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 L'amour est enfant de Bohème, il n'a jamais connu de loi.

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Sam 16 Juil 2011, 18:08

    With Elena Swann

    L'interprétation d'un rêve n'a rien de scientifique dit-on, l'esprit occultant tant de mystères qu'il serait sot de prétendre tous les délier jusqu'à comprendre les tréfonds de son subconscient en proie aux désires. Les rêves sont le gagne-pain des génies, c'est ce qui inspire les désespérés et font de parfaites victimes, affaiblie par l'impatience de voir la lumière revenir alors que l'éclipse demeure seule maitresse de leur triste et minable vie.

    Puis, depuis peu, bien plus de rêves. Phénomène relatant les excès de pouvoirs de Delix j’imaginais, tout le monde avait comme eu bien pire que ce malade arrive à ses fins. Quant à moi, je vivais dans le doute de ces derniers temps. Deux fois que je rencontrai Elena et deux fois qu'elle m'échappait comme le sable au creux de ma main. Un fantôme ? J'étais pourtant certain d'être capable de pouvoir la toucher, l'enlacer même, sentir son souffle, ses griffes de ma peau, cette fauve d'une nuit qui m'intriguait et m’obnubilait encore. Elle m'apparaissait vive, son souvenir n’explosait presque au visage, douce et violente, elle s'en allait comme elle était venue et me laissait seul face aux ombres. Elle était pourtant là, en pleine montagne, luttant contre les anges de glace de Delix, je pouvais sentir le poids brûlant de son regard posé sur moi, sa voix d'altos entre tout et rien, indéchiffrable où chacune de ses respirations était ressentie. Je le savais auprès de moi et pourtant, elle ne laissait qu'un peu plus de vent d'un instant à l'autre.

    J'avais-je finalement rêvé ? J'aurais tant voulu alors, encore rêver. Un ange dont la pureté n'est que du passé, dont le présent est un combat et dont l'avenir n'est qu'incertitude. Oui, cette ange bénit des enfers et rejeté par ce ciel que l'on disait miséricordieux, mais où étais-tu Elena ? Je ne te cherchais pas mais au fonds de moi, j'espérais te recroiser, par un heureux hasard que personne n'aurait décidé pour nous, enfants du destin.

    Et puis enfin, ma conscience s'en allait à s'endormir, pas mon corps, juste mon esprit. Sans prétentions qu'un bateau ne chavire encore vers le fonds des océans et que je puisse enfin comprendre qui elle avait été, un jour passé.

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Mer 27 Juil 2011, 17:30

    C’était un rêve, le plus beau des rêves... Une vérité établie dit que les rêves ne sont rien d’autre que le reflet de notre subconscient, la réalité serait en effet bien plus cruelle. La vie serait ainsi comme une rose dont chaque pétale est le plus doux des rêves et chaque épine une réalité cinglante. Et pourtant, que sait-on réellement des méandres de l’esprit ? On pourrait s’imaginer que la réalité est autre que celle que l’on pense, qu’elle se trouve au contraire, de l’autre côté et que tout ce que l’on est n’est que le reflet, une pâle imitation du monde réel. Ainsi la vie entière ne serait qu’un mensonge destiné à nous tromper, à troubler notre âme. Une mise à l’épreuve peut être ? Mais qui donc serait alors à l’origine d’une telle imposture ? Ainsi l’on cherche, l’on se bat pour comprendre le sens de cette vie que l’on qualifie de cadeau, on cherche jusqu’à en perdre la raison, on s’éloigne petit à petit de sa nature profonde jusqu’à l’oublier et on finit par se perdre, chaque réponse faisant naître tant de nouvelles questions que l’on se dit qu’il aurait peut-être été préférable de ne pas chercher du tout.

    ~*~

    Les paupières d’Elena s’ouvrirent doucement, ses yeux d’un bleu le plus pâle qui soit se retrouvant à fixer une porte au loin. Elle tourna la tête, prenant le temps d’observer le lieu dans lequel elle se trouvait. Un simple couloir sombre et vide au bout duquel se trouvait une porte qui semblait appeler la jeune femme. Cette dernière n’avait aucune idée de la manière dont elle s’était retrouvée ici et peut être que le plus judicieux pour le moment était de ne pas chercher à comprendre. Après tout, il y avait une raison à toute chose et elle allait finir par découvrir ce qui l’avait amenée ici. En attendant, elle se devait d’aller vers cette porte qui, de manière indescriptible semblait elle-même vouloir que l’on l’ouvre. Elena se mit alors en marche, d’un pas lent, le bas de sa robe noire et légère glissant gracieusement sur le sol. Une fois arrivée face à cette porte si mystérieuse, elle posa sa main pâle et glacée sur la poignée, la tournant délicatement avant de l’ouvrir. Elle se retrouva aussitôt aveuglée par une lumière éclatante tandis qu’une brise légère soufflait sur son visage, écartant les quelques mèches de ses cheveux d’ébène qui s’étaient posées sur ses joues. Plissant les yeux pour les laisser s’habituer à la lumière du soleil, elle ne sut pas de suite où elle se trouvait. Elle sentit juste des grains de sable recouvrir ses pieds nus tandis que ses poumons aspiraient un air frais auquel ils n’étaient plus habitués depuis longtemps.

    Essayant d’entrouvrir les yeux, la jeune femme parvint à distinguer une silhouette. A ce moment précis plus rien n’avait d’importance, elle savait juste qu’elle se devait d’aller vers cet être dont elle ignorait pourtant l’identité. Et plus elle se rapprochait, plus elle arrivait à discerner les traits de son visage aux yeux bleus comme l’océan, ce même bleu qui caractérisait sa chevelure. Etait-ce vraiment lui ? La déchue ne s’arrêta de marcher que lorsqu’elle se retrouva assez près de lui pour sentir sa respiration. Il se passa alors quelques minutes avant qu’elle ne dise quelque chose, ses yeux le regardant sans cligner. Puis elle finit par prendre la parole d’une voix silencieuse mais pas assez pour qu’il ne l’entende pas.

    -Naram, dit-elle dans un souffle froid.

    Puis elle se tut, comme si cette seule et unique parole suffisait amplement. Un rêve ? Certainement. Et pourtant, tout semblait si réel qu’il était plus que facile de se méprendre…



Spoiler:
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Mer 27 Juil 2011, 19:47

    Spoiler:




    Cet endroit était d'un particulier que ne comprenait pas Naram. Lui si habitué à plonger tout un monde dans les bras de Morphée, il était toujours maître des paysages artificiels qu'il avait pré créé pour bercer sa victime dans de précieux rêves de papier mâché. Et pourtant. Pour la première fois de sa vie, il ne savait pas où il était. Perdu, il cherchait à comprendre, regardant, naïf, partout où ses yeux voulaient bien se porter, dans la lumière aveuglante comme dans l'ombre rassurante. Une brise fraiche comme un tendre baiser sur sa joue se déposait, les vagues venaient mourir à ses pieds comme les touches d'un piano qu'on relâchaient du doigt, l'écume formant une bulle qui semblait emprisonner la conscience de Naram. Il était seul face à l'immensité. Rêver ? Non. Les génies n'avaient pas le droit de rêver, ils ne faisaient que fermer les yeux mais jamais, ils ne s'endormaient. Alors que lui arrivait-il ? Et s'il y avait eu une exception dans les règles inviolables de la nature. Il était incapable de vraiment y réfléchir car il trouvait plaisant tant de calme, une harmonie trop belle pour être réelle, sentant chaque grain de sable sous ses pieds nus.

    Il finit même par se plaire à se susurrer à lui même que sous ses pieds reposait chaque seconde du temps qui s'était écoulé depuis sa naissance et les yeux d'un seul homme n'aurait suffi à apercevoir la fin de cette plage qui s’étendait à l'horizon... à l'infinie de notre imagination. Seul, face au vent, face au temps, qu'il était bon de n'avoir à supporter on ne savait quel malheureux que le sort avait, une fois encore, prit pour jouet, entrain de se plaindre que la neige était trop froide ou la vie, trop triste. Qu'il était bon de ne voir que la nature répéter les mêmes enchainements : un tambourinement des vagues qui reposait l'esprit. Seulement Naram sentait en lui le manque dicté par un cœur qui ne battait plus en lui depuis bien longtemps. Perdu à l'extérieur comme à l'intérieur, la bulle de l'écume se fit sournoisement plus vaste et le génie cru presque en sa mort pour se voir victime d'un tel miracle. Ô s'il rêvait alors peut-être que des désirs enfuis se réveilleraient, peut-être même des souvenirs et ça, il le désirait plus que la vie.

    C'était ainsi en cet endroit indescriptible représentant tout ce que Naram avait toujours été : une mer calme, qu'il finit presque par sourire, un réel sourire, où il appréciait l'instant, y prenant presque.. plaisir ? Un plaisir contemplatif où il ne détruirait rien, ne ferait du mal à personne, où il ne cherchait ni haine, ni violence. C'était ainsi qu'il entendu un appel venant du plus profond de son être, un appel d'une femme à qui il pensait parfois, certains soirs alors que la bougie allait s'éteindre, que la cire brûlait ses doigts mais qu'il s'en fichait. Cette femme qu'il voyait apparaitre et disparaitre, insaisissable, lui faisait face. Se retournant brusquement, il la dévisagea et l'idée si simple qu'il s'agissait d'Elena se confirma dans son esprit. Il se promettait que cette fois, elle ne lui échapperait pas, elle ne réussirait pas à disparaitre. Le destin était farceur, ne faisait que jouer avec les fantômes mais Naram n'était pas dupe et il était intrigué par cette femme, si mystérieuse, ô elle avait bien d'autres charmes mais c'était bien là un aimant que Naram aimait enlacer : le mystère.

    Le Djinn aux bleutés parfaites ne fit un pas, niché au bord de l'eau qui caressait ses pieds jusqu'aux chevilles, il attendit qu'elle fasse un pas, puis deux. Il ne désirait pas quitter son monde rêvé mais rêvait tant qu'elle le rejoigne. Doux paradoxe ou dure réalité ? Il la fixait comme on fixait une éclipse qui ne se produisait que si rarement. Cette femme de glace, statufié dans le froids de ses émotions et pourtant, quelle grâce dans chacun de ses pas. Alors, il se contenta d'un simple : " Elena. " puisqu'elle l'avait appelé aussi simplement. Mettant de côté la tension insoutenable du temple au fond de l'océan, mettant de côté la bataille barbare et les crimes commis contre Delix, mettant de côté tout ce qui était attrait à un peu plus de colère.

    L'homme drogué par ses rêves rajouta tout de même, pour brusquer le calme du paysage : " Promettez moi que, cette fois, vous n'allez pas disparaitre. " sans prétention ni caprice, un simple souhait formulé par un génie, quel comble. Son ton était plutôt discret, à peine audible et pourtant sa voix grave en devenait presque, douce.

    Le temps était la mer, écume de ses désirs.
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Mer 02 Nov 2011, 01:01

    « Promettez-moi que, cette fois, vous n'allez pas disparaitre. »

    Ces paroles, ce doux murmure finirent par s’envoler au gré du vent, ne laissant qu’un simple écho, à la fois si apaisant et si terrifiant dans l’esprit d’Elena. Cette dernière leva doucement sa main, effleurant du bout de ses doigts glacés la joue du génie, tandis que ses yeux le fixaient sans relâche. Puis elle fit un pas en arrière, se détournant de lui. Son regard se perdit alors dans la mer, elle observa cette eau si mystérieuse qui pouvait s’éveiller à n’importe quel instant, qui avait la capacité de défouler sa rage sur de pauvres marins ou choisir de leur laisser la vie sauve et même les sauver. Elle avait le pouvoir, le pouvoir de décider du sort de n’importe quelle personne décidant de s’aventurer dans ses bras à la fois rassurants et menaçants.

    -J’aimerais tant si vous saviez… Mais je ne peux vous assurer de quelque chose qui échappe à mon contrôle, cela ferait de moi une personne sans parole et je ne souhaite pas que vous ayez une telle image de moi, dit la jeune femme d’un ton calme et silencieux maintenant toutefois cette froideur qui ne la quittait jamais.

    La déchue ne bougeait pas. Elle voulait retourner auprès de Naram, sentir sa présence si apaisante, comme si, lorsqu’il était là, tous les obstacles n’avaient plus lieu d’être, comme si tout devenait plus beau, comme si l’avenir même ne paraissait plus aussi sombre qu’il était censé sembler, mais elle ne le fit pas. Elle ne souhaitait pas à nouveau devoir supporter cette image de son être se dissipant comme s’il n’avait jamais existé. Pourquoi fallait-il que le destin les réunisse à chaque fois pour les séparer d’une manière inexplicable ? Et là, à cet instant précis, était-ce un rêve ou la réalité ? Les rares rêves que faisait Elena étaient bien plus sombres et évoquaient son passé perdu dans les profondeurs de sa mémoire alors celui-ci n’avait pas sa place dans son esprit. Mais alors pourquoi cette réalité paraissait-elle si étrange… si irréelle ?

    - Tout ceci n’est peut-être que le fruit de mon imagination, ou peut-être le vôtre, qui sait…

    La jeune femme ne regardait toujours pas le génie, se contentant de fixer la mer sans pour autant vraiment la voir, comme si son esprit s’était perdu dans un tout autre monde, un monde lointain et inaccessible. Elle était toujours immobile, donnant l’impression que la vie même l’avait quitté, ne laissant derrière elle qu’une simple statue de glace sans âme. Pourtant, elle finit par bouger, se résoudre à faire quelques pas vers Naram, plongeant de nouveau ses yeux dans les siens.

    -Quoi qu’il en soit, si c’est un rêve, je ne souhaite pas me réveiller, jamais…

    Ces dernières paroles, à peine audibles s’enfuirent elles aussi dans le vent, laissant finalement place à un silence qui ne s’interrompait que par le bruit de quelques douces vagues venant s’échouer sur le sable. Le temps s’était arrêté, plus rien n’avait de l’importance. Il n’y avait plus que cette douce mélodie provenant de ces eaux si calmes et mystérieuses.

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Ven 11 Nov 2011, 13:15

    Et ce fut dans les murmures de l’océan que je voyais s’effiler chaque souvenir intouchable, s’écoulant entre mes mains, le cadre était si étrange. Je ne contrôlais rien, ce n’était ni notre monde ni l’un des miens que j’avais pu concevoir de mirages soigneusement élaborées pour séduire. Je ne savais où j’étais, Elena ne pouvait m’en dire plus mais j’avais la conviction que j’avais bien affaire à elle. Qu’avait-elle représenté à mes yeux dans un passé commun ? Voulais-je réellement le savoir ? Fatigué de sans cesse devoir affronter mes fautes, toutes celles dont j’avais oublié l’existence.

    J’observai Elena non sans curiosité maladive, je peinais à comprendre pourquoi elle recourrait autant à la violence alors qu’elle m’avait elle-même conseillé de vivre autrement que dévoré par la haine constante ; je peinais à comprendre les cheminements de sa vie et pourquoi elle comme moi avions perdu la mémoire ; étais-je responsable de son amnésie ? J’avais été capable du pire par le passé et un crime de plus ne m’aurait étonné qu’à moitié.

    « Quelle ironie qu’il faille se retrouver dans ce paradis perdu. Tous ceux dont le souvenir me revient ont finalement disparus, emportés par le temps ou leur peine. Mais vous... Vous êtes l’unique et dernier témoin de ma vie et faut-il que vous ne puissiez conter notre histoire, plus que je le peux. Je vous ai cherché et vous m’avez toujours échappé. Œuvre de je ne sais quelle magie, il semble que nous ayons souhaité ne plus jamais nous revoir dans une autre vie. Mais je me fiche bien de nos défuntes volontés et s’il faut ne plus se réveiller alors je demeurai ici, ce paradis finalement n’appartient qu’à nous deux »

    Je caressai son visage avec tant de douceur, de peur de froisser la feuille d’un arbre à l’automne dont la fragilité incomberait à celui qui la ramasse tant de prudence, le moindre geste trop brusque suffisant à ce qu’elle se déchire. Et s’il m’était apparu féroce par le passé, je voyais à cet instant en elle, seulement la beauté d’une femme. Ce n’était peut-être qu’une seule bride de sa personnalité mais elle me suffisait à l’instant. Et ma main sur sa joue effrayait notre monde, les parois rocheuses qui surplombaient le ciel vinrent se rompre d’une fissure qui grandissait, le bruit fracassant suivant le rythme de mes doigts qui longeaient les traits de la neige sur sa peau. Et j’aimais tant cet instant, il m’immunisait de tout ce que je vivais ces temps-ci, des conflits et des horreurs et dès que je plongeais mon regard dans le sien, j’avais la sensation de m’en aller loin, si loin que plus rien n’aurait pu m’atteindre, que tout me semblait désuet et vain. Que dieu m’en était témoin, je n’avais aucune prétentions à plus de malheur, j’aimais juste que le monde tourne plus vite.

    « Tout ceci est le fruit défendu de nos deux imaginations entremêlées. Nous sommes ce monde dans lequel nous nous trouvons. Et si je suis l’océan qui emporte tout sur son passage, vous êtes la falaise, immobile que rien ne peut déstabiliser, j’ai beau me jeter sur vos remparts, je n’entends que le fracas de notre rencontre et le claquement des refus. » et je baissai la tête, mon regard porté sur l’horizon du coin de l’œil.

    « Mais rien n’est jamais définitif. Si nous avons la conviction pour ce en quoi nous croyons, alors qui sait. Si nous nous résolvons à laisser la vie émettre ses propres lois, aussi injustes soient-elles, alors nous ne sommes que des âmes sans conscience. Jamais, vous m’entendez, je ne me laisserais abattre par ce que je ne peux contrôler. » Et prenant la main d’Elena, je la conviais à marcher à mes côtés, le temps d’un petit bout de chemin, la dévisageant une fois encore, je n’attendais d’elle, que son approbation.
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Ven 18 Nov 2011, 01:06

Spoiler:

    Tant de questions flottaient dans l’esprit d’Elena à cet instant précis, certaines d’entre-elles s’entremêlant avec d’autres créant petit à petit le pire des chaos. Tout ici prêtait à confusion, il y avait tant de choses que la jeune femme ne parvenait pas à comprendre et le fait de savoir que son interlocuteur était dans le même cas était d’autant plus frustrant. Elle souhaitait savoir, se souvenir, ce désir de vérité la brûlait de l’intérieur, la consumait comme s’il n’y avait pas d’autre échappatoire, il fallait que les choses s’éclaircissent, il fallait qu’elle se rappelle.

    « -Quelle ironie qu’il faille se retrouver dans ce paradis perdu. Tous ceux dont le souvenir me revient ont finalement disparu, emportés par le temps ou leur peine. Mais vous... Vous êtes l’unique et dernier témoin de ma vie et faut-il que vous ne puissiez conter notre histoire, plus que je le peux. Je vous ai cherché et vous m’avez toujours échappé. Œuvre de je ne sais quelle magie, il semble que nous ayons souhaité ne plus jamais nous revoir dans une autre vie. Mais je me fiche bien de nos défuntes volontés et s’il faut ne plus se réveiller alors je demeurai ici, ce paradis finalement n’appartient qu’à nous deux. »

    La jeune femme sentit la chaleur de la main de Naram qui caressait son visage et elle qui n’aimait guère le contact humain aurait pourtant voulu que cet instant ne prenne jamais fin. C’était tellement parfait, irréel, cela ne pouvait être possible, le monde n’était pas ainsi fait. Et même si cette scène avait bel et bien lieu, elle ne pourrait être éternelle que dans leurs souvenirs, en imaginant que ceux-ci soient assez puissants pour subsister.

    « -Tout ceci est le fruit défendu de nos deux imaginations entremêlées. Nous sommes ce monde dans lequel nous nous trouvons. Et si je suis l’océan qui emporte tout sur son passage, vous êtes la falaise, immobile que rien ne peut déstabiliser, j’ai beau me jeter sur vos remparts, je n’entends que le fracas de notre rencontre et le claquement des refus. »

    Etait-il réellement probable qu’ils avaient tous deux créé ce monde à la fois si apaisant et si incompréhensible ? Etait-ce donc leurs rêves qui s’étaient entrelacés pour les réunir à nouveau ? Cela était pourtant si peu vraisemblable… Elena ne rêvait pas, non, jamais. Ou du moins, plus depuis très longtemps. Lorsque son esprit s’endormait, son subconscient ne faisait que lui renvoyer certaines images de son passé ayant sombré dans l’oubli, sans pour autant lui apporter de véritables réponses. Alors non, elle ne pouvait rêver, elle ne pouvait imaginer.

    « -Mais rien n’est jamais définitif. Si nous avons la conviction pour ce en quoi nous croyons, alors qui sait. Si nous nous résolvons à laisser la vie émettre ses propres lois, aussi injustes soient-elles, alors nous ne sommes que des âmes sans conscience. Jamais, vous m’entendez, je ne me laisserais abattre par ce que je ne peux contrôler. »

    La déchue laissa Naram prendre sa main tandis qu’ils se mettaient à marcher au bord de l’eau. Elle resta silencieuse un instant, profitant de ce moment qu’elle n’allait certainement jamais retrouver si ce n’est dans les profondeurs de sa mémoire. Ce serait un souvenir de plus, un souvenir qui ne pouvait influencer le futur.

    « -Le destin prend un malin plaisir à rire de nous, Naram. Et si c’est réellement un jeu alors je ne souhaite pas y participer. Je ne veux plus luter, je ne veux plus me battre avec acharnement, je n’ai plus cette fougue que j’avais autrefois. Je veux juste comprendre, je veux juste que l’on me dise que tout ceci n’est pas dénué de sens, qu’il y a quelque chose de réel derrière cette incompréhension. Pourquoi devons-nous être les victimes de ce que nous sommes en droit de maîtriser ? »

    Et alors qu’Elena cessait de parler, elle tourna son regard vers le génie, juste avant que son esprit ne soit envahi par un flot de visions toutes aussi floues les unes que les autres. Il y a avait des morts, la haine, le désespoir, les ténèbres, des personnes des tas de personnes sans noms ni visages pleines de rancœur et de regrets. Puis vint alors une image bien plus nette, celle d’un incendie, un corps ensanglanté gisant au milieu des flammes, le corps d’une femme. La déchue ressentit aussitôt une douleur dans sa poitrine tandis qu’une vague de colère montait en elle submergée par la tristesse puis la culpabilité. La main de la jeune femme trembla, lâchant celle de Naram et mettant fin à cette invasion de souvenirs qui n’étaient pas les siens. Elle sentait son cœur, jusque-là, endormi battre à un rythme bien plus élevé que la normale, son souffle était court.

    Avant qu’elle n’eut le temps de dire quoi que ce soit, de nouvelles visions vinrent s’introduire dans son esprit mais cette fois-ci, c’étaient celles de sa propre vie, chose qu’elle comprit aussitôt. Des cris, des larmes, du sang. Beaucoup de sang. Des corps meurtris baignant dans une mare vermeille tandis qu’Elena prenait plaisir à achever tout être qui présentait ne serait-ce que le moindre signe de vie dans les environs.

    « -Désires-tu toujours te souvenir ? »

    Alors que cette voix au ton froid et sarcastique résonnait dans la tête de la déchue elle vit le visage de la personne qui avait prononcé ces mots, si distinctement que cela la déstabilisa quelque peu. C’était une femme, une femme au teint pâle dont les traits ressemblaient de manière effarante à ceux d’Elena. Il y avait juste une unique différence frappante, ses yeux étaient sombres, aussi sombres que l’était la nuit la plus noire. Un sentiment étrange s’empara de la jeune femme, une rage qu’elle ne se souvenait pas avoir ressenti auparavant. Une rage qui emprisonna tout son être alors qu’elle se retrouvait à nouveau en présence de Naram. Que s’était-il passé ? Les yeux d’Elena s’étaient assombris de manière fulgurante mais elle ne se rendit pas compte de ce changement, tout ce flot d’émotions l’ayant déboussolée.

    Un silence pesant s’installa alors tandis que la jeune femme fixait le génie d’un air interrogateur. Ce rêve si beau s’était en un instant transformé en cauchemar. Mais il était toujours là, il y avait toujours cette présence si rassurante, en réalité rien ne semblait avoir changé. Et pourtant…

    « -Quelles que soient les illusions qui bercent votre esprit, je ne suis pas celle que vous pensez, Naram. »

    Un murmure, rien qu’un murmure qui mettait fin à cette idylle, qui laissait s’effondrer ce monde utopique à peine construit. Elle ne voulait pas que ce rêve s’arrête mais comme tout rêve il n’était qu’éphémère, un grain de poussière parmi tant d’autres, aussi triste cela soit-il. Elena ressentait à présent ce chagrin, un chagrin qu’elle n’avait jamais ressenti, une douleur qui aurait dû faire surface il y a de cela bien longtemps. C’était trop, beaucoup trop, trop soudain, trop de choses à endurer en une seule fois, de quoi tuer n’importe quel humain. Elle avait envie de pleurer, de se vider de toutes ses larmes mais il n’y en avait pas, elle en était incapable. C’était trop. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

    Il fallait qu’il s’en aille, qu’il s’en aille le plus loin possible mais au fond d’elle, la jeune femme ne voulait qu’une chose, c’était qu’il lui parle une fois de plus, qu’il la rassure en lui disant que tout cela n’était rien, que tout allait bien se passer. Elle était prête à le croire, à lui faire confiance, se fier à lui quoi qu’il arrive parce qu’elle en avait besoin plus que tout à cet instant précis. Mais elle ne pouvait se permettre de l’entraîner dans son monde si sombre dont elle ne parvenait à échapper elle-même, elle n’avait pas le droit de le lui infliger. Le ciel, victime de l’imagination de la jeune femme, s’obscurcit petit à petit, présageant l’orage. Et tandis que le tonnerre faisait trembler les cieux, les falaises s’effondraient petit à petit et la mer s’apprêtait à faire démonstration de sa fureur. Ce monde était sur le point de succomber. Le rêve s’écroulait.
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Sam 03 Déc 2011, 15:56

    En dernier lieu, toutes ces secousses prirent leur sens. Le ciel semblait craqueler comme si les dieux marchaient sur des œufs. De ces martèlements assourdissants, nous vîmes tout l’horizon se fissurer sous nos yeux passifs mais la source du chaos était bien plus proche que nous le pensions, au cœur de la poitrine d’Elena, tout s’effondrait, un monde naissant mourrait déjà sans que nous avions pu le contempler comme il se devait. Elle tremblait, ses cris étaient perceptibles dans son silence, ce rêve que nous partagions réveillaient plus que de vieux démons ou de simples souvenirs enfuis. Ces spasmes qui la prenaient de chaque muscle de son corps, et toute l’agitation du moment, tout me laissa d’abord de glace. Je ne pouvais agir, c’est comme si elle avait attrapé un virus étrange et même si je savais que celui-ci ne me ferait le même mal, je n’aurais été contre sa contamination.

    Mettant mes deux mains aux extrémités de ses deux épaules, j’exerçais une pression pour l’obliger à me regarder et à se concentrer sur la semi-réalité qui était celle-ci ; il était dangereux de se perdre dans l’inconscient du rêve et s’aventurer dans les visions qui ricochaient sur l’océan, nous percutant de plein fouet. Le ciel s’effondrait à son tour sur nos têtes, des amas de brumes pleuvant et laissant ce ciel en une neige de ténèbres à perte de vue.

    « Elena. Je suis peut-être le seul à pouvoir comprendre l’épreuve que vous endurez. Ce mal qui vous ronge, ce passé qui vous dévore. Nous avons tous deux commis des crimes horribles mais ne lâchez pas prise, vos souvenirs vont vous consumer et vous transformer en une bête incontrôlable. Je sais de quoi je parle, croyez-moi. Souvenez-vous de ce que vous m’avez un jour dit au cœur du temple lorsque j’étais épris par la haine. Souvenez-vous… Vous m’avez dit à quel point il était inutile de ne vivre que dans cette haine. Elle est infructueuse. Concentrez-vous sur mon regard et détachez-vous de ses chaînes qui vous coulent plus loin, en profondeur, dans les tréfonds de l’océan. Je sais que vous en êtes capable. Nous allons combattre ces démons ensembles mais pour cela, il faut me laisser l’accès à votre inconscience. Il faut plonger votre regard dans le mien. Et nous affronterons ces fantômes, ici et maintenant. Nous allons démêler le vrai du faux, reconstituer votre propre puzzle. Mais il faut le vouloir, le souhaiter. »

    Plus qu’une question de bien être, si le monde s’effondrait, j’avais peur pour le devenir de nos deux âmes. Je n’étais pas de ceux qui rêvaient. Et si je me retrouvais là, je n’osais pas imaginer ce qu’il adviendrait si le rêve en question fanait.

    « Comment pouvez-vous peindre l’image que je me fait de vous ? Vous ne savez pas comment je vous imagine. Je ne peux pas vous promettre que tout ira bien car ce serait vous mentir et le monde n’est pas ainsi fait, mais celui-ci. Mais quoi qu’il en soit, je suis là et je ne peux pas décemment vous laisser vous noyer dans vos souvenirs comme je ne vous ai pas laissé vous noyer la dernière fois sur le bateau. Tout n’est question que de métaphore je le sais mais je crois peu au hasard. Nous n’agissons que par mépris de l’inconscient. Celui-ci nous a conduits ici. Celui-ci me conduit à rester à vos côtés. Ne me repoussez pas. Laissez-moi entrer dans les méandres de votre cerveau. On ne peut en ressortir que plus fort. C’est normal d’avoir peur mais vous n’êtes pas seule. Je ne suis peut-être que le diable mais je serai de bien meilleure compagnie que la solitude. »


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