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 [Test Aether solo] ¤L'Elévation¤ [Terminé]

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Mer 19 Aoû 2015, 02:07

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




La sensation et l'odeur de son sang chaud qui coulait le long de son bras... la tension de ses muscles douloureux... les gouttes de sueur qui perlaient à son front... son coeur battant à tout rompre dans sa poitrine... Voilà des sensations que la jeune Elémentale du feu était heureuse de ressentir de nouveau. Des sensations qui lui avait plus que manqué. Des sensations qu'elle redécouvrait et savourait en cet instant décisif, à l'aube d'une nouvelle vie, d'une nouvelle ambition. Takias était véritablement heureuse de se battre dans ces circonstances pour avoir le plaisir de s'adonner de tout son corps et de tout son esprit à cet exercice difficile. Elle bondit sur le côté en évitant de nouveau un coup de sabre, puis plongea pour en éviter un deuxième. Elle sentait le vent siffler à ses oreilles et recevait des morceaux de roches explosées dans la figure. Elle para juste à temps un coup verticale qui allait lui fendre le crâne et tenta de reprendre l'avantage. Elle planta solidement dans le sol sa hallebarde et s'en servit comme d'une perche pour se hisser à la force de ses bras au dessus de l'Aether. Elle put ainsi reprendre les échanges de coup autrement qu'au sol. Elle utilisa alors l'une de ses techniques favorites: elle changeait d'armes quasiment à chaque passe. Elle reposa dans son dos sa hache en même temps qu'elle saisissait son épée à deux mains puis à peine le coup fut-il paré qu'elle laissa glisser la lourde arme dans son dos et dégaina sa rapière, suivie par sa dague. Bien sûr cela était très fatiguant, et guère pratique. Mais cela obligeait surtout l'adversaire à ne rester concentré que sur la main armé de son ennemi et à s'habituer à chaque arme, car on ne pare pas de la même façon un coup de hache et un coup de dague, cela va de soi. A ce petit ballet des armes s'ajoutait quelques feintes qui permettait à la jeune femme de prendre quelques pouces d'avance. Et puis elle vit son ouverture, alors qu'elle avait envoyé un violent coup de griffe sur la gauche de l'homme en bleu et que celui-ci parait de son sabre et de sa dague, elle maintint sa position à sa droite et fit glisser entre ses doigts gauches le Croissant Sylvestre. Elle fit mine de rompre le contact en se propulsant en arrière, envoyant de la même façon le boomerang. Si elle n'avait pas été aussi concentrée qu'elle l'était, un léger sourire se serait installé sur son visage blanc. Mais pour le moment, elle ne laissait rien paraître, feignant la fatigue pour cesser cet échange d'armes si bouleversant. La ruse prit -peut-être pas l'Aether, mais du moins l'homme qu'il essayait d'être- et le boomerang après avoir dessiner son cercle revint avec plus de vigueur encore en direction de son lanceur. Et sa route fut barrée par l'Aether, comme l'avait prévu Takias. Par ailleurs, le bois n'était qu'une façade et une nécessité pour permettre un petit peu plus de légèreté, mais l'intérieur de l'arme était un métal solide capable de briser de la roche. L'arme qui paraissait si inoffensive vint pourtant s'entrechoquer avec l'arrière du crâne du guerrier bleu. D'après l'inclinaison de la tête et le boomerang, Takias déduisit que si cet homme en avait été un réellement, il serait mort. Mais puisqu'il s'agissait d'un dieu, elle n'hésita pas une seule seconde. Elle sortit ses griffes et dégaina son petit wakizashi avec lequel elle fendit l'air. Elle frappait furieusement, sachant que chacun de ses coups auraient dus être mortels. Elle enfonça ses griffes dans le foie, le poumon gauche, de la même façon qu'elle lacérait la carotide et l'épaule droite de sa lame bleue et violette. Les Griffes de l'Ombre et le Marin agissait aussi vite que le cerveau de la jeune femme le commandait. Elle avait l'impression d'avoir atteint un point de non retour, visant tous les points vitaux que ses yeux aguerris apercevaient, s'éclaboussant de liquide chaud et rouge, tranchant la chair comme de la viande rouge. Il y avait une sorte de frénésie qui semblait avoir saisi la jeune femme et qu'elle connaissait déjà, qui faisait partie d'elle. Quelqu'un d'extérieur, un spectateur quelconque y verrait une pulsion meurtrière et un désir complètement délirant de sang et de massacre. Pourtant il s'agissait d'une toute autre raison, toute aussi folle et dangereuse, mais néanmoins différente: il s'agissait du summum, de la perfection de la maîtrise d'une arme. C'est à dire du point à partir duquel la maîtrise de cette arme a permis de mettre un adversaire hors d'état de nuire. Cette drogue, cette adrénaline du but enfin atteint génère une sorte d'addiction chez Takias qui veut toujours en avoir plus. Cela part tout d'abord d'une sorte de pensée inconsciente de "ne sait-on jamais", peut-être que si il est particulièrement coriace, toucher un autre point vital assurera sa mort. Et cette nouvelle attaque fulgurante et violente offre la vue d'un autre point vital, un coup en plein coeur rappelle l'existence des poumons, les poumons de la jugulaire, la jugulaire du foie et ainsi de suite... Et c'est ainsi que la jeune femme se retrouva à poignarder sauvagement et avec une précision effrayante les organes vitaux de cet homme qui n'en est pas un. A bout de souffle, la jeune femme se laissa finalement tomber sur le cadavre. Le corps vêtu de bleu se mit alors à s'illuminer avant de disparaître, laissant l'Elémentale sur le sol. Elle donnait un spectacle digne d'une représentation d'horreur: dire qu'elle était tâchée de sang n'était que mensonge, car elle en était remplie. Le liquide poisseux commençait à refroidir sur son visage et ses mains. Elle se releva en reprenant sa respiration. Étonnamment, elle était impassible, ses yeux rouges se posaient sur les tâches de sang imprégnés dans la roche sans nulle autre réaction. Elle finit par tendre ses bras rouges du sang de sa victime devant elle, sans plus se sentir effrayée ou honteuse. Elle vit bientôt la lumière bleue apparaître devant elle et n'eut pas besoin de se couvrir le visage. L'entité en armure et lumineuse se tenait de nouveau devant elle et la voix froide intervint de nouveau:

"Déduction?"

Il y avait une pointe d'amusement et d'interrogation dans sa voix cependant distante. La jeune reine essuya le sang qui l'avait éclaboussé sur ses joues et ses lèvres, ne se rendant pas compte qu'elle l'étalait encore plus. Elle ne voyait pas le tableau rouge que sa chemise blanche et ses bottes brunes donnait au passeur. Elle réfléchit sereinement durant quelques secondes avant de dire en haussant un sourcil:

"Les armes ne sont pas forcément utilisées pour protéger ou défendre."


Le silence de l'Aether la poussa à poursuivre:

"Elles peuvent être cruelles, mortelles... et sans pitié."


Ses yeux rouges se posèrent de nouveau sur les immenses tâches de sang qui commençaient à sécher sur les roches volcaniques. Elle inclina un peu sa tête sur la droite, détachant quelques mèches poisseuses, collées à son front.

"Les armes peuvent être aussi salvatrices que néfastes. "

Elle eut un petit rire jaune et laissa sa langue courir sur ses lèvres ensanglantés. Accompagné d'un petit sourire, elle commenta dans un murmure:

"Tout comme moi..."



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crackle bones
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Dim 18 Oct 2015, 23:19

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




C'était cela. C'était les Armes. Takias eut l'impression que quelque chose venait d'être scellée à tout jamais en elle. Une décision était prise, une décision qui allait bouleverser toute son existence. C'était comme lorsqu'elle avait décidé de s'élever. Maintenant, elle avait choisi son emvryo, elle ne pouvait plus en changer, et ne le voulait plus. Elle avait été surnommée la Reine-Forgeron, peut-être le nom de Reine serait-il bientôt remplacé par Aether? Elle l'espérait de tout son coeur. Mais maintenant que cette étape déjà peu simple était achevée, il lui lui fallait en commencer une toute autre... beaucoup plus compliqué. La satisfaction de la tâche accomplie se changea en angoisse de la tâche à venir. Takias essuya le sang chaud sur son visage en réfléchissant... Qu'avait-elle lu dans la bibliothèque d'Ilios? Quelle était la prochaine étape de l'Elévation? Lorsqu'elle étendit sa main devant elle, le sang avait disparu. Les yeux rouges de la jeune Elémentale glissèrent sur le sol: la fine couche du liquide pourpre semblait s'être évaporée. Par déduction, l'ancienne Impératrice du Tout sut qu'elle n'en avait plus sur le visage et sur ses vêtements. Elle ne prit pas la peine de baisser la tête pour se assurer. Se cheveux s'agitèrent en même temps qu'une petite brise semblait se réveiller. L'Aether dont elle avait presque oublié la présence fit soudainement irruption devant elle. Il était redevenu neutre: ni trop sympathique, ni trop effrayant, il était simplement là, entité puissante et mystérieuse qui faisait face à Takias. La jeune saisit une lanière de cuir dans une de ses poches pour attacher ses cheveux débarrassés eux aussi du sang fictif de cette victime inconnue. Elle les ramena en arrière puis enroula le petit ruban de cuir brun autour de ses mèches de jais. La lumière bleue se fit plus intense et le sol sembla se désintégrer sous les pieds de la jeune femme: ce n'était pas comme pour les souvenirs, ce n'était pas quelque chose d'immatériel, pas plus que c'était quelque chose de spirituel, c'était physique, ils montaient. Lorsque la jeune femme sentit son estomac sur le point de se retourner puisque leur ascension était terminée, elle observa le paysage: elle setenait sur les roches au bor d'un gouffre. Elle se tenait sur le point le plus culminant du volcan. Elle avait une vue dégagée sur le Continent Dévasté. Elle avait aussi une vue dégagée sur le volcan dans son ensemble. Elle voyait les galeries qu'elle avait maintes fois parcouru, elle voyait l'Antre de Vulcain, son Antre... Sa demeure, sa forge, son palais... Cette pensée l'obligea à changer la direction de son regard, vers l'extérieur du volcan, sur un petit plateau rocheux qui lui avait permis il y avait bien des années de construir sa petit maisonnette, sa première bâtisse, sa toute première forge alors qu'elle n'était qu'un Maître Elémental. Elle sentit son coeur se serrer en se remémorant la construction de cette vieille maison qui n'était maintenant que des ruines dans lesquelles elle aimait à se recueillir de temps à autre. Mais son regard de sang s'éleva pour se perdre dans quelque chose de plus intense encore: le ciel. La nuit était tombée et l'immensité de cet univers, de ces étoiles saisit la jeune Reine encore plus que son palais et que sa petite maison, encore plus que tous les souvenirs dont elle pouvait se charger. Elle ancra ses deux pieds dans la roche pour maintenir son équilibre et balança sa tête en arrière pour tenter vainement d'englober tout ce ciel. Phoebe était de sortie ce soir là. Depuis combien de temps était-elle dans le volcan avec l'Aether passeur? Depuis combien de temps se questionnait-elle sur sa vie et sur son passé? Une heure? Une journée? Ou peut-être seulement quelques minutes? Mais qu'est ce que cela pouvait bien faire de toutes façons? Takias revint à elle et abandonna la contemplation de ce ciel dépourvu de nuage. Elle chercha autour d'elle l'Aether bleu et le vit en se retournant. Elle crut deviner un léger sourire sur son visage angélique, mais elle n'était sûre de rien. Il mit des mots sur ce qu'elle savait déjà:

"Tu as choisi ton emvryo. Cette étape-ci était la plus facile et elle est terminée."

La jeune femme hocha la tête. Elle n'avait pas trouvé ça facile mais elle comprenait ce que voulait dire cette déclaration: ce n'était rien comparé à ce qu'il attendait, ce n'était rien comparé au renoncement! C'était cela la suite, la prochaine étape. Le renoncement! Quelle ironie, au moment où elle devait se détacher de tout et surtout de son passé, elle se retrouvait le coeur serré devant son château, sa première maison, dans le lieu qu'elle chérissait le plus sur tous les continents des Terres du Yin et du Yang. Elle essuya la sueur inexistante sur son front comme pour se donner bonne conscience et reposa son regard ensanglanté sur l'Aether.

"Tu connais déjà la prochaine étape."

Ce n'était pas une question. Mais plutôt une affirmation. Il attendait que Takias prononce d'elle même ce mot si lourd de sens, si chargé de peur et d'abnégation. A la fois nécessaire et effrayant. Ce n'était pas maintenant qu'il fallait craindre, qu'il fallait douter. La fille du Feu se campa sur ses pieds et hocha la tête:

"Il s'agit du renoncement."

Elle avait hésité à formuler sa réponse à l'interrogatif, puis s'était ravisée. Elle en était sûre et lui voyait en elle comme dans un livre ouvert, inutile de s'essayer aux faux semblants, ce n'était pas du tout le bon moment. Elle attendit la réaction de l'Aether qui ne se fit guère attendre:

"C'est cela. Le renoncement. Tu veux t'élever, tu veux rejoindre les Aether avec l'emvryo des Armes. Alors je te le demande: es-tu prête à renoncer?"

La question était simple et directe. Et Takias avait préparé une réponse toute aussi simple et plus directe encore. Pourtant elle ne sortit pas. Il y avait une atmosphère tellement chargée que l'Elémentale avait l'impression d'étouffer. Pourquoi était-ce si dur de répondre? Pourquoi ce doute après tant de certitude et de détermination. Takias s'entendit répondre:

"... à renoncer?"

Tout se mélangeait dans sa tête. A renoncer à quoi? Comme en réponse à sa question, l'Aether déploya autour de lui une vague de puissance à la fois rassurante et glaçante. Sa voix résonnait au sommet du Volcan Ardent:

"Takias Mirsaalak, es-tu prête à renoncer à ton titre de Reine?"

La jeune femme écrasée par ce déferlement de magie plus pure que toute celle qu'elle avait pu rencontrer tomba à genou une nouvelle fois. Les paumes de ses mains s'écorchaient sur les roches pendant qu'elle se maintenait de toutes ses forces pour ne pas courber l'échine. Elle ferma les yeux et des images passèrent avec une rapidité affolante dans sa tête. Le trône des Elémentals, la couronne des Huit Eléments, les Temples du Feu, du Métal, de la Foudre, de la Terre, de la Nature, de la Glace, de l'Air et de l'Eau, les Grands Conseils, le manteaux de pourpre bordé d'hermine qu'elle revêtait avant chaque cérémonie... tous els attributs royaux, toutes les tâches qu'elle avait accompli en tant que Seigneur du Tout, toutes les décisions, toutes les réformes, toutes les lois, les annexions, les guerres. En quelques minutes, si ce n'est quelques secondes, tous ces souvenirs figés défilèrent dans sa mémoire fidèle. Elle se sentit encore un peu plus écrasée par ce poids et sentit les effluves de chaleur du volcan sur son front. Une dernière image s'imposa à elle, celle d'un tableau qu'on lui avait offert pour sa première année de règne: elle y était représentée avec Kolio, figure majestueuse sur le trône, coiffée de la couronne brillant des huit couleurs, tenant de la main droite sa rapière, de la main gauche un livre. Son regard rouge semblait briller de défi et de fierté. Elle cria alors, plus qu'elle ne dit:

"Je l'ai abandonné il y a longtemps déjà!"

La tension sembla s'effacer quelque peu de ses épaules. Les images disparurent, c'était vrai. Elle avait laissé la charge du peuple Elémentaire à Kevne et depuis un mois maintenant, s'était retirée des affaires de l'Etat. Elle ne voulait pas voir qui prendrait sa suite. Elle ne voulait pas voir Erine au pouvoir, car elle savait très bien que c'était le Maître de l'Eau qui serait la nouvelle Impératrice du Tout et elle refusait de voir quelqu'un d'aussi peu traditionaliste et d'aussi peu nationaliste à la tête de son peuple. Cette simple pensée lui transperça le coeur. Mais elle n'était plus Reine. Elle n'était plus Impératrice du Tout.

"J'ai renoncé à ce titre. Je ne suis plus l'Impératrice du Tout."

L'Aether lui permi de reprendre sa respiration quelques secondes, avant que la pression ne revienne avec force. Elle entrevoyait comment allait se dérouler ce renoncement. Et elle avait de quoi s'inquiéter pour la suite.



Post 17// Mots: 1564

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Ven 23 Oct 2015, 01:13

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Elle n'était plus une Reine. Elle n'était plus l'Impératrice du Tout. Il n'y avait plus de douleur en y repensant. C'était un fait et tout ce qu'il y avait autour de ce passé venait de s'envoler de la même façon que le poids sur les épaules de Takias s'était allegé. Il n'y avait plus de nostalgie, seulement une certitude: Takias n'était plus une souveraine. La jeune femme se tenait toujours plaquée sur le sol, mais elle tenait bon. Il le fallait. La voix de l'Aether intervint de nouveau.

"Es-tu prête à renoncer à ta race, à ce peuple auquel tu appartiens?"

Cette tâche là allait s'annoncer plus ardue. Son titre, Takias l'avait déjà abandonné. Elle avait été Reine, elle avait été heureuse de mener son peuple durant ces années, mais elle n'était pas née Impératrice et cette appellation n'était rien par rapport à ce qu'elle était, à son essence même. Les images défilèrent alors. Le feu surtout. Sa transformation par le feu, cet élément qui avait été à la fois source de souffrance et d'espoir, cet élément qui faisait tout ce qu'elle était. Elle se revit en fusion avec ses flammes, elle se revit en train de brûler tous ces villages après sa transformation, elle se revit en proie au désespoir, les flammes léchant sa peau d'enfant. Les images s'enchaînaient à toute vitesse. Les flammes avaient été à la fois son outil pour exercer sa violence mais aussi son amour. Le feu la composait autant que la vertu faisait partie d'un Ange et le pêché d'un Déchu. Elle était le feu et seul un Elémental pouvait comprendre ce que représentait ce lien si unique, en particulier en fusionnant avec l'élément. On atteignait une telle pureté magique, un sentiment de plénitude et l'impression d'être enfin complet, comme si cet élément n'était qu'un prolongement de nous-même. Le feu représentait tout pour la jeune femme. Mais au cours de son évolution et de sa quête du pouvoir, il n'avait pas été le seul. Il y avait ensuite eu le Métal. Cet élément dont elle était déjà proche de par la forge et dont le lien n'a fait que se renforcer avec son apprentissage et sa maîtrise parfaite: création, contrôle, fusion. Le métal vivait à travers le corps de la jeune femme, et s'il n'avait pas la même place que le feu, il n'en était pas moins présent. Puis la Foudre... Cette dernière se rapprochait du feu avec son caractère imprévisible et implacable, sa force soudaine et sa puissance dévastatrice. Son apprentissage fut rapide et sa place importante. Puis la Nature et la Terre. Cela prit plus de temps mais le lien fut forgé doucement et progressivement. La Terre et la Nature étaient calmes, sereins et leur puissance quoique importante était posée, contrairement au Feu et à la Foudre. Il fallut alors apprendre la patience et la sérénité. Le calme, tout simplement. Ensuite vint l'Air. Cela fut plus simple que la Nature, le vent renforce le feu et de la même façon, cet apprentissage fut des plus importants et rapides pour l'Elémentale. Elle était alors déjà Impératrice et il ne lui restait que deux Eléments à apréhender. Des éléments qui étaient l'antithèse de sa nature, de son essence même. Des éléments qu'elle fuyait comme l'ombre devant la lumière. Des éléments auxquels elle s'obligea cependant à se confronter. Dans son titre, il y avait bien le mot "tout". Or la Glace et l'Eau faisait partie de ce tout. Ce fut l'apprentissage le plus long, le plus douloureux et le plu couteux car il fallaut aller plus d'une fois contre sa propre nature. Il fallut combattre sa personalité et son caractère pour maîtriser ces éléments si contraires au feu. Mais elle y arriva. Elle fut une Impératrice du Tout maîtresse des Huit Eléments. Et aujourd'hui elle devait renoncer à ce lien suprême qui la reliait au monde. Aujourd'hui, elle devait renoncer au Feu. D'abord lui car il était le commencement de tout, de sa vie en tant qu'Elémentale, de la marque qu'elle avait apposée sur ces Terres. Elle devait renoncer aux flammes rassurantes et puissantes qui l'entouraient lorsqu'elle doutait. Elle devait renoncer à ce feu dans lequel elle se réfugiait terrorisée après avoir déchaîné ces nouveaux dons incontrôlables sur quelques villages. Elle devait abandonner ce pouvoir qui l'avait sauvé tant de fois de la folie, elle devait abandonner cette chaleur si apaisante. Elle n'y arrivait pas. Les braises rougeoyantes du volcan sous elle lui rappelaient qui elle était et d'où elle venait. Elles lui rappelaient qu'elle était née par le feu et qu'elle devait maintenant dépasser ce feu. Elle n'y arrivait pas. Elle n'y arrivait pas. Le poids sur son dos semblait s'alourdir tandis que les images défilaient, encore et toujours, rouges et orangées, tous ces souvenirs aussi nombreux que chaque minute de sa vie. Elle enfonça ses ongles dans le sol brûlant avant de secouer la tête. Il fallait renoncer. Elle le voulait, pourquoi cela n'était-il pas aussi facile? Elle ferma les yeux et reprit sa respiration. Elle renonaçait au feu. Elle se répétait cette phrase intérieurement jusqu'à ce qu'elle en soit persuadée, non... jusqu'à ce qu'elle en soit convaincue. "Je renonce au feu". Les images redoublèrent dans sa mémoire. "Je ne suis plus une Elémentale du Feu". La chaleur sous ses poings serrés semblaient l'attirer et lui indiquer le contraire mais elle la rejeta avec violence. "Je ne suis plus fille du Feu" Elle ouvrit les yeux. Ses pupilles rouges prirent une teinte plus pourpre que jamais,

"Je ne suis plus une Elémentale. Je n'ai plus de lien avec le Feu. Avec le Métal, la Foudre, la Nature, la Terre, l'Air, l'Eau et la Glace. Je ne suis plus protectrice des Eléments".

Entendre ces mots fut à la foix la plus suprême des souffrances et la plus douce des libérations. C'était une sensation paradoxale et pourtant bien réelle, à la fois soulagement et douleur. Mais il n'y avait pas de place pour le regret. La jeune femme put se relever un peu plus et reprendre sa respiration. Ses yeux avaient perdus à tout jamais leur flamme. Ils étaient d'un rouge sang qui ne serait jamais plus troublé par un feu rougeoyant. Ses longs cheveux de jais aux reflets enflammés venaient de perdre pour toujours cette onde de feu qui ondulait de temps à autre. La température de son corps ne monterait plus à des centaines de degré lorsqu'elle était calme ou énervée. Son corps avait rejeté le feu qui le faisait vivre par la volonté de la jeune femme. C'était effroyable, mais c'était surtout réel et irréversible. Le sol du volcan la brûlait. Takias sentit une larme rouler le long de sa joue. Comment pouvait-elle ressentir une telle sensation? Comment pouvait-elle se brûler? La panique faillit la saisir mais elle enfonça un peu plus ses mains dans le sol. La douleur était quasiment insoutenable mais sa souffrance intérieure était plus grande encore, à tel point que sa chair lui importait peu. Elle ferma les yeux durant quelques secondes, vidant son esprit et laissant son unique larme s'évaporer sur sa joue. Lorsqu'elle les rouvrit, son corps ne tremblait plus et sa souffrance n'était qu'un grain de sable dans l'immensité d'un désert. Elle répéta avec une indifférence presque effrayante:

"Je ne suis plus une Elémentale."

Elle put se redresser encore et relever un peu la tête. Elle sentait l'Aether en face d'elle, plus qu'elle ne le voyait. C'était un grand pas qu'elle avait fait là, une grande partie d'elle même à laquelle elle avait renoncé. La voix de l'entité bleue intervint de nouveau, écrasante et puissante:

"Es-tu prête à renoncer à ton existence humaine, à ce passé qui te ronge depuis trop longtemps déjà, à cette vengeance qui a noirci ton coeur d'enfant?"

Une grimace de souffrance vint déformer les traits pour l'instant impassibles de la jeune femme. Elle courba un peu plus sa tête. Elle y arriverait. Elle y renoncerait pour s'élever.




Post 18// Mots: 1404

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Mar 27 Oct 2015, 00:13

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Si le feu présent dans son corps et dans sa vie venait de disparaître, il en allait autrement de la colère qui régissait encore son âme et de cette vengenace achevée et pourtant encore assoiffée. Car si la jeune femme avait tué le Sorcier et l'aristocrate responsable du massacre de sa famille, sa profonde haine s'était étendue à la race des Sorciers tout entière, à tel point que ces derniers n'avaient plus le droit de fouler le sol d'Aeden ni des territoires annexés. Mais c'était au temps où elle régnait, qui sait si maintenant ils ne siégeaient pas aux côtés d'Erine, cette traîtresse voulant s'allier avec les Mages noirs et blancs. Cette simple pensée obligea Takias à serrer la mâchoire et à enfoncer encore un peu plus ses doigts dans le sol brûlant. Elle détestait les Sorciers plus que tout et maintenant que la fierté et l'amour qu'elle portait à son peuple avait disparu avec son dernier renoncement, cette haine prenait une ampleur plus que terrible. La belle brune aux yeux rouges avait l'impression que sa tête allait exploser, elle se passa une main sur le front, laissant une trace noire sur sa peau blanche. Les images défilaient: sang, feu, meurtres, le sourire du Sorcier, le sadisme, les multiples expériences... tout ce qu'elle avait vécu, tout ce qui avait constamment alimenté cette haine grandissante se bousculait à présent dans sa tête à sa plus grande souffrance. Ils lui avaient tout pris, elle n'arrivait pas à entrevoir autre chose que de la haine à leur égard. Et pourtant, de la même façon qu'elle avait abandonné l'amour qu'elle portait aux Elémentals, elle devait abandonner la haine qu'elle portait aux Sorciers. Elle se sentit honteuse de voir qu'il lui avait été plus rapide de se détacher de son propre peuple que de celui de ces mages noirs qu'elle haïssait. Mais elle n'en était malheureusement pas surprise, la haine avait toujours pris le pas sur l'amour au cours de sa vie, il était logique que cela se poursuive ainsi jusqu'à la toute fin. Il était tellement plus facile de haïr que d'aimer, il était tellement plus simple de s'enfermer dans une haine aveugle que de se risquer de souffrir en amour. Les images revinrent avec plus de force, tornade puissante qui se cognait aux parois du crâne de la jeune femme souhaitant renoncer. Elle voyait Khénos, elle tenait son corps sans vie, son petit corps pâles dont les boucles blondes retombaient sur son front, dont les yeux bleus délavés fixaient l'immensité du ciel enflammé. Elle se voyait en train de hurler sa rage et sa haine à plein poumons, elle voyait se dessiner dans ses yeux d'enfant la promesse qui l'avait conduite durant toute sa vie, celle d'une vengeance sanglante et frénétique, celle d'une vengenace devenue obsession et seule raison de vivre. Et son accession au trône n'avait été que l'aboutissement de cette haine plus ou moins contrôlée. La tête de la jeune femme cogna le sol avec violence: elle n'y arrivait pas. Une autre image s'imposa à elle: elle le voyait lui, celui qu'elle avait chassé toute sa vie, elle voyait son sourire satisfait et carnassier après que son sabre eut ôté la vie à Khénos. Elle voyait ce visage emblématique qui avait forgé ses cauchemars et crevé ses rêves, qui l'avait brutalement sorti de l'enfance à l'âge de dix ans. Le front collé sur le sol brûlant, Takias sentait le sang couler au dessus de son arcade sourcillère. Pourquoi? Elle voulut crier comme elle avait fait déjà tant de fois. Elle voulait se lever et déchainer ses flammes autour d'elle en une tempête de fureur et de rage, en une tempête dévastatrice qui la rassurait pourtant. Mais elle en était incapable. Elle ne pouvait se relever... Et elle ne pouvait invoquer ses flammes... Le feu ne faisait plus partie d'elle, elle n'était plus une Elémentale, il fallait désormais qu'elle cesse d'être cette femme vengeresse, il fallait désormais qu'elle renonce à son passé et à ses souffrances, il fallait qu'elle renonce à cette haine. Il le fallait.

"Ils m'ont tellement pris..."

Elle ne savait d'où venait ce déferlement magique qui l'obligeait à se remettre en question, qui l'écrasait physiquement et moralement, à tel point que relever la tête demandait un effort titanesque. La seule chose dont elle était certaine, c'était la présence d'une volonté et d'une détermination à toute épreuve, elle voulait s'élever, elle ne pouvait plus faire demi-tour et elle se doutait bien que c'était à partir de là que certaines âmes trop faibles s'effaçaient à tout jamais de la surface des Terres du Yin et du Yang. Mais pas Takias. Elle n'abandonnerait pas, elle ne se laisserait pas engloutir par l'Univers, elle ne se laisserait pas défaillir. Elle ne savait pas où tout cela allait la mener, elle ne savait pas comment cet Aether l'aiderait à atteindre ce stade, mais elle savait qu'elle s'élèverait et qu'il était maintenant trop tard pour faire machine arrière. Elle n'était plus une Elémentale. Alors pourquoi était-ce si compliqué? Les images qui défilaient dans sa tête ne faisait qu'augmenter cette haine déjà présente. Elle n'arrivait pas à regarder le corps de ensanglanté de son petit frère entre ses bras sans avoir envie de hurler cette haine terrible qui la rongeait depuis si longtemps déjà. Il était tellement fragile, tellement pur... il était innocent, il n'était encore qu'un enfant, son lapin et ses cubes de bois colorés trainaient encore à ses côtés sous les décombres, comment pouvait-elle faire abstraction de ça? Comment pouvait-elle ressentir autre chose qu'une profonde tristesse et une terriblle colère en se remémorant cette étape de sa vie? Elle ne pouvait pas... "Il le faut pourtant..."

"Si tu n'es pas capable de renoncer à ta haine, tu n'es pas prête à t'élever."

La voix était froide, non... glacée, tellement glacée que Takias ne sentit plus pendant un instant la chaleur du volcan sous elle. Peut-être qu'il avait raison, peut-être qu'elle n'était pas prête à renoncer à sa haine. La vengeance et la colère avaient eu une place trop importante dans sa vie pour qu'elle puisse y renoncer. Alors il se passa quelque chose d'étonnant. Elle se voyait toujours, le corps de Khénos entre ses bras, et elle fixait ces yeux bleus à jamais perdus dans le bleu pur du ciel rouge. Et elle renonça. Un effort suprême vint essuyer son visage baigné de larmes, de sang et de sueur. Cela faisait peut-être deux heures qu'elle se trouvait là-haut, elle n'en savait rien du tout. Elle renonça et se releva, les paumes de ses mains gardaient un contact avec le sol du volcan. Elle était accroupie, son visage n'était plus collée au sol rocailleux. Les images passèrent une à une dans sa mémoire sans générer nulle réaction intérieure ou extérieure. Elle observa avec une indifférence nouvelle les yeux si bleus de son petit frère. Et imitant son geste, ses yeux rouges se levèrent en direction du ciel étoilé. Elle avait renoncé à sa haine.




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Mar 12 Jan 2016, 23:18

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




« Je ne hais plus. »

C’était étonnamment calme dans la tête de la jeune femme. Elle sentait encore le sang couler sur son front et les gouttes de sueur rouler sur ses joues sales. Elle avait encore l’image de Khénos mais il n’y avait plus cette haine tellement familière. C’était étrange, troublant et tellement… reposant. Takias n’y avait jamais réfléchi auparavant, mais cette pause définitive dans sa haine contre les Sorciers la rendait enfin à elle-même. Elle avait lu le livre de l’Elévation à la Bibliothèque d’Ilios : elle savait pertinemment ce qu’était la Renonciation. Il s’agissait en fait de gratter toutes les couches successives autour d’un être, toute sa culture acquise par l’expérience, son éducation, sa vie, pour se concentrer sur son essence même, pour trouver ce qui faisait qu’elle était Takias, indépendamment de sa vie et de sa race, ce qu’elle était en tant que personne vivante, en tant qu’être unique, ce qui la caractérisait au milieu de tant d’âme. Elle avait déjà fait un premier choix qui était censé orienter son avenir -si avenir il y avait- en tant qu’Aether, celui des Armes. Maintenant, il fallait atteindre sa vraie personnalité pour s’élever, ne garder que son essence et délaisser ce qui la rendait « humaine », car il fallait maintenant dépasser cette condition, passer de l’homme au dieu. Et pour cela, il fallait déposer les bagages ici, maintenant, dans ce volcan et s’approcher seul de cette connaissance pure qui l’attendait.

La jeune femme avait toujours les mains à plat sur le sol, mais elle avait décollé un genou et sa tête n’était plus recroquevillée. Elle se sentait plus légère, plus sereine. Ce n’était pas « mieux » ou « pire », c’était simplement différent… Tellement différent que Takias avait à la fois d’être elle-même et quelqu’un d’autre. Elle avait à la fois l’impression d’être ce qu’elle était le plus profondément et à la fois de découvrir une étrangère, c’était curieusement fascinant et terriblement effrayant. Les yeux rouges de l’ancienne Elémentale quittèrent l’immensité étoilé pour se concentrer sur l’aura bleu en face d’eux. L’Aether attendait la suite. Depuis combien de temps ? Comment savoir… quelques secondes, des heures, des jours ? Elle ne se souvenait même plus s’il faisait nuit lorsqu’elle s’était rendue au Volcan, elle ne se souvenait même plus de la façon dont elle s’y était rendue, de ce qu’elle avait fait juste avant… Puis cette pensée la frappa ! Kolio ! Elle se souvenait de Kolio, elle se souvenait de son cher compagnon et des émotions rejaillirent en elle avec une force titanesque : elle faillit reposer un genou à terre et courba l’échine sous le poids de ces anciennes sensations qui lui paraissaient maintenant nouvelles. Mais elle ne comprenait pas. A quoi devait-elle renoncer ? A l’amitié ? C’était impossible, elle ne pouvait renoncer à cela, c’était trop… trop…

« Humain ? » suggéra alors l’Aether d’une voix malicieuse mais froide, « c’est bien pour cela que tu dois t’en séparer. C’est un poids qui t’empêche de t’élever. »

Les larmes perlèrent des iris pourpres de la guerrière. Comment renoncer à cela ? Elle se sentit suffoquer et courba la tête. Comment renoncer à Kolio ? Elle se sentit transportée avec autant de souvenirs liés à son camarade. Il y en avait trop, trop pour pouvoir les visualiser tous. Son fier compagnon se matérialisa sous ses yeux : elle voyait le lion géant avec sa crinière brune enflammée. Il avait les yeux aussi rouges que ceux de Takias. Ses pattes puissantes faisaient trembler le sol lorsqu’il bondissait et sa mâchoire d’acier pouvait briser n’importe quel os. Et pourtant, aussi monstrueux qu’il pouvait paraître, il était pour l’ancienne fille du feu tout simplement magnifique, majestueux. Elle n’avait pas eu d’ami avant lui, il avait été le premier à qui elle s’était confiée, le premier à qui elle avait fait confiance, avant que… avant que Loki ne la prenne sous son aile. Le grand lion au regard doux fut rejoint par une silhouette élégante et fine. Un Elémental de l’Acier bien habillée, rapière au côté et barbe entretenu faisait face à la jeune femme. Il avait son visage d’acier mais un sourire malicieux vint remonter la jointure droite de ses lèvres lorsque ses yeux gris rencontrèrent ceux de Takias. Il avait été son maître, un deuxième père. Il lui avait appris à maîtriser ses pouvoirs, lui avait offert des vertus au nom desquelles combattre. Il lui avait payé son éducation à Basphel et avait cru en elle alors qu’elle était un monstre aux yeux de tous, rejetés par les humains, ignorant même l’existence de sa propre race, tuant à n’en plus pouvoir, car incapable de contrôler ses flammes. Il avait été là pour elle. Elle se sentit suffoquer, l’air lui manquait. Elle n’y arrivait pas ! Elle n’osa pas relever la tête pour regarder la prochaine ombre qui venait de rejoindre les deux autres, car elle savait déjà de qui il s’agissait : Atläns venait d’éclater d’un rire tonitruant après avoir chapardé une broche en argent de Loki. Le fou le reposa avant que l’Elémental ne perde patience et se tourna vers Takias. Ses yeux rouges vifs pétillaient d’excitation et de gaieté, cet Orine était la joie à l’état pur. Il offrit à la jeune femme un sourire qui lui découvrit une dentition éclatante avant de faire apparaître un bouquet de lys dans ses bras fins. Il était vêtu de façon excentrique, comme à son habitude : du jaune, du violet et du rouge en une même tenue.

Takias crut défaillir. « Je n’y arriverai pas. » Elle avait énoncé cette phrase à voix haute, comme si elle avait besoin d’une confirmation, besoin d’un avis. En était-elle vraiment capable ? Elle jeta un dernier regard désespéré sur ces trois compagnons et ses yeux se glacèrent d’horreur : derrière eux, ils étaient une quinzaine à s’avancer : Mizu, Aaliah, Sora, Aya, Masha, Shiro, Morvan, Kain, Valkan, Alyska, Zoro… Ils étaient là, comme si c’était hier que Takias les avait vu. Certains étaient des amis de longue date, d’autres avaient été des sœurs, d’autres encore s’étaient rencontrés par pur hasard, mais tous ils avaient été présents comme amis dans la vie de la jeune femme. Leur arrivée commune fut un choc sans précédent. Elle ne pouvait renoncer à tout ça. Elle avait pourtant déjà tant parcouru dans son étape de renonciation : sa carrière politique, sa race, sa haine… et maintenant elle était sans moyen devant l’amour, devant l’amitié ? Quelle ironie du sort ! Elle baissa la tête pour se soustraire à la vision de tous ses compagnons. Elle baissa la tête, au bord du gouffre de son échec.




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Jeu 04 Fév 2016, 22:02

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




La Renonciation était pour la jeune femme l’étape la plus compliquée et la plus délicate. Pourtant, il lui semblait avoir fait le plus dur. Takias avait réussi à se détacher du pouvoir, de sa race, de la colère et de son désir de vengeance. Elle n’aurait véritablement jamais cru que le plus compliqué serait de renoncer à l’amitié. Certes toutes ces personnes avaient été des individus particulièrement actifs dans la vie de la jeune femme et qui lui avait permis de se dépasser, de s’épanouir. Elle connaissait le rôle de certains, comme Kolio ou Loki, mais comment pouvait-elle se douter que de simples rencontres plus générales entraient aussi en ligne de compte ? Elle ne s’était, bien sûr, jamais posé la question mais elle ne se rendait compte que maintenant de l’importance que tous ces gens revêtaient pour elle. Ils faisaient tous partie intégrante de sa vie, de son expérience, avait modifié son histoire, ses choix, sa vision des choses. Ils l’avaient façonné en quelques sortes. Mais comment renoncer à tout ça ? Il ne s’agissait pas de refouler des sentiments précis pour les écarter, il fallait désintégrer sa vie entière. Etait-ce seulement possible ? La malice de l’Aether passeur l’agaçait passablement. Elle sentait comme une lointaine colère, mais était-ce vraiment de la colère ? Elle était désormais incapable de ressentir ce sentiment, le simple fait de réfléchir à ce mot lui faisait une impression bizarre, comme s’il n’était que l’écho d’un sentiment lointain, désormais inexistant. C’était étrange de se retrouver dans cette situation alors même que la colère avait été la flamme de la jeune femme pendant bien longtemps. Par ailleurs, c’était bien souvent ce sentiment qui prédominait chez les Elémentals du Feu. Mais Takias n’était plus Elémentale, et avait rompu son lien avec l’élément enflammé. Alors pourquoi n’arrivait-elle pas à renoncer à cette amitié qui n’apparaissait à la jeune femme qu’en second plan ? Pourquoi était-ce si difficile. En proie au doute, l’ancienne Elémentale jeta un regard sans expression à l’Aether bleu. Après quelques secondes d’échanges silencieux, le sol se déroba sous ses pieds et elle se sentit plonger dans un nouveau souvenir, comme si cela allait l’aider à mieux y renoncer. Elle prit une inspiration et se retrouva dans son enveloppe fantomatique. Elle avançait dans un petit village, dans la seule rue commerçante pour être précise, celle d’un petit marché dont la plupart des vendeurs étaient des agriculteurs ou des paysans venus vendre les quelques produits qu’ils avaient. Un village pauvre d’humains, tout ce qu’il y avait de plus normal. Mais le fantôme fronça les sourcils. Elle ne reconnaissait pas du tout ce village. Elle ne se souvenait ni des maisonnettes brunâtres, ni des étals en bois, ni même des personnes qui marchaient autour d’elle. Il fallait qu’elle se retrouve elle-même dans le souvenir. Une petite silhouette emmitouflée dans une cape miteuse attira son attention : un lionceau un peu plus grand que l’enfant s’était blotti contre lui. Takias devait avoir dix ans, ce ne devait pas être beaucoup de temps après le massacre. Mais pourquoi ne s’en souvenait-elle pas ? Le fantôme s’approcha un petit peu plus pour mieux observer la scène. Si l’Aether l’avait envoyé ici il allait certainement se passer quelque chose d’important. Au moment où l’ombre translucide s’avança, deux grands yeux rouges s’ouvrirent soudainement sous la cape sombre. Des larmes en coulaient traçant des sillons sur le visage terreux et sale de la gamine. Elle fut saisie par la concentration de colère et de terreur qu’elle lut dans ce regard qui avait été le sien. La fillette se leva et avec Kolio se dirigea vers un étalage. Elle glissa sa main sous sa cape et déroba une pomme. Elle réitéra l’opération à plusieurs reprises, récupérant un autre fruit que Takias ne parvint pas à identifier, un morceau de pain, une poignée d’amande et… L’enfant fut attrapée par le col au moment où ses doigts sales s’apprêtaient à prendre un morceau de fromage. Et puis, avant même que le souvenir se poursuive, le fantôme se souvint de ce qui allait se passer, elle se souvint par une série d’images brèves qui lui traversèrent l’esprit en coup de vent. D’abord l’homme qui criait, la traitant de sale petite voleuse. Puis sa voix cassée par la peur lorsqu’il ôta la capuche et découvrit les yeux rouges. Enfin les cris, plus terrorisés mais haineux, lâchant le mot de « monstre ». La fillette se débattit, cria, la colère et l’incompréhension voilait son visage enfantin. Le rejet qu’elle perçut chez le marchand mais aussi chez les passants acheva de libérer sa colère. Elle hurla et plaqua ses mains sur le crâne de son agresseur. Elle vit sans plus de compassion le visage fondre sous ses doigts. Les hurlements de l’homme emplissaient l’air comme une macabre chanson. Le feu se propagea, Kolio bondissait autour d’elle en crachant des boules de lave, partageant la douleur de sa maîtresse. Elle n’était qu’Imprégnée, comment pouvait-elle espérer contrôler quoi que ce soit, ou même comprendre ? La vie l’avait arraché à une maison chaleureuse et à et une famille aimante pour la jeter dans un monde noir où elle n’était perçue que comme un monstre. Elle avait fini par se persuader qu’elle en était un. Elle se jeta telle une furie sur les différents stands, piétinant en même temps que ses flammes les marchandises. Elle vit d’autres personnes mourir, d’autres personnes hurler. Mais elle ne savait pas comment retenir ses pouvoirs, ni même ses sentiments. Elle ne le voulait d’ailleurs pas. Le hameau composé d’une dizaine de maisons tout au plus ne fut bientôt que des ruines fumantes. Les cheveux et les bras enflammées, la fillette avançait au milieu des corps carbonisés et fumants. L’odeur âcre des cadavres chauds emplissaient l’air quand elle se rendit compte qu’elle était vidée de son énergie. Elle tomba à genou et s’évanouit dans au milieu de la rue encore enflammée.

Le fantôme observait avec une émotion particulière cette scène : elle était à la fois terriblement proche et compatissante pour ces horreurs qu’elle avait vécues et commises mais aussi détachée de ces évènements, comme si elle regardait quelqu’un d’autre. Pourtant, elle ne se souvenait pas de ces actes : et pour cause, les massacres dues à ses crises de colère s’effaçaient toujours de sa mémoire et elle se réveillait alors le lendemain, le visage plein de suie et de boue au milieu d’un hameau détruit et de corps calciné. Elle ne se souvenait que de certaines images dans ses cauchemars.




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Jeu 04 Fév 2016, 22:06

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La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Elle ne se souvenait que de certaines images dans ses cauchemars. Mais alors que la nuit tombait, elle se souvint soudainement : maintenant que le village était en ruine, elle en reconnaissait les contours et les paysages. La fumée s’amenuisait et une pluie de cendre blanche recouvrait le sol comme s’il s’agissait de flocon vaporeux. Kolio s’était serrée contre la fillette lorsqu’une ombre s’approcha d’eux. Sa démarche rigide et élégante était reconnaissable entre toutes. Et si la fillette était toujours étalée sans connaissance au milieu de la rue, le fantôme de Takias sentit son cœur transpercé en se rappelant pourquoi elle était ici à se remémorer son passé : elle devait renoncer à l’amour qu’elle éprouvait pour cet homme, à l’amour d’une fille pour son père. L’Elémental s’approcha et laissa glisser sa capuche doucement : ses traits étaient à la fois emplis de charmes et d’une autorité incontestable. Il fit glisser son regard gris acier sur le village détruit et saisit au vol quelques cendres qui s’effritèrent dans ses mains gantées. Takias ne savait pas comment il avait réagi en la découvrant ainsi, gisant au milieux de corps brûlés, et pour cause elle n’était alors pas consciente. Le fantôme s’approcha pour mieux goûter la scène qui se déroulait sous ses yeux translucides. Loki s’avança doucement au milieu des corps fumants. Kolio s’ébroua et poussa un rugissement peu convaincant qui eut pour effet d’attirer l’attention sur lui. Le lionceau s’enflamma en voyant le nouvel individu avancer vers lui et sa maîtresse. Il mordit le bras de cette dernière et s’affola comme un chien désespéré, refusant qu’on porte atteinte au corps de son protecteur. Mais à peine l’homme tendit-il la main que le lion de feu se calma et fit disparaître les flammes sur sa crinière. Il se laissa caresser, la magie dégagée par l’Esprit Elémentaire semblait le rassurer. Les cendres formaient une mince couche blanche et grise sur le visage terriblement pâle de l’enfant. Le guerrier rejeta en arrière son épaisse cape de voyage, laissant entrevoir une riche et complexe armure d’argent et d’acier ainsi qu’une bonne dizaine de lame accrochées un peu partout. Le fantôme eut un sourire nostalgique : elle savait désormais d’où lui venait cette passion pour les lames et les métaux… Il enleva son gant et effleura du bout de ses doigts fins la joue de la fille du feu. Il retira vivement sa main, comme s’il s’était brûlé et observa le village. D’un coup de botte, l’homme retourna un cadavre pour y découvrir les multiples brûlures et la peau calcinée. Il revint alors vers la silhouette étendue sur le sol dans cette vieille cape noire. Protecteur inattendu, le fils du Métal passa ses bras sous la tête et les genoux de la fillette. « Allez viens là toi. » dit-il à Kolio de sa voix posée et grave. Le lionceau ne se fit pas attendre et suivit Loki. Le simple fit d’entendre sa voix avait donné à Takias une vive émotion qu’elle ne parvint guère à contrôler. Après tout, elle avait renoncé à tout le reste, il paraissait logique qu’elle ait du mal à se détacher du peu qui lui restait et qui était pourtant si précieux. Elle savait ce qui se passait ensuite : Loki l’avait amené dans une vieille tour apparemment abandonnée et s’était présentée comme son maître. Il avait essuyé la peur, l’incompréhension et la colère de sa jeune Imprégnée dans cette même tour, quelques heures après ce massacre. Il lui avait appris ce qu’elle était, lui avait montré qu’il était comme elle et qu’il pouvait lui enseigner comment contrôler ses flammes, comment les accepter et vivre avec elles sans en avoir peur. Il venait de prendre la figure paternelle que la jeune fille avait perdu. Le fantôme suivit le petit lion -déjà de la taille d’un gros chien- et la cape flottante de son maître, espérant revivre aussi cette rencontre. Mais elle sut dès son premier pas qu’il était temps de rentrer. Elle ressentit de nouveau un pincement au cœur et le sol se déroba. La cendre avait disparu : il n’y avait plus que la chaleur désormais étouffante du Volcan et cette terrible sensation d’oppression sur ses épaules musclées. Elle était de nouveau accroupi devant l’Aether bleu. Reprenant son souffle, elle avait encore en tête les yeux gris de Loki et sa voix apaisante résonnait dans ses oreilles. « Alors ? » La voix du dieu brisa les derniers charmes de ses souvenirs et elle eut envie de ressentir de la colère. Elle ne le pouvait plus, mais ce sentiment ne lui parut plus aussi lointain que tout à l’heure. « Ne te raccroche pas à ce à quoi tu as déjà renoncé ». Takias fit crisser ses ongles sur les pierres volcaniques en essayant de se calmer et de reprendre consistance : de ne pas perdre de vue son objectif, c’était surtout ça. Elle laissa à son cœur le temps de se remettre de ses -ou plutôt de son- émotion avant de répondre. « Comment voulez-vous que je renonce à ça après un tel souvenir. Comment puis-je oublier ce qui fait de moi ce que je suis ? » Elle se sentit écrasée par une vague de ressentiment sourde et glacée. Pauvre vipère plaquée au sol, elle ne put que gémir sous la déferlante qu’elle subissait. « Parce que tu n’es pas assez forte. Tu dois trouver ce que tu es, et non pas ce que tu es devenu. Qu’est ce qui te caractérise ? Quelle est ton essence pure et naturelle ? ». La jeune femme ne s’en rendait pas compte mais un long filet de sang coulait de son nez et de sa bouche. Ce corps n’était déjà presque plus le sien. Elle n’y était reliée que par un fil aussi infime que celui d’une araignée. Elle se brisa les doigts sur les pierres brûlantes. Qu’est ce qui faisait d’elle ce qu’elle était ? Comment le savoir ? La jeune femme releva la tête tant bien que mal : « La colère je peux la rejeter. Le pouvoir aussi, l’attachement à ma race, les armes… mais je ne peux pas rejeter ce qui m’a façonné. Que suis-je naturellement ? Ce monstre incapable de se contrôler, regardant sans ciller le visage d’un homme fonde, en sachant qu’il est la cause de ça ? C’est ce que je dois comprendre ? Car sans l’intervention de Loki c’est ce que je suis, un monstre ! » Elle ne se rendait pas compte non plus qu’elle hurlait comme une harpie et que son corps subissait les tortures physiques de la brûlure, se dégradant petit à petit. Il s’éteindrait bientôt et elle, que deviendrait-elle ? Elle se remit à crier tandis que le sang giclait à flots entre ses lèvres fendues : « Je ne peux pas renoncer à ça ! Ce n’est pas seulement une personne c’est ce qui me lie à la vie. C’est cette altérité qui me fait comprendre que je suis vivante, que j’existe ! Qu’elle passe par les armes, la colère, l’amour, je ne peux renoncer qu’à moi-même, pas aux autres ! Je ne peux pas… ! »



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Jeu 04 Fév 2016, 22:10

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La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Elle s’était recroquevillée sur elle-même et n’arrivait presque plus à parler. Mais la souffrance interne et externe qu’elle ressentit alors fut incomparable avec ce qui l’entourait : une nouvelle tornade de magie bleue se matérialisa autour d’elle et elle ne sut dire si elle comprit, ou entendit les paroles de l’Aether. « Parce que tu ne renonces pas de la même façon que pour la colère ! Ta faiblesse est évidente, tu n’en est peut-être pas capable… Je te laisse encore une chance… » Un craquement sonore retentit et Takias était de nouveau entrainée dans un souvenir. Elle était épuisée physiquement et psychologiquement, comment pourrait-elle supporter une nouvelle épreuve ? La précédente avait déjà été des plus douloureuses… Et pourtant elle réapparut dans sous une forme fantomatique. Ses yeux fatigués mirent plusieurs instants avant de s’ouvrir. Elle ne savait pas si elle avait envie de continuer. Pourtant elle s’obligea à observer autour d’elle et se sentit défaillir en reconnaissant les bâtiments. « Oh non pas ça… » Elle eut la gorge serrée en reconnaissant de nouveau l’enceinte de Basphel. Avec autant de précaution et de silence qu’une ombre, la jeune femme se déplaça dans le couloir lorsqu’elle entendit des bruits. « Répète un peu c’que t’as dit ?! » Un gamin à l’air effarouché et au pantalon écorché brandissait son poing d’un air menaçant face à une autre bande. Takias n’eut aucun mal à identifier les deux bandes qui se faisaient face : d’un côté un groupe d’élèves déchainés, aux apparences diverses et féroces, chahutant et criant. La plupart avaient la chemise en dehors de leur pantalon et les vêtement troués ou effilés à plusieurs endroits. Face à eux un groupe raillard mais impeccablement habillés, ils se tenaient plus en rang qu’en troupeaux et jetaient des petites piques calmement aux insultes qui fusaient de l’autre côté. Une bande du Charbon face à des membres de l’Obsidienne. Le fantôme en eut la confirmation en reconnaissant les insignes sur les bérets que les élèves tenaient dans leurs mains ou sur leur tête. Une longue tresse épaisse et noire ainsi que deux yeux rouges meurtriers firent leur apparition dans la dispute. Se frayant un passage parmi ses camarades, la jeune élève du Charbon que Takias était se mit à brailler plus fort que les autres pour s’imposer : « Hé, l’Obsidienne ! On a pas besoin de vos délires de gamins orgueilleux, continuez à vos écraser pour savoir qui est le plus fort, nous on sait que c’est l’union la vraie force, pas vrai les gars ? » Enhardissant les élèves du Charbon, la jeune fille devait avoir quinze ans maintenant. Un bleu lui mangeait l’arcade sourcilière droite et sa lèvre était fendue. Certainement une ancienne dispute qui avait -encore- mal tourné. Un élève de l’Obsidienne s’avança d’une démarche orgueilleuse et lâcha en regardant droit dans les yeux l’Elémentale : « Bien sûr, c’est normal que vous ayez besoin d’être unis, entre ratés vous vous comprenez. Il faut dire que quand on voit le genre de monstres rejetés que vous êtes, ce n’est pas étonnant que vos familles vous détestent ou soient mortes. » Il ajouta un léger rire dédaigneux à sa tirade et tapa dans la main d’un de ses camarades en se retournant pour rejoindre le groupe. Il n’eut eu cependant pas le temps, Takias se jeta sur lui avec une violence peu commune pour une jeune fille de quinze ans : l’assaut était lancé, le groupe du Charbon se déchaîna sans attendre contre l’Obsidienne qui se défendit avec toujours cette calme arrogance si caractéristique de leur maison. Au fur et à mesure de l’avancée de la bagarre, le fantôme de Takias se souvenait du sentiment qu’elle éprouvait dans ce genre de moment : une grande bouffée d’air, une violente sensation d’exister, d’être reconnue et de faire partie intégrante d’un groupe qui ne plaçait jamais l’un ou l’autre devant, un groupe qui était sauvagement solidaire et uni. Un groupe qui avait été sa famille pendant ses années d’études à Basphel. Elle s’observa se déchainer sur ses adversaires à coup de poings, de pieds -elle mordit même une fille- avant qu’un puissant courant magique ne les sépare tous. Un professeur furieux demanda des explications. Et tandis que le Charbon, hurlant et vociférant contre l’Obsidienne sa haine, un jeune homme de l’autre faction s’avança et expliqua calmement que l’élève Mirsaalak avait monté son groupe contre sa bande et déclenché la bagarre. La jeune fille sentit ses cheveux s’enflammer, elle se mit à hurler des insultes en même temps que ses autres camarades, tentant comme ils pouvaient de la défendre. Mais les élèves de l’Obsidienne étaient calculateurs : ils savaient combien les élèves du Charbon détestaient être punis individuellement, le collectif était tout pour eux. Dénoncer une seule personne du groupe était aussi déshonorant et mortifiant pour la personne concernée que pour les autres. Le professeur fit cesser de nouveau les cris d’une voix cassante. « Il suffit. Vous allez tous dehors voir le professeur G. qui saura trouver une punition à la hauteur de votre bêtise ! » Il renvoya, accompagnées d’un message les deux bandes de gamins aux yeux pochés et aux griffures rougeâtres. « Mademoiselle Mirsaalak vous venez avec moi. » Il n’y avait pas de réponse possible mais les cris d’indignation s’élevèrent quand même du groupe du Charbon tandis que l’Obsidienne s’échangeaient des petits sourires satisfaits. » La voix se fit plus tranchante encore « J’ai dit silence ! Mademoiselle Mirsaalak dépêchez-vous ou je contacte le Seigneur Loki immédiatement ! » La gamine répondit aux tapes et aux vifs encouragements de ses camarades avant de suivre le professeur. La jeune femme translucide observa ce qu’elle était à cet âge et se demanda comment elle avait pu devenir Impératrice du Tout. Elle se souvenait d’avoir détesté ce moment injuste où elle était séparée de son « tout », de sa faction. Seule elle se sentait déstabilisée et perdue…



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Jeu 04 Fév 2016, 22:15

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Aujourd’hui, c’était exactement la même situation : elle était seule et perdue. Elle devait renoncer à ce groupe qui l’avait en quelques sortes façonnée comme elle avait dû laisser les autres membres du Charbon sortir. La fillette dont la natte avait souffert de la bagarre entra dans un bureau à la suite de l’homme imposant. Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre et en même temps que son « moi » du passé, le fantôme aperçut les punis du Charbon et de l’Obsidienne transporter d’importantes charges d’un bout à l’autre du parc : des vieilles caisses, des coffres et d’autres choses qu’elle ne parvenait pas à distinguer. Le Charbon tirait déjà profit de cette punition en riant aux éclats avec leurs camarades. Takias aurait voulu être avec eux et porter ces charges : elle adorait se faire remarquer et gonfler ses muscles pour amuser la galerie. Mais un coup de rideau sec vint l’arracher à cette vision ainsi que le fantôme invisible qui flottait derrière elle. L’homme au regard sévère soupira et lui indiqua une table et une chaise où s’asseoir. « Vous allez recopier ce texte trente fois. » « Quoi ?? Pourquoi faire ? Autant que je serve à quelque chose et que j’aide à transporter les caisses en bas » Le jeune professeur la fit taire d’un geste sec. « Assis » lui dit-il d’un ton menaçant. « Vous le recopierez donc quarante fo.. » « Mais vous aviez dit trente » le coupa l’intrépide gamine. « C’est exact, cinquante fois. » Le fantôme eut un léger sourire. Elle se souvenait très bien de ce jour, elle s’en était mordue les doigts de son insolence : son poignet se souvenait encore de l’exercice difficile de l’écriture lassante d’un texte aussi long. L’élève jeta son béret par terre en soufflant bruyamment mais elle s’assit et trempa sa plume. Le fantôme s’écarta du bureau et attendit sans excitation qu’on la ramène au Volcan mais rien ne vint. Elle observa autour d’elle : elle se souvenait très bien de cette punition, Takias avait passé au moins trois heures dans le grand bureau à recopier un texte sans échanger un seul mot de plus avec le professeur, elle n’allait quand même pas attendre tout ce temps ? De sa main translucide, elle effleura le bureau d’ébène. Pourquoi l’Aether l’avait-il fait revivre ce souvenir ? Pour l’importance que revêtait autrui pour elle, c’était certain. Elle devait renoncer aux liens avec les autres pour pouvoir s’élever et il lui avait montré qu’elle l’avait déjà fait auparavant, même si elle en avait été contrainte. Génial ! Et maintenant ? Qu’attendait-il pour la ramener ? Il devait y avoir autre chose. Le fantôme se déplaça derrière le bureau du professeur qui lisait un gros volume de magie blanche. Non, ça ne devait pas avoir de rapport avec ça. Elle chercha d’autres détails qui avaient pu lui échapper et finit par reposer ses yeux translucides sur sa propre image réelle. L’élève du charbon ramena derrière ses oreilles une mèche tâchée de sang séché, s’étalant par la même occasion de l’ancre sur la tempe. Son écriture italique était encore hésitante et elle avait fait des ratures par moment sur le parchemin, sans oublier les tâches d’encre. C’était étrange de voir comment les autres percevaient alors sa présence, comment elle était vu, à quoi elle ressemblait alors même qu’elle se moquait, à cette époque de son apparence. Ses yeux glissèrent alors sur le texte pendant que la gamine le recopiait sur le parchemin. Le fantôme en lu le titre d’un air détaché « Moi et les autres ». Elle ouvrit alors de grands yeux : c’était donc ça qui intéressait l’Aether ! Elle s’accroupit à côté d’elle-même dix ans plus tôt et lu le texte avec beaucoup plus d’attention qu’à l’époque : « Moi et les autres. Ou plutôt devrait-on dire les autres et moi. Vivre est une action difficile qui nécessite un apprentissage commun à toutes les races, qu’il s’agisse de Démons ou d’Anges, de Mages Blancs ou Noirs, d’Orishas, d’Elfes, d’Alfars ou de Sirènes ; toutes les créatures qui peuplent nos Terres ont en commune cet acquisition de la sociabilité que la vie leur impose. Cette sociabilité peut passer par la fierté, la violence, l’amour. Elle peut être portée par la transmission de valeurs dont la relativité est multiple. Un Démon ne lègue pas le même patrimoine culturel -tout comme génétique d’ailleurs – à sa progéniture qu’un Bélua ou qu’un Orine. Pourtant, ils apprennent tous une langue, ils apprennent tous à vivre selon les conventions imposées par leur société et par leurs aînés, ils sont, pour la plupart, protégé le temps de s’intégrer, de faire leur preuve avant de se confronter à l’autre. Il y a d’abord une socialisation familiale et qui est la toute première que l’individu rencontre. Cette socialisation est extrêmement importante car elle jette les fondements de l’esprit de l’individu en s’appropriant ses aptitudes naturelles qui, en fonction de sa race, seront appelées qualités ou défauts. Après cette socialisation vient celle de l’éducation, l’apprentissage des dons magiques ou de facultés physiques. La recherche d’identité qui s’effectue bien souvent avec la présence d’un maître, ou tout du moins d’un guide. Et puis l’insertion dans la société qui devient un art communément appelé la politique. Il peut s’agir de rapport de forces ou au contraire d’aisance de locution ou de discernement car les différentes cultures raciales ne favorisent pas toutes les mêmes valeurs. Ce qui est considéré comme « bien » pour un mage est considéré comme une aberration pour les Elémentals. Ce qui rapproche donc tous ces êtres, toutes ces races, c’est donc bien le rapport à l’autre qui est par définition nécessaire. Un individu ne peut vivre sans l’aide de personne, il doit au moins avoir reçu la faculté de langage et de raison après sa naissance avant de décider de s’exiler ou de vivre en ermite, il n’aura alors eu que la socialisation familiale, mais aura quand même vécu un rapport avec autrui. "La jeune femme fantôme fit une pause pour assimiler tout ce qu'elle venait de lire.



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Jeu 04 Fév 2016, 22:18

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La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




"Ainsi, on peut formuler l’hypothèse suivante : ce qui différencie l’être vivant de l’Aether, c’est son rapport au monde et aux autres, sa nécessité de vivre avec, par et pour les autres, sa nécessité de se lier par les divers sentiments que nous connaissons aux autres individus. Les Aether quant à eux transcendent ce réel-là. On ne peut pas dire qu’ils aient renoncé à ces relations à autrui, ou les aient rejetées, ils les ont tout simplement dépassées. Les Aether ne ressentent pas comme nous les sentiments, ils sont porteurs d’une et même valeur qui fonde leur existence et par laquelle ils transcendent le réel. Cette valeur n’existe chez nous que parce qu’un Aether en est le garant et le protecteur, nous en offrant l’accès par la même occasion. Ainsi un Aether est indépendant et peut « créer » pas au sens que nous lui donnons, c’est-à-dire transformer la nature par magie ou par artisanat, il s’agit d’une véritable création, et c’est uniquement par cette indépendance par définition surhumaine que l’Aether peut alors faire émerger de rien une chose. » Le fantôme n’en croyait pas ses yeux. Elle avait lu et recopié ce texte cinquante fois et n’en avait absolument pas souvenir ! En fait, maintenant qu’elle y réfléchissait, elle se souvenait ne pas en avoir compris les trois-quarts, mais comme tout paraissait clair et lumineux maintenant ! Elle n’arrivait pas à y croire, elle avait encore une fois failli passer à côté du plus important. Elle relut le texte plusieurs fois en s’émerveillant devant. Il n’était malheureusement pas signé et l’absence de conclusion signifiait certainement qu’il avait été extrait d’un recueil beaucoup plus important et qui pourrait peut-être aider la jeune femme à s’élever ? Elle passa à nouveau derrière le bureau du professeur qui commençait à piquer du nez. Elle reposa les yeux sur la gamine impétueuse : elle écrivait avec lenteur, faisant durer la punition le plus longtemps possible en sachant que cela pénalisait au moins tout autant qu’elle le pauvre professeur qui n’avait certainement pas pensé à cet aspect-là. En effet Takias se souvint de la satisfaction mauvaise qu’elle avait éprouvé à jeter des coups d’œil au professeur qui s’endormait mais refusait de revenir sur le nombre de fois que le texte devait être copié. Le fantôme soupira en levant les yeux au ciel et se concentra de nouveau sur l’étagère pleine d’ouvrages. Cependant, au moment où elle commença ses recherches, elle sentit le sol trembler. « Non ! Pas encore ! » Trop tard, elle fut aspirée violemment par un vent glacial et se retrouva par contraste dans le volcan à l’air brûlant. La réintégration de son corps fut des plus douloureuses : toutes ses souffrances physiques l’acculèrent comme des Kéfirs se jetaient sur les carcasses du Désert. Elle sentait chacun de ses doigts brisés, de ses ongles déchirés, elle sentait le sang sur son visage, son cœur et ses poumons souffrir du manque d’oxygène ; elle sentait sa peau se noircir là où la chaleur était trop intense et son dos comme chargé du Volcan tout entier. Elle poussa un long cri rauque mais ferme : si son corps semblait tomber en lambeaux, son esprit avait retrouvé toute sa force et sa détermination, elle ne céderait pas, pas maintenant qu’elle avait la solution. Elle ouvrit la bouche pour parler mais elle cracha trop de sang pour qu’aucun son compréhensible ne puisse intervenir. Elle leva ses yeux injectés de sang vers la lueur bleue et floue en face d’elle. Elle savait qu’il pouvait lire en elle, pas besoin de mots. *Il ne s’agit plus de renoncement mais d’acceptation. Je dois dépasser ces liens avec les autres et non pas y renoncer. Ils ont fait de moi ce que je suis et c’est cette essence que je dois épurer. Mais j’ai compris comment faire.* Elle se remit à tousser violemment. La voix de l’Aether, désormais moins brutale quoi que toujours aussi froide sonna dans sa tête. « Hum. Tu en auras mis du temps. Peut-être en es-tu capable. Nous allons voir ça. Montre-moi. » L’apparence de la jeune femme était monstrueuse mais elle s’en moquait. Qui se soucierait de ce à quoi elle ressemblait aujourd’hui lorsqu’elle rejoindra le monde des dieux ? Elle prit un élan avec ses mains aux doigts brisés, et d’une impulsion profonde se campa sur ses jambes. Elle était voûtée et fut obligée de s’écorcher sa main gauche sur la paroi brûlante du volcan mais elle était debout ! Elle ferma les yeux et comme précédemment, des images survinrent dans son esprit embrumé. Elle revit en l’espace de quelques secondes ses différentes relations à autrui. Elle vit sa famille, Lykarale, Khénos, ses parents. Elle vit ses moments de complicité avec sa jumelle, ses moments de jeu avec Khénos et Kolio. Puis elle vit les massacres qu’elle avait commis. Elle vit ses excès de violence et de colère dévastateurs qui étaient autant des liens avec les vivants que les séances de jeu d’enfants. Puis son instruction avec Loki, qui avait été le premier à lui redonner confiance en autre chose que la violence. Enfin ses camarades de Basphel : ses bagarres autant que ses cours, leurs victoires, leurs combats, mais surtout leur cohésion. Son insertion à la Cour, son cheminement politique et son rôle dans l’armée d’Aeden. Ses liaisons avec différents groupuscules politiques, artistiques ou amicaux. Sa forge, les ventes, les échanges avec les artisans et les clients. Ses aventures, ses nombreux voyages qui lui avaient permis de rencontrer des individus de toute race et de toute sorte. Puis son couronnement, ses relations avec son peuple, avec ses conseillers, ses amis. Les guerres, son rapport de haine et de colère contre certaines races, certains individus. Tout cela l’avait construit, l’avait défini comme elle était aujourd’hui. Mais elle devait maintenant y renoncer. Plus que cela, elle devait le dépasser. Elle devait transcender ces réalités qui ne la concernaient désormais plus, elle devait s’élever. Elle n’avait plus sa place dans cet univers-là, elle dépérissait ici.



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Jeu 04 Fév 2016, 22:25

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La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Takias leva ses yeux sanguins et irrités au ciel, toujours appuyée sur la paroi. Elle essuya le sang sur sa bouche, mélangé à la sueur de ce corps dont elle ne voulait plus. Elle pleurait sans savoir pourquoi car elle cria -ou du moins tenta de crier- « je renonce à moi et aux autres ». Pellicule ineffable de sa vie, les images repassèrent à toute vitesse dans sa tête épuisée. Elle crut pendant un instant s’évanouir, mais elle s’obligea à rouvrir les yeux et à se concentrer sur le ciel. Lorsqu’elle reposa son regard d’un rouge complètement délavé, vidé, sur l’Aether elle se sentit comme libérée d’un poids énorme. Elle se rendit compte qu’elle pouvait désormais lâcher le mur. Ses jambes étaient encore tremblantes et son dos voûté mais elle se tenait toute seule dans le Volcan. Elle s’obligea alors à effectuer une sorte d’introspection et arriva à cette conclusion : elle avait renoncé à tout. Il n’y avait plus aucune pensée qui faisait resurgir en elle un sentiment ou une sensation autre que celle du simple constat. Elle n’avait pas perdu les notions d’amour, de haine, de colère ou de fierté mais ils n’étaient plus imprégnés en des souvenirs, des personnes ou des lieux. Elle avait déjà un pied hors d’elle-même, elle le savait. Elle tentait d’empêcher son corps de trembler mais rien ne semblait pouvoir l’arrêter. « Bien. » Ce simple mot trancha l’air comme un couteau à la lame aiguisée et se ficha directement dans l’esprit de la jeune femme qui n’en était déjà presque plus une. Concision et précision, il n’avait rien dit et pourtant, sémantiquement parlant plus rien n’avait à s’ajouter à ce constat. Le corps vidé et épuisé de la jeune femme hocha la tête : elle était incapable de faire autre chose, incapable d’ouvrir la bouche sans recracher ses organes, incapable de bouger l’un de ses membres sans qu’il ne se brise instantanément. Incapable même de fermer ses yeux, de peur de ne plus jamais les rouvrir. Elle attendait la suite, car elle savait que ce serait la dernière étape de sa renonciation : l’étape ultime qui visait à se détacher de son corps. En cet instant ce dernier n’était devenu qu’un pénible fardeau. Elle ne savait pas si c’était parce que son esprit s’était délivré de tous ses liens et qu’il se sentait enfermé dans ce corps indigne de lui ou si son corps était véritablement en état de faiblesse plus qu’intense et de mort prématurée. Elle ne voyait, de toutes façons que peu d’intérêt à ces interrogations puisqu’elle quitterait dans tous les cas ce corps, que ce soit pour mourir ou pour s’élever. Alors à quoi bon attendre? Elle fut pour la première fois rassurée de sentir devant elle l’Aether plus qu’elle ne le vit d’ailleurs : ses yeux semblaient se voiler d’une cataracte étrange et pittoresque. *Il faut maintenant achever ton élévation, tu le sais. * La seule réponse de la jeune femme fut un repoussant jet de sang épais qui s’échappa de ses lèvres gercées et craquelées. Elle le savait. Elle n’attendait que le bon moment. Il fallait qu’elle soit sûre de ce moment plus que de toute autre, il fallait qu’elle soit sûre de réussir et qu’elle ne se laisse pas lamentablement mourir après toutes ces épreuves. Elle était si proche du but, il lui fallait se rendre compte de la situation de précarité dans laquelle elle se trouvait. Elle n’arrivait presque plus à respirer. Un son continu et sourd grondait dans ses oreilles et l’empêchaient d’entendre quoi que ce soit d’autres. Même les craquements pourtant sonores des roches en fusion ne parvenaient pas à ses oreilles. Pas plus que la chaleur qu’elle ressentait auparavant abondamment et qui désormais semblait s’étioler. Ses yeux étaient définitivement voilés et le rouge de ses pupilles avait laissé place à une sorte de rose pâle, presque blanc. Son nez n’était plus qu’une proéminence d’où s’écoulait toujours plus de sang, bloquant sa respiration. Sa langue semblait tout aussi morte dans sa bouche close. Pourquoi la gardait-elle fermée ? Car elle était persuadée que ses boyaux pouvaient en découler si elle l’ouvrait…. Ce n’était plus très loin maintenant, le moment de s’échapper de ce tombeau, c’était pour bientôt. Le cadavre mouvant s’avança comme mué par une force invisible et les os de ses genoux se brisèrent en même temps que sa colonne vertébrale. Elle mourrait. Elle fit un dernier pas miraculeux qu’elle ne perçut en aucune façon. Et puis ce fut le vide, tout simplement. Takias chutait au cœur du Volcan. Elle cria, du mois elle pensa le faire, mais fut incapable de percevoir quoi que ce soit, elle savait juste qu’elle tombait. Elle le savait sans sentir le vent, sans voir la lave sous ses pieds, sans reconnaître le goût âcre du sang dans sa bouche, sans entendre les cris rauques de la roche en fusion, sans humer l’odeur de la mort. Si quelqu'un qui la connaissait parfaitement comme Kolio ou Loki l'avait vue à cet instant, il ne l'aurait tout simplement pas reconnue. Il semblait que son corps se soit recroquevillé comme sur lui même pour atteindre un degré de fragilité pas même digne d'une simple humaine. Elle avait perdu la couleur rosée de ses lèvres pulpeuses. Ses joues rebondies s'étaient creusées comme celles d'un mort. Ses bras était désormais aussi fins que de vieilles branches sèches. Ses muscles saillaient sur sa peau, comme s'ils voulaient s'échapper eux-aussi de ce corps. Chacune de ses veines était visible et battait faiblement sur sa silhouette décharnée. Elle était pour ainsi dire, comme déjà morte. Ses cheveux avaient perdu leur magnifique teinte de jais pour s'approcher de celles des vieux corbeaux décharnés et malades. Personne ne la voyait ici, et elle même ne pouvait se rendre compte de son aspect misérable et effrayant, elle qui avait été parmi les plus belles femmes du Yin et du Yang. La bouche ensanglantée grande ouverte, tous les membres de son corps se brisant comme des feuilles d’automne que l’on foule de son pas, Takias mourut.



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Lun 08 Fév 2016, 02:46

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La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Lorsque le corps cadavérique de la jeune femme entra en contact avec la lave en fusion, ce fut une nouvelle explosion de sensations, de saveurs, d'odeurs et de sons. C'était de l'ordre de l'ineffable, et pourtant il est nécessaire de tenter d'expliquer ce processus. Takias n'avait plus de corps. Tout du moins, de corps à proprement parler. C'était comme si ce dernier avait été englouti par le volcan tandis que son esprit s'en était échappé. Mais il ne s'agissait pas seulement de son esprit, c'était en fait bien plus compliqué, bien plus grand que cela. C'était une nouvelle forme d'essence qui n'avait rien avoir avec les facultés physiques ou mentales. La jeune femme avait l'impression que le volcan s'était réveillée au moment où elle avait atteint la lave. Elle avait eu une vision fascinante et pourtant effrayante du Volcan Ardent crachant de la lave tout autour de lui: il se réveillait, tout comme elle se réveillait. Elle était le Volcan, il ne s'agissait pas de catastrophe naturelle, c'était bien plus que ça, c'était l'existence de la jeune femme métaphorisée. Elle était, de la même façon que le Volcan, en train de se réveiller. C'était une Renaissance de son être. La jeune femme n'était qu'une... comment pouvait-elle décrire ce qu'elle était devenue? Disons une Idée... le terme était celui qui lui semblait le plus approprié afin de ne pas confondre avec l'esprit, par opposition au corps. C'était cela, Takias était devenue une sorte d'Idée suprême qui n'avait nul besoin d'enveloppe corporelle. Par ailleurs, celle de l'ancienne Elémentale venait de se désagréger définitivement dans la roche en fusion. C'était à cet instant que Takias avait voulu s'élever, et c'était une seconde plus tard qu'elle avait extirpé de son corps son essence pour abandonner à jamais ce tombeau charnel. Et voilà qu'elle se retrouvait en pleine élévation, ayant un accès, pour le moment infime à la Connaissance, qui paraissait pourtant titanesque, dépassant de loin ce à quoi la jeune femme s'était attendue. Il y avait un mélange de sensations des plus complexes, sensations et émotions incomparables avec celles qu'elle avait connues mais pourtant bien présente. Elle se sentait à la fois complète et perdue, terriblement avide de savoir et pourtant effrayée par l'état actuel dans lequel elle se trouvait. Il est plus aisé de s'imaginer en Aether régissant n'importe quel domaine que d'être confronté ainsi à la destruction de son propre corps, de sa propre existence. Car quoi qu'on puisse en dire, il s'agissait d'une destruction. Takias s'était obligée à appeler ce processus une transformation ou une métamorphose, mais il apparaissait désormais clairement que c'était la mort. Purement et simplement, dans toute sa fatalité et sa violence. Et c'était maintenant une renaissance. Le terme de transformation n'était en définitive peu adéquat à la situation, c'était certain. Par ailleurs, il n'y avait désormais plus rien autour de l'esprit, ou plutôt comme nous l'avions dit de "l'Idée" de la jeune femme. Le volcan qu'elle avait perçu et non pas vu autour d'elle venait de disparaître dans un écran de fumée pour laisser place à un décor vide que l'ancienne humain ne pouvait apparenter qu'au Néant. C'était du moins le premier et seul mot qui lui vint lorsqu'elle songea à nommer cet état étrange. Il lui semblait par ailleurs, que ce mot ne venait pas directement d'elle mais de quelque chose de bien supérieure, de plus important. C'était peut-être ça, l'accès à la connaissance qui avait tant fait souffrir la Souveraine à la fin de son règne. Oui, ce devait être cela. Cette Connaissance semblait être là au fond d'elle. Qui était-elle? Cette question sonnait comme l'écho lointain d'une cloche qui appelait à une quête d'identité. Qui était-elle? Takias. Takias? Non, elle n'était plus cette personne. Takias était une Elémentale. L'ancienne souveraine du peuple des Protecteurs des Eléments, une jeune femme passionnée, fille du Feu. Elle représentait maintenant un lointain souvenir, un souvenir qui ne concernait désormais que les humains. Et qu'en était-il des Aethers? Qu'est ce qui concernait les Aethers? Une autre identité très certainement, un autre nom pour quelqu'un qui était devenu quelqu'un d'autre, et même quelque chose d'autre. Puisque l'essence même de la jeune femme avait été modifié, il était certain que le simple stade de l"évolution" avait été de loin franchi. Une voix qu'elle reconnu immédiatement intervint dans ce qu'elle pensait être ses pensées. "Oui, tu es désormais quelqu'un d'autre." Les sensations qui suivaient habituellement l'intervention de cette voix ne vinrent pas: il n'y avait plus cette sensation de froid et de fascination. En fait, elle avait l'impression de le comprendre, tout simplement. De saisir les informations beaucoup plus rapidement: chacun des mots était pesé, équilibré et revêtait à lui seul une importance capitale. Le nom de Takias ne convenait pas, ce n'était plus elle. "Alors choisis-en un autre." Un autre nom? Voilà qui s'annonçait déjà compliqué, comment choisir un autre nom? "De la même façon que ton choix s'est porté sur un Emvryo, choisis un nom." Le rappel de ce symbole qui la caractérisait eut un effet des plus fantastiques sur l'esprit qu s'élevait: il sonnait comme en accord parfait avec son essence, elle le comprenait et se sentait comme envahi par cette notion qu'elle ne comprenait auparavant pas. Elle avait cru pouvoir l'associer à un simple symbole comme un Elémental serait attaché au Feu ou un Déchu à la Colère, mais cela dépassait toutes ces notions humains. Il s'agissait de l'essence même, de ce qu'elle était, pensait ou ressentait. Elle était son Emvryo. Et elle devait maintenant choisir un nom. Les premiers qui lui vinrent étaient des termes en Erek or il était nécessaire pour la jeune déesse de s'en détacher complètement: elle n'était plus une Elémentale, elle devait par conséquent porter un nom neuf, qui n'avait nulle connotation, nulle existence précédent celle de ce nouvel Aether. Ce nom devait être uniquement celui de l'Aether des Armes. Et elle savait lequel ce serait. Il lui vint comme si on le lui avait susurré à l'oreille. Et maintenant qu'elle y songeait, il s'imposait même comme une évidence. Il n'avait pas de sens particulier, pas de langue d'où il était tiré. Il serait le même pour tous et ne qualifierait que la jeune déesse. "Je t'écoute." Il semblait que ses pensées ne soient plus aussi lisibles que lorsqu'elle était encore mortelle. Elle en ressentit un vif amusement qu'elle savourait: les émotions aussi dépassaient de loin ce qu'elle avait imaginé, il n'y avait véritablement aucune comparaison possible: elle comprenait maintenant la difficulté qu'il y avait à inscrire tous ces détails indicibles dans un livre qu'elle avait pu consulter à la Bibliothèque d'Ilios. Elle répondit d'une seule et pleine voix qu'elle découvrit avec un plaisir neuf et pur, celui de la naissance, de la découverte: "Talëorn."



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Mer 10 Fév 2016, 17:54

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La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Elle s'était élevée. C'était là une expérience des plus superbes et pourtant... Elle n'arrivait pas à percevoir sa propre existence. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle était réellement, n'ayant plus de chair à laquelle se raccrocher. La seule chose qu'elle arrivait à "voir" d'elle-même était un mélange d'étranges particules flottant dans une dimension... étrangère. Elle savait qu'elle était dans le volcan, mais celui-ci paraissait désormais dénué de toute sa grandeur, de toute sa beauté. Il apparaissait comme terriblement insignifiant, petit même... Le temps n'avait plus d'emprise sur elle, de même que l'espace. Ou du moins plus à la même échelle. C'était désormais une sorte d'abstraction bien supérieure à tout ce qu'elle avait pu expérimenter jusque là. Mais d'ailleurs, qu'avait-elle expérimenté? Qui avait-elle été avant de s'élever. Sa vie lui revint morceau par morceau, lentement. Chaque souvenir émergeait dans son esprit mais elle avait l'impression qu'il ne s'agissait pas d'elle, elle avait l'impression que toute cette vie, pourtant chargée n'avait été qu'une goutte d'eau jetée dans un immense océan. Chaque souvenir semblait lui faire prendre conscience de ce qui l'entourait. A chaque scène qu'elle ressentait, elle voyait des particules s'intensifier. Certaines étaient blanches, d'autres tiraient sur le gris, certaines étaient quant à elles d'un noir profond. Ce mélange formait ce qu'elle était devenu et ce qu'elle serait maintenant à tout jamais. C'était son essence pure, celle qu'elle avait recherché avec tant de hargne et qu'elle avait fini par atteindre. Elle ne voyait plus la souffrance, la colère ou l'amour comme avant. Elle avait dépassé le stade humain et avait même du mal à comprendre comment on pouvait être attaché à ce genre d'émotions. Elle lui paraissait à la fois proches et terriblement futiles. Elle savait qu'elle vécu uniquement par elle durant plus de vingt ans, et par se savoir se rendait compte de leur importance pour les hommes. Mais d'un autre côté elle n'arrivait pas à se persuader que c'était elle qu'elle voyait dans ses souvenirs. Qu'elle avait pu tué par vengeance, rire aux éclats avec des amis, découvrir le vaste monde... Vaste? Cet adjectif était humain, un adjectif qu'elle avait longtemps utilisé pour qualifier les Terres du Yin et du Yang, aujourd'hui il n'avait plus de sens. L'Univers était vaste, la connaissance qu'elle pouvait enfin percevoir l'était, sa propre existence même. Mais les Terres du Yin et du Yang ne l'étaient pas, du moins plus pour elle. Elle ne comprenait plus les réactions de cette Takias... Qui était-elle vraiment? Cette femme déchaînée qu'elle voyait se battre, ce n'était pas elle. ou ça ne l'était plus. L'âme élevée se pencha sur son passé humain. Elle eut la sensation, entité supérieure, de baisser la tête sur une sphère dans laquelle s'animait ce qu'avait été sa piètre existence. Talëorn examina avec un regard neuf et neutre ce qui avait crée Takias. Elle ne ressentit rien d'autre que de l'intérêt, qu'un désir de savoir et de connaître. Son être entier et désincarné se nourrissait de cette mince expérience d'humaine. Et elle le ressentit alors: son emvryo. Elle ressentait maintenant toute la portée, toute la force et la grandeur de ce terme. Toute son importance pour un Aether. Les différents et nombreux souvenirs de Takias liés aux armes obligea l'Aether à se pencher sur son choix. Elle se vit subir la douloureuse étape de la renonciation et elle comprit son choix. Celui des armes, elle le comprenait et le ressentait à une échelle bien supérieure à celle de Takias. Elle comprenait que son existence-même- d'Aether dépendait de cette valeur. Elle n'existait que par et pour les armes. Son être entier était tourné vers objets aux propriétés et aux formes infinies, vers leur création mais aussi leur maniement. Elle réussit à comprendre, à une échelle infime le choix de métier de celle qu'elle avait été et qui lui apparaissait désormais comme une autre personne. Elle comprit pourquoi cette Takias avait fait le choix d'être forgeron et maître d'armes. C'était un aspect que son statut d'Aether avait préservé et qu'elle ressentait complètement. Les autres souvenirs n'eurent sur Talëorn qu'un effet second, de l'ordre de la simple connaissance, de l'information, sans beaucoup plus d'intérêt. C'était quelque chose qu'elle avait évidemment intégré et qu'elle pourrait peut-être développer plus tard, mais ça n'avait que peu d'importance face aux armes. Car Talëorn était bel et bien décidé à se réadapter à ce monde qu'elle venait de quitter, non plus comme une humaine mais comme une Aether. Elle ressentait en effet la faiblesse de sa nouvelle condition: un Aether en lequel personne ne croit n'est rien. Or, personne ne croyait en elle pour l'instant. Et elle ressentait ce besoin pressant, profond et vital de fonder sa religion, son temple, d'initier des croyants. Elle avait besoin de ces hommes, dont la seule image qu'elle avait pour l'instant était celle de Takias et de ses connaissances auxquels elle avait accès dans ses souvenirs. Elle avait besoin de croyants, d'humains. Mais pour cela, elle devait apprendre. Apprendre à utiliser son nouvel aspect, ses nouvelles facultés, à comprendre et contrôler cette essence neuve et pure, apprendre à la maîtriser. Comment? Il y avait là un autre problème. Talëorn chercha dans les souvenirs de Takias: il ne lui semblait pas l'avoir lu dans la Bibliothèque d'Ilios, ou plutôt si: il y faisait mention d'une aide apportée par d'autres Aether. La nouvelle déesse pensa immédiatement à l'Aether bleu, son Aether passeur. A peine eut-elle cette pensée que ce dernier apparut: il avait pris l'apparence de l'homme en armure, comme au tout début. Elle le regarda devant elle, émerveillée. N'ayant pas de corps, elle ne pouvait véritablement parler. *Je veux un corps aussi.* Elle sentit l'amusement de l'Aether traverser son corps de particules blanches et noires. "Tu l'auras. Mais pour ça tu as besoin d'aide et tu sais au fond de toi qui aller voir." Talëorn se concentra sur plusieurs de ses souvenirs. L'un en particulier attira son attention et elle sut: il lui fallait se rendre au Temple des Esprits.



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Mar 16 Fév 2016, 00:47

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




Le Temple des Esprits... Il y avait une éternité que Takias n'y était pas retournée. Mais il ne s'agissait désormais plus de Takias. Talëorn revivait en quelques intenses secondes les différents souvenirs liés au Temple. Et tout ce qu'elle ressentait était aussi nouveau pour l'Aether: les souvenirs étaient d'une précision extrême, désormais surhumaine. Elle était capable de repérer et d'énoncer le nombre de fioritures présentes sur chacune des colonnes de la salle principale, capable de reconnaître le son de chaque goutte d'eau qui s'écoulait de la fontaine, capable d'identifier tous les différents matériaux du grand édifice. C'était une véritable renaissance, c'était la redécouverte de vérités que l'on croyait connaître parfaitement et entièrement: c'était l'approfondissement de la vie elle-même. La multitude de particules qui représentaient physiquement la nouvelle Aether observa alors l'image de ce qu'elle avait été, elle observa Takias. Même en ce qui la concernait: elle repéra en l'espace d'une fraction de seconde -mais peut-être était-ce deux jours humains, comment savoir?- chacune des pensées de la jeune Elémentale, ses préoccupations, son âme. Elle arrivait à identifier le caractère exact de la jeune femme avec une neutralité déconcertante. C'était comme observer quelqu'un d'autre tout en sachant pertinemment que ce quelqu'un d'autre était "elle" auparavant. C'était à la fois fascinant et effrayant en fin de compte. Et c'était aussi épuisant: ces nouvelles facultés d'analyse, d'intelligence dépassait de loin l'entendement humain, mais Talëorn n'y était pas encore habituée, même si elle n'était déjà plus humaine. Elle avait l'impression d'être une boule de pâte que l'on pouvait façonner de telle ou telle façon. Elle pensait à une forme et essayait de la visualiser, mais ce n'était pas aussi facile. Il lui manquait quelque chose, il lui manquait une étape. Et cette étape, elle ne pouvait l'atteindre qu'avec l'aide des Esprits du Temple. Le nouvelle Aether se replongea alors dans les souvenirs de Takias. Elle assimila tous les détails des visions avec une rapidité plus que déconcertante. C'était une suite d'images, de sons, d'émotions, de couleurs qui défilaient dans son esprit embrumé par tant de facultés et de connaissances. Elle vit la fontaine qu'elle traversa avec Kolio, puis la grande salle dans laquelle elle avait atterrit. Le choix de la porte, parmi toutes celles qui l'entouraient. Et puis les tests. Les différents tests et la voix qu'elle avait choisi. Takias avait choisi sans surprise celle du Phoenix, celle de la magie. Et puis ce moment merveilleux où elle avait forgé la Brave Tempête. Ce détail... Ce seul et unique détail, celui de la forge de son arme du Temple se figea dans l'esprit de l'Aether. L'arme avait pour elle une beauté toute particulière, un attrait certain et un intérêt passionnel. Maintenant qu'elle s'était attachée à cette valeur, elle comprenait mieux, elle comprenait plus que quiconque ce que signifiait le mot "forger". C'était un travail assidu de création, c'était terriblement fascinant et d'une beauté à couper le souffle. Pourtant, le travail que la jeune Elémentale exécutait lui paraissait vide, presque insultant. Cette pensée en attira d'autres: pourtant cette Takias était un Maître incontesté dans l'art de forger, elle était même sans exagération, le forgeron le plus connu des Terres du Yin et du Yang. Mais maintenant qu'il s'agissait d'un regard divin, tout était différent. Le regard de l'Aether était des plus critiques, quoique intéressé. Talëorn ne vivait que par les armes, ces dernières représentaient son essence même, le combat par les armes était le symbole de son existence. La Brave Tempête était en train de se forger et si l'Aether avait beaucoup à reprocher à la façon dont cette arme avait vu le jour, il y avait une chose qu'elle ne pouvait retirer à cette Takias qu'elle avait été: les choix des noms. Le simple fait de donner un nom à une arme n'était pas pratiquée par tous les guerriers ou tous les forgerons et Talëorn considérait cela comme une grave erreur, à la limite de l'insulte. Une arme se devait de porter un nom, mais surtout un bon nom. Le genre qui, en un ou deux mots disait déjà tout. Par un simple nom, il fallait pouvoir ressentir toute la force, toute la prestance, toute la puissance de l'arme, avant même d'apercevoir cette dernière. Et elle ne pouvait décemment pas reprocher ce détail à l'Elémentale du Feu: cette dernière choisissait plutôt bien les noms. A cette pensée, une vague inextinguible de noms d'armes forgées par le Maîtres d'Armes menacèrent d'enfouir sous leur nombre la conscience de l'Aether. Elle n'arrivait pas encore totalement à discipliner son esprit pour limiter l'arrivée parfois impromptue de souvenirs ou de connaissances nouvelles. C'était plus compliqué que ce qu'elle pensait, mais elle y arriverait. Elle était de toutes façons, beaucoup trop avide de savoir et beaucoup trop curieuse pour rester sur cet échec. Il était dans sa nature la plus essentielle, la plus enfouie et la plus forte de se relever. Abandonner était un terme inconnu et auquel elle ne voulait songer. Elle était une guerrière, une battante et cela concernait autant l'ancienne Elémentale prénommée Takias que la nouvelle Aether Talëorn: il n'était pas dit qu'elle ne tomberait pas. Elle était tombée pour arriver jusqu'ici, elle était tombée avant de s'élever. mais tout était dans le choix du verbe: s'élever. C'était exact, elle était tombée et elle s'était relevée. Elle avait ployé sous la puissance titanesque, la force de cette tâche, mais elle s'était relevée et par cet effort avait rejoint le rang des Ultimes. Cette combativité, cette rage d'avancée, cette passion de la connaissance, elle l'avait gardé avec elle, elle l'avait arrachée au cadavre pourri de son ancienne existence pour la transfuser dans les molécules noires et blanches de sa nouvelle essence. C'était un des points qui pouvaient lui rappeler d'où elle venait pour que, malgré tout ce qui venait de se passer, elle n'oublie jamais d'où elle venait. Dans le Volcan des Terres du Yin et du Yang, mais en réalité dans les méandres de l'Univers inconnu, il y avait déjà des semaines que la jeune femme s'était élevée et s'interrogeait ainsi sur la marche à suivre pour maîtriser ce nouvel être qu'elle était. Mais pour l'Aether qu'elle était devenue, une petite minute à peine, venait de s'écouler...





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Jeu 18 Fév 2016, 14:06

Le Voyage
La soif de savoir et de connaissance aura raison de ton corps... mais de ton âme? Oseras-tu avancer sur le chemin de l'Elévation? Ou craindrais-tu tellement la mort que ton seul souhait serait de rester dans cette enveloppe, que dis-je, dans cette prison que vous appelez communément "corps"? As-tu assez de courage pour t'aventurer au delà de tes propres limites, au delà de toi même? Es-tu assez forte pour tout abandonner et enfin avoir accès à cette vérité qui te ronge peu à peu?




C'était véritablement étrange. Et tandis que l'Aether s'émerveillait de tant de nouveautés et de facultés, elle sentit soudainement une présence froide autour d'elle. N'ayant pas physiquement de corps pour chercher autour d'elle, elle sentit plutôt son esprit s'ouvrir à la nouvelle présence. Elle reconnaissait l'aura puissante de l'Aether passeur et sa voix intervint bientôt en pensée: "Il faut maintenant nous rendre au Temple, les Esprits t'aideront pour la suite." Talëorn acquiesça. Elle avait l'impression d'être devenue une petite fille perdue que l'on confie de mains en mains pour lui apprendre à se comporter correctement en l'absence d'une mère. Mais la différence notoire était que Talëorn n'avait pas de mère. Elle s'était créée elle-même en quelque sorte, elle s'était hissée à la force de ses bras au delà des Terres du Yin et du Yang pour atteindre un univers bien supérieur à tout ça, pour atteindre le connaissance. Le point qu'elle avait dans le ventre auparavant, lorsqu'elle se nommait alors Takias, cette insomnie qui la poussait de plus en plus à lire, à faire des recherches à s'interroger sur tout et rien, avait disparu. Elle n'avait plus cette sensation de vide, ce besoin de satisfaire une insatiable faim de savoir. Aujourd'hui, elle avait les compétences nécessaires pour avoir un accès, même infime, à cette connaissance pure dont tant de livres de la Bibliothèque d'Ilios traitaient. Elle y avait accès, elle le sentait... Mais comment l'atteindre. Il s'agissait là d'un tout autre problème. "Et les réponses viendront en temps voulu, il faut y aller. S'interroger ici et seule ne sert à rien Talëorn. Il faut que tu apprennes, et seul les Esprits peuvent t'y aider." Une point d'orgueil perça l'être de raison de la déesse. "Je n'ai pas besoin d'aide." Une déferlante brûlante se déversa autour d'elle, faisant disparaître la présence froide de l'Aether. Qu'avait-elle fait? Pourquoi donc avait-elle dit ça? Elle l'avait pensé comme ça, sur le moment. Mais ce n'était rien d'autres qu'une image passagère qui aurait dû fuir comme les milliers d'autres qui lui traversaient continuellement l'esprit. Alors pourquoi s'était-elle ainsi fixée, et pourquoi cette magie nouvelle s'était échappée du corps fragmenté en particules de l'Aether? C'était comme si cette part orgueilleuse avait une conscience d'elle-même, qu'elle connaissait et reconnaissait sa puissance et en profitait. Et tout à coup, l'Aether se sentit perdue, complètement dépassée. Être devenue une déesse signifiait donc être livrée ainsi à chaque part de son être sans pouvoir l'uniformiser en une seule essence? Elle doutait maintenant, pire, elle craignait la suite. Elle était tellement accaparée par toutes ses pensées qu'elle ne sentit pas la présence froide revenir à l'assaut. Elle ne savait pas non plus que ces quelques instants d'orgueil, puis de doute représentaient à eux seuls deux jours sur les Terres du Yin et du Yang. Car si le décor semblait être celui du Volcan Ardent, l'esprit de la jeune femme dépassait de loin cette réalité physique et concrète. Elle appartenait désormais à l'univers. "C'est pour ça que tu as besoin des Esprits. Certains ont essayé de surmonter ça seuls, très peu y sont arrivés." Il avait raison, elle devait l'écouter. Elle s'était élevée mais elle ne savait rien pour l'instant, elle devait lui faire confiance. Pourtant, elle se disait que si certains avaient réussi, pourquoi pas elle? Après tout, elle s'était bien élevée envers et contre tout, alors elle pourrait peut-être apprendre à se connaître, à se servir de ses nouvelles facultés sans aide... elle pourrait retrouver une enveloppe charnelle sans conseil... Elle s'essaya dangereusement à l'exercice et sentit certaines particules se détacher: c'était psychologiquement extrêmement douloureux, car la division était encore plus réelle ainsi. Elle n'arrivait pas à attirer toutes les particules vers un corps quelconque. Il n'y avait soit que les clairs, soit que les sombres. Les deux ne semblaient pouvoir s'allier. Etait-elle ainsi faite? A nouveau ses réflexions furent interrompues: "Talëorn, quel est ton Emvryo?" Ce terme sacré fit disparaître toutes les autres pensées de la jeune Aether qui se concentra exclusivement sur ce terme, toute son attention accaparée par ce mot. "Les Armes." répondit-elle sans une once d'hésitation. "La première véritable arme que tu reçus, que tu créa, fut celle du Temple des Esprits. C'est là que tu dois aller. C'est là que tu dois retrouver les Aether qui t'avaient auparavant guider sur la voie du Phoenix, ils te guideront durant ton entrainement intensif." Des images se superposèrent de nouveau. Pourquoi était-ce si dur de réfléchir maintenant? De concentrer son attention sur une seule et unique question? Son esprit s'accrochait à chaque pensée qu'il recevait, à chaque détail qu'il percevait, c'en était épuisant, véritablement. "Talëorn. Aether des Armes, tu as besoin d'eux, accepte-le." Sa voix l'aidait à se concentrer, et il dut le comprendre car il ne cessa de répéter cette phrase durant de longues minutes qui étaient en fait des heures. Et puis, elle n'entendit plus sa voix. Son esprit jusqu'alors solidement accroché à cette voix fraîche explosa de nouveau dans mille directions. Mais ils n'étaient plus au Volcan. Ils n'étaient plus dans un décor de lave et de roche, ils étaient dans un nouveau décor beaucoup plus lumineux, beaucoup plus calme. Une grande fontaine jaillissait en face d'eux, une belle et grande fontaine blanche sur un sol marbré de dalles tout aussi claires. Ils étaient au Temple, Talëorn le reconnaissait grâce aux souvenirs de Takias. Et pendant un instant, elle se sentit apaisée, ressentant autour d'elle des auras puissantes et différentes. Elle n'était plus la seule Aether ici. Le Passeur quant à lui, avait de nouveau disparu.




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