« Tu oublis sans doute qui je suis Jun. »

C'était les mots que Mitsuko avait murmuré en me regardant droit dans les yeux lorsque je lui avais proposé de danser avec moi. En fait, nous étions en train de discuter comme à notre habitude quand une idée m'était venue : celle de danser avec la déesse. Je l'avais déjà vu exécuter un strip tease lors du mariage de Lison mais je devais avouer qu'il ne faisait aucun doute que je me délectais d'avance de ce que nos deux corps ensembles pouvaient donner dans une danse endiablée. J'avais trop longtemps été le spectateur de spectacles dans lesquels le corps de Mitsuko bougeait en rythme avec un autre homme et le simple fait d'y penser m'énervait. Je me rappelais du tango qu'elle avait dansé avec Orion, ce magicien qui avait su susciter en elle un intérêt vif, je me rappelais de ses jeux de cache cache avec Vlad, de sa passion maladive envers Dante dans le jeu de savoir qui tuerait l'autre en premier. Bien entendu, ce n'était en rien comparables à de la danse mais l'excitation qui en avait résulté était quant à elle bien réelle. Je ne souhaitais plus être celui qui observe, je souhaitais être celui qui agit. D'un mouvement brusque j'attirai alors Mitsuko vers moi, mes deux mains sur ses hanches. Je la regardai alors dans les yeux d'un sourire assuré et clairement moqueur :

« Tu es la descendante d'une reine du mal, une femme qui, elle, contrairement à toi, acceptait de toucher les hommes. »

Je lui parlais plutôt sèchement, sachant pertinemment que l'heure n'était plus aux mots doux. Car si je voulais obtenir ce que je voulais d'elle, je ne devais pas lui être soumis, bien que sa puissance magique soit nettement supérieure à la mienne. Mais je connaissais assez Mitsuko pour savoir que seuls les mots comptaient pour elle et qu'un combat verbal la stimulait beaucoup plus qu'un combat magique ou physique. Ses mains glissèrent alors sur mon torse et d'une force que beaucoup ne l'auraient pas cru capable, elle me repoussa avec brutalité, un sourire étrange sur les lèvres.

« Peut-être n'es-tu pas à la hauteur de mes attentes? »

« Ou peut-être es tu frigide? »

Mes sourcils s'étaient levés, alors que je répondais rapidement et ne lui laissant aucun répit. Elle leva à son tour ses sourcils avant de me faire une réflexion qui me fit sourire :

« C'est moi où ta transformation en sorcier n'a fait qu'augmenter ton ego de façon disproportionnée? »

« Ou peut-être suis-je pleinement conscient de mes capacités à présent? »

« Tu as cas aller tester ces fameuses capacités sur une autre femme que moi. »

« Je pourrai mais ce soir, c'est toi que je veux. »

« Seulement ce soir? »

Elle avait pris un air faussement étonné et nous jouions nos rôles parfaitement. Je la regardais des pieds à la tête, toujours aussi élégante, même un peu trop à mon goût. Je m'approchais d'elle de nouveau, m'agenouillant devant cette femme magnifique sans même la regarder, admirant seulement la forme de ses jambes qui se dessinaient sous la robe rouge qu'elle portait. Je finis par toucher sa robe, caressant en même temps ses cuisses avant de la regarder fixement :

« Peut-être bien... »

D'un coup sec, je tirai sur le vêtement qui ne résista pas à deux pressions contraires et céda. Ainsi, l'une des cuisses de la jeune femme était à présent dévoilée pour le plus grand plaisir de mes yeux. Je lui pris doucement la cuisse tout en me relevant, collant soudainement cette dernière contre moi.

« Mais peu importe, car de toute façon, tu ne me donneras pas ce que je veux, d'autant plus si je te le demande. »

Elle me sourit, passant ses bras autour de mon cou, se collant totalement à moi. Elle avait changé d'attitude, s'approchant de mon oreille avec sa bouche, la mordillant sensuellement avant de chuchoter d'un souffle chaud :

« Et si je changeais d'avis justement? »

« Pourquoi ferais-tu une telle chose? »

Sa voix se faisait féline. A ce moment là, elle ressemblait vraiment à son ancêtre, telle un serpent entourant doucement sa proie pour ne lui laisser au final aucune chance. L'une de ses mains remonta le long de ma nuque, caressant mes cheveux en les tirant légèrement en arrière. Les sensations étaient agréables, j'aurai voulu qu'elle continue toujours, que nos deux corps soient encore plus proches. Elle glissa ses doigts fins dans mon cou, le caressant du bout des ongles délicatement et réussissant à m'arracher un frisson.

« Eh bien tu es un homme séduisant, attirant...il faudrait être folle pour ne point te céder... »

J'attrapais alors ses deux mains, la forçant à lâcher mon corps et la poussant en arrière. Les muscles de la jambe qui entourait ma taille se contractèrent afin d'empêcher la chute de sa propriétaire. Ma main vint saisir le tissu de la robe au niveau de la taille pour la retenir. J'avais une vue imprenable sur son corps et je finis par lui rappeler un petit détail :

« Mitsuko, ne crois pas être la plus forte. Mon corps agit comme celui d'un homme mais mon esprit n'est pas dupe de tes supercheries. Je te connais bien plus que n'importe qui... »

Se redressant élégamment, elle s'éloigna de moi, me forçant une nouvelle fois à la lâcher. Nous étions maintenant à un mètre l'un de l'autre, nos regards pourtant si proches, nos esprits en parfaite communion. Elle ne cessait de sourire et même si le défi était de taille, je ne souhaitais pas la laisser gagner ce soir. Elle me narguait, je le savais :

« Peut-être qu'à force d'être certain de me connaître, tu finiras par te noyer dans cette connaissance... »

« Je ne demande qu'à voir... »

« Ouvres bien les yeux alors. »

A vrai dire, nous n'avions même pas commencé à danser, ne faisant que parler depuis quinze bonnes minutes. La maîtresse des lieux frappa donc dans ses mains à l'adresse des musiciens fantômes qui n'attendaient que le signal pour commencer à jouer. La mélodie ne tarda pas à s'élever, rauque, lente au début. Nos deux corps se tournèrent autour un bon moment sans se toucher. J'étais hypnotisée par la femme qui était en face de moi sans vouloir le lui montrer. Je cachais fort bien mon jeu, même si je la désirai éperdument depuis des années. Elle en était consciente, et elle se plaisait à en jouer. Elle finit par se rapprocher de moi, me caressant les bras avec ses mains, remontant vers mon cou, parcourant mon torse tout en bougeant les hanches au rythme de la musique qui s'était accélérée. Je ne la laisserai pas se jouer de moi ainsi. Je la tirai de nouveau vers moi, caressant ses arrières cuisses avant de remonter vers ses fesses puis enlaçant sa taille que je maintenais fermement contre moi. Je la relâchais ensuite, la faisant tourner sur elle-même, un simple demi-cercle qui eut pour conséquence un tout autre contact entre nos corps. Je pouvais sentir le parfum qui émanait de ses cheveux comme un élixir d'amour qui aurait été mis là pour me faire succomber à ses charmes. Je sentais l'arrondis de ses fesses contre mon bassin. Il n'y avait aucun tabou, nos corps, nous les connaissions par cœur. Je caressais ses cuisses, son ventre tout en exécutant les pas qui sciaient parfaitement avec la musique. Nous nous rapprochions d'un mur contre lequel elle choisit de coller son dos, me faisant de nouveau face. J'avais une impression de domination certaine sur cette femme qui était coincée entre le mur et mon corps. Je caressais ses cheveux doucement, rapprochant mes lèvres des siennes d'un air intéressé, sachant pertinemment ce qui allait se passer. Mitsuko détourna la tête, mon baiser s’immisçant au creux de son cou. Je voyais sa peau se crisper sous l'effet de ce geste. Je la connaissais par cœur, ses envies, les points sensibles de son anatomie. J'avais envi d'elle, ma respiration s'accélérant sous le coup des mouvements de la danse et de l'excitation. Elle me regardait alors, ses yeux brillants de mille feux avant de me souffler entre deux respirations :

« Jun...j'ai envi de toi... »

Elle paraissait si sincère et je savais qu'elle disait la vérité, mais chez Mitsuko, la vérité n'était surement pas ce que certains imaginaient. D'un mouvement vif, je la soulevais du sol, ses deux jambes venant s'enrouler autour de mon bassin alors que son dos était collé au mur. J'embrassais son cou, la mordillant ici et là, jouant avec ma langue doucement. Elle me tira une nouvelle fois les cheveux en arrière, m'obligeant à arrêter ce que je faisais.

« Demain, on trouvera un tout autre jeu. Mais celui-ci est terminé, tout comme la musique nous accompagnant. »

A ce moment précis, les musiciens cessèrent de jouer le morceau qui avait guidé nos pas à la perfection. La jeune femme que je tenais dans mes bras disparut pour réapparaître en haut de l'escalier de la salle de bal. Elle me sourit d'un air victorieux :

« Bonne nuit Jun, fais de beaux rêves, et n'oublies plus à l'avenir qui je suis. »

Je souriais à mon tour, ne lui laissant pas le loisir de penser un seul instant qu'elle avait gagné ce duel :

« Je le sais, je souhaitais juste observer tes réactions. Et j'ai eu ce que je voulais. Bonne nuit à toi aussi. »

Elle me tourna alors le dos, son éternel sourire aux lèvres. La silhouette de la femme ne tarda pas à disparaître dans le couloir, me laissant seul dans la salle de bal. Ce qu'elle pouvait m'énerver parfois...