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 L'écho des craintes - PV Loumen

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Jeu 05 Juil 2012, 19:24


Haru avança lentement ses mains d'une pâleur morbide près des flammes qui léchaient les épaisses buches recouvertes de brindilles qui se consumaient rapidement. Avec précaution, elle frotta ses paumes l'une contre l'autre, espérant réchauffer ses longs doigts gelés. Seulement, elle n'avait guère de temps et devait partir au plus vite, car la femme du maitre de maison pouvait rentrer d'un instant à l'autre, et la déchue ne désirait pas être dans les parages quand la femme verrait le macabre spectacle de son mari, nu, baignant dans son sang dans un coin du salon. Haru ne se rhabilla pas, mais jeta tous ses vêtements tâchés de rouge au feu et les observa longuement s'enflammer. Ses grands yeux roses reflétaient le brasier, et Haru contemplait la scène si anodine de son visage lisse, sans expression alors qu'au fond d'elle, elle se sentait souillée jusqu'au tréfonds de son âme. Totalement dénudée, la jeune femme croisa les bras sur sa poitrine et se dirigea d'un pas vif et aérien à l'étage où se trouvait quelques armoires surement remplis de habits féminins. Elle fouilla dans les tiroirs, toute tremblante et les yeux presque larmoyants, pour y dénicher une robe moulante d'un vert éclatant qu'elle enfila avec hâte. Nerveusement, elle passa ses doigts dans sa longue chevelure noire tout en descendant les escaliers si rades en bois usée pour retrouver ses sous-vêtements et ses chaussures. Ses prunelles se posèrent un court instant sur le cadavre presque en charpie de son amant d'un soir, et elle se sentit comme brulante tandis que les battements de son cœur accéléraient frénétiquement. Quand arriverait-elle à cesser ses jeux dangereux? Sa vie n'était plus que vices et crimes...

Un petit miaulement plaintif et discret attira son attention. Couché sur un des grands fauteuils moelleux, le petit chaton s'étirait doucement. Haru le prit délicatement dans ses bras avant de sortir de la vieille masure, craignant de se faire surprendre. Jamais encore quelqu'un ne l'avait prise la main dans le sac, mais la peur était toujours présente. Ainsi, elle se pressa de sortir dans le froid montagnard. Le changement de température fut brutal, passer de la chaleur d'un foyer au vent glacé qui envoyait valser les flocons qui tombaient en abondance n'était pas vraiment agréable. Haru frissonna. Peut-être aurait-elle du choisir une tenue plus adaptée au froid des hauteurs, au lieu de s'emparer de la première petite chose qui semblait plus ou moins à sa taille. Sa gorge et ses épaules étaient dépourvu de la moindre protection, offerte à la morsure violente du vent, tout comme ses bras et une bonne partie de ses longues et frêles jambes. Alors qu'elle allait faire demi tour pour voler quelque chose de plus chaud, elle aperçut une silhouette sombre au loin qui se dirigeait par là. Surement la femme de sa victime. Effrayée, la petite déchue s'enfuit à vive allure sans même prendre la peine de regarder où elle allait. Elle devait simplement partir, échapper à ce qui pourrait lui arriver si on la trouvait sur les lieux du crime.

Alors qu'elle était déjà bien loin de la petite maison isolée dans les montagnes, un cri strident de douleur retentit. Haru ferma doucement ses paupières blanches, essoufflée, un horrible sentiment de culpabilité s'emparait d'elle peu à peu et rongeait son âme malade. Regrettant son geste, elle souffrait d'autant plus en imaginant l'état de la femme qui venait de découvrir son mari mort, et ses plaintes qui retentissaient étaient comme des coups de poignards dans son cœur si abimé. Elle avait déjà tellement essayé de s'arrêter, mais elle commençait à se rendre compte que jamais elle n'y parviendrai. Grelotante, elle se laissa tomber dans la neige, Ichi toujours lové dans ses bras. Quelques discrètes larmes coulèrent doucement sur ses joues, dans le plus grand silence, et le petit chat noir lécha de sa petite langue rappeuse la main de sa maitresse.

Puis les deux êtres sursautèrent comme un, quand un horrible son tonna dans les airs. D'un bond, Haru se releva et observa les cieux qui semblaient être d'un blanc limpide. Une énorme bête pourvu de deux grandes ailes noirs passa, accompagné du tintamarre et du rire d'un petit être. Intriguée, la jeune femme sortie de sa cachette pour rejoindre des chemins plus communs.
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Sam 08 Déc 2012, 00:54

    Midi. Le soleil dardait comme à son habitude ses rayons de lumière sur l’immense étendue neigeuse qui recouvrait la montagne à la manière d’un manteau hivernal. La surface, lisse comme un miroir, laissait parfois émerger au creux de ses courbes des roches aux reliefs polis par l’usure et le temps. Le temps, quant à lui, semblait s’être arrêté. Pas un flocon ne tombait, pas une brise ne soufflait. Même les nuages avaient cessé leur course dans le ciel d’azur. Et pourtant, dans ce tableau idyllique aux airs de paradis, quelque chose clochait. Quelque chose de minuscule, d’agité, de nerveux, qui en batifolant innocemment dans la neige froissait sans le savoir la sérénité impériale des lieux. Un tout petit point rouge au sommet d’une dune blanche, à la queue touffue et aux moustaches fébriles.
    L’écureuil devait sûrement se demander ce qu’il pouvait bien faire là, au milieu de nulle part, loin de toute la végétation qui faisait son habitat. Pourtant, rien ne laissait paraître sa perplexité. Il semblait même tout à fait à son aise, lové dans le coussin duveteux que lui constituait la dune. Un écureuil des neiges ? Après tout, pourquoi pas ! Il existait des créatures bien plus fantastiques… Petit à petit cependant, l’animal devint frileux. Il se mit à éternuer, et à chacun de ses ébrouements, ses contours s’effaçaient l’espace d’une seconde. Ce petit manège dura quelques laborieuses minutes et soudainement, pouf ! Il disparut sans laisser de traces.

    Loumen manqua de proférer un juron. C’était la sixième fois que ça arrivait ! Qu’est-ce qui ne tournait pas rond avec sa magie ?! La jeune fille s’enfonça encore un peu plus dans le sol, dépitée. Allongée ventre à terre un peu plus loin, elle paraissait ne faire qu’un avec la neige, a demi camouflée par la crinière de nacre qui lui cascadait dans le dos. Ses sourcils étaient froncés en ce qui semblait être un effort de concentration intense. Finalement, elle lâcha un petit soupir et relâcha ses muscles ; aussitôt, le froid s’empara de son corps comme une seconde peau de givre. Travailler ses sorts à une température extrême faciliterait l’apprentissage… tu parles ! Ca ne marchait que pour les moines, ça ! La Bélua avait pourtant fait de son mieux ; arrivée à l’aube, modestement vêtue d’une toge de toile blanc, elle avait passée des heures en communion la plus totale avec la montagne – on ne pouvait pas l’être plus qu’elle, à moins de creuser, peut-être… -, à s’exercer à ce qui lui faisait piteusement défaut : la magie. Malheureusement, cela n’avait pas été concluant. Ses illusions ne tenaient pas plus de quelques minutes et ses boucliers cédaient à la moindre bourrasque. Il y avait tout de même eu quelques progrès ; auparavant, les pauvres animaux qu’elle tentait d’imaginer se matérialisaient sous la forme de simples esquisses en l’air. La jeune femme avait pourtant du potentiel. Le fait était qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de se tester, la magie étant strictement réservée aux plus haut placés dans sa Meute.
    Après les « évènements » de la Cité des Mirages, elle n’avait pas eu d’autres choix que de s’y mettre. D’autant plus que les pouvoirs qu’elle s’était découvert étaient prometteurs…
    En tout cas, c’était terminé pour aujourd’hui. Engourdie par le froid, Loumen se releva péniblement et s’épousseta du mieux qu’elle put. Sa robe était trempée et lui collait au corps. N’importe qui serait mort congelé à sa place, mais si elle pouvait remercier la Meute pour une chose, c’était bien pour l’avoir considérablement endurcie. Elle avait appris à ignorer les sensations de son corps en cas de situation extrême.

    D’ailleurs, elle était même de bonne humeur. Un sourire s’élargit sur ses lèvres quand elle prit le temps d’observer un instant le paysage de carte postale qui s’offrait à elle. Comment pouvait-on se plaindre quand on avait la chance de profiter d’un cadre pareil ? Soudainement revigorée, la furette fit quelques bonds dans la neige pour réveiller ses jambes et se mit en route. Elle aurait pu redescendre, mais le chemin du retour était long, et sans doute plus aisé à entreprendre avec quelque chose dans le ventre et une bonne nuit de sommeil. Elle ne doutait pas qu’un chalet l’accueillerait sans problèmes ; même un démon ne pourrait dire non à une frimousse aussi charmante – et aussi bleuie par le froid. Comment ? Partir dans les montagnes à moitié à poil, sans provisions ni tente pliable, irresponsable ? Non, si peu !

    Le vent commençait à se lever. La moindre brise provoquait un frisson sur l’échine de la jeune fille. Il lui fallait trouver un abri, et vite. Au bout d’un temps qui lui parut interminable, elle put apercevoir dans le ciel des volutes de fumée, bientôt suivis d’une cheminée. Le visage de Loumen s’éclaircit. C’était moins une… Trottinant gaiement jusqu’au seuil de la maison, l’image d’une soupe aux légumes bouillante lui mettant déjà l’eau à la bouche, elle stoppa net à l’entrée. La porte était entrouverte, et des traces de pas toutes fraîches quittaient le chalet pour se perdre au loin. Perplexe, la bélua hésita un instant, puis sans plus de gêne se glissa dans l’entrebâillement avant de refermer derrière elle. Le maître de maison devait être une vraie tête de linotte pour oublier de verrouiller sa propre porte… heureusement qu’elle avait agi avant que l’air de la montagne n’ait transformé son chalet en igloo ! Il ne lui en voudrait certainement pas si elle chipait quelque chose à grignoter avant de reprendre la route…
    La jeune femme constata avec plaisir que l’âtre était encore chaud ; il devait y avoir un feu très peu de temps auparavant, que le vent avait soufflé, sans doute… instantanément réchauffée, elle se mit en quête d’un en-cas quelconque.

    Elle sentit son odeur avant de le voir. Cette odeur qui avait malgré elle imprégné ses sens, tant elle était omniprésente au sein de la Meute. Elle réfréna de justesse un haut-le-cœur. Le corps en harpie de ce qui devait être un homme autrefois était agglutiné dans un coin du salon. Celui qui avait fait ça devait être un boucher ; c’était un vrai carnage. L’idée stupide de lui procurer les premiers soins lui vient instinctivement à l’esprit, qu’elle repoussa évidemment avec tristesse. Même un soigneur professionnel ne pouvait plus rien pour lui. Loumen soupira et hocha la tête. Elle n’avait plus qu’à se trouver un autre chalet, si elle en avait la force. Il n’était pas question de piller celui-ci…

    Un hurlement lui perça soudain les tympans. Elle se retourna, de justesse pour éviter un coup mortel. En une seconde, l’image s’imprima sur sa rétine : une femme, d’âge moyen, le visage déformé par la haine et les larmes brandissant une lampe au-dessus de sa tête.

    « - Pourquoi…. ! Pourquoi... ?! Mon Yvan… Mon Yvan… ! »


    De nouveau, la furette évita une attaque frontale. Les gestes de la femme étaient lents, lourds, saccadés à cause des sanglots qui lui agitaient les épaules. Une seule option s’imposait à Loumen : fuir. Il n’était pas question de blesser cette pauvre veuve… et il était trop dangereux de tenter de la raisonner. Rapidement, elle effectua une esquive sur la droite et enfonça la porte. Jamais elle ne pourrait la rattraper à la course. Sans réfléchir, elle se mit à suivre les traces de pas repérées plus tôt, tandis que les cris de la veuve se faisaient de plus en plus lointains.
    La jeune fille manqua bientôt de souffle ; l’adrénaline se dissipant, elle se retrouvait à nouveau à jeûne et plus exténuée encore qu’auparavant. Elle dût ralentir le rythme, mais continua de suivre les pas dans la neige. Ils conduisaient sûrement au véritable assassin… pourtant, cela ne l’effrayait pas spécialement. Au moins, elle avait un chemin à suivre.

    Quelle ne fût pas sa surprise quand se profila à l’horizon la silhouette d’une fragile jeune fille… accroupie dans la neige, en proie à d’obscures angoisses. Soucieuse de ne pas l’effrayer, la bélua s’approcha avec une lenteur extrême, enfonçant le plus doucement possible ses pieds dans la neige caoutchouteuse. Un rocher émergeait du sol à quelques mètres seulement de la silhouette ; elle s’y cacha, le temps d’observer plus en détails l’inconnue.

    Outre sa beauté sombre, il se dégageait d’elle une douceur et une fragilité déconcertantes. Dans ce paysage désertique, elle était comme une fleur déracinée. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire là ? Ce n’était pas la meurtrière, ça, c’était certain… pourtant les pas menaient directement à elle. Avait-elle fait la macabre découverte, elle aussi ? Avait-elle été victime ? La tête de la jeune femme bouillonnait de questions, mais elle n’osait se découvrir. Être témoin des larmes de cette étrange inconnue lui imposait une sorte de retenue… comme si elle avait violé son intimité.

    Pour la deuxième fois dans la journée, un terrible son lui perça les tympans, et elle manqua de hurler à mon tour. Une créature venait d’assombrir le ciel ; et elle portait sur son dos un être humain. Un peu paniquée, jetant un coup d’œil derrière la roche, Loumen constata que l’inconnue s’était levée. N’y tenant plus, elle bondit hors de sa cachette.

    « - Attends… ! Ne pars pas seule. C’est très dangereux par ici… un homme s’est fait massacrer dans le chalet non loin d’ici… et maintenant cette créature… la bélua pointa le ciel du doigt. Peut-être même que tout ça est lié… est-ce qu’on t’a fait du mal ? Quoiqu’il en soit, ne te promène pas comme ça, à la vue de tous. Elle sourit naïvement. Mais ne t’inquiètes pas, je suis là maintenant. Ca va aller. »

    Elle n’avait pu s’empêcher d’ajouter ces quelques phrases de consolation. C’était un peu ridicule et tout à fait inutile, elle le savait ; mais les mots étaient sortis tous seuls de sa bouche. Après tout, elle ne connaissait rien de cette fille… mais quelque chose tout au fond de son être lui hurlait de la protéger, aussi stupide que ça pouvait paraître.
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Sam 15 Déc 2012, 00:00

    Tête légèrement courbée vers les cieux, Haru avançait lentement sur le tapis neigeux en contemplant l'étrange créature ailée et son drôle de maître s'éloigner à vive allure dans l'épais voile blanc, jusqu'à devenir une infime tâche sur la ligne d'horizon. Durant de longues secondes, la déchue continua son chemin, petite poupée brisée frêle et fragile qui peinait à faire quelques pas. Et tandis qu'elle se perdait dans le paysage hivernal à chercher des yeux la chose qui venait de passer pour disparaître aussitôt, ses genoux cédèrent et elle s'effondra au sol comme un être de chiffon. La robe courte et légère qu'elle portait ne recouvrait que peu ses fines jambes blanches, offertes au gel. Tremblante et frigorifiée, Haru serra contre son épaule Ichi qui miaulait doucement en se frottant contre sa peau, tandis que de sa main libre, elle entortillait, mal à l'aise, quelques longues mèches sombres autour de ses longs doigts pâles. Une voix parvint vaguement à ses oreilles, mais la jeune femme entendait les mots sans réellement les comprendre. Ses grands yeux roses rivés au sol, elle songea à sa misérable existence, qui ne se définissait plus qu'aujourd'hui à ses vices et ses crimes. Parviendrait-elle un jour à son but, à redevenir ce qu'elle était autrefois ? Si elle y aspirait ardemment, elle devait bien se rendre à la cruelle évidence qu'était qu'elle ne pouvait s'empêcher de commettre quotidiennement ses méfaits. Pas une journée ne se passait sans qu'elle succombe aux plaisirs de la chair dans les bras d'un illustre inconnu de préférence marié, qu'elle égorgeait de sans froid dans ses draps avant de s'évaporer comme de la fumée, laissant le cadavre du mari infidèle à la vue de sa femme éplorée. Une fois n'est pas coutume, elle s'était adonnée comme toujours, un peu plus tôt dans la matinée, à son macabre rituel. Et comme à chaque fois, elle regrettait amèrement. Dans son esprit résonnait encore le râle de l'homme qui rendait son dernier souffle dans la violence, et les hurlements de peines et de souffrances de la nouvelle veuve éplorée. Et encore, celle-ci ne devait pas avoir compris que son cher et tendre s'en était allé en plonger dans bien des plaisirs et qu'il avait sourit de posséder un ange avant que la belle créature en finisse avec lui. La démone tapie au fin fond des méandres de son esprit malade rit, satisfaite, alors que Haru essuyait inconsciemment les larmes discrètes qui coulaient sur ses joues rosies par les températures extrêmes.

    Mais pourtant, qu'elle désirait redevenir la créature pure et céleste d'avant. Cela semblait peine perdue. Qu'importe, elle continuerait à espérer et à tenter. Troublée, elle releva la tête pour poser ses immenses yeux clairs sur la silhouette blanche d'une petite demoiselle. Haru pencha la tête sur le côté, laissant glisser ses cheveux noirs de ses épaules nues. La voix, bien sûr. Elle n'était pas sortie des limbes. Sans dire un mot, son visage lisse dénué de la moindre expression, elle dévisagea la jeune inconnue qui lui faisait face. Petite et svelte, elle ne semblait guère avoir plus de quinze ou seize ans. Mais la déchue se méfiait des apparences, puisqu'elle était elle-même le parfaite exemple du Mal et de la fourberie qui se cachaient sous d'adorables traits. Mais la jeune fille aussi blanche que les environs avaient des traits plutôt enfantins, encore emprunts de jeunesse, un regard à l'éclat espiègle et ouvert, et un corps de demoiselle à peine sortie de l'adolescence. Ainsi, Haru supposa qu'elle était plutôt jeune. A moins qu'elle soit figée dans une apparence juvénile ou qu'elle puisse changer son physique à sa guise pour mieux tromper. La déchue songea un instant à sa propre aura, celle qu'elle dégageait. Il semblait qu'elle avait des allures fleur bleu, de princesse en détresse, de belle oiseau à protéger. Elle aussi avait des traits particuliers, qui faisait qu'on avait tendance à la croire moins âgé que l'âge à lequel elle était morte il y a plus d'un siècle. Mais son corps était celui d'une femme, pourvue de tout les appâts.

    Haru passa doucement ses doigts sur ses yeux, encore dans un état de choc, tentant de se rappeler ce que l'étrangère avait dit. De longs instants s'écoulèrent avant qu'elle n'entrouvre ses lèvres pour prononcer dans un murmure, de sa voix douce et claire comme du cristal : « Je... J'ai vu... l'homme» ses intonations moururent. Elle était l'une des meilleurs menteuses qu'il puisse exister, et cela, à cause de ses problèmes psychologiques. « La femme... était en furie... elle hurlait... Je voulais aider... Mais j'ai eu peur ...» Et le pire dans ses paroles étaient qu'en réalité, elle ne mentait pas tant que ça. Elle ne disait simplement pas tout. Elle hésite tout de même sur la suite. Lui avait-on fait du mal? Oui. Tout les hommes de ce monde. Jamais elle n'avait du faire beaucoup d'efforts pour qu'un homme l’entraîne dans sa demeure pour s'amuser un peu. Leur perversité la répugnait. C'était un homme qui avait détruit sa vie à l'origine, et qui y avait mis un terme. Elle hocha cependant vivement la tête négativement. « Ça va... Je n'ai rien.» Pourtant, son corps et ses yeux hurlaient le contraire. Elle tourna la tête vers un pic, là où elle avait vu s'envoler les drôles d'oiseaux. « Peut-être... En tout cas... Ils sont vraiment... bizarres.» Et ils n'inspiraient rien de bon à la demoiselle qui se releva lentement, les jambes tremblantes, sans lâcher Ichi lové dans ses bras. « Mais... j'irais bien jeter un petit coup d'œil... ils... je... c'est...» Elle abandonna, dans un état trop lamentable pour parvenir à dire trois mots d'affilés, elle cache son visage dans sa main en étouffant un sanglot.
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Ven 21 Déc 2012, 14:39

    L’étrangère semblait perdue dans ses chimères ; ses yeux, errant dans le vague, tremblait d’émotions abyssales et indicibles qui plongeaient la bélua dans une étrange contemplation. Elle se sentait comme une intruse face à la détresse de cette drôle de poupée d’argile. Cette dernière n’avait pas réagi à la présence de Loumen. Devait-elle répéter la question ? Se rapprocher, lui toucher l’épaule ? Peut-être n’était-elle pas en état de répondre… ses membres ne cessaient de s’entrechoquer, comme si le froid avait refermé sa main de glace sur elle. Ce n’était pas tellement étonnant ; elle n’était pas vêtue plus chaudement que la bélua, sinon moins. Si celle-ci résistait bien aux températures extrêmes, il n’en était pas de même pour tout le monde, pour qui elles étaient même mortelles. L’étrangère s’était peut-être écroulée là, sans forces, et elle avait besoin d’aide. Et dans ces lieux reculés, Loumen était la seule à pouvoir lui être d’un quelconque secours.
    La demoiselle pourtant, d’habitude tellement sans-gêne, ressentait un profond malaise à l’idée de pénétrer dans la bulle de la jeune femme. Un instant, l’idée de l’abandonner là et de partir en courant lui traversa l’esprit. Elle était affamée, frigorifiée et encore un peu effrayée du spectacle auquel elle avait assisté ; alors que le meurtrier traînait sûrement encore dans les parages, elle se retrouvait à devoir s’occuper d’une inconnue mutique qui ne lui avait rien demandé. Après tout, rien ne la retenait ici, si ce n’était ses propres scrupules. Mais elle resta là, inerte, patiente. Intégralement couverte de blanc, elle ressemblait à une statue de glace sculptée, bibelot singulièrement raffiné dans ce paysage vide et dépouillé.
    Les minutes s’avérèrent durer une éternité. Le silence, lourd comme du plomb, ne laissait deviner que le soufflement du vent qui s’était levé et raffermissait son manteau de gel sur la montagne. Ce n’est qu’au moment où elle sentait ses forces l’abandonner que la belle rejeta sa chevelure en arrière et épingla la jeune fille de son regard rosé.

    Son visage ressemblait à un masque de pierre blanche. Lisse, impénétrable, imperturbable. Pourtant, il y avait quelque chose en elle qui ne trompait pas sur son état des plus misérables. Aussitôt, une honte implacable s’abattit sur les épaules de Loumen, elle qui avait osé envisager la délaisser pour éviter l’embarras. L’étrangère semblait plus perdue que jamais. Elle se tâta les paupières, comme pour se réveiller d’un mauvais rêve ou se souvenir de quelque chose qui lui échappait, et contre toute attente, finit par ouvrir des lèvres tremblotantes. Loumen dut s’agenouiller à même le sol pour intercepter ses quelques mots bredouillés. Une fois de plus, ses genoux se retrouvèrent trempés mais elle n’y prit même pas garde, trop concentrée sur les timides paroles de l’inconnue.

    Sa voix, bien que douce comme les sons d’un carillon – pouvait-il en être autrement lorsqu’on avait un minois aussi angélique ?-, était hachée et éteinte.
    Elle avait vu le meurtrier. Elle aussi s’était faite agressé par la veuve. Pauvre créature… bien qu’elle disait le contraire, elle avait l’air traumatisé au plus haut point. Disait-elle seulement la vérité ? Mue par une impulsion, la furette l’entoura de ses bras frêles et la serra contre elle. Ne prêtant pas attention aux larmes chaudes qui coulaient dans son cou, elle caressa d’une main les cheveux ébène de la jeune fille pendant quelques secondes dans l’espoir que ce simple geste puisse lui apporter du réconfort. Un peu de chaleur humaine ne pouvait pas faire de mal. Elle ne devait pas laisser la tristesse de quelqu’un l’influencer. Sa joie était sa force, ce qui lui permettait de tenir dans ce monde hostile. Il lui fallait faire retrouver le sourire à cette fille avant que son cœur ne se retrouve à son tour entaché.
    Quelque chose se mit soudain à gigoter contre son sein, et une petite tête sombre se glissa entre les deux jeunes filles. Loumen se retira, surprise. Un petit chaton aux grands yeux bleus la fixait. Lui aussi avait froid, et exprimait comme il le pouvait sa méfiance envers cette drôle d’adolescente au poil hirsute qui venait de se coller contre lui et sa maîtresse.
    La furette sourit, et lui tendit une main assurée afin qu’il la renifle. Son attention se recentra néanmoins sur la demoiselle, qui affichait toujours une mine des plus angoissées.

    « - Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Nous ne sommes pas de taille à affronter qui que ce soit, dans notre état… »

    Elle lui prit une main entre les siennes, comme pour la rassurer.

    « - Si nous rentrions ensemble, plutôt ? Il nous suffit de faire un détour pour éviter le chalet, et de nous trouver un endroit où nous reposer au chaud et au calme. Tu pourras me raconter ce qu’il t’est arrivé, et… »

    A nouveau, le bruit terrible tonna de nouveau dans le ciel nu. Cette fois-ci, il s’étira en échos de plus en plus puissants, comme s’il était tout près. En effet, peu après, la silhouette du destrier ailé les inonda de son ombre gigantesque. Il avait repéré les deux jeunes femmes plantées au milieu de nulle part et se mit à faire des figures aériennes sans s’arrêter de pousser ce qui semblait être d’étranges hurlements.
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Dim 03 Fév 2013, 14:35

    Un leurre bien cruel que l’apparente pureté de cette poupée fragile et brisée. La délicatesse de sa silhouette et ses traits angéliques n'avaient d'égal que dans la noirceur et la démence de son âme trouble et malade. Mais comment douter d'un tel visage doux et immaculé d'où coulaient quelques larmes à faire plier les cœurs les plus durs ? C'était l'innocence même qui avait dû la dessiner, et à n'en pas douter, elle avait sublimer son œuvre de candeur et de sincérité. Ange tombée du ciel, il naîtra de ses actes les ténèbres les plus sombres, et sur son funeste chemin elle laisserait derrière elle les cadavres ensanglantées des hommes qui pendant une nuit l'avaient aimé et leur veuves éplorées. Mal et folie avaient trouvé en Haru le masque parfait de la bonté et de la clarté. Une apparence de vertu pour des crimes et des vices. Le monstre riait, heureux et satisfait, et la fée, l'ange d'autrefois continuaient à pleurer et à se lamenter dans quelques plaintes sourdes et ténues, étouffées par toute l'horreur de ces gestes.

    A présent silencieuse, Haru se contentait d'observer cette étrange demoiselle aussi vive et joyeuse qu'elle était triste et mélancolique. Des contraires en tout point. Mais elle était belle. Un simple sourire sur les lèvres, bienveillant, pouvait transformer un visage, le faisait passer d'agréable à regarder ou adorable à rayonnant et radieux. Son étonnante chevelure blanche se fondait dans les paysages, et représentait encore pour la Déchue un symbole, puisque après tout, la sienne était aussi sombre que l'encre. Et cette drôle de demoiselle était gentille, c'était une évidence. Trompée par la Déchue, elle tâchait tant bien que mal de réconforter et de venir en aide au bourreau de tant d'hommes, sans le savoir, bien entendu. Peut-être que dans ses pensées, elle reconstituait les événements selon les conclusions qu'elle tirait, et très certainement, elle se fourvoyait complètement. Ses grands yeux roses baissés sur le tapis neigeux, Haru se sentait honteuse et peinant à savoir ce qu'il convenait de faire dans pareille situation. Mais elle n'eut pas le loisir de se pencher sur la question. Dans un hoquet de surprise, elle vit et sentit la jeune étrangère qui la prenait dans ses bras. Affection inattendue d'une illustre inconnue qui croyait bien faire et cherchait à remonter le moral de quelqu'un dont elle ne savait rien. Elle lui caressait les cheveux avec délicatesse, comme on ferait avec un enfant prit de quelques peines. La jeune déchue n'avait guère l'habitude de ce genre de choses. Elle n'avait que très peu de contact avec la gente féminine et en ce qui concernait les hommes, les étreintes se terminaient assez mal pour eux.

    Cette chaleur faisait pourtant un bien fou, comme un poids en moins sur le cœur. Ichi ne tarda pourtant pas à se manifester, peu enthousiaste à ce qu'on l'étouffe de la sorte, il se dégagea en quelques coups de patte en poussait deux ou trois miaulements aiguës. Voyant la main qu'on lui tendit, il fit quelques petits pas sur la jambes d'Haru pour venir renifler les doigts avec méfiance. « Je … Attention... Il ...» voulut avertir la demoiselle de sa voix douce et hésitante. Mais elle n'eut pas le temps de se lancer dans de plus vastes explications. Le chaton, qui avait sûrement froid, éternua doucement. Mais le petit ne contrôlait pas son pouvoir et des flammes jaillirent de sa gueule pour s'élancer sur la main de l'étrangère. Ce n'était pas un gros feu, par chance, et au moins aurait-ce le mérite de réchauffer cette gentille personne.

    Haru passa doucement une main dans ses cheveux sombres pour écarter quelques mèches qu'elle plaça derrière son oreille. Les jambes tremblantes, elle se releva lentement, encore vacillante, et entrouvrit les lèvres pour répondre. Mais elle fut coupée par de terribles grondements. Mal à l'aise, d'autant plus que ce monstre les survolait avec insistance, elle effleura l'épaule de la jeune femme pour attirer son attention et se pencha près d'elle pour qu'elle puisse entendre ces quelques paroles:

    « Tu as raison. Partons, partons, je ne veux pas rester ici. Cette chose pourrait nous attaquer, nous ne sommes de toute évidence pas les bienvenues. Partons.» Elle avait bien envie de trouver un abris pour se reposer un peu, à l’abri des veuves en furie et des bêtes d'outre tombe. Elle prit rapidement Ichi dans ses bras pour le blottir contre elle et laissa son regard fuir dans les environs, jusqu'à dénicher au loin ce qui devait être une grotte. « Là-bas?» Voir l'ombre de la chose sur elle n'était guère rassurant, et ces bruits assourdissants se faisaient de plus en plus insistants. Sans crier gare, la créature ailée fondit sur les deux demoiselles, effleurant de ses ailes la neige. Pour échapper à cette attaque soudaine, il suffisait de se baisser, mais le message était assez clair. Et alors que des rires résonnaient, Haru se mit à courir vers l'abri de fortune.

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L'écho des craintes - PV Loumen

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