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 Le charme sylvestre [Test III Amarel]

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Sam 03 Jan 2015, 21:37




Une petite brise soufflait dans le feuillage des arbres des vastes forêts qui entouraient le rocher au clair de Lune. Rares étaient les êtres qui y prêtaient attention, mais Le frémissement de la canopée était une musique délicieuse pour ceux qui savaient l’apprécier. Depuis combien de temps la dryade était-elle là, à contempler le ciel, à ressentir la sève traverser son corps ne faisant plus qu’un avec son arbre ? Un instant, ou bien des jours ? Cela n’avait plus d’importance lorsqu’elle fusionnait avec lui. Dès lors, son existence devenait un émerveillement de chaque instant. Elle pouvait ressentir ce qu’il ressentait, de la fraîcheur humide qui enlaçait ses racines les plus profondes à la caresse du vent sur les branches les plus hautes de sa cime, qui continuaient à pousser chaque jour, semblant défier le ciel. Un oiseau était même venu y installer son nid, assemblant adroitement de petites brindilles entre ses ramures. Cela prendrait sans doute du temps, mais une petite tige, avait commencé à pousser en cette direction, comme si l’arbre voulait soutenir le petit édifice du volatil. La nature était belle et pleine de grâce. C’était de cette harmonie que la dryade cherchait à s’inspirer lorsqu’elle quittait la barrière d’écorce qui les protégeait tous les deux. Car si certaines des siennes aimaient à passer leur existence aux côtés de leur arbre, Amarel était promise à un destin bien différent, qui s’était révélé à elle le jour où elle avait rencontré Abel, ce jour où l’appel de l’aventure s’était montré plus fort que ses réticences les plus tenaces. Le bélua ne payait pas de mine, et lorsqu’elle l’avait rencontré, il n’avait vraiment rien d’un être spécial, mais il avait su le devenir, dans le cœur de la nymphe. Elle savait qu’il avait besoin d’elle, autant qu’elle avait besoin de lui. Une nouvelle symbiose était née, elle s’efforçant de le tempérer, et lui de les entraîner là où ils pourraient porter leurs convictions.
Amarel n’avait pas d’autres volontés que d’aimer, et de protéger ce qui lui était cher. Comme bon nombre de ses sœurs, elle n’était pas un être violent, et abhorrait la guerre et les armes. Mais elle s’était vite rendu compte qu’en laissant les choses se faire, le monde était loin de se mouvoir dans le droit chemin. Certains êtres vouaient un véritable culte à la haine et à la destruction, de telle sorte que la seule manière de les empêcher de nuire étant de mettre fin à leurs jours. Les premières fois qu’elle avait été confrontée au mal, la dryade avait laissé couler des larmes d’incompréhension sur ses joues verdâtres, impuissante face à la barbarie qu’elle voyait déferler devant elle. Avec le temps, elle avait été obligée de cuirasser son esprit, d’ériger des remparts faces aux ténèbres qui menaçaient de la transformer en petite chose insignifiante, perdue au milieu d’une fureur qu’elle ne comprenait pas. De créature des forêts bienfaisante, elle était devenue une combattante. Elle avait forgé son caractère dans les cris et le sang. Une part d’elle était morte à Dhitys, lorsqu’Alia avait dévoré un orisha qui l’avait attaquée. Elle se souvenait encore du moment où elle avait tenté de laver le museau de la panthère à plaques, comme si le fait de faire disparaître le sang qui maculait son pelage allait aussi emporter cette rage qui s’exprimait partout. Mais la seule chose qu’elle avait su effacer était sa vision d’un monde de paix et de sérénité. Le sang appelait le sang, et dans cette spirale funeste, elle s’était dressée, elle, petite nymphe sylvestre. Ses lianes étaient devenues des fouets, ses épines des armes empoisonnées. Ce jour-là, elle avait compris qu’elle ne pourrait pas rester sans rien faire alors que ceux qu’elle aimait se battaient pour les mêmes idées que les siennes. Ce jour-là, elle avait trouvé sa place dans le monde, et sa place n’était pas recroquevillée au cœur d’un arbre des forêts du rocher au clair de lune. Sa place était aux côtés d’Abel.

Bien sûr, elle ne pouvait se résoudre à abandonner son arbre. Elle devait continuer à veiller sur lui, car s’il venait à lui arriver quelque chose, elle ne pourrait y survivre. C’était ainsi que les dryades connaissaient ce rituel. Il était réservé à celles qui faisaient le vœu de partir au loin, de s’extraire de leur condition de veilleuse pour porter plus loin l’envie qui les animaient. Les nymphes étaient des êtres profondément liés à la nature. Lorsqu’elles se réunissaient, elles se découvraient un pouvoir capable de prouesses enchanteresses, et c’était ce pouvoir qu’elles venaient aujourd’hui mettre en œuvre pour permettre à leur sœur d’accomplir sa volonté. Amarel attendait ce moment autant qu’elle le redoutait. Il allait lui offrir la liberté, mais au prix d’un vide qu’elle aurait grand mal à combler. S’éloigner de son arbre n’avait jamais été facile pour elle, et ce charme que les nymphes allaient lancer ne lui permettrait pas pour autant de s’affranchir totalement de ses obligations de dryade, ni n’atténueraient l’amour qu’elle avait pour son arbre. Au mieux, cela lui donnerait bonne conscience, lorsqu’elle serait au loin…

Amarel ressentit comme une caresse, le long de l’écorce qui la protégeait. Le moment était venu. La nymphe resta plusieurs secondes sans bouger, à profiter de toutes les sensations auxquelles elle avait accès, car elle savait qu’elle ne pourrait plus fusionner de sitôt. Mais, presque à contrecœur, elle finit par se décider à sortir du tronc massif. Celui-ci sembla s’écarter pendant quelques instants, comme si ses branches cherchaient à atteindre un nouvel endroit, et le visage de la dryade apparut bientôt au sein de l’écorce, avant qu’elle ne parvienne totalement à se séparer de l’arbre. Ses traits fins se dessinèrent lentement dans le bois, à mesure que les feuilles et les tiges qui parsemaient sa tête ne retombent sur ses épaules en une belle chevelure brune. Ça et là, quelques petites fleurs restèrent cependant sous leur forme végétale, arrangeant sa coiffure comme elle aimait le faire. Entièrement nu, son corps vint se couvrir de lianes, cachant son intimité à la vue des autres. Sa peau conserva une teinte verdâtre, tandis que ses yeux s’habituaient à la lumière ambiante. Lorsqu’elle parvint à distinguer les contours de ce qui l’entourait, elle constata qu’elle ne s’y était pas trompée. Une dizaine de nymphes assistaient, silencieuses, à la fin de sa métamorphose.

La dryade sourit à ses compagnes, dont certaines avaient fait un long voyage pour pouvoir être présentes aujourd’hui. Dans l’assemblée, il y avait des visages qu’elle connaissait bien, d’autres moins. Certains, enfin, lui étaient totalement inconnus, sans doute prévenues par le chat des oiseaux, ou par le murmure de l’eau, que leur présence était requise. Une des nymphes s’étaient avancées vers Amarel, arborant un petit sourire triste. De petites gouttes étaient en suspension autour d’elle, bien qu’elle ne semblait pas y prêter attention. Elle leva des yeux d’un bleu des plus purs vers son homologue sylvestre, qui déploya ses lianes pour mimer une révérence en s’inclinant légèrement. Un mince filet d’eau s’échappa des mains de la naïade, venant reproduire le geste d’Amarel dans un silence solennel. Après quelques instants, elle se décida à rompre le silence.
« Bonjour, Loreleï. »
« Bonjour, Amarel… Tu es sûre de ton choix ? »
Le ton de la voix de la naïade était changeant, comme si elle osait à peine prononcer ses mots. Le départ d’une des leurs était toujours un évènement marquant, et il se trouvait que les deux nymphes étaient amies. La rivière de Loreleï coulait non loin de l’arbre d’Amarel, et une partie de l’eau qui irriguait ses racines provenait directement de ses flots. Elles étaient liées depuis longtemps, et cette séparation qui s’imposait n’était agréable ni pour l’une ni pour l’autre. Mais il le fallait.
« Mes sœurs, je vous remercie d’être venues. Aujourd’hui je vais faire un choix que la plupart d’entre vous ne comprendront pas. Je suis consciente que pour une nymphe, quelle qu’elle soit, il est impensable d’abandonner son milieu pour partir à l’aventure à travers le monde. Je ne vais pas chercher à vous convaincre que ma décision est la bonne, mais sachez simplement que j’en suis convaincue. Je suis vouée corps et âme à la défense de ma forêt, de mon arbre… »
La dryade posa le plat de sa main contre ce dernier, comme si elle cherchait son soutien pour continuer à parler malgré le flot de sentiments qui menaçait de la submerger.
« Ce n’est pas en restant ici que je pourrais assurer sa protection. Ici, les hommes et les bêtes vivent en harmonie avec nous. Ils nous traitent bien, ils nous aident comme nous les aidons. Mais les créatures du mal agissent dans l’ombre, menacent nos arbres, nos rivières, nos montagnes. Rien n’est à l’abri. Je les ai vues à l’œuvre… Elles s’insinuent dans l’esprit de ceux que j’aime, elles tentent de les pervertir, de les retourner contre ce en quoi ils ont toujours cru. Je ne peux pas laisser faire ça. Je dois me battre, je dois les arrêter, ou mourir en essayant. Je… »
Amarel s’interrompit un moment, observant les regards qui la scrutaient. Certains étaient entendus, certains chaleureux. Une oréade avait versé une larme, tandis que Loreleï déployait tous ses efforts pour paraître le plus neutre possible.
« J’ai pris ma décision. Je veux que nous lancions le charme de protection. »

Le silence retomba pendant un moment. Les nymphes restèrent immobile, comme insensibles à la demande de la dryade, mais après avoir attendu ce qui sembla une éternité pour laisser le soin à Amarel de revenir sur sa décision, elles finirent par l’acceptèrent. Les protectrices de la nature s’avancèrent autour de l’arbre d’Amarel, et cette dernière se tourna vers lui. Elle fixa les courbes de son écorce et leva les yeux vers sa cime et ses feuilles. Le rituel dura un long moment, durant lequel chaque nymphe présente canalisa l’énergie magique qui lui provenait de son élément, et l’employa pour venir entourer l’arbre d’un puissant sort de protection. De temps à autre, un filet d’eau venait arroser l’arbre, une fleur poussait au sein de son tronc, ou une petite pierre venait rouler vers ses racines. Bien sûr, ce sort n’aurait sans doute pas pu le protéger contre des menaces de grande ampleur, mais c’était une protection symbolique qui saurait, Amarel en était convaincue, tenir à distance les quelques dangers que son arbre aurait pu courir en son absence.

Le moment fut solennel. Achevant l’enchantement, les nymphes vinrent toutes à tour de rôle dire quelques mots à Amarel, qui écouta chacun d’eux avec grande attention, avant de s’en repartir vers l’endroit d’où elles venaient. Leurs encouragements seraient de précieux souvenirs qu’elle ne manquerait pas de se remémorer lorsque le sort se ferait rude. Loreleï fut la dernière à s’approcher d’elle. Se penchant vers la dryade, elle ne murmura que quelques mots à peine audibles.
« Veille sur lui. »
Amarel hocha la tête et offrit l’une des fleurs qui ornait ses lianes à la naïade, avant que cette dernière ne la laisse seule, à contrecœur. Fermant les yeux en se laissant aller contre son arbre, elle ne les rouvrit que bien plus tard, sentant un contact rugueux entre ses doigts. Comme sortie de nulle part, une petite branche semblait avoir poussé vers sa main et s’être détachée du tronc. Serrant la brindille contre son cœur, Amarel leva des yeux troubles vers son arbre et, tentant en vain de contenir ses larmes, elle tourna les talons, consciente qu’elle était en train de vivre l’un des pires moments de sa vie.


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