lesquelles il insistait pertinemment, pour que son interlocuteur puisse, avec décence, faire la part des choses. La belle femme acquiesça d'un simple hochement de tête, le dos toujours appuyé contre la surface dure, glaciale, de cette poutre immuable.

« Comme vous avez pu lire dans mes rapports.. » À savoir combien de temps cet homme avait passé à l'observer dans l'ombre « J'ai soif de percer à jour la plupart des caractéristiques raciales de nos peuples ! Comment les anges gardiens ont-ils pu développer une résistance à l'anti-magie, alors qu'aucun autre peuple n'a été en mesure de le faire ? Serais-ce possible, en découvrant quelle est cette particularité, de la déléguer à d'autres peuples pour qui sait changer leur métabolisme et y insérer de nouvelles informations ? Comment les orishas ont-ils pu faire usage de la magie et une espérance de vie plus longue que celle des Humains, alors qu'ils découlent de ce peuple à l'origine ? Comment les vampires peuvent-ils, sans un coeur, continuer de vivre ? Et pourquoi se nourrir de sang ? En quoi et avant tout pourquoi cette quintessence leur est-elle devenue si vitale ? Comment les réprouvés peuvent-ils départager les deux entités qui les habitent ? Et un réprouvé ayant sombré complètement dans le mal, deviendrait-il complètement semblable, presque un membre à part entière du peuple démon ? Pourrait-il prétendre à l'intégrer malgré les différends raciaux ? En quoi le corps des magiciens et des sorciers est-il apte à prodiguer de l'essence magique, tandis que celui des humains ne l'est pas ? Qu'est-ce qui change ? En quoi sont-ils si distincts ? » Ses questions n'avaient rien de banal, et s'engageaient même sur des chemins assez escarpés, aucunement libres de dangers ni de représailles raciaux, qu'il n'arpenterait, en somme, qu'avec beaucoup de mal.

« C'est à ce genre de questions, d'injustices, que j'essaie de répondre à travers mes recherches.. N'est-ce pas juste.. absolument fascinant ? » , « Veillez surtout à ne pas trop en abuser. Souvent, l'on n'aime pas qu'on farfouille ainsi dans les secrets d'état, et très peu seront ceux à vous laisser agir comme bon vous semble. De plus, d'où avez-vous apprit tout cela ? De corps que vous avez examiné une fois leur trépas assuré ? » Il sourit, l'air de dire qu'elle s'en faisait bien trop, et que à ses yeux, ce n'était là aucunement un obstacle, mais plutôt des rancoeurs dont il profiterait bien à son avantage. « N'ayez crainte. Je ne suis pas si bête. J'ai quelques alliés, haut placés, qui gardent espoir en mon sujet d'étude, et qui me fournissent, en digne 'rat de labo' que je suis, les moyens par lesquels je pourrais l'exaucer. » , « Et où vos fameuses recherches vous portent-elles ? » Elle faisait dorénavant les cents pas à l'arrière de la salle, ses membres quelque peu las de se tenir debout à l'entendre ..., parfaitement immobile. « Voyez-vous ces corps juste là ? Ils m'ont été livrés il y a de cela.. deux ou trois jours ? Je suppose étant donné l'état avancé de la rigidité cadavérique, et je n'ai pu en tirer que des broutilles.. Je peine encore à comprendre ce qui nous rend différents des humains, et pourquoi ces derniers ne font-ils preuve d'aucune affinité avec la magie, et comment ils ont pu plutôt - pour leur propre protection - le domaine de l'ANTI magie justement.. Quand on dit que le corps révèle tous les secrets.. ce n'est pas toujours vrai. Des fois des expériences sur des vivants sont nécessaires, mais dans ce genre de cas, les preuves sont plus dures à cacher » , « Vous faites donc face à une impasse ? » rétorqua la jeune femme d'un air des plus ironiques, désobligeant, presque trop arrogant pour elle qui n'y comprenait pas grand chose finalement. « Il n'y a pas lieu d'inquiétude, je travaille sur plusieurs sujets en simultané, et les vampires me sont beaucoup d'une aide beaucoup plus délectable que ces pauvres souffre douleur. » Il la provoquait, jouait de toute évidence avec ses nerfs, tendus, attentifs, et néanmoins particulièrement dangereux. La jeune femme était plutôt susceptible lorsqu'on abordait de près ou de loin son engeance, ou celle de son mari qu'elle portait dans son coeur, et en estime. À force de jouer avec le jeu, l'on finit par se brûler, mais visiblement cet homme s'y était préparé.

Il ne fut de ce fait guère surpris de trouver ses ongles au contact de sa gorge, de sentir cette force émérite, accomplie le superposer, le consumant de ses beaux yeux haineux. Le déchirer du regard, comme envisageant une destinée manifeste par laquelle triompheraient les héros de ses convictions, contre les belligérants de l'autre camp, semblait être alors sa seule et unique volonté. « Ose. Je n'ai peut-être pas mon mot à dire concernant tes recherches, mais tu touches à mon peuple, à mes proches, ou à qui que ce soit, et tu risques de le regretter. À tes risques et périls. Mais sache.. que je ne gaspille jamais ma salive en vain » La balle était lancée, et l'homme ne s'attarda pas à la renvoyer. Il lui dirigea simplement un demi sourire, entre la moquerie et l'approbation, suite auquel l'agacement de la jeune femme ne fit que germer. Il ne fallait pas se croire capable de porter atteinte, ne serais-ce que par la parole, à une partie de son être, et s'en sortir indemne. Pourtant, elle n'avait rien de tortionnaire cette femme. Non. Lucrezia n'avait rien de si monstrueux, de si violent, et l'homme le comprenait. Il avait développé des sens presque tout aussi aiguisés que les siens. C'était bien plus compliqué que cela. Elle était digne, adroite dans tous ses gestes. Elle pouvait paraître hautaine, distante, intouchable, mais elle tenait dur comme fer à ses moeurs, et ces dernières primaient sur tout sens commun de la morale, et il avait vu qu'en elle n'avait surgit aucun jugement de valeur, de ceux qu'il supportait à longueur de journée. Elle était issue d'hautes familles, côtoyant depuis sa plus tendre enfance - le croyait-il - l'étique et la plus fine éloquence. Elle avait ainsi acquis une fierté et une noblesse à laquelle bon nombre prétendaient, tout en étant arborant cet air de danger, peaufiné, travaillé, qu'elle avait aiguisé pour en faire le sien, se l'approprier.

Leurs joutes ne se firent pas douces, car aussitôt ce contact établit, aussitôt brisé, d'un pas agile, gracieux de la part de cet ancien ange, un saut habile que la vampire intercepta, le forçant à atterrir sur une des tables aux ustensiles acérés, mais aussi extrêmement bruyants. N'étant pas du genre à se servir de ses poings, et n'ayant à cet instant précis pas son arme à disposition, la jeune femme en vint à ses crocs, et l'homme à ses aiguilles empoisonnées, à l'une qu'il sortit d'un placard dans un fracas impressionnant, laissant plusieurs autres s'écraser au sol par la même occasion. « M. Vinsent.. Tout va bien ? » L'étranger ouvrit grand la porte cochère, se tenant à l'embrasure, jetant de brefs regards furtifs vers l'intérieur avant de croiser les deux seuls anatomies vivantes dans cette pièce, tenant ses narines de deux doigts persévérants. Les interrogeant un moment du regard, il commença à porter sa main vers le fourreau de sa lame, prêt à la dégainer. « Allons, Joe, on arrête de faire les c*n et on range son épée. Sérieux, tu te crois où là ? Nous sommes en pleine expérience, et je t'avais déjà dit de ne jamais intervenir dans ce cas là ! » L'intendant blêmit à ces mots, étant quasiment certain de ne pas avoir mal interprété la position dans laquelle il les avait trouvé, mais n'ayant point envie d'aller à l'encontre des paroles de son supérieur. « Cette jeune personne est votre.. assistante ? » , « Mais puisque je te dis que oui gamin ! Allez, dépêche et va me chercher plus de rations. Les autres dans les cages ont besoin qu'on les nourrisse » Et sans porter à coeur plus le moindre détail étrange, plus l'once d'un soupçon envers la belle femme en position compromettante, il s'en alla, sifflotant un air quelconque, et s'affaira à la tâche qu'on lui avait confié.

« J'espère qu'il ne vous est pas venue la folle idée que je vous remercierais pour ce geste, ou que je vous le revaudrais d'une façon ou d'une autre ? » Prête à appeler Cocoon si les choses tournaient mal, elle s'essayait à ce genre de provocation, à une autre méthode d'utiliser les mots à bon escient, ou tout du moins à son avantage. Elle sourit ironiquement, une fois de plus, s'apprêtant à répéter les menaces qu'elle lui avait lancé, avant de s'apercevoir de l'effet contraire qu'elles auraient sur cet homme. Il n'était pas du genre à réagir aux longues tirades pleines de bon sens, ni aux discours les plus hargneux et arrachants. L'on ne semblait pas pouvoir le prendre par les tripes, alors elle laissa le silence planer, voyant qu'il s'était résigné pour le moment à s'acharner contre elle. Presque déçu de laisser échapper un sujet d'expérience ( à l'image de sa fille réprouvée qu'il avait fuit étant encore ange par soucis de bienséance et de trop lourds remords ) d'un tel gabarit, mais refuse d'autant plus de se faire tuer de si tôt. Il s'en abstient alors, et reprend comme si de rien était ses occupations, la laissant s'éloigner, disparaître si tel était son choix. Ses expériences étaient toute sa vie, n'ayant pas abandonné ses ailes, sa famille à deux reprises, et commis atrocités et atrocités, il ne pouvait abandonner si aisément. Désireux d'une petite vengeance personnelle, il lui rendit un dernier regard, esquissant un rictus informe. « À la revoyure... Mme Sforza » Et dans un nuage de fumée, celle-ci disparut, téléportée par ses propres pouvoirs de retour à Mégido, n'ayant entendu que par pure miracle les derniers mots qu'il prononça. Cet homme était vicieux, et elle savait que dans un futur pas si lointain, elle aurait de nouveau affaire à lui. Cela dit, et vu sa manière bourrue - pour ne pas dire acrimonieuse - d'agir, il n'avait qu'à bafouer ses avertissements, ses menaces qu'il savait ne pas être dites en l'air, et il goûterait à son courroux, à ce sens des responsabilités qu'elle portait envers son peuple.

L'astre lunaire lui souriait, dans le ciel haut perché, et arrivée près du divan carmin sur lequel ne portaient que quelques rayons lumineux, elle fit passer ses bras autour du cou de l'homme avachi, « Bonsoir, mon amour. Tu es rentré depuis longtemps ? » l'embrassant sur sa joue gauche, le criblant de gestes affectueux. Elle retrouvait enfin son petit bonheur, ce n'était décidément pas un luxe..

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