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 Jeu sournois [Lily-Lune]

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Dim 12 Jan 2014, 10:32

« C'est qui le bébé? C'est qui le bébé?
Thymael était mort de rire. Allongé sur le lit, son père le maintenait en l'air au dessus de sa tête, en le tenant par les côté. A cet âge là, les petits anges sont normalement dépourvus d'ailes, mais cela ne les empêchent pas d'apprécier ce genre de jeux, puisqu'il était bien question là d'imiter l'ange en vol.
« Hé bien, ça ne s'arrange pas...
Fit Tinuviel en entrant dans la pièce avec un plateau. Deux tasses de thé s'y trouvaient, attendant sagement d'être bues. Une soirée comme une autre, dans la maison de Megido.
« Tu entends ça Thymael ? Poursuivit le blond, tout sourire. Madame l'elfe trouve que ça ne s'arrange pas. Heh, et toi, qu'est ce que tu en penses ?
Il le balança un peu plus. A droite, puis à gauche... L'effet était garanti, l'enfant n'en pouvait plus de rire... au point que l'elfe s'inquiéta presque de le voir devenir tout rouge.
« Tu ne devrais pas le bouger dans tous les sens comme ça... Il vient à peine de prendre son biberon.
- Rooh... Ce que tu peux être rabat joie... On fait ça tout le temps et...
Mauvaise gestion du temps en effet... ou bonne, si on se place du côté de l'ironie. Car à peine ces paroles lancées, le nourrisson tourna au vert et rendit une bonne partie de son lait. Évidemment, le liquide étant soumit aux mêmes lois de la gravité que le reste des objets composant ce monde, il termina sa trajectoire en plein sur le visage de Lucain, qui se trouvait en dessous. Mécaniquement, ce fut au tour de Tinuviel d'être prise de fou rire.

*

« Roooh... c'est pas si grave ! Pourquoi tu boudes encore ?
Lança l'elfe à travers la porte de la salle d'eau, le petit ange dans les bras.
« C'était ma dernière chemise valable !
Grommela le barbu, probablement affairé à frotter son vêtement au savon. Il ressorti un instant plus tard, une grosse tâche d'eau sur son vêtement venant confirmer l'hypothèse précédente. En le voyant, la fille de la nature eu du mal à s'empêcher de sourire.
« Mais c'est rien... je t'en confectionnerais une nouvelle, va... D'ailleurs, ça n'a même pas fait de tâche.
- Non, mais ça pue... Toutes mes fringues puent le vomi de bébé. Ça y est. C'est officiel.
- Hé ben... ça t'apprendra, tiens.
- Mouais... monsieur mon fils, venez, cette elfe est visiblement décidée à faire la morale.

Répliqua t'il en reprenant Thymael des bras de Tinuviel.
« Dis donc, c'est lui qui t'a vomi dessus, je te rappelle.
L'ange lui adressa un clin d’œil, preuve qu'il prenait tout ceci avec humour, puis se dirigea vers la chambre du petit afin de le coucher. La maison s'éteignit un moment après, lorsque chacun retrouva son lit. Une soirée comme les autres.

*

Quand l'homme ouvrit les yeux, il fut surprit de découvrir une pièce nue et vide à l'endroit de sa chambre. Plus rien n'était à sa place. Même les odeurs familières avaient été remplacée par la charge lourde d'un air vicié. L'ange regarda autour de lui, incrédule. Puis, il se leva et se dirigea au hasard, murmurant pour lui même.
« Qu'est ce que... Mmh...
Tout était sombre. Hormis une fenêtre unique, il n'y avait pas d'ouverture. Celle ci déversait un flot de lumière blanche sous la forme d'un rayonnement rectiligne, qui se posait au sol en formant un carré. Sa trajectoire était droite, tant et si bien qu'on ne voyait presque rien alentour. Lucain marcha dans la lumière et leva les yeux.
Un soupire, une hésitation. Était il prisonnier d'un rêve ? Cette possibilité était tentante... Ce n'était pas la première fois que l'ange se réveillait sans savoir où il se trouvait. Seulement, à chaque fois, il se rappelait des causes. Qu'il s'agisse de son voyage dans le temps ou de l'épisode de l'arène, les raisons des changements de décors imprévus ne lui échappaient jamais. Hors là, il devait bien se rendre à l'évidence que rien ne lui revenait.

Déployant ses ailes immaculée, l'homme vola jusqu'à l'ouverture. Mais plus il approchait, plus celle ci semblait rétrécir. Finalement, lorsqu'il toucha enfin au but, ce fut pour se retrouver face à une perforation guère plus grand qu'un timbre poste. Constatation qui renforça encore sa perplexité. Sans réfléchir, l'homme y colla tout de même son œil, comme si cela pouvait lui permettre d'en apprendre plus sur l'endroit où il se trouvait. Mais hormis quelques paisibles nuages, rien ne lui fut donné à voir.
Il s'en éloigna alors, retrouvant la fermeté du sol, plus déboussolé que jamais. Autour de lui, le carré de lumière grandissait : la fenêtre avait reprit ses dimensions initiales.
« m*rde... qu'est ce que c'est que ce délire ?
S'interrogea t'il, profondément troublé. On le vit alors faire les cent pas pendant une minute, deux tout au plus. Puis, il se dirigea d'un pas hésitant vers l'un des murs plongés dans l'ombre. Sa main se posa dessus : il en suivit le dessin comme un fil d'Ariane, à la recherche d'une porte, d'un couloir. Renonçant à comprendre la situation, il s'accrochait simplement à idée de sortir, tout en s'empêchant de trop penser à son fils et Tinuviel qui se demandait sûrement où il était passé.
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Ven 24 Jan 2014, 20:09


La Capitale Orine sommeillait, calme et paisible. Ces allées, débordantes de vie et de joie durant la journée, étaient désertes. Seul un léger vent les balayait, faisant voleter les feuilles et les pétales qui jonchaient le sol pour s'élever et se dessiner en larges arabesques changeantes. Lily-Lune contemplait les paysages nocturnes de sa Cité, du haut de la fenêtre du Palais. Du bout de ses longs doigts blêmes et froids, elle écartait les épais rideaux pour scruter les alentours. L'atmosphère était lourde et pesante, dans la salle de réunion. Quelques muses étaient assises autour d'une grande table, et toutes attendaient un geste ou une parole de leur Reine. « Cette histoire ne sera pas ébruitée. » finit-elle par murmurer tout bas en laissant ses mains glisser le long des tissus soyeux. Elle se tourna pour faire face aux Orines. Aédé, Uranie, clio, Thelxinoé et Erato. Accompagnées de la Vénus, elles formaient le Conseil Restreint. « Il faut retrouver le coupable.» souligna avec une pointe de dédain dans la voie la Muse de la Justice. « Bien évidemment. Aédé, dépêche deux des nôtres à ce sujet.» La seconde acquiesça, avant d'ajouter : « Le coupable est allé et venu sans se faire prendre. Il ne peut s'agir que de quelqu'un d'une certaine puissance.» - « Ou au contraire ! Lily aurait ressentit une trop grande force.» protesta Erato. « Aédé se charge exclusivement de cette affaire.» trancha Lily-Lune, coupant court à tout débat, à la plus grande stupeur du Conseil. Mais avant qu'une Orine puisse dire quoique ce soit, la jeune femme enchaîna : « Uranie, Clio, occupez-vous du renforcement de nos frontières. Erato, Thelxinoé, avez-vous fini le rapport sur les nouvelles des hautes sphères ? » Les intéressées hochèrent la tête. Un maigre sourire étira les lèvres rouge ensanglantée de la Vénus. Sa voix s’adoucit. « Merci mesdemoiselles de votre temps en cette heure tardive. A demain.» Après l'échange de quelques banalités, le Palais se vida. Mais Erato demeura dans la salle de réception, après avoir fait semblant de s'en aller elle-aussi.

Hésitante, Erato se rapprocha de sa Reine. « Ai-je eu tord de supposer que vous vouliez me parler ?» Lily sourit. « Non. Je voulais savoir si tu avais trouvé quoique ce soit sur notre amie des eaux.» - « Malheureusement non. Elle a la réputation d'un Ange et sait se faire apprécier.» - « Peu importe pourvu que notre peuple soit à l'abri de ses méfaits.» - « Certes. Mais il serait agréable de briser un peu l'illusion qu'est cette femme.» - « Continuons les recherches. Nous trouverons bien quelqu'un qu'elle a lésé. Ils doivent être nombreux. Mais en dehors des sentiers habituels.» - « Avez-vous eu vents des nouvelles entre Sorciers et Ondins ?» - « Vaguement. Je n'ai pas voulu porter trop d'intérêts à des rumeurs.» - « C'est officiel depuis quelques heures. Lord a annoncé ces fiançailles avec la Dame des Abysses.» Lily-Lune soupira. « Et personne ne pense qu'une demoiselle parfaite n'irait pas épouser l'Empereur Noir ? » - « Elle manipule son image. On murmure dans les rues qu'elle se sacrifie pour le bien de son peuple en s'offrant à un être du Mal.» La Vénus leva les yeux au ciel. « Merci Erato. File donc te reposer.» - « Bien ma Dame. Passez une bonne nuit.» Et le Palais s'éteignit lentement. D'un pas lent et mesuré, Lily-Lune regagna son manoir, bien éloigné du cœur de Maëlith. Mais elle appréciait à sa juste valeur ces quelques instants de paix dans la fraîcheur obscure. Et en réalité, elle retardait au possible l'heure d'aller se coucher. Elle ne voulait pas dormir.

« Maman ? » souffla une petite voix douce et claire, quelques instants après que Lily-Lune ait poussé la porte de sa demeure. Risa dévala les escaliers pour sauter dans les bras de sa mère. « Est-ce que ça va ?» - « Bien entendu. Ne devrais-tu pas être au lit, jeune fille ?» - « Je t'attendais. Je n'aime pas quand tu travailles tard. Je sais que tu as beaucoup de responsabilités, mais je préfère te savoir avec nous.» Attendrie, la jeune femme embrassa le front de sa fille. C'était une très belle adolescente, qui avait pris autant de Lily que de son père. « Je peux dormir avec toi cette nuit ?» - « Ça ne va pas ma chérie ?» La bouche de la petite Rehla se tordit en une moue désapprobatrice. « Je dors mal. Et papa me manque.» - « Viens ma puce. Mais j'ai encore beaucoup de paperasses à traiter.»

Risa dormait déjà à poings fermés, le visage paisible. Elle devait se sentir protégée, dans la chambre de sa mère. Malgré son apparence, qui laissait entendre qu'elle était âgée de quatorze ou seize ans, la demoiselle était bien plus jeune. Car au contact de son frère qui irradiait de magie, sa croissance avait été accéléré. La petite avait encore une âme d'enfant, et elle ne pouvait se passer de ses parents. Elle avait pris l'habitude de venir dormir avec sa mère à la moindre occasion. Lily-Lune, quant à elle, lisait un livre, assise dans un fauteuil dans un coin. Si elle s’entêtait à demeurer éveiller, ses yeux luttaient pour un peu de répit. Dans un soupire, la Vénus laissa tomber l'ouvrage sur ses genoux pour prendre sa tête entre ses mains. Elle craignait le sommeil, car son esprit se focalisait depuis quelques temps déjà sur de bien sombres songes. Cauchemars inquiétants aux couleurs ténébreuses, elle ne distinguait que des ombres informes qui valsaient lentement au rythme d'une mélodie morbide. Parmi elles, ce qui ressemblait à un visage enfantin se dessinait, évasif. Cris. Souffrances et douleurs. Lily ne voulait plus être hantée par ces visions. Mais son corps ne pourrait décemment pas supporter une nouvelle insomnie. Alors elle prit une décision, certes stupide, mais radicale. Elle fouilla dans ses potions jusqu'à dénicher celle censé la faire dormir vite et bien. Elle but la fiole d'une traite, se changea, et alla se coucher.

Aurait-elle pu se douter qu'un étrange destin l'attendait, ainsi qu'une drôle de nuit ? Risa se réveilla en sursaut. « Maman ?» Mais elle n'était plus là. Loin de Maëlith, Lily-Lune était endormie dans une pièce qu'elle ne connaissait pas. Le jeu sournois qui se profilait se moquait bien que les proies soient réveillées ou non. Alors tout commença, dans cette pièce sombre et dépourvue de tout, quant bien même seul l'Ange était apte à se défendre.

Spoiler:
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Lun 03 Fév 2014, 15:50

L'homme avançait doucement, précautionneusement, comme le ferait toute personne soudain privée de vue. Pas lents, traînant, et la main fouillant dans le noir devant lui. Le faible éclairage de la lucarne n'était plus qu'un pâle halo dans son dos, presque un souvenir et il ne pouvait plus compter désormais que sur la sensation rassurante du mur sous sa paume : surface granuleuse et froide.
L'homme sentait l'angoisse s’immiscer en lui, un peu plus à chaque pas. Il détestait cette situation, être prit au piège, ne pas savoir. Tout ceci l'enveloppait, comme un mauvais rêve. Le genre de songe prenant, d'un héros perdu dans un labyrinthe inextricable que seul un réveil brutal interrompt. Il détestait être privé de lumière, comme il détestait le silence. Car hormis le bruit de ses propres pas, rien ne se donnait à entendre. Sa propre respiration en devenait assourdissante.
Entrailles nouées, il s'arrêta alors. Son dos vint se plaquer au mur, redoutant l'attaque soudaine de quelque créature : paranoïa. La peur de la menace supplante celle du danger réel, elle encourage l'imagination. L'ange prit quelques secondes pour calmer sa respiration, fermant les yeux : l'obscurité des paupière effraie moins que celle de l'espace alentour. Alors, il souffla lentement, attendant quelques secondes avant de reprendre.
Silence parfait, troublé seulement par les battements de son propre cœur. L'organe pulsait jusque dans ses tempes et cela raisonnait jusqu'au fond de son crâne : mauvais effet. Il ouvrit alors les yeux, afin de poursuivre son exploration. Chemin faisant, ses doigts rencontrèrent bientôt une arête sèche, indiquant que le mur prenait fin. Suivant le contour de ces angles vifs, le blond décrivit bientôt la forme d'une ouverture. La pièce comportait une sortie.
Il s'y engagea alors, non sans quelque hésitation. Ses mains palpèrent un instant l'obscurité, ne trouvant aucun mur pour arrêter leur trajet : un long couloir s'étendait à droite comme à gauche.

Soudain un son, un souffle presque imperceptible. L'ange tendit l'oreille, pas vraiment sûr de ses propres perceptions. Mais après quelques secondes, le même soupir se laissa entendre. L'ange décida naturellement de le suivre, n'ayant rien d'autre à quoi s'accrocher. Il porta donc ses pas jusqu'à la source, avec une lenteur infinie. Mètres après mètre, jusque dans une nouvelle salle baignée d'obscurité.
Son corps s'affaissa doucement, posant d'abord un genoux à terre. Il abandonna le repère du mur de ses mains, pour trouver le sol et c'est à quatre pattes, toujours fouillant dans le noir, qu'il tenta d'atteindre cette respiration.
La sensation soyeuse du tissus, une chaleur douce : l'ange explora un instant cette masse vivante. Il devina la forme d'une jambe, une cuisse, une taille, à mesure que sa main remontait le long de ce qu'il comprit être un corps féminin. Enfin, les épaules et un cou. L'ange glissa sa main curieuse sous la nuque de cette inconnue et la souleva doucement. Son autre main vint finalement parcourir brièvement ce visage à la peau lisse, en partie voilé par quelques mèches de cheveux. Il pencha alors son oreille au dessus de la bouche de cette femme. Au son de sa respiration, le médecin comprit qu'elle dormait.
Ainsi, sans réellement penser au danger alentour, sans se méfier, l'ange entreprit de la réveiller.
« Mademoiselle...
Fit il en la secouant doucement. Naïf, il n'avait pas considéré une seconde qu'elle puisse être un esprit maléfique déguisé en jeune femme. L'ange n'avait simplement pas l'expérience des stratagèmes du côté sombre en matière de tromperie. Pas plus qu'il ne présageait l'arrivée prochaine de ces derniers, attendant encore un peu avant de partir en chasse...

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Lun 03 Mar 2014, 07:12


Juste un murmure, qui brisait la quiétude sombre d'un songe flottant. Une voix basse et douce tâchait de tirer la belle endormie de ses rêves forcés. Mais la jeune femme refusait de s'éveiller, préférant demeurer dans le calme et la tranquillité de son sommeil médicamenteux. Pourtant, les formes longilignes et délicates de son petit monde onirique aux milles couleurs se firent de plus en plus sombres et inquiétantes. L'illusion utopique se changeait peu à peu en un cauchemar de noir et de ténèbres. Et lentement battait des tambours au rythme sanglant d'une guerre. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose ne tournait plus rond. Tout avait changé. L'angoisse montait. La chaleur de ses draps et la présence apaisante de sa fille avaient cédé leur place au froid glacial et à une atmosphère pesante. Lily-Lune sentait au creux de sa poitrine battre son cœur à une cadence effrénée. Elle devait se réveiller. Elle le voulait. ,Et peu à peu, elle sortait de sa léthargie pour retrouver la triste réalité. Un petit frisson la parcourut au gré d'une main qui devait glisser sur elle. On la touchait. Et elle détestait cela, étant une femme du genre peu tactile. La malédiction de la Larme d'Argent allait faire payer ce contact à celui qui avait simplement du chercher à la secouer pour l'éveiller. Car toucher l'Orine pouvait se révéler dangereux. Sa peau était pire que l'acide, plus puissante que du poison, et rouvrait les vieilles blessures d'antan. Elle devait se concentrer pour qu'on puisse l'effleurer. Alors dans son sommeil, sa magie était libre. À son apogée. Puissante et insolente. Et ce n'était guère dans les tréfonds de ses rêves qu'elle pouvait se contrôler.

Surprise, Lily-Lune rouvrit les yeux. Mais elle ne put rien voir, rien observer, si ce n'est contempler l'obscurité. « Que …? » souffla-t-elle d'une voix douce quoique troublée. Doucement, elle se releva quelque peu en essayant de discerner les alentours. Avec une pointe d'agacement quant à la phrase pour le moins stupide qu'elle allait devoir articuler, elle dit : « Qui est là ?» Elle savait ne pas être seule. De toute évidence, elle était loin de chez elle. Et évidemment, elle n'était pas réellement habillée. Gênée, elle prit du bout des doigts le tissu blanc de la longue robe fluide qu'elle portait, pour dissimuler un peu plus sa gorge. Et elle tendit l'autre main, jusqu'à toucher la joue piquante d'un homme visiblement barbue. Son regard s'était un peu habituée à la pénombre, et elle parvenait à distinguer les contours de la silhouette de son mystérieux interlocuteur. C'était un homme, plutôt grand. « Où sommes-nous? » Brève pause. « Et plus important, que faisons-nous là? » Pas un seul instant elle ne s'était méfié de son compagnon d'infortune, si ce n'est durant une seconde à son réveil. La Vénus avait le don de voir les auras. Et peu importe qu'elle ne voit pas cet homme, puisqu'elle ressentait ses ondes angéliques qui trahissaient son appartenance à la race céleste. Et elle croyait en ces créatures immaculées. Elle espérait tout de même ne pas s'être trompée.

En quelques gestes, la jeune femme se mit debout. Elle fit glisser ses doigts sur les murs vaporeux qui semblaient tomber en poussières. Et elle tourna vivement la tête lorsque de drôles de bruits, comme des grognements sourds et menaçants, résonnèrent au loin. Mais pas si éloigné que ça. Et une flamme, petite mais vive, se mit à brûler à l'autre bout de la pièce. Et ce n'était pas un bon présage. Tout s'était arrêté. Il faisait grand silence à présent. Et quelques mots s'élevèrent. « Que le jeu commence. » Un grand sourire sans visage ni corps s'étira sur le mur près du feu qui lévitait. Un sourire aux dents pointues, carnassiers. Lily-Lune arqua les sourcils, perplexe et intriguée à la fois. Et quelqu'un, ou quelque chose, souffla sur la petite bougie, qui s'éteignit en un instant. Le vacarme sourd reprit, avec d'autant plus d'entrain. C'était un jeu. Une traque. Une chasse à l'humain. Et l'Ange et l'Orine étaient les proies parmi les Monstres.

HRP : Désolée pour le temps de réponse (merci mon ordi, vive la fac). Et oui, j'avais oublier ce petit détail pour Lily-Lune, on ne peut pas vraiment la toucher sans souffrance, dans son sommeil x) Niark. Cf ma fiche si tu veux plus d'infos. Mais c'est seulement quand tu touches sa peau, pas les vêtements, évidemment :3
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Lun 17 Mar 2014, 08:17

La jeune femme sortait peu à peu de sa torpeur, confuse. Brèves paroles. L'ange en apprécia le timbre, comme pour mieux affiner l'image que son esprit construisait d'elle. Étrange chose que de découvrir quelqu'un sans le voir. Il gardait pourtant les yeux rivés dans la direction présumée des mires de son interlocutrice, comme s'il s'attendait à ce que les ténèbres se dissipent à chaque instant, levées à la manière d'un voile opaque. Lucain perçu sans mal l'agacement de cette dernière. Ses sens, affutés par la privation visuelle, le rendait nettement plus sensible à ce genre de détails. Aussi, il en vint naturellement à penser qu'elle pouvait être victime comme lui du curieux maléfique... ou autre, qui l'avait amené en ces lieux. A quoi tout ceci rimait il? La question enflait sans que décroisse son inquiétude.
Bientôt, les doigts fin de la jeune femme vinrent scruter sa joue et de cette manière, dont il avait usé lui même, tentèrent de tracer le portrait approximatif de sa personne. Faisait on plus primitif comme présentations? Il était amusant de constater combien l'absence de lumière rendait ces contacts physiques plus corrects qu'ils n'auraient été en plein jour. Pensée qui ne traversa toutefois pas l'esprit de Lucain, trop taraudé par des questions d'un autre ordre. La main dont il avait usé pour toucher le visage de la jeune femme semblait irradier d'une sensation des plus désagréables, mais comme elle se dissipait, il n'en était même plus sur. La noirceur le troublait sur tous les points. Et maintenant qu'elle touchait son visage, aucune gêne ne se laissait plus sentir. Étrange, pensa l'ange en serrant ses propres doigts au creux de son autre main.
Il entendit le froissement des voiles qu'elle portait, comme elle se levait. Lucain suivit les contours de sa silhouette s'élever dans le noir, l'imitant l'instant suivant. Le temps des questions était arrivé.
"Je ne sais pas. Répondit le porteur d'ailes, aux deux interrogations. J'étais chez moi il y a encore une heure.
Il s'était simplement endormi. Un sommeil bref et ce lieu étrange. L'ange déduisit naturellement que sa compagne d'infortune avait connu pareille expérience, puisqu'il l'avait cueillie à la sortie des rêves. Rêves dont on pouvait souhaiter qu'ils fussent agréables, car la présente situation ne présageait rien de bon.
En effet, quelques grognements sourds se laissèrent à entendre depuis le fond de la pièce. Écho léger, craquement d'une flamme. L'ange plissa les yeux, éblouit par cet éclat soudain. L'air se figea lourdement dans un silence assourdissant. Puis, résonnèrent ces mots de menace, sonnant l'ouverture du jeu dans lequel l'ange et l'orine avaient été conviés tout deux. La flamme s'éteignit, la cohue reprit. Animale, désordonnée.
Le blond avait brièvement retenu son souffle. S'il s'était hasardé jusqu'ici en spéculations hasardeuses, il comprenait maintenant qu'une menace sérieuse pesait sur eux. Et qu'importe de savoir pourquoi les choses s'étaient décidées ainsi. Sortir, quitter cet endroit d'une manière ou d'une autre : il n'avait plus que ça en tête.
"Venez, ne trainons pas par ici.
Dit il d'un ton relativement calme au regard de sa nervosité. Sa main effleura l'épaule de la jeune femme, comme pour l'inviter à le suivre, tandis que l'autre vint se poser, dans un geste mécanique, sur sa poitrine. Astalivey, il avait presque oublié l'une des propriétés de ce pendentif. Sous ses vêtements, on ne pouvait distinguer la légère clarté qu'émanait perpétuellement le cristal. L'ange tira sur la chainette, afin de faire remonter le don de Vénus par dessus sa chemise. Une lueur faible, mais suffisante pour que se tracent les grandes lignes de l'architecture alentour.
Lucain engagea le pas en direction de la porte dont il était venu. Le couloir qui s'étendait entre les deux salles officiait comme point de départ vers l'inconnu et les tréfonds de la tour. Derrière eux, le grondement des créatures s'amplifiait toujours. L'ange hâta le pas. Sa paume glissait sur le mur : unique fil d'Ariane. Il gardait toujours l'autre en arrière, comme pour s'assurer de la présence de la jeune femme. L'ouïe attentive au claquement léger des pas féminins comme aux grognements menaçants.
Mais la tour n'était pas une simple succession de couloirs obscurs. Édifice en perpétuelle évolution, presque comparable à un organisme vivant, elle réservait à ses hôtes bien des surprises, outre les monstres. S'ajoutant à la cohue animale qui approchait toujours, le frottement de roche et de pierres en mouvement, vacarme assourdissant. L'ange senti le sol se mouvoir sous lui... et pencher de plus en plus. S'arrêtant, il voulu faire demi tour, mais il était trop tard. Les lois de la gravité sont aussi difficiles à contrarier que la volonté des aetheri. Les voila maintenant réduits à glisser comme des billes le long d'une pente de plus en plus raide... vers on ne sait quoi.
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Jeu 24 Avr 2014, 07:44

Muette et mue par une pointe d'agacement à peine voilée, Lily-Lune tâchait de suivre l'étranger à travers les dédales sombres de ce labyrinthe joueur, qui se plaisait à changer de forme au gré des pas de ses prisonniers. Il fallait sortir au plus vite, c'était une évidence tellement flagrante qu'il aurait été risible de prononcer cette litote à haute voix. Dans l'obscurité, il vivait bien des monstres. Certains terrifiaient pour des raisons évidentes. D'autres inspiraient naturellement la crainte. L'on pourrait penser qu'il s'agissait de peurs irrationnelles. En rien elles ne l'étaient. « Savez-vous ce qui vit parfois dans la pénombre? » murmura la jeune femme tout bas. Pensive, elle laissait son regard sombre glisser sur les alentours à peine éclairés par le petit pendentif de son compagnon d'infortune. Sincèrement, elle espérait que les créatures auxquelles elle songeait ne participeraient pas à ce petit jeu sournois dans lequel ils étaient tombés malgré eux. Elle n'eut cependant pas le loisir d'entendre une quelconque réponse de la part de l'Ange. Le sol semblait vouloir se dérober et, d'humeur visiblement piquante, se pencha sans crier gare. Loin d'être une pente douce, le couloir était à présent une descente raide et forcenée dont on ne pouvait échapper. Le visage de l'Orine se tordit brièvement en une petite grimace de douleur. Fourbe était celui qui tirait les endormis de leur lit. Peu de gens, et leur hygiène devait être douteuse ou leur paranoïa sans fin, choisissait de dormir avec des chaussures. Pieds nus, fuir pour survivre devenait éprouvant, et se raccrocher un tant soit peu dans une côte aussi abrupte impossible. Ce qui devait arriver arriva et la jeune femme vacilla, pour terminer la chute en dévalant le tout comme une petite poupée désarticulée.

De longues secondes s'écoulèrent, lentes et harassantes. La bâtisse semblait vouloir mener ces deux captifs dans ses tréfonds. Lily-Lune finit par rouler sur un sol plat, qui semblait couvert d'une fine couche de sable noir. Au moins ici, tout était clair. « Est-ce que tout va bien? » La Vénus se releva sur ses coudes. Ses longues cheveux noirs valsaient doucement devant son visage. Elle chassa quelques mèches d'un geste de la main. Pour la première fois, elle pouvait contempler l'inconnu qui l'accompagnait sans avoir à deviner ou à faire des hypothèses hasardeuses. C'était agréable de pouvoir voir. « Vous vous appelez ? L'heure n'était guère aux présentations jusqu'alors. À présent, j'aimerai faire un tantinet connaissance avec vous.» Après tout, elle ne savait rien de lui, si ce n'est l'impression que lui donnait son aura. Prudemment, Lily-Lune se releva. Dans un soupire, elle souleva légèrement la légère robe claire qu'elle portait pour dévoiler ses longues jambes blanches. De petites tâches bleues les parsemaient déjà. Les hématomes risquaient d'être bien plus vilains à la fin de la journée. D'un coup d'œil rapide et vif, elle avisa les environs. Il semblait être dans des caveaux, un peu humides. Des arches en pierre remplissaient la salle. « Je pense que nous sommes au sein de la Tour Inconnue. Je ne connais qu'elle pour être capable de changer ainsi sa structure.» Ce n'était pas spécialement une bonne nouvelle. Ce lieu n'était pas connu pour sa bonté et sa bonne volonté. Lily-Lune glissa les doigts dans ses longs cheveux noirs pour les ramener en arrière, avant de les tresser sur quelques dizaines de centimètres. « Je suis ...» Elle hésita quelques instants, coupure à peine perceptible dans sa phrase. Elle trouvait déjà honteux d'être pris dans un piège. Le fait d'être une Reine semblait encore plus déshonorant. Elle choisit pour autant de ne pas mentir, tout en préférant que son interlocuteur ne sache pas qui elle était. Les Orines étaient l'un des peuples les moins connus. « Lily-Lune Araé.»

Un vent frais venu de nul part balaya le sable noir. « Hum.» La Vénus recula de quelques pas pour se rapprocher de l'Ange. « Je me vois dans l'obligation de vous signaler que je peux voir les morts, voir les esprits qui hantent des lieux.» chuchota-t-elle de sa voix douce. Ressentait-il ce petit frisson d'effroi ? « Beaucoup ont du périr ici. Ils … n'ont pas l'air d'apprécier notre présence. Il faut avancer sans bruit.» En espérant qu'un monstre ne déciderait pas de faire un grand vacarme dans les parages, que les murs seraient plus sympathique, et qu'il y ait bel et bien une sortie dans les parages. Cela faisait un certain nombre de si comme condition sine qua non à leur survie. Les Esprits avaient gardé leur allure de cadavre et par centaine, resserraient l'étau sur cesgens, qu'ils les voient ou non.
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Lun 19 Mai 2014, 17:58

L'ange roula sur quelques mètres, jusqu'à ce que l'énergie accumulée dans sa chute soit tout à fait dissipée. Contrarié et passablement endolori, il releva la tête, les joues couvertes de sable noir, comme retombait autour de lui la poussière soulevée à son passage. On le vit cligner plusieurs fois des yeux, ébloui par la clarté soudaine. Et quand enfin revint son sens premier, l'homme se releva. Son regard se dirigea alors vers la jeune femme, dont l'allure était aussi désordonnée que lui, tandis qu'il s'époussetait.
"Oui... dit il dans un soupir, lorsqu'elle s'enquit de son état. Et vous?
C'était une femme superbe en tout point, probablement la plus belle qui lui ait été donné de voir. Elle paraissait une incarnation de la grâce que même ses cheveux en bataille ne ternissait pas. La conviction de l'ange en vacilla presque, au point qu'il n'était plus certain de se trouver dans la réalité. Un lieu maudit, sombre et vivant, une beauté irréelle : tout ceci avait des allures de conte. Auquel cas, il espérait bien en être l'un des héros, puisque cela impliquerait une fin heureuse. Malgré tout, la jeune femme semblait sereine. Du moins, elle l'était plus que lui.
"Lucain... Répondit il à son invitation. Lucain de l'Ouestir.
Il aurait certainement été enchanté de discuter avec elle en d'autres circonstances. Mais l'ange peinait à faire abstraction des grondements inquiétant qui leur avaient été donnés à entendre. Étaient ils en sureté à présent que la lumière baignait l'espace? Car en vérité, le blond ignorait quelles créatures vivaient dans la pénombre. Et l'endroit ne dégageait guère plus de chaleur que les pièces vides d'où ils étaient issus. La belle brune émit cependant une hypothèse intéressante à ce propos.
"Je vois... Hé bien, j'ignore si il s'agit la d'une bonne nouvelle. On parle rarement en bon terme de cette tour... encore que...
Haussant les épaules avec une pointe de dépit, il la regarda nouer sa brillante chevelure. L'homme s'interrogeait toujours sur l'identité de cette dernière. Même s'il n'était guère au fait de la réputation des uns et des autres en ce monde, il sentait que cette femme sortait de l'ordinaire... sans pour autant lui présager une quelconque place dans les hautes sphères. Il ignorait en quel sens en vérité, mais il la savait particulière. Intuition subjective, peut être. Qu'importait au fond : ils étaient la tout deux. Mais elle l'intriguait malgré tout. C'est pourquoi il fut curieusement heureux de découvrir son nom.
"Lily-Lune, répéta t'il, c'est ravissant.
L'ange se perdit ensuite à scruter les environs. L'atmosphère était lugubre, quand bien même il ne s'agissait que d'un simple cachot sans âme. A moins que ce ne soit la révélation de la jeune femme, à propos des esprits, qui accentua encore ce sentiment.
"Ah. Fit l'ange en hochant la tête avec perplexité. Je vois... très bien... Hé bien je crois que nous allons les laisser tranquille...
Il avait vraiment l'air au bout de sa vie. A présent, Lucain ressentait clairement ce petit courant froid qui glace le sang et fait hérisser le poil. Mais afficher ouvertement un tel sentiment de malaise ne lui semblait guère approprié. Il tâcha donc de garder bonne figure, du moins autant que faire se peut.
"Avez vous peur?
Finit il par demander dans un chuchotement, redoutant toujours de voir apparaître devant eux quelque monstre trop bien denté. Et puisqu'il fallait avancer toujours, trouver la sortie et vraisemblablement mériter de l'atteindre, il se hasarda à progresser à travers la pièce aux dalles sablées. Silencieux, le pas précautionneux. Mais à mesure qu'il allait, le poids d'une main invisible s’abattit sur eux avec toujours davantage de force. Lui ne pouvait pas le voir, mais les esprits des défunts se massaient autour d'eux. Visages blêmes, ravagés par on ne sait quels maux ils se tenaient la, immatériels.
L'ange tourna lentement la tête vers Lily-Lune. Sans mot dire, il alla chercher sa main pour la serrer un bref instant. La douleur provoquée par le contact de sa peau : il l'avait oubliée. Mais cette fois ci, il ne lui sembla rien ressentir, au point qu'il en vint à douter de sa première impression. Le blond cherchait seulement à s'assurer de la présence de sa compagne d'infortune, de la rassurer peut être, quand bien même cela n'était pas nécessaire. Car même si sa puissance n'avait rien d'extraordinaire et qu'il se trouvait démuni, sans arme et tout juste vêtu, le jeune homme faisait tout son possible pour affronter dignement la situation.

Le duo avait progressé sous les arches de pierres, jusqu'à atteindre les tréfonds de la salle. La température s'était quelque peu abaissée, il faisait humide. De temps à autre résonnaient des bruits de goutte. Derrière eux s'étaient massés toute une foule d'esprits et par devant étaient trois longs couloirs. La pénombre nimbait chacun d'eux, au point qu'il était impossible d'en distinguer le bout. Un choix s'imposait donc à l'ange et à l'orine. Un choix basé sur rien du tout, si ce n'est quelque intuition hasardeuse. Le blond entrouvrit la bouche, comme pour parler, quand éclata soudain un fracas. Grognement, crissement de griffe sur le sol de pierre, bruit de course : le chasseur était passé à l'assaut.

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Mer 09 Juil 2014, 13:21


Dans un pauvre sourire désolé, Lily-Lune serra doucement les doigts de Lucain, qui lui avait pris la main. Ils ne se connaissaient pas. Malgré tout, dans leurs épreuves et leurs tourments, ils ne pouvaient que se rapprocher, se soutenir et se rassurer. C'était ainsi que le Destin de deux illustres inconnus se croisaient et s'entremêlaient. « Oui. » répondit-elle simplement à la question de l'Ange. Derrière ses allures de femme forte et flegmatique, l'Orine était fragile et sensible. Ses grands yeux noirs avaient vu bien des horreurs. De toute évidence, ce n'était que le début. «  Seulement je n'ai aucune envie de mourir ici.» Elle soupira. D'ordinaire si froide et distante, elle se tenait auprès de son compagnon d'infortune et tout deux marchaient en silence à travers les arches de la Tour. « J'ai traversé tant d'époques douloureuses, tant de peines et de maux. » murmura-t-elle tout bas. « Ce n'est certainement pas pour agoniser loin de ma famille et de mon peuple. Peut-être que ce ne sera pas facile mais je compte bien m'échapper de ces lieux, avec vous. » La Vénus frissonna. Elle sentait peser sur elle le poids des regards vides et sanglants des Esprits qui rôdaient. Une petite moue aux lèvres, la jeune femme contempla les trois couloirs noirs qui s'offraient à eux. Peut-être auraient-ils apprécié de débattre un instant de leur choix. Ils n'en eurent pas l'occasion. Lily tourna les talons pour jeter un coup d'œil derrière elle. Les hurlements grondants et sourds de la Bête résonnaient à travers les dédales de la Tour Inconnue. Les pas lourds firent trembler le sable et les arches. Au loin, une ombre commença à se dessiner. La silhouette évasive d'un monstre. « Hum. » Au creux de sa poitrine, elle sentait son cœur battre un rythme infernal et endiablé. Tâchant d'oublier ses peurs, Lily-Lune leva sa main libre pour la porter près de ses lèvres. Les doigts tremblants, elle se contenta de souffler. Dan ce simple geste, elle avait déversé sa magie.  Le sol se mit à frémir. Des ronces jaillirent. Un mur de tiges de roses épineuses s'érigea en un battement de cils. « J'ignore ce qui nous poursuit, mais cela ne le retiendra pas longtemps. » Il fallait bien prendre une décision. Alors la Reine se mit à courir dans le couloir de droite, entraînant Lucain avec elle.

La Tour Inconnue semblait refuser que les deux prisonniers voient clair. À peine dans la lumière, ils étaient condamnés à retourner dans la pénombre et les ténèbres. Lily-Lune eut à peine le temps d'apprécier la présence de l'Ange. Il fallait déjà retourner dans l'obscurité. La main de Lucain qu'elle tenait fébrilement paraissait être la seule preuve de sa présence, de son existence, et lui permettait de garder un pieds à terre, de ne pas sombrer. Il lui inspirait confiance, elle avait besoin de se reposer un peu sur lui, sur cet étranger. Ils avançaient dans le noir et le froid. Derrière eux tonnait les cris de la Bête. On devinait ses longues griffes acérées, qu'il devait être en train de faire rouler sur les ronces pour les déchiqueter. Puis une vive chaleur se mit à remplir le couloir. Dans un hoquet de surprise, Lily-Lune fut projeter au sol et dut lâcher, avec regret, l'Ange. « Lucain ! » Elle ne le voyait plus. Contrainte de baisser la tête, elle avait ses mains sur sa tête et attendit que les flammes s'estompent pour se relever. « Oh. » Elle recula d'un pas. Elle discernait, grâce au feu qui brûlait à l'entrée du couloir, les traits dévorés et calcinés d'une fillette diaphane. Elle n'était pas vivant. Plus depuis longtemps. Esprit parmi tant d'autres, la petite semblait moins malicieuse que ses semblables. Elle se mit à sourire, ses lèvres ravagés. Pour autant, la Vénus la contemplait avec tendresse, imaginant sans mal combien elle devait être belle autrefois. Le spectre esquissa un léger mouvement, indiquant du doigt une direction à suivre. « Merci. » souffla-t-elle dans un chuchotis. « Lucain ? » reprit-elle plus fort. « Il faut prendre à gauche, il y a un passage, où êtes-v … »

La Bête rôdait lentement. Grande et imposante, Lily-Lune ne savait pas réellement ce que c'était. La créature était encore loin. D'un pas lent, elle vadrouillait, traînant derrière elle une épaisse massue. La Vénus, immobile, contempla la chose qui arrivait. Elle finit par glisser ses mains dans ses poches. Du verre tinta délicatement et la jeune femme remercia silencieusement ses manies un brin paranoïaques. Elle en sortit trois petites fioles. Elle jeta sur le monstre celle qui contenait un liquide bleuté. Mécontente et blessée, la Bête vociféra une nouvelle fois. Une épaisse brume l'entourait. Cela l'occuperait encore un instant. Il fallait fuir, s'échapper de ses lieux et des griffes de la Bête. « Lucain ? » Sa tête vacillait. Elle avait du prendre un coup en tombant. Elle glissa ses doigts dans ses cheveux sombres. De ses mires noires, elle contempla quelques instants durant sa peau de lys, tâchée du pourpre de son sang.

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Ven 15 Aoû 2014, 18:35

L’ange esquissa l’ombre d’un sourire. La réponse que lui avait offerte la jeune femme était franche au point qu’il regrettait presque de l’avoir posé.
« Certes, non… Souffla-t-il. Mais, ça ira. Nous sortirons de là…
Son ton était bas, tout juste articulé. Bien sûr, rien ne lui permettait d’affirmer qu’ils s’en sortiraient effectivement. Enfermés, perdus, traqués qu’ils étaient. Leurs chances semblaient bien minces. Mais en ange vertueux Lucain n’abandonnait ni foi, ni espérance. Lui aussi avait peur. Et les aetheri seuls savaient combien, en cet instant, il aurait aimé se rassurer tous deux, en évoquant famille et peuple. Comme une lueur chaude, capable de chasser un temps les ombres menaçantes de ce lieu de misère… Il se contenta, à regret, de la simple et silencieuse contemplation de sa compagne d’infortune dont l’aveu vibrait en lui à la manière d’un écho. Car avant même qu’il n’ait le temps, ne serait-ce que d’ouvrir la bouche, la bête s’imposa à la réalité par des hurlements sinistres. Imitant Lily-Lune dans son geste, il fit volte-face. L’ombre grandissait, faisant trembler les murs, soulever la poussière.
L’ange ne réagit pas : il n’en eu pas le temps. La magie opérait déjà. Un véritable mur d’épine venait de s’ériger entre eux et la menace, au grand dam de cette dernière qui, frustrée de se voir privée de sa proie, entra dans une colère noire. Les murs n’en tremblèrent que plus et du sable commença à s’écouler de la jointure des dalles malmenées. L’homme à la chevelure blonde adressa un regard interdit à la jeune femme à son côté : elle était décidément pleine de ressources. Belle comme le jour, à la prestance d’une reine et vive : il se laissa entrainer dans son sillage sans mot dire, mais l’esprit encombré d’une multitude de questions.

Alors, comme pour les entraver davantage, la lumière s’estompa de nouveau. Fallait-il qu’ils éprouvent à ce point tout le privilège que celui d’être doté de vue ? Lucain sentait à nouveau croître en lui ce désagréable sentiment qu’il avait éprouvé un peu plus tôt. Cette sensation presque panique, liée au fait que son organisme ne savait pas aller dans l’obscurité. Resserrant l’emprise de sa main sur les doigts fins de la jeune femme, il continua malgré tout.
Soudain, les flammes. Le jeune homme, réduit une fois de plus à l’état d’une poupée juste bonne à subir ce qui se passe autour d’elle, ne vit rien venir. Il senti simplement le contact se rompre entre lui et l’énigmatique brune, puis, la chaleur. Eclat éblouissant, choc : il percuta le sol. Son corps roula sur quelques mètres avant de s’immobiliser, faute d’inertie. Le corps endolori, il laissa échapper un juron, alors que sa main vint chercher son épaule. La douleur était vive, étourdissante, mais c’était tout. Péniblement, l’ange pivota jusqu’à se trouver sur le ventre. Il cracha tout ce que sa bouche contenait de poussière, avant de réaliser la gravité de la situation.
La respiration : l’haleine de la bête. Souffle court, geste lent : il tourna la tête. Elle se tenait là, à quelques mètres à peine, à portée. Ses yeux, luisant d’un éclat mauvais, implantés de part et d’autre d’une repoussante gueule étaient rivés sur l’ange. Lucain n’avait jamais vu semblable créature. Elle ne ressemblait à rien de connu en vérité. Une chimère, bâtarde de tout ce que la nature produit de disgracieux : griffes, crocs, pelage sombre hérissé comme des poignards, implantés sur une silhouette grossièrement humaine. La respiration de l’ange s’accéléra, ses yeux se mirent à chercher une issue, tandis que ses bras rampaient vainement.
Il y eu alors un craquement de verre. Une épaisse brume empli l’air, la rendant suffocante. L’ange ne voyait rien, si ce n’est l’ombre de la créature, qui se découpait grâce à la clarté des flammes. Prit de rage, cette dernière déchaina toute sa colère à grand coup massue contre les murs et le sol. Le blond roula à gauche, puis à droite, esquivant à chaque fois un mortel autant qu’aveugle coup. Il parvint alors à se relever, presque à bout du souffle qu’il retenait depuis la rupture de la fiole et se mit à courir en direction de Lily-Lune.
Elle était là : soulagement. Un bref regard, il vit le sang et comprit. Essoufflé, en nage, Lucain attrapa la main de la jeune femme et la tira, de manière à faire passer son bras au-dessus de son épaule. Ce n’était pas le moment de défaillir.
« A gauche…
Laissa-t-il échapper, tout en courant, comme résonnait les mots de cette dernière à son esprit. Profitant du contact qu’il avait avec elle, l’ange usa un peu de sa magie blanche pour soigner ses blessures qui, peut-être, ne se limitaient pas qu’à un simple coup sur la tête. Tous deux s’engagèrent alors dans l’étroit et obscur couloir que l’esprit venait d’indiquer à l’orine. Un excès de précipitation qui se solda par une chute, car une fois de plus, le sol se déroba sous leurs pieds. A partir de là, l’ange ne fut plus sûr de rien. Le décor se dissolvait littéralement autour d’eux, tandis que s’en plantait un autre, dans un tourbillon de couleur et d’une lumière aveuglante. Alors, ce fut le trou noir.

L’ange ne reprit connaissance que quelques minutes plus tard. Le trop plein de sensation forte l’avait littéralement assommé. On le vit ouvrir les yeux laborieusement, avant de regarder autour de lui, l’air hagard. Le décor avait changé du tout au tout. Plus d’obscurs couloirs, ni de sinistre dédale, mais une véritable serre débordante de végétation éclairée par on ne sait quel sortilège. Le jeune homme soupira profondément, en partie soulagé. Son regard azur entreprit finalement de chercher sa compagne d’aventure : elle ne pouvait pas être bien loin. Effectivement, il aperçut sa silhouette à quelques pas. Seulement… Lucain ne parvint pas à se relever. Pour tout dire, il ne sentait plus ses jambes du tout.
« Astalivey ?
Chuchota-t-il pour lui-même, tandis que sa main fouillait l’encolure de sa chemise. Rien : le pendentif magique qui lui permettait de marcher n’était plus là. Il s’était décroché d’une manière ou d’une autre, clouant le jeune homme à terre.
« m*rde…
Son regard s’ancra sur la jolie brune : avec tout ceci, il était même incapable de s’assurer de son état. L’ange, en plus de se sentir idiot, s’en voulait. Elle lui avait sauvé la vie : qu’était-il capable de faire en retour ?
« Lily-Lune… Appela-t-il à mis voix, toujours étendu sur le dos. Est-ce que tout va bien ?
Agité, angoissé par cette immobilité forcée, il recommença à fouiller l’espace du regard, en quête du bijou.
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Mar 23 Sep 2014, 08:45


Dans la pénombre d'un songe brumeux pointait une faible lueur, vacillante représentation de l'espoir qui guidait la route d'un long chemin. Quelques couleurs froides flottaient dans les airs, douces nuances aux mouvements aqueux qui s'entremêlaient et se détachaient lentement. La tendre valse se brisa en un instant, transpercée par le rouge sanglant d'une vague déferlante. Des images défilaient avec une étrange rapidité. Surprise, Lily-Lune tâcha de trouver un sens à ce qu'elle voyait. Ses rêves n'étaient jamais innocents tant ses dons de voyance encombraient son sommeil. Son repos agité pesait sur son esprit. Attentive, la jeune femme contemplait les flashs éparses et les silhouettes ombragés, se noyait sous les cris stridents et les grognements lointains. Des portes. Des couloirs. Il semblait se dessiner un itinéraire. A mesure d'un parfum sucré emplissait l'atmosphère lourde et oppressante, le décor dégoulinait de noir jusqu'à ne plus laisser d'un néant immaculé. Lily-Lune ouvrit doucement les yeux. Il faisait noir. Avec mille et une précautions, la jeune femme se redressa. Elle était tombée, une nouvelle fois. Tout s'était passé très vite. Elle se souvenait de la bête, du bras de Lucain autour d'elle, de sa magie discrète qui soignait ses plaies, puis plus rien. Un brin déconcertée, la Vénus resserra doucement les doigts. Elle n'était pas allongée sur un simple et banal sol de pierres froides, mais plutôt sur un jardin sauvage de plantes inquiétantes. Elle esquissa une légère moue, la paume piquée par de longues épines. « Oui Lucain, ne vous inquiétez pas. Et vous ? Où êtes-vous ? Je ... » Elle s'interrompit, pensive. La voix de l'Ange ne lui avait pas parut distante. Il ne devait pas être bien loin. Pourtant, elle ne le voyait pas. Puis elle comprit. « Ce parfum ... » Elle arracha sans ménagement quelques branchages, sans se soucier des ronces qui lui laceraient sa peau de lys, pour se pencher sur les feuilles et les pétales dont elle huma brièvement la senteur trop délicate pour être honnête.

« Lucain ? » La douce voix de la Vénus s'animait de trémolos inédits, qu'on ne lui connaissait que très peu. Doucement, la jeune femme laissa la flore glisser de ses mains. Anxieuse, elle tremblait légèrement tandis qu'elle se relevait avec prudence. Vacillante, elle manqua de chuter à nouveau dans les épines et n'esquiva son sort que par un mouvement plus brusque que ses vêtements n'apprécièrent guère. Le tissu protesta dans un craquement sourd. Peu à peu, sa tenue devenait lambeaux. Mal à l'aise, Lily-Lune plaqua l'un de ses bras contre sa poitrine tandis que sa main libre retenait les voiles de sa jupe. « Surtout, ne me soignez pas. » murmura-t-elle tout bas. Elle sourit sans joie. « Je suis tombée sur un parterre de fleurs sauvages des marais. Ce sont des ... mauvaises herbes particulièrement connues dans certains milieux pour leurs propriétés vénéneuses. Seul le temps peut guérir ses effets. Votre magie m'aiderait à un prix que l'on ne peut se permettre. Le poison quitterait mon corps pour le vôtre.» Après un silence, elle soupira. « Je ne vois plus rien alors ... » L'Orine, dans un petit hoquet étonné, tomba presque dans les bras de Lucain. « Navrée. » souffla-t-elle, gênée. Pensive quoique hésitante, Lily-Lune fit glisser ses mains du torse de l'Ange à ses jambes. « Vous êtes paralysé. » chuchota-t-elle sur le ton de la question. Elle n'eut pas le temps d'ajouter grand chose. Une porte claqua, accompagnée des rires gras d'une bande dont on pouvait aisément deviner la malveillance des intentions. « Cette Tour, c'est vraiment le bon plan !  » railla l'un. « Ces monstres nous rendent vraiment service. » ajouta un autre. « Ce ne sont pas nos amis. » trancha un dernier. « On ne fait que profiter de la chasse de ses bêtes mais si elles tuent leur proie comme les deux dernières fois, tout ce chemin est inutile. » - « Elles nous ont tout de même fournit pas mal de filles et de gars à vendre. » Ils rirent à nouveau. Des marchands d'esclave et traficants. Sarcastique, Lily-Lune pensa qu'il ne manquait vraiment plus que ça. Habitée d'une étrange impression de familiarité, elle ne dit rien.

« Voyons ce que nous avons. » chantonna presque l'un des hommes. « La prise n'est pas fameuse. » Il donna un coup dans les jambes de Lucain et un autre dans ses côtes. « Un invalide. » - « Dommage. Laisse le aux animaux de la Tour, au moins il servira à quelque chose dans sa vie. » - « Je crois que c'est un Ange. » - « C'est bien ce que je disais. » Ils ricanèrent. « Bon. » Il empoigna Lily-Lune, l'obligeant à se lever. « Une belle brune, une ! C'est une Orine, non ? » Un bruit métallique résonna. Quelqu'un venait de dédaigner son épée. « Je te reconnais. » Lily-Lune se tendit un peu. Elle se souvenait. « C'est elle qui a réduit à néant le commerce sur le Continent Naturel. » La pointe de la lame de l'arme vint se faufiler sur sa gorge pour remonter jusqu'à son menton. « Eh ! J'ai trouvé un truc par terre! » Cette remarque fut ignorée par ces collègues. « Tu es vraiment la Reine des garces, ma jolie. » Il savait qui elle était. « Tu vaux un sacré pactole et ... » Lily-Lune espéra tout bas qu'elle ne blesserait pas Lucain. Aveugle, elle était désorientée et sa magie phénoménale pouvait devenir dangereuse. Des ronces jaillirent de la terre pour encercler les trois malfrats tandis que le métal des environs se déchainait.
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Dim 23 Nov 2014, 19:46

L’ange émit un grognement sourd. Tentant de relever un corps trop pesant, il abandonna finalement la lutte au bout de quelques secondes. L’effort était vain, il était cloué au sol. Il le savait, n’y pouvait rien. C’était simplement son lot : un ordinaire que la magie masque, mais qui existe malgré tout. Frustré, on le vit laisser retomber lourdement son dos contre le sol herbeux, tandis que son regard fouillait nerveusement l’espace. Du bout des doigts, il cherchait le contact familier du cristal. Il tendait le bras, inspectait, mais rien ne s’offrait à lui. L’objet avait pu être expulsé à quelques mètres, ou bien était il à côté : il ne le voyait pas quoi qu’il en soit.
La voix de la jeune femme s’éleva alors, cristalline. Il tourna la tête dans sa direction : sa silhouette se découpait dans la lumière trop vive. Elle arriva finalement après quelques secondes, sa tenue réduite en lambeaux de tissu lacéré. Le bel environnement ne l’avait pas épargnée. Lucain la détailla alors, l’air plus sévère qu’à l’ordinaire. Sa confession ne lui plaisait pas. Il prit alors sa main pour en contempler les griffures.
« Ne dites pas de bêtises… Dit-il dans un souffle. Je ne peux pas vous laisser dans cet état.
Il la vit choir à demi contre lui, plus incommodé que jamais par l’ordre reçu. Était-elle à même de résister au poison ? Certainement davantage que lui-même, mais il ne pouvait se résoudre à la voir souffrir ainsi. Sorti de ses pensées par le contact de la main, il releva les yeux vers elle, alors que ses sensations se faisaient absentes.
« Oui.
Répondit-il plus bas qu’elle encore, ses prunelles azures rivées à la verticale. L’homme laissa échapper un soupir d’inconfort. Son corps le gênait. Il était lourd, se refusait au mouvement. Un fardeau.

Claquement. Le blond sursauta à peine, bien qu’une crainte sourde se prit à étreindre ses entrailles, à l’instant où s’élevèrent des voix. Fallait-il que s’ajoute à l’adversité davantage de périple ? Ils allaient à travers la tour depuis… il n’en savait rien. Leur entreprise : une fuite dans le noir, entrecoupée de chutes sans fin. Cela ne semblait pas vouloir en finir. Mais ceux la semblaient plus humain que les bêtes, dont ils n’entendirent jamais que les grognements lugubres. Le regard de l’ange s’assombrit encore, comme sa main demeurait agrippée au poignet de la jeune femme qu’il voulait protéger.
Les ombres des trois bandits s’étendirent au dessus d’eux. Lucain ne tressaillit pas. Il ne le pouvait de toute façon. L’un d’eux empoigna alors Lily-Lune, rompant la faible étreinte qu’il avait conservé avec elle jusque la. L’ange ouvrit la bouche pour protester, mais l’un d’eux, anticipant son initiative, le gratifia d’un coup de pied en plein ventre. Le souffle court, il ne pipa mot. Et tandis que les trois autres s’affairaient à converser du prix de la mystérieuse brune, évoquant des affaires dont Lucain ne savait que penser, le blond roula piteusement sur le côté, le bras encerclant son ventre endolori. La reine, le danger, le commerce du continent naturel, ces trois hommes… L’ange était embrouillé. Ses pensées ne tournaient plus qu’autour du danger immédiat, de cette situation dont ils devaient se sortir.
C’est alors que le sol se mot à trembler. Lucain, encore haletant, projeta de toutes part son regard, tandis que se mirent à jaillir des ronciers fabuleux. Les trois hommes, prit de court, se mirent à brailler en s’agitant au hasard, l’un d’eux terminant sa vaine fuite dans les épines acérées du massif déchainé. L’ange roula, évitant tant bien que mal les végétaux, retenant une grimace lorsque ceux qui lui lacéraient les bras.
Un éclat blanc se mit alors à luire entre les herbes. Lucain écarquilla les yeux sur ce morceau de verre qu’une chaine d’argent cerclait. Sans hésiter, il tendit alors le bras. Sa manche de tissus se déchira en un long serpent de toile, qui s’en vint saisir l’objet, pour le ramener à lui et son cou. Aussitôt, l’ange retrouva l’ensemble de ses sensations et le contrôle de ses jambes.

Il se releva d’un bond. La magie de la jeune femme avait abattu deux des bandits, le troisième s’apprêtant, en un geste désespéré, à l’occire : il termina avec le fer de sa propre épée en travers de la gorge. C’était terminé. Lucain, haletant, prit quelques secondes pour contempler la scène et se remettre les idées en place. Il sentait son cœur battre dans ses tempes, tandis que ses sensations, jusque la engourdies dans l’adrénaline, réapparaissaient par saccades. Aussi, il constata que ses bras portaient de larges griffures et que sa chemise ne ressemblait plus qu’un un amas de tissus grossier juste bon à jeter. Lui qui s’était plaint, peu avant, d’une tâche de lait avait belle allure à présent. D’un geste légèrement tremblant, il vint essuyer le coin de sa bouche. Sa main descendit alors machinalement jusqu’à son pendentif, qu’il serra brièvement, avant d’approcher de l’orine et de la regarder en silence.
« Lily-Lune…
Dit-il en apposant ses mains sur les épaules de la jeune femme. L’interroger sur son statut et la conversation des bandits lui traversa brièvement l’esprit, mais l’idée fut aussitôt remplacée par une autre : l’urgence de la situation, son état.
« Vous allez bien ? Il avait l’impression de lui poser la question sans cesse. Ces bandits ne venaient certainement pas des tréfonds de cette tour.
Il posa son regard sur la porte par laquelle le trio de malfrat avait fait son entrée.
« Nous allons reprendre leur chemin à l’envers… cela devrait nous conduire à l’extérieur. Du moins, si la tour ne décide pas de nous jouer un autre de ses mauvais tours. Il s’empara de la main de l’orine. Mais avant…
L’ange usa de sa magie blanche contre l’ordre de la jeune femme. Conformément à ce qu’elle lui expliqua, le poison quitta son organisme pour le sien, le privant ainsi de son sens premier.
« Votre magie est plus puissante que la mienne. Dit-il alors. Nous perdons moins ainsi, il me semble.
L’aveu n’avait rien de plaisant, mais cela tirait du bon sens. D’un geste, il désigna alors la direction à prendre, celle que fixait toujours son regard désormais vide.
« Lily-Lune, les mots de ces hommes… ajouta t’il finalement, alors qu’ils se mettaient en marche. Brève hésitation. Qu’importe, c'est sans importance…
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Dim 15 Mar 2015, 06:32


« Je suis désolée, Lucain. » murmura tout bas la jeune femme, partagée entre une foule de sentiments contraires. Elle ne pouvait nier qu'elle était heureuse et rassurée de retrouver la vue. La cécité était un mal dont elle se passait aisément. Néanmoins, la culpabilité pesait sur son cœur. Si l'Ange avait été contraint d'absorber le mal à son propre détriment, c'était uniquement de sa faute alors elle ne s'embarrassa pas d'un sourire qui aurait été forcé.  Cela n'en valait plus la peine, maintenant qu'il ne voyait rien. « J'espère que vous avez raison. » souffla-t-elle avec une note étrange dans la voix. Doucement, elle prit la main de son compagnon d'infortune de la sienne, qui était si froide. Le geste semblait anodin mais il était assez inhabituel pour la Vénus, d'abord froide et distante avec les étrangers. La rêveuse était fragile malgré sa puissance obscène et les hommes l'avaient toujours inquiété, pour l'avoir trop souvent malmené. D'un pas mesuré et prudent, Lily-Lune guida la marche à travers les tréfonds de la Tour Inconnue, l'esprit torturé par mille et une pensées. « Je ne pensais pas croiser de vieilles connaissances dans pareilles circonstances. » finit-elle par articuler après de longues minutes de silence, en réponse à une question que Lucain n'avait pas formuler jusqu'au bout. « Vous n'imaginez pas le nombre d'ennemis que je possède, simplement parce que je suis une femme d'un peuple discret que beaucoup considère comme à leur entier service et libre disposition. Le nombre de mes adversaires n'a fait qu'accroitre au fil de mon existence. Je crois que je suis, à leur yeux, la … chose ... la plus désirable et prisée du moment. Un joli petit trophée qu'il serait de bon goût de posséder pour l'afficher, dans le meilleur des cas. » Elle sourit, cynique. « Une fois, par curiosité, je suis allée dans des bas-fonds pour savoir combien je … valais. » Elle eut un petit rire au souvenir du montant. « Je me demande qui serait prêt à mettre une somme aussi considérable pour m'avoir. Quoiqu'il en soit, on m'aime et me déteste parce que je suis une Orine. On me méprise parce que j'ai détruit les commerces spécialisées dans la capture et la vente de mon peuple. Je ne rougirai pas de ces agissements. J'estime que les miennes sont, par nature, suffisamment soumises pour qu'on ne les traite pas comme du bétail, comme ces gens-là l'ont fait. Mon erreur aura été de faire preuve de faiblesse à leur égard, si on estime que la pitié est un mal. Je les ais épargné et ils ne m'ont pas oublié. » Les idiots étaient morts de ne pas avoir saisis cette seconde chance. Dans un chuchotis à peine perceptible, elle ajouta : « J'aurai aimé que personne ne sache que je n'étais pas liée. On m'aurait laissé en paix. Le plus triste est certainement que c'est un membre de mon propre gouvernement qui a répandu la nouvelle. » Ceux qui pensaient que Maëlith était un monde merveilleux et délicat se trompaient. Dans un univers de femmes régnait toujours une certaine cruauté, plus vicieuse que brutale, plus fourbe que sanguinaire. Les Muses l'avaient prouvé plus d'une fois.

La Vénus soupira. « Une fois n'est pas coutume, nous ne sommes pas seuls. » glissa-t-elle à Lucain. « Je ne vois encore personne mais ils sont bien là. Leurs auras empestent. » Elle avait toujours été particulièrement sensible à ce genre de choses. Néanmoins, l'inquiétude grimpait à mesure qu'elle comprenait que l'une des auras lui était familière. Ceux qu'elle aimait et appréciait ne viendraient certainement pas de leur propre chef flâner au beau milieu des bêtes et des monstres de la Tour Inconnue. Lily-Lune ferma doucement les yeux pour apaiser  les battements affolés de son cœur. C'était lui. « Bonjour, Lily. » Un homme apparut, tout sourire. Grand et musclé, il avait des cheveux bruns et des yeux clairs. « Jack.» répondit la jeune femme en guise de salutations, d'un ton sec et piquant. « Ne me regardez pas comme ça, je n'ai rien fais du tout. Je me contente de venir à votre secours et à celui de votre … ami. » Il jeta un coup d’œil prolongé à l'Ange. « Évidemment, vos motifs sont purs. » - « Je n'aurai pas dis mieux. Allez-vous refuser mon aide par fierté ou l'accepter ? Je croyais que vous aimiez vos enfant et que les revoir serait agréable. » La Reine se mordit les lèvres, anxieuse et troublée. Elle n'avait pas confiance en cet homme. Il était mauvais et malsain. Ses intentions ne devaient être ni louables ni charmantes. Une Orine était contrainte de livrer son énigme à qui le demandait. La Vénus s'échappait pas à cette règle et le Vampire le savait. « Allez ma belle. Suivez-moi. » Elle serra les doigts de Lucain, hésitante.

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Jeu sournois [Lily-Lune]

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