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 La venu de la Bête... | PV: Léto [-18]

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Latone
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Ven 15 Mai 2015, 15:19

Le silence régnait à nouveau, pour peu qu'on faisait fi des hurlements extérieurs. Ce moment-ci, où il n'y avait plus aucun son que celui de la goutte embrassant le sol et de tintements perpétuels des maillons, Léto avait l'impression de l'avoir attendu depuis une éternité. Elle n'avait plus de voix, à force de crier et de chanter ; sa gorge sèche l'irritait toujours. Elle était assise dans un angle de sa cage, le plus éloigné de la porte de sortie. Au-delà des barreaux, il y avait encore ces tables avec tous ces instruments plus horribles les uns que les autres, imbibés de son sang ; tant de sang, elle se surprenait encore d'être en vie après en avoir tant perdu. Elle ne se doutait pas qu'Elina faisait en sorte de la garder en vie, juste un peu plus longtemps pour satisfaire son désir de tortionnaire. L'orisha ne supportait plus sa présence, elle ne supportait même plus la présence de qui que ce soit : elle avait uniquement besoin de calme, d'être seule… Fort heureusement, il n'y avait personne pour surveiller cette salle, du moins pas de l'intérieur, il devait y avoir quelqu'un à l'extérieur. A croire que sa réputation de briseuse de tympans l'avait suivi si bas.

Son regard s'étant trop figé sur le sol écarlate à son goût, elle le releva un peu plus. Ses yeux étaient horriblement rouges, ils brûlaient avec ce mélange de sang et de larmes. Léto était restée si longtemps comme ça qu'elle ignorait si elle était encore capable de bouger. Puis à quoi bon au final ? Elle ne pourra pas crocheter la serrure avec ses liens enchantés, et elle peinera bien à s'échapper ensuite. Et à supposer que par miracle elle soit suffisamment en forme pour lutter, la blonde ne savait point où se trouvait Aëran ; les cris se ressemblent tant… Il n'y a aucune échappatoire, c'est l'unique conclusion qui la hantait.

Une lueur bleue attira alors son attention. Cette couleur, elle ne l'avait plus revu depuis que le ciel l'avait abandonné aux ténèbres. La lumière était posée sur une table, pas celle avec la machinerie à briser les os, mais une autre. A y regarder plus attentivement, Léto reconnut ses affaires entassées dessus : ses vêtements, ses armes, ses quelques autres babioles, et surtout cette fiole bleutée. Elle s'en souvint maintenant : c'étaient des fragments du cristal bleu datant de la dernière guerre. Sa mémoire lui faisait défaut, elle ne savait plus comment elle les avait obtenus. Mais qu'importe, elle les voulait, ils attiraient trop son attention et cette lueur était trop agréable pour sa rétine. Faisant fi de la douleur engendrée par son déplacement, Léto se rapprocha des barreaux et tendit le bras. Avec la distance, la fiole fut l'unique objet qu'elle pouvait atteindre. L'orisha fixa longuement les cristaux à l'intérieur, c'était blessant de voir quelque chose d'aussi beau se retrouver dans un tel lieu. Elle voulait les toucher, elle ouvrit la fiole et fut surprise par l'escapade d'un des fragments, celui-ci l'aveuglant sans crier gare.

Où suis-je ? Avec la libération du cristal, Léto s'était sentie transporter on ne sait où. Elle était debout, sans blessures et correctement habillée, au beau milieu d'une plaine recouverte à foison d'anémones blanches. Au toucher, celles-ci avaient un aspect poudreux. Le ciel était tout aussi illuminé, comme si le soleil était devenu immense au point de masquer les astres. Une légère brise faisait danser les fleurs, lui chatouillait la peau, sans autre bruit pour la déranger. Les yeux vairons de l'orisha se braquèrent alors sur une maisonnée, au loin, tout en haut d'une succession de plateaux en cristal. Il n'y avait rien d'autre autour apparemment, alors elle se risqua à l'ascension. Chaque contact de son pied avec une marche faisait résonner une note, la suite donnant naissance à une douce musique. La guerrière était tellement bercée par cette mélodie qu'elle fut surprise, en arrivant à destination, de constater que la fameuse maisonnette qu'elle voyait au loin était en réalité un château. Les portes étaient entrouvertes, pas de gardes. Durant un court instant, Léto s'était méfiée, mais la beauté de cet endroit la poussait à franchir les portes.

Une fois de plus, elle fut surprise de remarquer que l'intérieur s'apparentait à une chaumière. Léto était aussi perdue qu'émerveillée par ce rêve qui lui avait fait oublier les évènements de tout à l'heure. Deux personnes se tenaient là, un adulte assis qui pansait le bras d'une petite. Aëran… Mais elle ne reconnaissait pas la jeune fille. La ressemblance entre elle et son amour la troublait, ils avaient tous les deux du sang alfar, certes, mais les yeux rouges de l'enfant l'hypnotisaient. Et son amant souriait, concentrée sur son travail de médecin. Léto aurait dû se sentir étrangère à cette scène, alors pourquoi avait-elle le sentiment d'y être familière ?

" La prochaine fois que tu cherches la bagarre… Il finit de serrer les bandages. Fais en sorte de ne pas mordre la poussière, Mozaga. " En réponse, la petite afficha une moue boudeuse.

Elle se rappelait maintenant : la fille d'Aëran… La vampiresse l'avait mentionnée et l'alfar semblait être au courant de son existence. Léto commençait à comprendre un peu la situation, mais ne voulait point se risquer à émettre une bêtise. La jeune fille se tourna enfin vers l'intruse, l'orisha se figea. La petite se rapprocha d'elle, avec des yeux plus attendris que plus tôt, son regard commença à fuir quand elle était assez proche d'elle.

" Maman… Dit-elle avec une certaine honte. Les yeux disparates de Léto s'écarquillèrent à cette appellation. Aëran ricana en se levant de sa chaise, et s'approcha de l'orisha. A portée de main, il ébouriffa les cheveux de la petite et enlaça d'un bras les hanches de la blonde.
- Tout va bien ? Il souriait encore, il semblait heureux à lui caresser doucement le ventre. Même en étant totalement paumée, elle se vit sourire à son tour et coller son front contre celui d'Aëran.
- Oui. " Sa main alla chercher par réflexe la joue de la petite, elle aussi faisait partie de sa vie. Oui, Léto était heureuse.

Ses paupières s'ouvrirent de nouveau sur la salle aux mille et une tortures. La fiole de fragments était de nouveau près de ses affaires, sa lueur enfouie par ces derniers. Léto n'avait plus mal, même avec toutes ces plaies et ce sang accumulé. Elle voulait sortir, elle voulait aller à cet endroit, elle voulait voir son amour sourire et l'aider à fonder une vraie famille. Son ouïe revint peu à peu à elle, lui faisant écouter la rage de l'alfar, dans la pièce voisine. L'orisha serra les dents en se relevant, avec beaucoup de mal, on a dû lui péter le tibia dans le processus visant à la briser. Lorsqu'elle se tint enfin sur ses deux jambes, elle leva les yeux au plafond, elle haletait fortement. Elle devait l'aider, autant que possible.

" AËRAAAAAN ! " Hurla-t-elle de toutes ses forces, insufflant le courage à l'alfar de se dépasser, de poursuivre leur rêve de vivre en paix, quitte à en payer le prix.


1184 mots ~



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Ven 15 Mai 2015, 23:16



Mon visage était crispé, devant moi, ma peau se déchirait contre les bracelets de fer qui me retenaient prisonnier. Mon sang dégoulinait sur ma peau, se mélangeant au sang sec du soldat. Le noir m’enveloppait petit à petit, et lorsqu’il fut total, je saisis mon pouce de ma main libre pour le déboiter d’un geste vif, et pouvoir être enfin libre. Ma main glissa sans effort, et je vacillai en me tenant le ventre. Je connaissais cette noirceur d’âme, celle qui m’avait autre fois sauver, en me permettant de ne pas tomber dans le gouffre comme tous mes camarades, cette soif de liberté, de rage, de violence. La douleur fut si vive, que je tombai à genoux sans pouvoir me relever. Mon corps se contracta instinctivement, de plus en plus vite, de plus en plus fort. La porte se rouvrit brusquement, Mozaga étant toujours devant moi, ne bougeant pas d’un pouce. Le garde se jeta alors sur elle, la maintenant fermement : « Dégage sale môme ! » cria-t-il avant de la jeter vers la porte. Il dégaina sa lame, la pointant sur moi, croyant sans doute à de la magie : « Relève-toi ! » Mes contractions s’arrêtèrent alors quelques instants, je pus reprendre ma respiration, levant légèrement la tête pour garder à l’œil le soldat, mais ce fut à ce moment précis que je crus que mon ventre se déchira, me cambrant à la douleur et retombant au sol par la suite.

J’étais tombé inconscient à la minute même où mon ventre semblait s’être ouvert. Je pouvais entendre un soldat crier, puis plusieurs. J’entendis ensuite ma fille… sans doute serais-je resté à terre si ses cris ne m’avaient pas interpelé.
« Mozaga ! » Criais-je, encore la vue partiellement dans le noir. Je me mis à genoux, écartant les bras pour l’accueillir, car je savais qu’à moi, il ne me ferait rien. Je perçus sa course, avant de la sentir contre moi. Je refermai rapidement mes bras sur elle, sa tête dans mon cou : « Reste avec moi ». Je ne sus vraiment si cela était pour la ramener avec moi, pour toujours, ou juste sur le moment. Les larmes de Mozaga coulaient sur mon cou et mon épaule, et je la serrai un peu plus: « Arrête de pleurer » lui dis-je dans un ton qui se voulait dur et doux à la fois. Quelques secondes suffirent pour que je retrouve ma vue, et la bête devant moi n’en fut que plus terrifiante.

Elle s’était arrêtée au moment même où Mozaga avait accouru vers moi. Elle ressemblait à un serpent, un immense serpent, et lorsque la langue sortit en sifflant, je pus voir une multitude de dents acérées. À terre, les soldats avaient été percé de part en part, avant d’être déchirés. Le fait qu’il ne manque aucune partie de leur corps signifiait juste que cela avait été fait par pure cruauté, une cruauté que je reconnaissais lorsque je déchirais mes victimes à coup de dents. Posant ma main sur les yeux de ma fille, je la fis avancer dans le chaos ambiant, suivis de cette bête adulant près de moi. Je savais bien qui elle été, ce qu’elle représentait. Elle n’était peut-être jamais sortie de mon corps, mais je l’avais maintes fois sentis en moi, je l’avais autant investi qu’elle pour moi.
« Tu n’as pas à avoir peur d’elle, elle ne te fera pas de mal » dis-je pour que ces jambes cesse de trembler : « Je ne lui permettrai pas ».

Fermant la porte derrière moi, je remarquais que le couloir était vide, sans doute s’étaient-ils tous précipités dans la cellule lorsque la bête avait commencé à attaquer. « Pars là » fit Mozaga en marchant dans le couloir, collant son oreille aux portes : « Elle doit être par-là ». Elle ne jeta aucun coup d’œil au serpent, continuant tout de même à trembler en marchant. Lorsque nous fumes devant une grande porte en bois, elle ouvrit légèrement pour y passer la tête, mais impatient, je la poussai violemment et elle alla claquer contre le mur. Fronçant des sourcils, elle pesta : « La discrétion ne fait pas partie de tes qualités à ce que je vois ». Donnant rapidement une tape derrière sa tête, je pestai à mon tour : « On s’adresse pas comme ça à son père… ». Au moins la provocation était l’un de nos points communs, surtout que physiquement, elle ressemblait énormément plus à sa mère qu’à moi.

Arpentant la pièce du regard, je ne vis de prime abord, que des matériaux de torture, mais mes yeux s’arrêtèrent sur les affaires de Léto. Me précipitant vers eux, je constatai qu’elle était dans une cage juste à côté :
« Léto ! » fis-je instinctivement, constatant ses blessures et une nouvelle fois ce système de bandes. « Elina a surement les clefs » fit Mozaga en continuant de regarder la scène de loin. L’apellation ne m’échappa pas, mais ce n’était pas le moment. « Va chercher un outil coupant là-bas » lui ordonnais-je, en cherchant à crocheter la serrure avec des outils de tortures fins et tordus. Ancien prisonnier, les verrous de ce type n’avaient pas de secret pour moi. Un petit clic me signifia que la porte était ouverte, et nous nous précipitâmes dans la cellule pour couper les bandes de Léto, mais au vu des circonstances, je ne pus me résoudre à la prendre dans les bras, la serrant partiellement pour ne pas lui faire mal : « Je m’occuperai de tes blessures lorsque nous serons sortis d’ici » finis-je par dire en la lâchant. Libéré de ses bandes, Mozaga lui tendit ses vêtements, et je posai ma main sur sa tête : « attends dehors » lui intimais-je en la regardant. Il n’y avait plus de place pour les sentiments, pour la bonne raison que nous avions maintenant plus de temps, nous avions une petite fille sur les bras, et surtout que l’espoir avait repris sa place. Je voulais sortir, ou mourir en essayant.

Je soufflais un instant, pour le moment nous étions seuls, les gardes de la zone avaient été pris à partie par la bête, mais nous ne savions toujours pas où aller. Je devais néanmoins parler à Léto de ce serpent, qui était resté dans le couloir, surement enroulé sur lui-même attendant une autre proie à prendre en chasse, mais ce n’étais pas le moment non plus… ce n’était jamais le bon moment, et ce ne sera surement jamais le bon moment pour dire à la femme que l’on aime, que l’homme qu’elle croit connaitre est possédé par un monstre.
« Écoute… » commençais-je, « C’est un peu compliqué à expliquer, mais… » Je n’eus même pas le temps de continuer, que Mozaga se mit à crier et à accourir vers nous, la bête à ces trousses. Sa mâchoire claqua, et il se mit à tout renverser sur son passage, lorsqu’elle rentra dans la cage, je la refermai derrière elle, et le serpent se lança contre elle, tordant le fer : « Je crois bien que mon corps abrite un monstre. »

Mozaga s’était agrippé à mes jambes, je compris vite que lorsque je n’étais pas là pour surveiller, même ceux auxquels je tiens étaient en danger. Mon esprit était embrumé, mais pour le moment, la bête était le cadet de nos soucis. Il fallait trouver une sortie. Je m’accroupis près de la petite, la tenant fermement par les épaules : « Tu es née ici, tu dois sans doute savoir par où sortir ! » Elle balança la tête de droite à gauche : « Depuis ton départ, je n’ai que rarement eu le droit de quitter les appartements d’Elina… » Une idée me vint soudain : « En dessous… on va passer par en dessous ». Ouvrant la cage, je gardai un œil sur le monstre. Il était temps de fuir.

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Latone
Jeu 11 Juin 2015, 23:45

Léto ignorait si son hurlement d'espoir, ou de désespoir d'une certaine façon, avait été entendu, ni même s'il avait eu ne serait-ce qu'une infime utilité. Dans tous les cas, elle était immobile et debout maintenant. Cela avait été un peu idiot de faire ça, elle ne pouvait plus bouger au risque de se faire punir par le maléfice, et nul doute qu'il lui fera très mal maintenant qu'elle avait expulsé toutes ses forces bombées d'espoir… L'unique alternative était d'attendre, de prendre son mal en patience en espérant qu'Aëran parvienne à la localiser le plus rapidement possible. Pas le serpent. Celui-là n'était pas là, pour l'instant, et elle espérait que son absence se prolonge. Ses jambes portaient déjà bien assez de séquelles comme ça…

Des cris lui parvinrent aux oreilles. Il y avait définitivement quelque chose qui se passait dans la pièce voisine, là où elle avait entendu l'alfar. Mais là, c'étaient des plaintes d'horreur, des déchirements macabres et il lui sembla même avoir entendu un sifflement. Son corps frissonna, cela lui rappelait les sifflements du serpent. Est-ce qu'Elina torturait Aëran de la même façon ? Pas le serpent. Pas le ventre. Elle maudissait la vampire d'abuser davantage de son pouvoir, si seulement elle avait cette peste à portée de main, elle lui exploserait la moindre fibre de son corps… Cette heure-là viendrait, elle devait juste attendre, écouter les cris. Ces derniers cessèrent d'ailleurs un moment, et quelques minutes plus tard c'était sa porte qui claqua. Elle sursauta un peu, resserrant les bandes sur elle. C'était supportable à cette amplitude, ça l'était encore davantage lorsqu'elle vit l'alfar s'extirper de l'ombre en criant son nom.

" Aëran ! " Les bandes se resserrèrent un peu, elle n'en avait cure.

Il s'adressa à quelqu'un, une voix enfantine qu'elle reconnut mais qu'elle ne parvenait pas à y ajouter un visage. Qu'importe, son amour était là, vivant, c'était tout ce qu'il comptait pour elle. Lorsque l'alfar réussit à crocheter la serrure, elle voulut se jeter dans ses bras, mais il fut plus rapide et c'était mieux que ce soit lui qui bouge, au vu de sa malencontreuse situation. La brève étreinte était suffisante pour l'apaiser, tout provenant de cet homme la réconfortait. Après lui avoir assuré qu'il la soignera après tout ça – un moment qu'elle appréciait particulièrement, lui rappelant la fin de leurs folles nuits de passion où elle se faisait dévorée – il la libéra de ses contraintes. Elle espérait que c'était la bonne cette fois, elle en avait assez qu'on la retienne autrement que par des chaînes. On lui tendit ses vêtements, elle les saisit mais les frêles mains qui les portèrent l'interpelèrent. Elle leva son regard et reconnut instantanément cette petite personne.

" Tu es… " Commença-t-elle, avant que l'alfar la renvoie dehors.

La fille du rêve bleu. C'était donc Mozaga, la fille d'Aëran et d'Elina. Elle lui ressemblait tellement, c'en était troublant. Ils allaient déguerpir en sa compagnie en fin de compte. Tant mieux, Léto voulait vivre pour de vrai cette scène, dans le château renfermant une chaumière, où leur famille était unie et heureuse, où une belle petite fille pouvait l'appeler "Maman". L'orisha étira un bref et très faible sourire, ce n'était pas le moment de rêver pour s'échapper de la réalité : il fallait qu'ils l'affrontent, cette réalité.

Elle enfila ses vêtements, de plus en plus rapidement à mesure que ses forces revenaient et que la situation requiert l'urgence. Cela lui faisait un bien fou de porter de nouveau sa propre tenue, Léto avait l'impression de revivre, de défier l'adversité ; puis c'était vachement plus confortable. Il y avait ses armes aussi, toutes ses affaires d'avant l'enlèvement était bien présents, sans doute avaient-ils besoin de la totalité pour mieux la cerner et ainsi mieux la briser… Elle enroula sa chaîne autour de son poignet et tendit son épée à Aëran, il en avait besoin. Quant à elle, elle se contentera de la faucille, elle pourrait donner la masse à Mozaga mais elle ignorait si on lui avait appris à se battre dans la secte… Pour le moment, elle se ravisa, elle ne voulait pas qu'elle se blesse inutilement.

Léto esquissa un pas vers la sortie, mais Aëran le retint, il bouillonnait de lui avouer quelque chose. L'empathie de l'orisha s'affola, il tenait vraiment à lui dire ce qui le tracassait, et cela la tracassa à son tour. Les premiers mots furent nébuleux, elle ne pouvait pas faire le rapprochement avec son envie de la mordre à ce stade… Mais lorsque le monstre en question apparut, l'action se déroula si vite qu'elle aurait pu se faire dévorer vivante dans son immobilisme. Le noir profond de ses yeux la hanta, comme si Léto avait toujours connu cette bête. Ses scènes d'amour avec Aëran se transformèrent en scènes d'horreur, elle trembla à l'idée d'y songer. Par réflexe, elle se cacha derrière l'alfar, trop grande par rapport à lui pour se dissimuler complètement de la vue du serpent, mais tant pis. Sa bouche mima quelques vers silencieux. Pas le serpent ! Je dois chanter ! Mais le pire arriva lorsque l'alfar ouvrit la cage, elle recula à s'en plaquer le dos contre le mur.

" Qu est ce que tu fais ?! Pourquoi le liberes tu ?! Son amant ne parlait pas l'Arshalà, elle le savait – il devait connaître tout juste le mot "amour" qu'elle s'amuse à répéter dans sa langue maternelle – mais les restes de la chanson lui colla à la peau. Il va me mordre, il ne doit pas toucher mon ventre. Elle était folle des serpents depuis l'action de tout à l'heure, c'était ancré dans son esprit pour toujours. Pitié Aëran… " Elle se rapprocha de lui et lui attrapa la manche, elle ne pouvait plus le lâcher.

La troupe sortit de la pièce, un sentiment de libération l'envahit mais ce n'était pas suffisant. La blonde resta collée à l'alfar, sans jamais le lâcher, sans jamais croiser le regard de cette bête. En fait, elle n'arrivait plus à faire la différence entre le serpent et son amour. Tout risquait d'être différent maintenant qu'elle savait ce qui symbolisait réellement la part sombre de l'alfar. Ce "problème" lui martelait tellement la tête qu'elle ne savait plus où ils étaient, elle laissa le père et la fille les guider dans ces dédales sombres, où Elina pouvait surgir de n'importe où avec son serpent. Le serpent dévorera le serpent. Pouvait-elle se dire, c'était envisageable, mais est-ce que le serpent ne risquait pas de la dévorer avant ?

Ils finirent devant un accès aux souterrains, les égouts plus particulièrement ; à croire que cet endroit s'enfonçait encore davantage dans les ténèbres. Léto entrevit la sortie avec ce plan, mais cette perspective était quelque peu amer : elle voulait faire demi-tour et assassiner la vampiresse. Mais le sifflement de la bête la fit frissonner et ne tenta aucune effronterie. Ce serpent avait le même don d'hypnose sur elle qu'Aëran par le passé, la ressemblance en était troublante. A force de se faire peur de la sorte, le doute lui embrumait les idées, au point qu'elle finit par lâcher le vêtement de l'alfar pour tenir la main de la petite. Elle tremblait encore un peu, mais de moins en moins à force qu'elle enlaçait les doigts de l'enfant illégitime.

" Mozaga… On… On va sortir. " Sa main serra un petit peu plus la sienne.

Léto disait plus ça pour s'encourager elle-même, mais sûrement la petite sera plus préoccupée par le fait qu'elle connaisse son nom et qu'elle s'habitue assez vite à sa compagnie. L'orisha mit un petit temps à quitter le regard rougeâtre de la petite alfar, afin d'affronter celui du jeune homme, et de la bête, ou des deux. Dans son esprit, les deux entités se fondaient trop parfaitement pour être distinguables.


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Mer 24 Juin 2015, 14:21


Mon cœur battait à sortir de ma poitrine. Le monstre avait beau être en dehors de moi, j’avais encore les nerfs à vif, et si j’avais pu dévorer tous ceux à qui je tenais, tous ceux que je croisais, je l’aurais fait. Je remerciai le peu de contrôle que j’avais sur mes pulsions destructrices, même si au bout du compte, je savais que j’allais craquer avant la fin. Je n’avais qu’une envie, éliminer tout le monde et m’enfuir là où personne ne me connaissait, refaire une vie, recommencer à zéro. La voix de Léto suffit à oublier mes pensées, mais son attitude ne me disait rien qui vaille. Ses chants d’Orisha percèrent l’endroit, plongeant la pièce dans une atmosphère étrange et mystique. J’avais du mal à comprendre ses mots, ses gestes… Ce serpent, ce n’était que moi, un condensé de violence, certes, mais n’avais-je pas souvent été brutal ? Ne m’avait-elle pas vu ainsi ? Impulsif, agressif. N’avait-elle pas entendu quand je lui avouai vouloir la dévorer ?  Regardant son ventre tout en fronçant des sourcils, j’avais du mal à saisir le sujet de sa crainte… ne pas toucher à son ventre ? Je restais un instant inerte, jusqu’à ce qu’elle s’agrippe à moi. Posant alors la main sur son ventre, je la trouvais un instant trop optimiste. Ce qu’elle voulait, ce qu’elle désirait… être mère ? Avait-elle au moins conscience que cette enfant manquerait d’un père ? Car je n’étais pas prêt à le devenir, pas maintenant. Soufflant, je caressai sa joue pour la rassurer, avant de sortir de la cage, gardant un œil sur la bête.

Ondulant, sifflant à hypnotiser ceux qui l’entendait, il longeait les murs, caressant de sa peau humide la mousse qui avait élu domicile au sein des pierres. Léto était toujours agrippé à moi, surement encore apeuré par ce monstre qui nous suivait de près… mais lorsque nous arrivâmes devant la grande porte en bois massif, ses doigts se détachèrent et vinrent entrelacer ceux de Mozaga. Mes yeux restèrent un instant figés sur son geste, et en un instant, je sentis quelque chose se briser. Serait-elle capable de rester, alors que je lui faisais vraisemblablement peur aujourd’hui ? Avançant vers la porte, tandis que petit à petit, la colère montait en moi, je l’ouvris en grand, prenant une torche et laissant Léto et ma fille à l’arrière. Le serpent prenant les devants pour pouvoir attaquer le premier, sa soif de sang toujours au maximum. La peur de Léto me mettait hors de moi, à fleur de peau, j’avançais dans une eau ragoutante, n’essayant même pas de camoufler ma présence. Je n’avais qu’une envie, me battre à en perdre mon propre sang. J’avais du mal à réfléchir, tout ce qui c’était passé, toutes ces questions sans réponses, je n’avais pas souffert physiquement, certes, mais j’avais réalisé que rien n’était acquis, que tout était compliqué… qu’il ne suffisait pas de vouloir pour pouvoir, et surtout, que Léto ne m’appartiendrait réellement jamais.  Elle était finalement libre de partir, libre de me haïr ou même de me craindre.

Une ondulation suspecte dans l’eau me fit m’arrêter, brisant le fil de mes pensées. Relevant machinalement la tête et la torche, je dus très vite reculer pour éviter une morsure imminente. Sans plus attendre, la bête s’enroulait autour de moi, faisant barrage à ceux qui se tenaient devant nous. Des morts, enfants et adultes, déambulant dans cette eau croupie. Certains des cadavres des soldats et esclaves ayant été jeté ici, puis réanimé pour protéger les lieux. Le serpent bougeait sa queue dans tous les sens, claquant aussi de la mâchoire, mais rien n’y faisait, il allait tout bonnement se faire mordre à continuer à rester inactif : « Bouge-toi ! » lui criais-je en sortant mon arme. Je ne pouvais dans tous les cas lâcher ma torche, au risque de me retrouver totalement aveugle. Lorsqu’enfin, il déroulait son corps et s’attaquait aux Zombies, je le suivis dans la bataille, envoyant les cadavres à terre d’un coup de pied et leur écrasant la tête, ou leur transperçant. Je n’avais aucune idée de ce que je pouvais dégager à cet instant… avais-je les yeux si noirs que je les effrayais ? Étais-je en l’instant aussi destructeur que la bête, tous deux engagé dans la bataille ?

La petite moue de Mozaga regardait la scène. Elle avait depuis longtemps enlevé sa main de celle de Léto, n’étant pas habituée aux gestes tendres. Elle ne savait pas trop si elle devait fuir avec son père, et qui était cette femme qui la suivait ? La sauvagerie de son géniteur ne l’effrayait pas, et elle aussi, elle aurait voulu s’exprimer. Oppressé de n’avoir pu s’exprimer depuis sa naissance, ce fut sans attendre qu’un monstre sorti de sa tête : « Attaque… » Murmura-t-elle, non sans un certain plaisir.

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Ven 26 Juin 2015, 23:36

A peine eut-elle été réconfortée par le contact de la petite que cette dernière se défila. Léto tourna son regard rapidement vers elle, elle remarqua alors sa bêtise d'être trop proche d'une enfant qui ne la connaissait même pas, sans doute pouvait-elle lui faire peur ainsi. Elle se massa la main, comme si le geste de rejet fut trop brutal, même si cela n'avait pas été le cas. Elle se sentait abandonnée, à part, alors qu'elle venait tant de souffrir. En tant qu'orisha, c'était censé être la pire des humiliations, et quelque part elle la ressentait cette défaite, coincée en travers de sa gorge. L'unique manière de s'en sortir était de rejoindre le rêve bleu, et l'unique façon de le rejoindre était de partir. Peut-être que là-bas, Aëran ne sera plus un serpent et Mozaga la considérera réellement comme une maman.

En retrait par rapport aux deux êtres, elle avança prudemment, peut-être trop, elle était en réalité apeurée. Léto se surprit lors de son propre sursaut, lorsqu'elle crut que le monstre de son amant allait se retourner d'un coup sec pour la dévorer. Ses doigts se resserrèrent sur le manche de sa masse, au point d'en saigner. Elle avait peur, elle était faible, et ce n'était pas l'inhospitalité des lieux qui allaient l'aider à tirer un trait sur ses tourments, ni cette odeur nauséabonde. Quoique, le fait que ses narines se fassent titiller de la sorte commençait à lui chagriner l'esprit, comme quoi n'importe quelle distraction – aussi étrange soit-elle, il faut dire – pouvait toujours servir.


" Eir ! " S'écria-t-elle en apercevant la silhouette faisant face à l'alfar ; malgré elle en Arshalà, car la chanson résonnait encore, subtilement.

Ce visage, cette expression, cela n'avait rien d'humain, ni même de vivant : et pour cause, le monstre tenta de mordre toute chair qui lui passait sous le nez, s'il en avait un. D'autres de ses comparses se levèrent, des cliquetis de chaînes se faisaient entendre alors que ce n'était pas la sienne qui dansait. Des prisonniers, et même des gardes en armures rongées par les vers… Elle aurait préféré épargner les premiers mais ceux-là non plus ne voulaient pas d'elle. Pourquoi donc, alors qu'elle avait vécu les mêmes souffrances qu'eux, à un certain degré ? Léto ne voulait pas les tuer, mais si cela servait à mettre fin à leur peine… Elle commença à lever son arme face au premier zombie qui lui faisait face, prête à frapper à contrecœur. Et puis, elle entendit Mozaga murmurer.

Ses yeux vairons s'écarquillèrent face à la nouvelle ombre qui se dessinait au beau milieu du carnage. Avaient-ils tous des monstres en eux ? Était-ce une malédiction familiale ou un héritage ? Ou était-ce justement le but de cette secte, d'enfermer des créatures dans le corps des prisonniers ? Mon ventre ! S'effraya-t-elle, tout devenait limpide à présent ! Et si Aëran lui avait mis un monstre dans le ventre ? Pas un serpent ! Toute poussière de courage se dissipa en son fort intérieur, elle relâcha la tension sur son bras et se mit dans un coin, assez rapidement pour que les zombies se désintéressent d'elle à cause de la distance. C'en était trop, elle en avait juste marre de cette bâtisse, elle ne reconnaissait même plus ses alliés parmi ses ennemis. Ce devait être un cauchemar, une contrepartie à la beauté du rêve bleu. Quelle sotte, elle aurait dû deviner que c'était trop beau pour être vrai !

Léto étouffa un hoquet lorsqu'une énorme mâchoire se referma à quelques centimètres de son visage. La bête d'Aëran dévorait littéralement le mort-vivant qui avait tenté de la surprendre dans ses rêveries. Elle haleta fortement, elle n'arrivait pas à se décider sur ce qui était le plus horrible entre le repas en lui-même ou le serpent dans sa globalité. Ce dernier la fixa quelques secondes de ses grands yeux noirs avant de s'en retourner à d'autres proies plus putrides qu'elle. Elle resta d'abord, totalement hébétée par l'action qui venait de se dérouler, et puis la tension qui régnait en cet endroit la corrompit. Je suis forte, je suis forte, je suis forte, je suis forte ! Se répéta-t-elle, tandis qu'elle serrait des dents, fronçait des sourcils et fonçait en avant, vers le danger, parfois en criant.

Un coup de massue repoussa le premier attaquant, un revers pour le second. Elle passa devant Aëran, Mozaga et leurs monstres respectifs, réalisant de grandes enjambées dans l'eau pour aller plus vite. Elle allait sortir d'ici, vivante, et revenir, plus puissante, renvoyer la monnaie de sa pièce à ses tortionnaires. Ce n'était pas vraiment du courage – si elle en avait, elle aurait aidé ses comparses dans la bataille – mais plus une fuite de la réalité, elle voulait juste se réveiller. Seule la lumière au bout du tunnel pourra l'y aider. L'orisha se donna beaucoup de mal dans cette entreprise, faisant voltiger partout les chaînes qu'elle invoqua grâce au lien du destin, immobilisant tout être qui osait se mettre sur son passage, les soumettant à plat ventre au sol, sous l'eau. C'était en quelque sorte son baroud d'honneur, elle était quelque part résigner à en finir si cela était nécessaire, sauf si on la rattrapait, lui remettait les pendules à l'heure. Car plus Léto avançait, plus elle s'enfonçait, toute seule, dans la maigre folie que la vampiresse avait allumé chez elle…



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Ven 03 Juil 2015, 18:21


La peur est relative pour chaque être. Léto n’en était pas épargné, et malgré sa nature, il a fallu qu’elle s’éprenne d’un homme qui nourrira sans cesse cette crainte. Quoi que je fasse, je resterai un danger potentiel pour chacune d’elles, Mozaga et Léto. Le pire restait à venir… il fallait accepter le monstre qui m’habitait, vivre avec. Je ne savais pas s’il est permis de vivre avec, sans cesse, la peur de mourir demain, mais il faudra s’y risquer, au risque de voir notre couple voler en éclat.

Enfonçant ma lame dans les têtes putrides et ramollies d’être trop restées dans l’eau, je regardais du coin de l’œil le monstre qu’avait invoqué Mozaga. Je m’effrayai un peu du fait que nos monstres se manifestent, du fait que peut-être aussi l'enfant que désirait Léto en aurait un en elle. Cela faisait étrangement penser à une malédiction, et je priais pour que ce ne soit pas le cas…. Petit à petit, je vis Léto se briser, s’éloigner puis revenir à la charge pour se frayer un chemin et s’enfuir. « Léto ! » Criais-je en voyant qu’elle laissait Mozaga seule, tendant la main pour espérer la faire se retourner, je ne fis que la frôler… la regardant partir, deux choix s’offraient à moi : ma fille ou Léto. Tournant la tête des deux côtés, ma décision fut prise aux cris stridents de Mozaga. Envoyant ma lame vers la tête de celui qui voulait la dévorer, j’accourus vers elle pour lui prendre la main, et sans un mot, je l’entrainai dans ma course.

J’étais hors de moi, tellement, que je traînais Mozaga dans l’eau, la sommant de courir plus vite. Je n’étais pas fait pour être père, certes, mais elle était la chair de ma chair, je ne pouvais la laisser en arrière, et je pensais Léto plus sage, plus sensible qu’un Alfar, me serais-je trompé ? Je ne savais même pas si nous allions dans la bonne direction. J’entendais de loin le bruis d’une course effrénée, et je tirai ma fille un peu plus : « Léto arrête toi ! ». Mes paroles restèrent en l’air, inefficaces en réalité. On pouvait ressentir ma rage, ma haine, j’allais de déceptions en déceptions. Les genoux de Mo’ commençaient à saigner à force de tomber, et avant qu’elle ne commence à pleurer en criant, nous rattrapions Léto. Je n’eus même pas le temps de réagir, que nous débouchâmes sur une issue, une issue sertie de barreaux, dont l’espacement ne pouvait laisser passer que Mozaga, une enfant de huit ans. Je la pris tout bonnement dans mes bras, enlevant les cailloux qui étaient restés dans sa chair. Quand ce fut fait, je la posais près de la sortie : « Allez, va-t’en maintenant » fis-je simplement, les yeux rivés sur les terres arides. Les pleurs de Mozaga percèrent le silence, et je dû poser ma main sur sa bouche : « Tu es une Alfar, tu n’es pas n’importe qui… survivre, c’est la base de notre race » même si finalement, c’était plutôt aux autres qu’il fallait survivre, « Tu t’en sortiras, et nous aussi d’accord ? On va trouver une autre sortie. » Je me relevai : « Amène ta bestiole, fais-toi discrète. »

Lorsqu’elle s’éloigna, consciente qu’il fallait qu’elle fuie au même titre que nous, mes mains se mirent à trembler de colère. Je daignai enfin poser mon regard sur Léto, ce regard froid et noir, un regard qui en disait long. « Mozaga est ma fille… mon sang coule en elle… c’est une Alfar, elle a tout à apprendre, par moi si ce n’est pas d’elle-même. Tu aurais été une inconnue, j’aurai compris… mais tu l’as laissée toute seule et tu es ma compagne ! » Je ne tentai pas de m’approcher d’elle, je la savais plus forte bien sûr, mais je me doutais aussi qu’une simple remontrance suffirait à la faire réagir… du moins je l’espérai. « Tu me déçois. » Mes mots étaient durs, c’était volontaire : « Nous en reparlerons quand nous serons sorties d’ici. » La queue du serpent gesticula dans tous les sens, prêt à attaquer celle qui avait contrarié son habitacle, mais je restai inerte devant lui, l’intimant de passer le premier pour ne pas qu’il se retrouve seul avec elle.

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Lun 06 Juil 2015, 15:58

Tout jouait contre elle en cet instant. Elina ne l'avait pas relâchée sous son plus beau jour, c'était bien la première fois que Léto était aussi déboussolée dans sa vie. Son débarquement clandestin et involontaire à Drosera ? Ce n'était rien comparer à ce qu'elle venait de subir et ce qu'elle continuait de subir à l'heure actuelle. Ce n'était qu'un feu intérieur, une flamme qui continuait de la ronger depuis qu'on avait brisé sa fierté orisha. Elle s'était promis de rester saine, de rester loin des horreurs de l'esclavage, de la torture. Et pourtant, là voilà encore prisonnière de cette bâtisse, avec des monstres l'entourant. Car oui, hormis les zombies, elle confondait son amour et sa belle-fille avec des monstres, tout simplement. Le serpent était là, mais pas Aëran, et l'espèce de spectre aussi, mais pas Mozaga. Ces personnes n'existaient plus dans sa vision, ils étaient tellement confondus avec leur bête qu'elle ne les voyait plus. Progressivement, Léto commençait à se demander si la torture ne lui avait pas fait ouvrir les yeux sur la réalité de ses relations…

C'est pour cela qu'elle avait fini par fuir après avoir été effrayé par leur écrasante présence. La petite fille qu'elle était censée accompagnée n'était plus à ses côtés, des mort-vivants s'accumulaient autour d'elle sans raison tandis que le serpent dévorait tout sur son passage. A quoi bon rester après tout ? Tant qu'elle n'était pas encore un monstre, l'orisha devait mettre toutes ses chances pour s'éloigner de cet endroit. L'odeur fétide des souterrains, conjuguée avec l'amas de monstruosité qui s'y trouvait, Léto ne pouvait qu'avoir les idées brouillées, faible comme elle l'était car encore affectée par les atteintes à son corps et son esprit. Son ouïe, d'ordinaire fine, lui faisait défaut, sinon elle aurait entendu les rappels de l'alfar. Non, tout ce qu'elle entendait, c'était la poursuite des monstres à ses talons, et le jaillissement des zombies hors de l'eau sur son passage. Léto avait beau se défouler sur eux, rien n'y faisait : cette flamme continuait de brûler le peu d'esprit sain qu'il lui restait.

Atteindre le bout du tunnel fut si éprouvant. En se collant le front sur les barreaux en fer et les bras ballants à l'extérieur – effleurant l'air chaud des terres arides – Léto avait l'impression d'avoir sacrifié la moitié de ses os dans cette escapade. Bien qu'aride, pouvoir inspirer et expirer l'air extérieur était à l'instar d'une fontaine de jouvence : l'orisha revivait peu à peu. Son esprit s'éclaircissait petit à petit, les images qu'elle pensait floues reprenaient de la netteté. Et la honte lui broyait l'estomac. Comment avait-elle pu se laisser battre par quelques outils en ferraille ? La simple voix de l'alfar aurait dû la résonner, mais les monstres continuaient de lui hanter la tête. Elle voulait revenir sur ses pas, retrouver son amant et sa fille, mais l'air était tellement plus agréable et la force lui manquait encore quelque peu.

L'eau mouvait derrière elle, elle n'osa pas se retourner. La blonde savait que c'était eux, elle préférait les laisser parler en premier, tâter un peu le terrain avant de faire une nouvelle bêtise. Ses yeux s'écarquillèrent quelque peu lorsqu'elle vit Mozaga s'éloigner sous les directives de son père. A vrai dire, Léto reconnaissait l'attitude alfar mais la pauvre pleurait. Pourtant elle s'exécuta, et pas à contrecœur on dirait. Son cœur battit la chamade : c'était son tour. Son immobilisme était trahi par sa respiration saccadée. Elle avait besoin d'air, beaucoup. Ce qu'elle se prit dans la tronche fut pire ce qu'elle escomptait. Les paroles d'Aëran étaient dures, aussi froides que la torture qu'elle avait subi, aussi perçant que les crocs du serpent qui l'avait malmenée. Elle avait tant suée et pleurée aujourd'hui qu'aucune larme ne sortit de ses yeux, secs comme ils étaient… Son cœur rata toutefois un battement à la phrase assassine. C'était la goutte de trop mais elle fut fichtrement nécessaire pour la faire enfin réagir.

" Non ! " S'écria-t-elle avec désespoir, en se retournant vivement, tendant la main en sa direction.

Le hurlement strident de la bête la coupa dans son élan. La bête protégeait son hôte, c'était inévitable, Léto se renferma donc sur elle-même, par réflexe en se tenant derrière Aëran pour que le serpent ne s'en prenne pas à elle. Une fois remise de ses émotions, elle tenta un contact visuel à plusieurs reprises avec l'alfar, en vain, son regard échouant inlassablement sur le sol trempée de saletés. La blonde voulait s'excuser, se faire pardonner pour que tout rentre dans l'ordre… et pourtant, à chaque fois qu'elle leva les yeux en direction du jeune homme, un sentiment colérique noyait son envie de pardon. Elle mit du temps à cerner ce qui la tracassait, de même qu'elle en mettait tout autant pour trouver les mots adéquats. L'orisha ne voulait plus se faire marcher sur les pieds, pas après ce qu'il venait de se passer.

" "Déçois" ? Démarra-t-elle, sur la défensive. Ses yeux vairons dardèrent enfin son Juishi, c'était rare qu'ils bouillaient de reproches à ce point. Ta… Cette vampire m'a… humiliée, fait mal, avec son serpent, je devais chanter pour le calmer, mais rien n'y faisait, parce que je chantais faux ! Et le reste… Ces engins… Elle secoua la tête, pour effacer ces images. Toi, tu en as peut-être l'habitude, mais pas moi ! Une orisha libre ne se fait pas torturer… Je suis fatiguée, j'ai mal partout, je vois des monstres partout, je ne pouvais pas me battre, je n'arrivais pas à protéger Mozaga, j'ai failli mourir en courant comme ça ! Et tout ce que tu as à me dire… c'est que tu es déçu ? Elle était définitivement elle-même déçue, elle l'avait déjà connu irrité, mais c'était plus pour son bien que pour lui faire mal. Elle m'a brisée… Lâcha-t-elle d'une voix enrouée, si elle avait encore des larmes, cela aurait été possible qu'elle pleure en cet instant ; après tout, elle avait perdue, tout bonnement. Un silence s'ensuivit, elle attendait juste qu'il réagisse pour elle et pas contre elle. Mais au final, son impulsivité lui fit prendre le courage de mettre les choses en face. Qui es-tu ? Demanda-t-elle en le regardant de nouveau, avec le plus sérieux possible, car la question était vraiment sérieuse : elle ne le reconnaissait plus. C'est lui Aëran ? Dit-elle en désignant le serpent, car elle se rappelait très bien qu'il l'avait mise en garde par le passé, au sujet de son côté le plus bestial. C'est ça alors ? Toutes ces nuits, j'ai… partagé ma couche avec un serpent géant, je me suis faite mordre par un vrai monstre ? J'ai aimé une bête ? Maintenant qu'il est sorti, qu'est-ce qu'il reste d'Aëran, de ce corps ? Désigna-t-elle cette fois l'alfar, aussi perdue que remontée par ce qu'elle devait affronter. Elle se racla la gorge, le regard aussi confus qu'attristé par les évènements. Qui es-tu ? " Demanda-t-elle de nouveau, cette fois plus suppliante qu'avant. Elle avait besoin de son repère en cet endroit, et le seul pouvant le lui procurer était l'homme avec qui elle a partagé ses sentiments.


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Lun 06 Juil 2015, 17:17


L’atmosphère devenait pesante, l’air irrespirable et lourd. Mes membres tremblaient presque de colère, mais j’avais omis une chose… Léto était une Orisha, la captivité devait forcément être plus dure pour elle que pour moi. De plus, j’étais né ainsi, prisonnier entre quatre murs, contraint à endurer mille supplices afin de ne plus déverser de larmes… mais elle, de quoi avait-elle pris l’habitude ? Elle avait beau avoir une carrure plus massive, être plus forte physiquement,  elle restait fragile, et je l’avais malmenée par pur égoïsme, parce que j’avais du mal à garder mes pulsions, cette colère qui me rongeait, encore et encore.

Je m’étais arrêté à ses premières paroles. Sa voix restait en suspens dans mon esprit, comme si la culpabilité me rendait inerte. J’étais déçu, je n’allais pas le nier, mais Léto était la femme que j’avais choisie… je ne pouvais m’en prendre qu’à moi si la déception faisait son apparition, car jamais je n’arriverais à la changer, et je savais dès le début avec qui je m’engageais. « J’aurai pu te protéger moi… tu n’avais pas à fuir. » J’aurai pu, et j’aurai voulu… j’en avais été incapable en réalité. Elle était ici, avec moi, par ma faute. Je l’avais traîné dans mon passé, et je ne doutais pas que cela reste en elle à jamais.

Cependant, le reste de son argumentaire me fit serrer la mâchoire et froncer des sourcils : « Je t’avais prévenu de mes vices, je t’avais dit pour cette chose qui me rongeait… tu ne t’en es pas plaint jusqu’à aujourd’hui. Je dirais même que tu l’as beaucoup apprécié, cette bête… » Toutes mes morsures, tout ce sang versé, ce n’était pas que de la bestialité, c’était aussi de l’amour, un amour si fort que la moindre faiblesse me donnait envie de la dévorer, de la posséder. C’était peut être difficile à comprendre, mais pas pour moi, ce que je ressentais n’avais pas de nom, pas même d’essence, elle ne se résumait pas à un seul mot ou sentiment. Je me rapprochais d’elle, respirant plus calmement, tentant de l’apaiser à son tour : « Que cette bête se soit matérialisée ou pas ne change rien… Oui nous ne faisons qu’un, mais tu m’as toujours connu ainsi. Si tu veux vraiment me comparer à une bête… Froide, sans cœur, alors fait le, mais n’oublie pas que si je partage cette rage avec ce monstre, je garde aussi les autres côtés de ma personnalité. » Je caressai sa joue, tentant de réveiller quelque chose chez elle, de lui montrer que je n’étais pas qu’une bête. Je la rapprochai de moi, je ne voulais pas sentir cette distance qui venait de naître entre nous. « Je n’ai pas changé. » Mes mains brillant d’une magie blanche, j’invoquai ma magie afin de calmer ses maux. Je savais ce que cela impliquait… Étant normalement un pouvoir des êtres à l’âme pure, les maux de tête commencèrent à tambouriner mon crâne, tandis que derrière moi, le serpent gigotait dans tous les sens. La bête, le mal incarné, sans âme peut-être, souffrait de martyre, nous ne ressentions aucun effet bénéfique à aider les autres, et cela nous faisait plus souffrir que l’effet secondaire faisait du bien. Ce pouvoir n’était pas compatible avec moi, et je me demandais encore pour quoi m'était-il apparu. Les maux de Léto disparu, autant que ses blessures, mais les miens apparurent sans ménagement.  Contraint de la défendre contre la bête, je la plaquais contre les grilles, serrant les barres en fer à m’en faire saigner. Le serpent n’avait alors que mon dos, et Léto restait en sécurité le temps que tout se calme.

Si j’étais un monstre, je ne remplissais pas toutes mes fonctions… On m’avait construit ainsi, certes, mais j’avais aussi été élevé ailleurs, avant, tout du moins. Je ne me rappelai pas de tout, mais je n’oubliai pas l’amour que m’avait porté ma mère, et j’essayai en vain de ne pas oublier cette sensation pour me raccrocher à quelque chose de bon, qui n’est pas perverti ou faux. Léto était comme une partie de moi, et je ne pouvais la laisser meurtrie. Mon visage plissé sous la douleur, je murmurai les dents serrées : « Elle m’a aussi détruit Léto, mais ta rencontre m’a offert une stabilité à laquelle je n’aurai jamais espéré, laisse-moi t’aider à mon tour. »  


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Mar 07 Juil 2015, 15:19

Si Léto n'était pas tant pétrifiée par la situation dans laquelle elle était, ses doigts se seraient mis à s'entortiller entre eux dans tous les sens, comme une enfant qui se faisait gronder par ses parents. Que faire de plus après tout ? Elle avait levé le ton, pour le meilleur comme pour le pire, après avoir fait la bêtise de se laisser influencer par l'inconnue. Elle n'avait d'autres choix : la brume de la folie se dissipait quelque peu, elle devait insister sur cette dispersion, afin de se libérer. Tout ce dont elle avait besoin, c'était d'Aëran… Léto le reconnut un peu lorsqu'il avoua avoir pu la protéger de sa propre peur, mais ce n'était pas suffisait, trop de zones d'ombre l'aveuglaient encore.

Disons que le début n'était pas très appréciable. Les propos de l'alfar étaient dégoulinants de vérité, mais d'une vérité qui fâche. Elle abaissa ses yeux vairons, comme battue. C'est vrai, il l'avait maintes fois prévenue – même menacée – de son côté le plus sombre, il l'avait mise en garde des dangers, de la possibilité qu'elle ne se réveille pas le lendemain… et tout cela, elle l'avait accepté, parce qu'elle lui faisait confiance. Le pire demeurant qu'elle avait aimé ça, c'était horriblement vrai, ce côté bestial lui avait fait prendre compte de ses propres vices et de leurs besoins. C'était une évidence que Léto s'écrasait facilement face à la réalité des choses, mais un détail floutait un peu cet argumentaire qu'il lui balançait sous le nez ; quitte à se disputer avec lui, autant aller jusqu'au bout, non ? Elle était surtout énervée de constater que cette réalité avait un visage si effrayant…

" Ce n'est pas que cette bête que j'ai beaucoup apprécié… " Lança-t-elle plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu, le regard ailleurs.

Ses morsures étaient des baisers, sa brutalité une étreinte, leur sang versé symbolisant le rouge de leur passion, tout simplement. Elle aimait tout ça et l'homme derrière tout ça en fin de compte. Savoir que toutes ces choses avaient finalement un visage, c'était à la fois une déception et une révélation morbide. Cette bête n'était pas Aëran, il ne mangeait pas des zombies, ne s'attaquait pas à des enfants inoffensifs… Et ce n'était définitivement pas un serpent. Elle l'aurait quand même remarqué à force !

Perdue dans cette logique bancale, Léto fut éclairée par les doux mots de son amant. Petit à petit, elle lui semblait le reconnaître et la distance qui les séparait s'effritait au fil de son discours. C'est fou comme elle avait besoin de beaucoup parler pour exprimer ses ressentis, alors que lui n'avaient besoin que de quelques mots bien ordonnés… La différence était là mais elle avait surtout le mérite d'être remarquable. L'image du serpent lui sortait totalement de l'esprit : Aëran n'avait pas changé, il n'était pas une bête froide comme cette personnification, sans cœur… Un homme sans cœur n'aurait pas pris la peine de se mettre en danger pour la femme qu'il aime.

Elle ferma machinalement les yeux lorsqu'il lui caressa la joue, tout d'abord par crainte car simplement la toucher lui avait provoqué beaucoup de tourments lorsqu'elle était encore entravée. Mais elle ne l'était plus, et cela lui rappelait de doux souvenirs, cette simple caresse. Ce geste avait le pouvoir de lui faire apprécier son côté féminin, de l'accepter en tant que tel, de le voir être aimé par quelqu'un d'autre. C'était une pure libération et elle n'était pas en reste avec le geste de compassion de l'alfar : la magie blanche se matérialisa entre ses doigts, envahissant le corps affecté de l'orisha. C'était rare qu'il se livre à cette expérience, il avait toujours répugné s'en servir, car c'était contre sa nature ; Léto comprenait pour son côté alfar, mais sa passion pour elle était justifiée, il pouvait alors décemment s'en servir, selon elle… Enfin, ce n'était que sa naïveté qui lui jouait des tours. Elle se contenta d'apprécier le renouveau et de sursauter aux dégâts causés sur le serpent. Léto se laissa malgré elle plaquer contre la grille, le corps d'Aëran en guise de bouclier. Ses pupilles hétérochromes s'attardèrent sur les gigotements brutaux du monstre avant de reporter de nouveau son attention sur Aëran. Ses paroles étaient si tendres, elle s'en voulait de suite d'avoir été aussi faible et aussi sotte. Elle voulait l'enlacer, mais exposer ses mains aux yeux de la bête ne feraient que risquer d'aggraver les choses. Collés l'un à l'autre, elle fit quelques efforts pour tendre sa main vers l'une ensanglantée de l'alfar, prélevant une modeste quantité de sang. Léto était encore un peu trop apeurée par les complaintes du serpent pour parler, mais cela n'arrêtera pas son geste : elle ferma son œil gauche et étala le sang sur la moitié de son visage, les traits formant un cœur qui passe successivement sur sa paupière, son front, sa tempe et sa joue. Elle rouvrit lentement son œil, le rouge de sa pupille se mariant à merveille avec le motif de sang. C'était enfantin et assez candide, mais elle tenait à soigner partiellement les maux d'Aëran et lui montrer qu'elle l'aimait toujours malgré les complications d'antan.

" C'est à moi de t'aider, tu te fais du mal pour moi… Ce n'était pas un reproche, bien au contraire ! Ses lèvres effleuraient légèrement les siennes, ce n'était pas l'heure ni le lieu pour se laisser tenter par un simple baiser, et c'était bien une motivation suffisante pour sortir d'ici. Tu n'as pas changé. " Lui sourit-elle ; se faire mal mutuellement pour prouver leur amour, c'était un peu le concept de leur drôle de couple.

La bête s'était calmée entre temps mais de nouveaux hurlements stridents perçaient les murs souterrains. Léto jeta un coup d'œil facile au-dessus de l'épaule de son amour : les zombies avaient rattrapés leur retard. Elle repoussa gentiment Aëran, s'assurant que son bain de sang fonctionne sur lui pour qu'il reprenne des forces. En tout cas, elle ne perdit pas son temps : elle fonça, fraîchement revigorée, dans la mêlée, en compagnie du serpent. Peut-être n'aimait-elle pas son visage reptilien, mais elle comprenait qu'il était en partie Aëran, elle ne pouvait laisser d'autres monstres s'en prendre à lui, sinon elle redoutait ce qu'il arriverait à l'alfar… L'orisha usa de sa massue pour neutraliser le plus rapidement possible les mort-vivants, y mettant une force colossale pour en finir, afin d'éviter qu'ils soient submergés. Ils se frayèrent un chemin en sens inverse de ce cul-de-sac, jusqu'à que la blonde remarque une bifurcation. Ce virage, était-ce une étape vers la lumière au bout du tunnel ?

" On n'est pas passé par là, si ? " Montra-t-elle à Aëran entre deux affrontements. Elle avait cette manie d'être drôlement sereine, voire épanouie, en plein combat quand elle était d'aplomb, ce pouvait être troublant ; mais que pouvait-on bien y faire ? C'était sa manière de s'exprimer, de danser pour l'amour qu'elle cultive avec lui.


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Mer 08 Juil 2015, 15:53


La douleur me compressait intérieurement, mon visage était plissé sous celle-ci. J’ouvris les yeux lorsque je sentis Léto bouger, et ce que je vis me fit sourire. Ses craintes avaient été justifiées, sans doute… elles n’étaient plus maintenant, du moins je l’espérais. Je n’osais imaginer qu’elle se mette à me fuir, par peur, par déception, parce que je l’aurai blessé peut-être… J’avais l’impression d’avoir oublié où nous étions, souffrir pour elle n’était pas une réelle souffrance, je donnais simplement de ma personne à quelqu’un que j’aimais. Le bain de sang eut l’effet estompé, du moins à moitié… une bride de maux de tête persistait encore. Le serpent s’était calmé, il avait vu que cette femme avait soigné son habitacle, il ne l’oublierait pas, tout autant qu’il avait aussi donné pour la guérir.  

Derrière moi, la bête s’agitait, balançant ça queue pour repousser les zombies qui venait de revenir à la charge. Léto me poussait doucement avant de s’élancer dans la bataille, tout en nous frayant un passage. La bifurcation ne m’échappa pas non plus : « Allons-y ! » fis-je en plantant ma lame dans l’un des morts. Nos pas résonnaient dans l’eau sale et boueuse. Mes muscles étaient beaucoup sollicités pour continuer à courir, et si j’étais plus rapide, j’étais aussi moins endurant. Mes cuisses commençaient déjà à me brûler, et je ne doutais pas de mes courbatures du lendemain. Malheureusement, leur sollicitation ne s’arrêta pas là… car nous débouchâmes sur une sortie, certes, mais une sortie en pente glissante, et même s’il ne manquait pas de prises, je me demandais comment nous arrivions à nous battre tout en commençant à grimper. Une idée me vain alors : « Monte la première ! » lui intimais-je en la poussant doucement vers la sortie : « Allez ! ». M’approchant de la bête, couteau en main, je lui annonçais : « Si je dois vivre avec toi, autant te donner un prénom… Aglakh, et si ça ne te plaît pas, c’est pareil. » Sifflant, nous commençâmes à attaquer les zombies.

Les morts commençaient à s’entasser, et je me sentais tout bonnement faiblir. Tandis que j’espérais Léto montée, je grimpai à mon tour. Quand je fus hors de portée, j’appelai Aglakh qui revint en moi dans une douleur plus qu’instable… je manquais de dégringoler sur les zombies qui tendaient leurs bras, claquant des mâchoires. Maintenant, si l’un de nous tombait, nous ne pouvions rien faire. Je poussais inlassablement sur mes jambes, tirant également sur mes bras. J’espérai que ce soit la fin lorsque je sentis l’air irrespirable des terres arides, mais il n’en fut rien, entendant au loin la course effrénée de chevaux dans notre direction.  Grimpant encore plus vite, je sortis du trou béant dont la grille semblait avoir été brisée. « Cours ! » criais-je en voyant au loin un nuage de poussière s’élever. Je poussais Léto vers l’avant, avant de la prendre par la main. Nous ne pouvions rivaliser avec des chevaux, mais il fallait essayer… s’ils nous trouvaient, on était mort cette fois-ci. Ma respiration devenait saccadée à vouloir tout arrêter, je ne ralentis pourtant pas, tout ceci me rappelait étrangement ma première fuite. Au loin, une petite silhouette nous faisait de grands signes, pointant un gros rocher du doigt. Me précipitant jusqu’à elle, je vis que cette immense pierre contenait une cavité. « Tous dedans ! » Alors que je glissais à l’intérieure, je mis ma main sur ma bouche pour faire taire mon manque d’air. Les chevaux passèrent tout en faisant un brouhaha inaudible. Je soufflais tout en me décontractant : « Ils vont aller vers les flots, c’est sûr… ont ne va pas pouvoir sortir comme ça… surtout nous trois en même temps… on est trop reconnaissable. » Je repris ma respiration : « Si on passe directement par les flots, il faudra trouver quelque chose pour se camoufler, et se séparer… on peut aussi passer par les marrée, donc par les terres pour sortir du territoire surveillé… mais il faudra aussi traverser les terres arides… avec tous les soldats et les dangers qui y rode… » Je posais ma tête sur les parois rocheuses. Je n’en pouvais tout simplement plus, je n’arrivais plus à réfléchir, mes muscles me faisaient mal, je ne supportais pas la chaleur, tous les éléments étaient réunis pour que je m’énerve facilement… De plus, je sentais le serpent en moi bougé, j’avais l’impression de ressentir des choses qui n’étaient pas à moi.

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Jeu 09 Juil 2015, 01:03

Léto était de nouveau elle-même. Après ce passage particulièrement éprouvant, les cicatrices qu'avaient ouvertes sa tortionnaire avaient fini par se refermées, plus ou moins. Ses souvenirs resteront hantés par cette expérience, mais au moins son esprit était de nouveau opérationnel ; et le plus tôt possible avait été le mieux, car qui sait ce dont elle aurait été capable de faire si elle était demeuré dans cet état… Quoiqu'il en soit, elle remerciait silencieusement l'alfar de l'avoir sauvée, une nouvelle fois. C'était à son tour de lui rendre la pareille, en le guidant hors de cet endroit lugubre qui regorge beaucoup trop de sombres rémanences pour les deux protagonistes.

En empruntant le fameux virage qu'ils avaient repéré, le couple put déboucher sur la potentielle sortie de cet enfer. Les zombies ne ralentissaient plus la jeune guerrière qui puisa dans ses réserves pour les repousser, permettre à Aëran et Aglakh – un nom qu'elle retiendra difficilement – de continuer leur route. L'escalade allait être compliquée : l'alfar était épuisée et elle-même n'était pas très agile. Elle se mordit la lèvre inférieure, était-ce vraiment si dur de glaner sa liberté lorsqu'on est fait prisonnier ? Les ordres de son amant la firent sortir de sa réflexion, l'intimant d'y aller la première. Léto n'aimait pas du tout cette idée : elle préférait le savoir en sécurité d'abord… mais il était insistant, elle se vit mécaniquement commencer l'ascension.

" Fais attention ! " Lui intima-t-elle tout de même à son tour, avant de mettre l'effort à l'escalade.

Même si la pente était glissante, de nombreuses prises s'offraient à elle, heureusement d'ailleurs ! Son poids n'aurait pas supporté d'avantage d'inclinaison. Ses doigts gesticulèrent avec une forte chaleur un moment, les barreaux détruits étaient échauffés par l'aridité des terres. L'orisha s'extirpa rapidement du trou béant, il avait dû servir à d'autres évasions, elle l'espérait ; pas pour mort-vivants néanmoins… Elle haleta longuement, elle avait besoin d'air après tout ça et il semblerait que ces terres étaient en défaut de ce côté-là. Alors qu'elle n'eut que la moitié désirée, Aëran apparut à son tour, sain et sauf, et sans le serpent. Encore une fois, Léto voulait prendre la parole pour le questionner à ce sujet mais elle fut de nouveau insister à prendre les devants. Un nuage de poussière les poursuivait, tiré par des chevaux de guerre. La blonde jura en Arshalà avant de courir, serrant fermement la main de l'alfar pour ne plus jamais le perdre.

Rapidement, il les emmena auprès de Mozaga et dans une cachette où les cavaliers leur passèrent devant sans tiquer. Léto lâcha un long soupir avant de faillir s'étouffer, elle avait oublié qu'elle manquait d'air ! Une fois son bol d'air vidé, elle écouta les options d'Aëran. Ce n'était pas folichon et horriblement dangereux. Même sortis, ils devaient encore courir… Ne serons-nous jamais libres ? Pensa-t-elle avant de se secouer, ce n'était toujours pas l'heure de philosopher en orisha. Elle fixa son amoureux, épuisé. Les deux options allaient le tuer, mais l'une d'entre elle était finalement plus enviable.

" Les terres arides, c'est le continent Dévasté. S'entendit-elle dire, elle regarda Mozaga puis son père. Mégido, on doit aller à Mégido ! Ce sera plus rapide que de revenir à Drosera, ils y seront tout autant en sécurité. Il faut juste traverser ces terres, puis les marais, et on pourra continuer par les ruines pour atteindre la ville. Tu peux le faire, mon Juishi. " L'encouragea-t-elle en l'aidant à se relever, usant de son épaule et de son bras pour le soutenir.

Ils traversèrent la grande étendue désertique pour rejoindre l'autre rive. Les escadrons ne refirent pas encore un passage. On les entendait néanmoins au loin, des tambours de sabots et des hurlements presque inhumains. Elle espérait qu'ils aillent tous vers les flots, là où le trio n'ira pas. Ils traînèrent un peu des pieds sur la terre désolée, la chaleur exerçant une pression sur leurs épaules, Léto était là pour les soutenir en cas de besoin. Autant profiter de ses forces tant qu'elle en avait encore… Après, son orientation lui faisait défaut, si ça se trouve ils allaient à l'opposé total de leur destination, voire droit dans la gueule du loup.

Et vu le campement sur lequel ils tombèrent plus loin, c'était le cas de le dire ! Tapis derrière des rochers, le groupe vit des esclavagistes traîner dans le coin en contrebas, ils farfouillaient un peu partout, et ils avaient une charrette disposée d'une cage en leur possession. Ils répétaient vouloir suriner l'orisha et ramener les alfars, selon les ordres directs de la vampiresse. Au moins c'était sûr : ils ne devaient surtout pas se faire prendre au risque que Léto ne fasse tuer une bonne fois pour toute. La solution la plus intelligente aurait été de contourner ce groupuscule, mais la blonde eut un éclair de génie. Elle fouilla dans ses affaires et y extirpa une bague.

" Vous êtes tous les deux trop fatigués pour continuer de marcher : on va voler ce chariot… Elle exhiba la bague d'Assassinat. Avec ça. Un sourire rassurant se dessina sur son visage, elle était prête à jouer avec le feu si nécessaire. Vous êtes plus discrets que moi : montez dans la cage derrière et je m'occupe de diriger le véhicule. " Les esclavagistes avaient le regard rivé ailleurs, cela pouvait fonctionner s'ils ne faisaient pas de bruit.

Et à ce sujet, sa bague d'Assassinat était un atout de taille : elle l'enfila et une bulle insonorisée se créa autour d'elle. Après leur avoir conseillé de rester près d'elle, pour étouffer leurs pas, ils se dirigèrent rapidement vers le chariot. Elle aida Aëran et Mozaga à monter furtivement dans la cage et la referma. Elle s'approcha ensuite des chevaux, monta sur le chariot et claqua des rennes en criant pour les faire avancer.

" Allez ! Sauf que vu que la bague était encore enfilée, son ordre ne fut pas entendu mais le claquement, si ; celui-ci fit paniquer les chevaux sur place et prévint les gardes. Se rendant compte du problème, Léto se battit contre la bague pour la retirer, avec beaucoup de mal. On s'en va j'ai dit ! " Ordonna-t-elle de nouveau avant qu'on ne les rattrape, la charrette encagée fut propulsée loin du campement.

Fort heureusement, ils n'avaient pas d'autres chevaux à disposition, ils mettront du temps avant de prévenir leur camarade. Léto parvint à maintenir la cadence de la course, ce n'était pas la première fois qu'elle montait, mais c'était quand même la deuxième, donc ce n'était pas non plus très cadré… Malgré tout, ils s'éloignaient, c'était le principal. L'orisha jeta un regard sur la cage en arrière et fit un signe encourageant à son amant et sa fille de substitution… Puis le convoi s'arrêta, lorsqu'une roue mal entretenue s'était retirée du mécanisme. Le chariot glissa sur quelques mètres avant de s'arrêter, les chevaux partirent loin d'eux, libérés de leur condition. Léto se releva, un déboussolée par ce soudain accident, elle toussota dans le nuage de poussière en se dirigeant vers la cage et l'ouvrit.

" Ça va ? Rien de cassé ? Elle les aida à se relever, cela a été un sacré manège. Désolée, je n'avais pas prévu… ça. Elle regarda autour d'elle, des arbres familiers se dressaient juste sous leur nez. Au moins, on a atteint l'antre des marais ! " La liberté était à portée de bras, mais qui sait si leurs chasseurs n'étaient pas loin non plus…


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Sam 08 Aoû 2015, 19:21


Ma tête pendait machinalement en arrière, posé sur une pierre rugueuse à vous en faire saigner le crâne. Mes yeux restaient fermés, ma respiration ininterrompue, tout vacillait et tout glissait entre mes doigts… Je n’avais qu’une envie, rentrer, partir au loin, disparaitre et tout oublier. Une boule s’était formée dans ma gorge, je retenais mes jambes qui voulaient trembler dues à cette course effrénée. « Mégido… » Murmurais-je. Je plissais les yeux, tout courage m’avait abandonnée, autant que mon corps qui refusait de se relever. Je sentis Léto me soutenir, mais aucune vague de bravoure ne me parcourait, je lui laissais tout bonnement les reines, j’étais incapable de décider quoi que ce soit. Soufflant, regardant ma fille, je ne pouvais lui avoir crié dessus pour ensuite m’avachir sur ma compagne et compter sur elle. Je me relevais donc de toute ma longueur, tentant de garder la tête de haute, et puisant dans mes dernières ressources.  

La chaleur restait insupportable, et étant habitué à l’humidité des forets, je devais être celui dont la température réduisait encore plus mes forces. Marchant avec peine près de Léto, je glissais ma main dans la sienne, au moins, elle n’était pas partie sans moi, et était toujours à mes côtés. Mozaga ne manqua pas le geste, et tourna très vite la tête, pour elle, Léto n’était pas sa mère, et surement, personne ne le serait à présent.

Lorsque nous arrivâmes devant un camp, je m’abaissai derrière un rocher, la fatigue se dessinant sur nos visages. Mozaga avait les larmes aux yeux, prêtes à éclater au moindre coup de stress. Léto prit les choses en mains, alors que j’étais incapable de réfléchir convenablement, et que ma seule réponse aurait été un combat pour la vie, pour notre liberté. La bulle insonorisante, fut tout autant un avantage qu’un désavantage, et la rué des chevaux terrifiés à notre soudaine présence, nous fit nous propulser en arrière, la tête de Mozaga tapant violemment contre la rambarde de fer. Il était peut-être temps de s’occuper d’elle, au point où nous en étions, elle devenait de plus en plus importante à mes yeux, puisqu’elle représentait l’avenir. Je la pris dans mes bras, la protégeant des à-coups faits par les roues trop dures de la charrette.

Son petit visage cognait contre ma poitrine, et ses doigts étaient solidement attachés à mes bras qui l’entouraient. Ce fut avec le plus grand des fracas que la charrette se renversa sur le sol, mon étreinte se resserrant, protégeant sa tête. Un nuage de poussière s’éleva, tandis que Mozaga pleurait à chaude larme. Mon arcade, ayant violemment cogné les barres de fer, s’était ouverte, et du sang coulait maintenant jusqu’à ma joue. Mes cheveux blancs étaient devenus sales, et je dus cracher la terre que j’avais encore en bouche. « Allez debout » fis-je à Mozaga sans plus de ménagement, la prenant alors dans mes bras pour la porter. L’accident venait tout bonnement de me donner l’adrénaline qui me manquait jusqu’alors, et je pouvais reconnaitre l’antre des marées que je connaissais par cœur.

Sortant de la cage, je fis signe à Léto que tout allait bien, ce n’était pas le temps de discutailler : « Allons-y… » En réalité, nous étions assez proches de l’endroit où j’avais logé après ma fuite, une cabane perchée où aux alentours des pièges avaient été placés par crainte d’être retrouvé. Voilà où nous allions, en plein dans les pièges, là où nos chasseurs allaient nous suivre. Marchant aussi vite que possible, l’humidité des lieux me fis reprendre de l’aplomb. Donnant des feuilles remplies d’eau à chacune, nous pouvions enfin nous déshydrater de la traversée des terres arides. « Je te demanderai de marcher dans mes pas bientôt… » Fis-je à Léto tout en relevant Mozaga qui glissait de mes bras. Sa tête s’était posée sur mon épaule, et elle se mit à fermer les yeux. Elle avait enfin son papa.

Une petite pluie se mit à tomber, faisant des marées un endroit encore plus difficile. Nos pieds s’enfoncer jusqu’aux chevilles, nous ralentissant. Heureusement pour nous, le terrain devenait plus praticable par la suite. Lorsque la boue laissa place à une terre plus dure, je demandais à Léto de me suivre à la trace : « L’endroit est infesté de pièges… s’ils nous suivent à la trace, ils tomberont forcément dedans. » Des trous béants, d’où des pics en bois sortaient de terre, couverte de bois, de feuilles, et de terres. Des petits pièges qui pouvaient broyer une jambe, tout avait été pensé pour que personne ne puisse passer, ce qui était aussi un excellent terrain de chasse, où les gros animaux tombaient. « Il y a une cabane camouflée dans les arbres dans quelques mètres, nous pourrons y faire une halte de quelques heures. Le terrain va devenir de plus en plus impraticable avec la pluie qui ne cesse de tomber, ça m’étonnerait qu’ils puissent nous suivre, et de toute évidence, les pièges placés les ralentiront. » Nous étions surement tous épuisés, et déjà Mozaga dormait dans mes bras, m’encombrant de tout son poids.

La pluie continua par bourrasque, et un immense arbre se dessina au loin, tandis que mes yeux tentaient de percer le brouillard qui venait de s’installer. Lorsque nous fûmes près du tronc, je donnai Mozaga à Léto, se réveillant avant d’entourer de ses bras son cou. Tirant sur une sorte de liane, je fis descendre une échelle : « Mozaga ? Réveille-toi, il faut monter maintenant. » Cela faisait maintenant des années que je n’avais pas mis les pieds ici, et l’état de l’endroit devait être pitoyable. Je franchis la cabane en dernier, et mon premier réflexe fut d’ouvrir toutes les fenêtres pour avoir une vue d’ensemble des alentours.  « Je vais vérifier les pièges, depuis le temps, certains ont dû s’effondrer… » Je redescendis, enlevant de la main les toiles d’araignée qui s’étaient prises dans mes cheveux. Je disparus enfin sous la pluie, engouffré par le brouillard.  

Cette cabane regorgait de fioles, de bois pour le foyer qui prôner en son centre, mais aussi de chose personnelle, comme des écrits. Mozaga arpenta l’endroit, touchant à tout et ramassant un collier au passage : « C’est celui à Maman » dit-elle avant de le jeter par la fenêtre : « Au revoir maman. » Ses fesses se posèrent lourdement sur le sol, et ses petits yeux rouges se posèrent sur Léto. Sans un mot, elle la dévisagea quelques minutes, avant de s’intéresser une nouvelle fois à l’environnement : « Maman m’a dit qu’il nous avait abandonné à cause de moi… mais… c’est à cause de toi qu’il m’a laissé ? C’est à cause de toi que maman a changé ? Qu’elle m’a enfermé ? C’est parce que tu fais des bébés avec lui ? » Penchant la tête sur le côté, elle ne lui adressa aucun regard, perdu sur la contemplation du sol. C’était une petite fille née sans père, aujourd’hui sans mère, accroché pour sa survie à deux inconnues, dont un avec qui elle partageait un peu de son sang. Ce fut sans surprise que ses questions s’orientèrent vers ses origines et sa venue dans ce monde.  

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Lun 10 Aoû 2015, 17:14

La vue des marais n'aura jamais été si paradisiaque à ses yeux, comparés aux terres arides en même temps il y avait comme un gouffre… Certes, Léto était la moins fatiguée du groupe, depuis les soins prodigués par Aëran, elle n'en restait pas moins épuisée par tout ce qu'ils venaient de subir. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était rentrer à la maison et s'affaler sur son lit, faire la grâce mat… Avec en prime les bras de l'alfar, même des deux alfars si possible, qui sait. Quoiqu'il en soit, rêvasser en pareille situation était fortement déconseillée, elle risquait de voir des mirages et s'y perdre. Aëran prit alors les devants pour la suite, avec Mozaga dans les bras. Léto eut le cœur déchiré de voir la petite fille pleurée ainsi, c'était un peu de sa faute tout ce boucan. Elle ne pouvait que se prendre d'empathie pour la fille du rêve bleu, qu'importe si elle était née d'un viol, d'une vampiresse cruelle.

Au fil de leur avancée, une pluie les inonda, légère mais agréable. Le cœur sanguinolent qu'elle avait décidé sur sa face s'était effacé, ils n'en avaient guère besoin de toute manière, maintenant qu'ils étaient assez requinqués et proches d'une planque d'Aëran. Des pièges, cela la fit quelque peu sourire : cela lui ressemblait tant. Mais comme il le suggérait, cela leur sera très utile : si Léto et Aëran pouvaient – peut-être – supporter une plus longue marche, ce n'était pas le cas de la jeune fille, puis elle encombrait l'un ou l'autre dans cet état. Pour le bien de tous, cette halte était vitale. Du repos, l'orisha en avait tant rêvé, derrière les barreaux…

Léto fut assez hypnotisée par l'arbre qui allait les accueillir pour les prochaines heures, c'était glauque mais étrangement empli d'une atmosphère de sécurité. Soudain, elle se retrouva avec une petite bouille sur l'épaule. Avec ses bras, il ne lui fut pas difficile de soulever la petite Mozaga, mais elle resta quand même surprise ; c'était bien la première fois qu'elle tenait une enfant dans les bras, et surtout que cet enfant qui n'avait éprouvé que très peu de considération pour elle lui enlace la nuque… Un instant très court mais bombé de tendresse. Sous les directives de l'homme du groupe, elles finirent par se réfugier dans son antre. Puis, il décida d'aller vérifier les pièges ; sage décision, mais Léto ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui à chaque fois qu'elle ne l'avait plus à portée de vue.


" Sois prudent. " Lui dit-elle avant qu'il ne descende, c'était devenu un automatisme de se soucier de lui à ce point.

Son regard vairon balaya ensuite la pièce dans son ensemble. Son Juishi avait vécu ici quelques temps, traqué, baigné dans la peur et la sauvagerie. Était-ce réellement un endroit convenable pour lui, maintenant qu'il avait de nouveau fui ? Léto s'attrista, il y a à peine quelques mois elle n'aurait pas cru que de tels atrocités puissent être possibles… et depuis, le monde dont elle avait rêvé par delà l'Océan s'était montré encore plus cruel que la réalité du Matin Calme. A croire que la paix n'existait que dans les contes, ou quand on libère un fragment de cristal bleu de sa fiole… ou lorsqu'on se bat pour elle, toute la vie.

Son attention fut enfin accaparée par la jeune alfar. L'orisha fixa le bijou d'Elina, l'envie de le briser en milles morceaux la fit fantasmer quelques secondes. Mais c'était à Mozaga de rendre la pareille, cette petite lui déchirait le cœur, c'était incroyable… Sûrement voulait-elle être cette mère, celle qui rentre au bercail pour admirer le visage apaisé de son amoureux et celui souriant de cette fille. La blonde fixa la jeune quelques secondes, le temps de jouer aux similitudes en comparant les yeux rubis de Mozaga à sa propre pupille rougeoyante, avant de farfouiller un peu partout, histoire de ranger, remettre en ordre, dégager les toiles d'araignées, etc. Léto cessa cette activité fortement ennuyeuse – pour rappel, elle était loin d'être une fifille à sa maman – lorsque Mozaga s'interrogea à son sujet. Elle se retourna, la petite ne la regardait même pas, mais ses mots étaient bel et bien pour elle seule. Faire des bébés. L'expression l'amusa beaucoup, bien que le reste assombrit cette innocence, dont elle était elle-même capable de faire preuve. Pour toute réponse, Léto se mit à s'assoir également sur le sol, à quelques pas de la petite. Ses questions étaient délicates, s'y confronter semblait être aussi pénible que nécessaire.


" Aëran ne m'a rencontrée qu'après sa fuite, il n'est pas parti à cause de moi, non. Elle fixa le foyer au centre, imaginant un feu rongeant le bois… discuter avec cette fille lui procurait néanmoins plus de réconfort qu'une simple source de chaleur. Il ne serait pas parti sans toi s'il savait que tu étais née, il ne t'aurait pas abandonnée. Cela se voyait, dans ses gestes et ses dires ; elle regarda de nouveau la petite, les jambes croisées en tailleur. Au fait… Elle baissa la tête, cela lui rappela sa propre lâcheté de tout à l'heure ; si Aëran avait pu cerner son problème à ce moment-là, cela n'avait pas été le cas pour la petite alfar qui a mal vécu l'expérience. Désolée de t'avoir… laissée avec les morts, là-bas. Je ne voulais pas, mais ma tête était… Le sifflement du serpent lui revint brièvement en tête, il cessa instantanément lorsqu'elle posa ses yeux sur la fille. Ça n'arrivera plus jamais, je veux être une bonne maman pour toi. Une meilleure même. Difficile de faire pire que la vampire dans ce cas de figure, mais l'orisha était si étrangère au monde des alfars, nul doute qu'il y aura des obstacles… mais elle y tenait, elle aimait le père de cette enfant, elle ne pouvait que l'accepter. Déjà, je ne t'enfermerai pour rien au monde, hum… "

Ça avait été maladroit, elle en était consciente, Léto demeurait toutefois au même niveau qu'une gamine de ce côté-là ; parfois, ça fonctionnait pour que les enfants soient plus réceptifs, parfois ils étaient aussi perdus qu'elle, une facette à double tranchant en somme. Elle fit mine de regarder ailleurs en se grattant la chevelure, sale, elle avait perdu de sa brillance depuis l'emprisonnement. Quand il était question de construire une famille, l'orisha peinait à avoir confiance en elle, chercher le soutien des autres était l'unique alternative. De ce fait, elle espérait – c'était vraiment le mot – que Mozaga l'accepte dans sa nouvelle vie, ou plutôt dans le commencement de sa vie. Une fois la gêne un peu passée, elle fixa quelques secondes le foyer éteint, avant de regarder Mozaga. Elle lui offrit un sourire et même une main tendue.

" Viens là. " Quitte à commencer à vivre ensemble avec le même homme, autant démarrer tout de suite. Sa naïveté innocente le souhaitait du moins.


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Lun 17 Aoû 2015, 16:34

Mozaga regardait le bois, ses doigts jouant sur le sol. Si tout cela n’était pas la faute de Léto, alors elle se disait que c’était de la sienne. Elle ne savait pas ce qui avait conduit sa mère à changer du jour au lendemain, elle ne savait pas ce qui lui avait valu coups et morsures. Son regard se porta alors vers la femme, et elle ne comprit pas ses paroles… elle se souvenait de son père qui avait crié sur Léto, mais ses pleurs et sa peur, les avait absorbés sans en comprendre un mot. « Je n’ai pas besoin d’excuse, ou même d’aide, je suis une Alfar… » Une race dont elle ne connaissait rien, mis à part ce que lui avait intimé son père… les Alfars, ceux qui ne tombe jamais, et si cela arrive, se batte quitte à mourir. C’est ce que nous faisions finalement, nous nous battions pour notre survie.  

Elle hésita, mais bientôt sa joue se posa sur l’épaule de l’Orischa, et ses bras entourèrent son cou. Elle sourit tout de même aux dernières phrases qu’elle venait d’entendre… Ne pas l’enfermer, ce n’était pas vraiment la seule chose traumatique vécue, mais c’était déjà ça : « Maman disait que pour endurcir l’esprit et le corps, il fallait d’abord se soumettre à la douleur… et après avoir trop enduré, tout devient plus naturel, on ne fait plus qu’un avec celle-ci, et tout est plus facile après… mais elle a menti n’est-ce pas ? Elle ne s’est pas relevée de Papa. »  Elle se mit à bâiller, comprenant à peine ce qu’elle venait de dire. Enfouissant son nez dans le cou de l’Orisha, ses muscles se décontractèrent pour laisser place à une respiration plus lente et régulière.

                                                                           
 * Ӝ *

Marchant dans les flaques de boue qui s’étaient formées, je vérifiai les plus gros pièges, et les plus étendues. Je rabattais sans cesse mes cheveux qui dégoulinaient, plissant des yeux sous une pluie maintenant torrentielle. Mon ouïe tentait de percevoir le moindre bruit suspect, mais tout était étouffé par l’eau qui tombait. Pourtant, les flaques emplies de boue permettaient d’entendre le bruit d’une course. Accroupie, je m’arrêtai, essayant une nouvelle fois de percevoir les précipitations de pas. Connaissant la secte la seule chose qu’ils avaient envoyée maintenant, était des éclaireurs, et nul doute que ceux-ci étaient plutôt jeunes. De jeunes chiens enragés qui n’avaient rien à perdre. Me relevant, bougeant la tête pour voir d’où viendrait le coup, l’un sortit tout bonnement des buissons, et les branches cassèrent sous ses pieds… tombant au fond du trou, il s’empala sur un piquet. Penchant la tête vers lui, j’entendis les autres reculer face au ravin qu’ils avaient en face d’eux. Malheureusement, en aucun cas ils ne devaient rentrer à la bâtisse, et j’allais tout faire pour que cela n’arrive pas. Évitant les pièges, je me mis à les chasser.

Quelque temps passa, et je me retrouvais devant la cabane, essayant tant bien que mal d’enlever le sang sur mon visage, et celui qui avait imbibé mes vêtements. Avalant au passage une gorgée d’eau qu’une feuille m’offrait, je cherchai à enlever le sang et la chair ingurgités. Montant à présent l’échelle, je continuai de regarder autour de moi, et le sentiment d’insécurité risquait à tout moment de me faire sortir de mes gonds. J’ouvris la porte, voyant en premier lieu Mozaga dans les bras de Léto. Fermant derrière moi, je marchai vers la petite fenêtre, regardant les environs, principalement là d’où je venais, là où gisait maintenant les corps des enfants : « Quelques heures, c’est ce que nous avons… et le minimum sera le mieux… » Enlevant mes chaussures, je vidais l’eau par-dessus bord, enlevant par la suite mon haut avant de l’essorer et de le disposé dans la cabane, de sorte qu’il sèche un peu. M’asseyant près d’elles, je continuai plus bas : « J’ai croisé des éclaireurs, je pense les avoir tous eux. » Je laissai un court silence : « Si personne ne les voit rentrer, ils sauront où chercher… » J’avais en réalité gagné un peu de temps, mais rien n’y personne ne savait vraiment combien… une heure ? Peut-être deux ? « Dors un peu, je prends le premier tour de garde. » Mon regard se posa sur ma fille, et je lui caressai les cheveux, souriant peu de temps après à Léto avant de me lever, reprenant mon sérieux.    

Arpentant la cabane, regardant chaque fenêtre, mon corps était fatigué et ne demandait qu’à s’écrouler. Je n’arrivai toujours pas à réaliser que j’étais père, et que la femme que j’aimai avait silencieusement parlé de son souhait d’avoir un enfant. Soufflant, je posai mon épaule contre le bois de la maisonnette, ce n’était vraiment pas le moment de penser à ça.

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Sam 29 Aoû 2015, 17:47

Léto esquissa un sourire lorsque la jeune alfar vint se blottir contre elle. Au moins y'avait-il des efforts des deux côtés, la blonde n'aurait sûrement pas pu réussir par elle-même. Elle était incapable de voir le futur, mais le rêve bleu commençait tout juste à se former petit à petit sous ses yeux. Mozaga semblait tout de même être assez différente que dans son escapade onirique, disons qu'elle ne l'avait pas imaginé comme ça. Cela n'était pas plus mal d'ailleurs, Léto pouvait reconnaître de plus en plus son côté paternel à travers elle ; c'était davantage préférable qu'à l'autre partie de son sang. D'ailleurs, l'orisha ne pensait pas abonder dans ce sens, mais les mots de la vampiresse semblaient justes au début. Elle s'y reconnaissait, avec ses longues années de dur labeur, de bûcheronne, à endurer la douleur, la fatigue, et à ne faire qu'un avec elle pour devenir une guerrière. Et pourtant, Mozaga marquait un point : on ne se relève pas de toutes les situations après être devenu ainsi. Aëran et Léto en étaient de parfaits exemples. L'orisha acquiesça un temps à cela.

" Oui… Elle a menti. " Confirma-t-elle enfin, elle-même convaincue, même si la petite s'était déjà endormie depuis.

En retour, la jeune femme serra l'enfant un peu plus contre elle. C'était assez ironique dans le sens qu'elle avait voulu un enfant avec l'alfar, et qu'à peine quelques heures plus tard elle se retrouve avec une petite fille sous le bras. Mais à bien y réfléchir : a-t-elle vraiment voulu que cela arrive, de tomber enceinte ? Léto n'avait qu'un corps à moitié adapté pour ce genre de choses et elle peinerait sans doute à supporter des longs mois avec un petit être dans le ventre. Malgré tout, l'avenir suivant cette étape lui plaisait, du moins la perspective. Elle était guillerette, elle n'y pouvait rien si les bonheurs d'amour la faisaient rêver et sourire niaisement.

Alors que l'orisha était sur le point de s'endormir également, l'arrivée de l'alfar la réveilla. Ces derniers jours, elle avait le sommeil léger, après tout ce qu'ils avaient subi. Sans grand mal, Léto remarqua les très légères têtes rougeâtres qui tâchaient l'allure de son amour, de même que l'odeur qui planait. Elle aussi, elle avait fini par avoir une relation plus qu'intime avec le sang, bien que moins forte qu'Aëran évidemment. Nous sommes des bêtes. La blonde scruta sa marque sur la main droite : le rouge avait été imbibé de son propre sang, en guise de pur symbolisme. Elle devra réfléchir à réussir à caler esthétiquement Aëran, Mozaga et peut-être leur futur enfant entre les trois piliers qui représentent sa famille. Son ancien foyer était tellement loin, elle aurait bien voulu s'y réfugier plutôt que d'aller directement à Mégido… Malgré tout, une orisha n'a pas d'attache, même lorsqu'elle se révèle être insensible au poids de l'esclavage.

Ses yeux vairons fixèrent Aëran lorsqu'il se mit à parler, à prendre l'initiative de la suite des plans. Léto ne se serait jamais douté qu'une évasion soit si difficile à concevoir et à appliquer si elle ne l'avait pas elle-même vécu. La liberté semblait à la fois si proche et si loin, l'idée qu'on les poursuivait encore la terrifiait. Elle imagina la vampiresse avec son armée de monstres insensibles à la douleur. Pas le serpent. Elle frémit, jusqu'à que l'alfar se penche sur elles pour caresser les cheveux de la petite et sourire à la jeune femme. Elle lui rendit l'attention, les yeux pleins d'étoiles.


" D'accord, euh… Bonne nuit, je suppose. " Léto n'avait attendu que cela pour se reposer enfin.

Ses paupières se mirent à papilloter au bout d'un moment. Elle avait dormi sans savoir combien de temps s'était écoulé depuis, tout semblait à l'identique. Ce qui était sûr, c'est qu'elle allait beaucoup mieux : l'eau qu'elle avait bu s'était diffusée jusqu'aux moindres recoins de sa masse musculaire et le repos avait détendu ses muscles, beaucoup trop sollicités depuis leur escapade au sein des terres arides. Doucement, Léto se releva et déposa délicatement Mozaga sur le sol, afin de ne pas la réveiller ; de tous, elle était celle qui avait le plus besoin de répit. L'orisha marcha lentement en direction de son amant et se plaça derrière lui pour enlacer son abdomen. Un coup d'œil vers l'extérieur lui indiqua qu'un peu plus d'une heure a dû s'écouler. La blonde baisa le cou d'Aëran avant de lui chuchoter à l'oreille.

" Va dormir, c'est à mon tour. " Elle le garda un peu plus serré contre elle avant de le relâcher.

Ceci fait, elle arpenta le long de la cabane, l'arme au poing. Elle observa longuement dehors, s'appuyant davantage sur son ouïe pour repérer de potentiels ennemis plutôt que sur sa vue, peu efficace en pleine obscurité. Bientôt, l'aube ne tarderait pas à poindre. Son premier tour de garde était le dernier et il fallait déjà repartir avant le levé du soleil. Bien que Léto connaissait le chemin pour se rendre à la cité des libérés, les ruines n'étaient pas une région qu'elle fréquentait énormément. Et pour cause, même si très peu de danger vint les déranger, le labyrinthe de pierres amoncelées un peu partout leur permit de semer un peu plus leurs poursuivants. Ils avaient déjà vécu pires, comme la captivité, la torture et la fuite dans les pires conditions possibles. Leur courage fut enfin récompensé lorsqu'ils aperçurent au loin Mégido et que Léto escorte enfin les siens jusqu'à sa modeste demeure, les trois complètement collés les uns aux autres pour supporter la fatigue et leurs pieds ensanglantés.

" Thémis, de l'eau, à manger, des vêtements propres, s'il te plaît… " Souffla-t-elle dans un soulagement sans fin. Qu'il était bon de rentrer chez soi !


954 mots ~



By Jil ♪
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La venu de la Bête... | PV: Léto [-18]

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